Avez-vous de bonnes manières ?
DANS la principale gare d’une capitale européenne, des touristes faisaient la queue au bureau de change. Survint tout à coup un petit homme corpulent qui, ne tenant aucun compte des gens qui attendaient leur tour, se présenta directement au guichet, étendit le bras devant la dame dont on s’occupait et brandit son argent sous le nez de l’employé en disant qu’il était extrêmement pressé. On le servit tout de suite et il partit tranquillement en se félicitant sans doute du succès de sa tactique.
Peut-être était-il pressé, mais les personnes qui faisaient la queue l’étaient tout autant que lui. Il se distinguait d’elles pourtant en ce qu’il était impoli, égocentrique et sans égards pour autrui. Sans doute avez-vous souvent eu affaire, dans les réunions publiques, les transports en commun et les magasins, à des gens qui bousculent leurs voisins ou se faufilent devant eux pour essayer de passer les premiers.
Aux buffets et dans les cafés, il arrive souvent que quelqu’un se fraie un chemin jusqu’au comptoir et crie sa commande. Avez-vous déjà agi de la sorte ? Espérons que non ! Avez-vous remarqué toutefois la réaction des autres gens ? Certains font des remarques à mi-voix sur le manque d’éducation du malappris ; d’autres protestent à haute voix, tandis que d’autres encore suivent son mauvais exemple tout en sachant que ce n’est pas là une façon d’agir convenable. Et vous, comment réagissez-vous ?
Votre façon d’agir en pareilles circonstances est révélatrice. Elle vous montre tel que vous êtes. Si vous vous dites chrétien, elle révèle si vous l’êtes vraiment. En effet, la Bible ordonne aux disciples de Jésus de faire à autrui ce qu’ils aimeraient qu’on leur fasse. Elle dit aussi que le chrétien “doit être doux envers tous. (...) se contenant sans cesse sous le mal”. (Mat. 7:12 ; II Tim. 2:24.) Pourquoi vous abaisser jusqu’au niveau des égoïstes qui vous entourent ? Pourquoi vous laisser influencer par ces gens impolis, au point d’oublier les bonnes manières qui doivent caractériser le vrai chrétien ?
Un dicton bien connu dit que “la vérité finit toujours par se savoir”. De même, nos manières, bonnes ou mauvaises, finissent toujours par se manifester. Très souvent, elles se trahissent par des actions en apparence peu importantes et dont on est à peine conscient, par des mots comme “s’il vous plaît” et “merci” ou l’absence de ces mots.
Jetez-vous vos déchets n’importe où, ou les déposez-vous dans les récipients prévus à cette fin ? Les boîtes, les bouteilles, les emballages et les papiers déparent les parcs publics. Sur cent mètres d’une route de campagne américaine (dans le New Jersey) on a ramassé assez de détritus pour remplir quinze poubelles. Sur les quais du métro, aux arrêts d’autobus et dans les buvettes, le sol est souvent jonché de déchets malgré la présence de récipients destinés à les recevoir. Quoi de plus désagréable aussi que de sentir sa semelle se coller au trottoir parce qu’un individu sans égards pour autrui y a jeté sa gomme à mâcher ? On est écœuré rien qu’à la pensée qu’il va falloir nettoyer sa chaussure.
Une enquête effectuée en 1967 a révélé que le problème des détritus existe dans de nombreux pays : l’Allemagne de l’Ouest, l’Angleterre, l’Australie, le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Inde, le Japon, les Pays-Bas et le Venezuela notamment. Cette enquête a démontré que ce ne sont pas les touristes qui laissent traîner la plus grande partie des immondices. Soixante-dix pour cent des enquêteurs ont incriminé surtout les habitants de la localité.
Quiconque salit les lieux publics n’a aucun respect pour la loi et l’ordre, pour la propriété ou pour le bien-être d’autrui. Il suffit, pour s’en rendre compte, de jeter un coup d’œil sur quelques-uns des parcs, des plages et autres lieux publics où de telles gens sont passés. On ne prend aucun plaisir à visiter pareils endroits. Cependant, s’il vous arrive d’y aller, comment agissez-vous ? Êtes-vous tenté de vous dire que quelques détritus de plus ne feront aucune différence ? Ne vous leurrez pas, car par vos paroles ou vos actes, vous prenez position pour ou contre ceux qui souillent le paysage.
N’oublions pas non plus que cette forme particulière de mauvaises manières coûte cher. En effet, il faut des ouvriers pour enlever les ordures, et le coût croissant du service d’entretien des lieux publics se répercute sur les impôts. C’est donc le contribuable qui en pâtit en fin de compte.
Nous devrions tous cultiver de bonnes manières, mais les parents ont une responsabilité supplémentaire sous ce rapport, car ils doivent également les inculquer à leurs enfants. Il faut de la patience pour leur apprendre à bien se comporter en toute occasion, au foyer et en public. C’est toutefois l’exemple des parents qui contribue le plus à enseigner aux enfants à faire preuve d’égards envers autrui — qu’il s’agisse d’amis ou d’étrangers — dans toutes les circonstances. Le comportement des jeunes en public reflète généralement la formation qu’ils ont reçue chez eux.
Nous avons donc intérêt à nous examiner sous le rapport des manières, car nous ne désirons certes pas que notre comportement déplaise à Dieu ou aux hommes. La Bible donne ce conseil à tous ceux qui se disent disciples du Christ : “Maintenez l’excellence de votre conduite au milieu des nations.” — I Pierre 2:12.