2 CORINTHIENS
Notes d’étude sur le chapitre 11
un peu de folie : Paul comprenait qu’en se vantant, il pourrait donner l’impression de faire preuve de folie, autrement dit d’être déraisonnable (2Co 11:16). Mais tout au long de la partie finale de 2 Corinthiens, il va se sentir obligé de défendre sa légitimité en tant qu’apôtre. (En fait, en 2Co 11 et 12, Paul va employer huit fois les mots grecs aphrôn et aphrosunê, rendus par « [personne] déraisonnable », « de façon déraisonnable » et « folie » : en 2Co 11:1, 16, 17, 19, 21 ; 12:6, 11.) Les « super-apôtres » faisaient beaucoup de tort à l’assemblée en minant le respect dû à Paul et à son enseignement. Par leur attitude, ces faux enseignants obligeaient Paul à se vanter pour faire valoir l’autorité que Dieu lui avait confiée (2Co 10:10 ; 11:5, 16 ; voir note d’étude sur 2Co 11:5). Dans ces circonstances, sa réaction n’était absolument pas un signe de folie.
je suis jaloux pour vous d’une jalousie qui vient de Dieu : Le verbe grec rendu par « je suis jaloux » ainsi que le nom qui correspond à « jalousie » expriment tous les deux l’idée d’une émotion intense qui peut être soit bienveillante, soit malveillante. Dans ce verset, ils ont une connotation positive. Tous les deux expriment l’idée de s’intéresser sincèrement aux autres et de rechercher leur bien avec ardeur, une attitude qui témoigne d’une affection authentique. C’est ce genre de souci légitime que Paul éprouvait pour ses frères et sœurs oints de l’esprit. Il les compare à une vierge pure promise en mariage à un seul mari, Jésus Christ. Paul voulait protéger jalousement tous les membres de l’assemblée pour qu’ils ne subissent aucun dommage spirituel ; ils pourraient ainsi se présenter sans défaut à Christ. Employée dans ce sens, l’expression « jalousie qui vient de Dieu [litt. « zèle de Dieu »] » laisse entendre que Jéhovah porte à ceux qu’il aime un intérêt sincère, mais aussi qu’il souhaite vivement les protéger du danger (pour un exemple de connotation négative du verbe grec rendu par « être jaloux », voir note d’étude sur 1Co 13:4).
pure : Ou « chaste ». L’épouse du Christ se compose de 144 000 chrétiens oints de l’esprit qui veillent individuellement à préserver leur virginité symbolique en se tenant séparés du monde et en gardant leur pureté dans les domaines de la moralité et de la doctrine (Ré 14:1, 4 ; cf. 1Co 5:9-13 ; 6:15-20 ; Jc 4:4 ; 2J 8-11 ; Ré 19:7, 8).
super-apôtres : Paul emploie ici une expression que l’on pourrait aussi traduire par « apôtres par excellence » ou « archi-apôtres ». Il l’emploie un peu par dérision pour désigner les hommes arrogants qui s’estimaient apparemment supérieurs aux apôtres que Jésus lui-même avait choisis. Il les appelle aussi « faux apôtres » parce qu’ils étaient en réalité des serviteurs de Satan (2Co 11:13-15). Ils enseignaient leur propre version de la bonne nouvelle concernant le Christ (2Co 11:3, 4). De plus, ils dénigraient et calomniaient Paul, remettant en cause l’autorité qu’il avait reçue de Dieu en sa qualité d’apôtre.
démuni : Litt. « dépouillé ». Le verbe grec sulaô est souvent employé pour évoquer la prise d’un butin lors d’une guerre. Paul emploie ici ce verbe très évocateur dans un sens figuré ; il s’exprime par exagération pour appuyer son idée. Paul n’avait rien commis de frauduleux en acceptant un soutien d’autres assemblées. En fait, il répond ici aux attaques des chrétiens de Corinthe qu’il appelle les super-apôtres ; ces hommes l’accusaient de profiter matériellement des frères et sœurs de l’assemblée (2Co 11:5). Alors qu’il séjournait dans cette ville, il s’était à un certain moment « trouvé dans le besoin », mais il semble que l’assemblée locale ne lui était pas venue en aide, alors que certains de ses membres étaient apparemment riches. Ce sont au contraire les frères de Macédoine, bien moins aisés, qui ont pourvu à ses besoins (2Co 11:9). Par ailleurs, Paul dit qu’il n’a pas « commis un péché » en s’abaissant, une possible allusion au fait qu’il a fabriqué des tentes pour avoir de quoi vivre tout en effectuant son ministère (2Co 11:7). Ainsi, c’est peut-être avec une pointe d’ironie qu’il écrit qu’il a « dépouillé » d’autres assemblées en acceptant leur soutien financier alors même qu’il se dépensait au service des Corinthiens.
de quoi vivre : Ou « un soutien ». Le mot grec opsônion désigne littéralement une somme d’argent. En Lc 3:14 (voir note d’étude), il est employé comme un terme militaire pour désigner la solde d’un soldat, son allocation. Dans le contexte de ce verset, Paul l’utilise pour parler du modeste soutien matériel qu’il avait reçu d’autres assemblées pour couvrir ses besoins tandis qu’il séjournait à Corinthe. (Pour des explications sur les autres occurrences de ce mot grec, voir notes d’étude sur Rm 6:23 ; 1Co 9:7.)
ne puissent pas avoir un tel prétexte : Paul refusait toute aide financière venant de l’assemblée de Corinthe (2 Co 11:9). Il semble par contre que les « super-apôtres » de Corinthe acceptaient un tel soutien (2Co 11:4, 5, 20). En fait, ils cherchaient juste un « prétexte », un fondement, ‘pour être considérés comme les égaux’ de Paul. Ils allaient jusqu’à dire que Paul ne pouvait pas être un véritable apôtre, puisqu’il exerçait une activité professionnelle (2Co 11:7). Les choses dont ils se vantent désignent peut-être les arguments qu’ils avançaient pour se prétendre apôtres. Plus loin dans ce chapitre et dans le chapitre 12, pour prouver que leurs revendications n’avaient pas de fondement solide, Paul va souligner les raisons pour lesquelles lui-même était pleinement qualifié pour exercer son apostolat. Avec franchise, il affirmera aussi que les « super-apôtres » étaient en réalité de ‘faux apôtres, qui se déguisaient en apôtres de Christ’ (2Co 11:13).
pour des raisons humaines : Litt. « selon la chair ». C.-à-d. se vantent de leur situation personnelle.
Hébreux […] Israélites […] la descendance d’Abraham : Dans ce verset, Paul donne des détails sur ses origines, peut-être parce qu’à Corinthe certains de ses détracteurs se vantaient de leurs racines et de leur identité juives. Premièrement, il rappelle qu’il est Hébreu, peut-être pour faire ressortir que parmi ses ancêtres figuraient des hommes éminents de la nation juive comme Abraham et Moïse (Gn 14:13 ; Ex 2:11 ; Php 3:4, 5). Peut-être faisait-il aussi allusion à sa capacité à s’exprimer en hébreu (Ac 21:40 – 22:2 ; 26:14, 15). Deuxièmement, Paul dit qu’il est Israélite, terme parfois employé au 1er siècle pour désigner les Juifs (Ac 13:16 ; Rm 9:3, 4). Troisièmement, Paul dit expressément qu’il descend d’Abraham. Il souligne ainsi qu’il fait partie de ceux qui devaient être les héritiers des promesses que Dieu avait faites à Abraham (Gn 22:17, 18). Toutefois, Paul n’accordait pas une importance exagérée à son héritage juif (Php 3:7, 8).
la descendance : Ou « descendants ». Litt. « la semence » (voir app. A2).
j’ai reçu des Juifs 40 coups moins un : La Loi de Moïse prévoyait que les malfaiteurs soient battus, mais elle précisait qu’il était interdit d’infliger à un condamné plus de 40 coups pour qu’il ne soit pas « déshonoré » (Dt 25:1-3). Une tradition juive avait réduit le nombre de coups à 39 afin d’éviter que l’on dépasse par inadvertance la limite prévue. Paul avait subi la peine maximale, ce qui indique que les Juifs considéraient qu’il avait commis des délits graves. Il avait sans doute subi les châtiments dont il parle ici dans des synagogues ou dans leurs dépendances servant de tribunaux locaux (voir note d’étude sur Mt 10:17). Les autorités non juives qui ont parfois infligé des châtiments corporels à Paul n’étaient, quant à elles, pas concernées par les limites que définissait la Loi de Moïse (voir note d’étude sur 2Co 11:25).
trois fois j’ai été battu à coups de baguettes : Il s’agissait là d’un type de châtiment souvent infligé par les autorités romaines. Le livre des Actes ne mentionne qu’une des « trois fois » où Paul a ainsi été battu. Cet épisode avait eu lieu à Philippes, avant qu’il écrive sa deuxième lettre aux Corinthiens (Ac 16:22, 23). Paul a aussi été battu par des Juifs à Jérusalem, mais le récit ne dit pas que c’était à coups de baguettes (Ac 21:30-32). Quoi qu’il en soit, les destinataires de sa lettre, qui habitaient à Corinthe, une colonie romaine, savaient certainement à quel point ce châtiment était brutal. Il était également humiliant, puisqu’on commençait par arracher les vêtements du condamné (cf. 1Th 2:2). Un citoyen romain, ce qu’était Paul, ne pouvait normalement pas être puni de cette façon. C’est pourquoi il a signalé aux magistrats de Philippes qu’ils avaient bafoué ses droits (voir notes d’étude sur Ac 16:35, 37).
lapidé : Paul fait très probablement allusion ici à l’incident qui a eu lieu à Lystre et dont le récit figure en Ac 14:19, 20. La lapidation était une méthode de mise à mort prévue par la Loi de Moïse (Lv 20:2). Toutefois, la lapidation que Paul a subie à Lystre a sans doute été provoquée par un débordement de foule auquel ont pris part des Juifs fanatiques et peut-être aussi des Gentils. L’objectif était clairement de le tuer ; d’ailleurs, après l’avoir lapidé, ses assaillants pensaient qu’il était mort. Paul a certainement gardé des cicatrices permanentes de toutes les brutalités qu’il a subies, comme celles dont il parle dans ce passage.
trois fois j’ai fait naufrage : La Bible raconte de manière détaillée un naufrage que Paul a vécu, mais cet épisode a eu lieu après la rédaction de la deuxième lettre aux Corinthiens (Ac 27:27-44). Paul voyageait souvent par mer (Ac 13:4, 13 ; 14:25, 26 ; 16:11 ; 17:14, 15 ; 18:18-22). Il a donc eu de nombreuses occasions de subir ce genre de mésaventures. Paul fait sans doute allusion aux conséquences d’un de ces naufrages quand il écrit : je suis resté une nuit et un jour en pleine mer (litt. « dans l’abîme »). Il était peut-être resté agrippé à un débris du navire pendant toute une nuit et toute une journée, balloté par une mer déchaînée, avant d’être secouru ou rejeté sur le rivage. Toutefois, ces évènements terribles ne l’ont jamais dissuadé de continuer à voyager par mer.
en danger à cause des fleuves, en danger à cause des voleurs : Le mot rendu par « fleuves » dans ce verset est rendu par « inondation » en Mt 7:25, 27. Dans certaines régions comme la Pisidie, que Paul a traversée pendant son premier voyage missionnaire, les rivières débordaient souvent après les épisodes pluvieux, ce qui transformait les ravins en torrents impétueux et meurtriers. Cette région montagneuse avait également la sombre réputation d’abriter des bandes de brigands. Paul était disposé à affronter tous ces dangers, non parce qu’il était téméraire, mais parce qu’il se soumettait aux orientations que Dieu donnait à son ministère (Ac 13:2-4 ; 16:6-10 ; 21:19). Il se souciait bien plus de proclamer la bonne nouvelle que d’assurer son propre confort et sa sécurité (cf. Rm 1:14-16 ; 1Th 2:8).
le manque de vêtements : Litt. « la nudité ». Le mot grec gumnotês peut signifier « manque de vêtements adéquats » (cf. Jc 2:15 ; note). Quand Paul dit qu’il a connu « le froid et le manque de vêtements », il décrit des épreuves qu’il a probablement vécues dans le cadre de son ministère, par exemple lorsqu’il lui arrivait de parcourir des régions froides en périodes d’intempéries, de traverser des cours d’eau glacés, de se faire dépouiller par des brigands, d’être détenu dans des prisons glaciales ou de subir d’autres persécutions (voir note d’étude sur 1Co 4:11).
mon inquiétude : Le mot grec mérimna, rendu ici par « inquiétude », peut aussi être traduit par « angoisse », « souci ». On notera que Paul mentionne ce point juste après avoir énuméré quantité de dangers et d’épreuves qu’il a affrontés ; ce détail souligne à quel point il se faisait du souci pour ses frères et sœurs (2Co 11:23-27). Comme il restait en contact avec un certain nombre de ses frères, il était au courant de la condition spirituelle des chrétiens de diverses assemblées (2Co 7:6, 7 ; Col 4:7, 8 ; 2Tm 4:9-13). Et l’une de ses principales préoccupations était que tous restent fidèles à Dieu jusqu’à la fin (le verbe mérimnaô, apparenté à mérimna, est employé dans un sens similaire en 1Co 12:25 ; voir note d’étude).
trébuche : Voir lexique.
Celui qu’on doit louer pour toujours : Les formes grammaticales grecques utilisées dans cette expression permettent de conclure que le mot « Celui » désigne Jéhovah, le « Dieu et Père », et non le « Seigneur Jésus ». On trouve ce même genre de formules de louange à Dieu en Lc 1:68 (voir note d’étude) ; en Rm 1:25 ; 9:5 ; 2Co 1:3 ; en Éph 1:3 ; et en 1P 1:3.
le gouverneur : Ou « l’ethnarque ». Litt. « le chef d’un peuple ». Le mot grec éthnarkhês, rendu ici par « gouverneur », ne se rencontre nulle part ailleurs dans les Écritures grecques chrétiennes. Il désigne une fonction inférieure à celle d’un roi, mais supérieure à celle d’un tétrarque (chef d’un quart de province) (voir note d’étude sur Mt 14:1). Toutefois, au fil des siècles, le mot a eu diverses significations. Le gouverneur mentionné dans ce verset agissait comme représentant du roi Arétas à Damas, mais on ignore quelle était sa nationalité et en quoi consistaient exactement ses attributions.
roi Arétas : Arétas IV était un roi arabe qui a régné d’environ 9 av. n. è. à 40 de n. è. Son royaume avait pour capitale la ville nabatéenne de Pétra, située au S de la mer Morte, mais Arétas exerçait aussi une certaine autorité sur Damas. Paul raconte ici un épisode qui a eu lieu peu après sa conversion au christianisme. Le récit que Luc en fait dans les Actes dit que ‘les Juifs complotèrent de supprimer Paul’ (Ac 9:17-25). Paul, lui, attribue ce projet au gouverneur, ou ethnarque, de Damas, qui était au service d’Arétas. Toutefois, il n’y pas de contradiction entre les récits de Luc et de Paul. Comme l’explique un ouvrage de référence, « les Juifs avaient fourni le mobile, et l’ethnarque avait mis à disposition ses soldats ».
panier : Ou « panier d’osier ». Racontant sa fuite aux chrétiens de Corinthe, l’apôtre Paul utilise le mot grec sarganê, qui se rapporte à un panier fait de cordes tressées ou de petites branches entrelacées. Ce genre de panier servait peut-être à transporter du foin, de la paille ou de la laine en grande quantité (voir note d’étude sur Ac 9:25).
par une fenêtre : Dans la description du même épisode, le texte grec d’Ac 9:25 dit littéralement : « à travers la muraille ». Toutefois, puisque qu’ici, en 2Co 11:33, le texte grec mentionne explicitement une « fenêtre », l’option de traduction « par une ouverture de la muraille » se justifie tout à fait en Ac 9:25. Certains biblistes émettent l’hypothèse qu’un des disciples avait une maison construite contre la muraille et que c’est par une fenêtre de cette maison qu’on avait fait descendre Paul.