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  • La triste situation du cultivateur des prairies canadiennes

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  • Réveillez-vous ! 1970
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Réveillez-vous ! 1970
g70 22/7 p. 12-15

La triste situation du cultivateur des prairies canadiennes

De notre correspondant au Canada

UN PAYS souriant ! C’est ce qu’ont découvert les premiers pionniers parvenus jusqu’aux prairies canadiennes. Ils avaient sous les yeux un véritable pays de cocagne. La végétation luxuriante de l’été servait de nourriture aux buffles, aux cerfs, aux orignacs et à d’autres bêtes qui y erraient par millions. Dans les lacs et les fleuves le poisson foisonnait. Le gibier à plumes et les oiseaux chanteurs abondaient. De vastes forêts coupées de clairières et des étendues sans bornes de terrain plat parsemées de bosquets d’arbres, notamment sur les bords des cours d’eau, laissaient prévoir la possibilité d’une exploitation agricole profitable.

On accorda à chaque fermier soixante-cinq hectares de terrain avec la faculté d’en acheter davantage. Il n’y avait aucun doute, semblait-​il, quant à la meilleure façon d’employer ces terres. Le monde avait besoin de blé et le sol de cette région convenait particulièrement bien à la culture de cette céréale. Les cultivateurs labouraient donc la terre et semaient le blé qui a valu aux prairies onduleuses d’être appelées l’Ouest doré. Pouvez-​vous vous représenter le blé mûr ondulant au vent jusqu’à l’horizon ?

Les voies ferrées se prolongeaient sans cesse, permettant aux longs trains chargés de blé de se diriger vers la côte où l’on transbordait leur précieuse marchandise dans les navires qui l’attendaient. Les immigrants continuaient d’affluer. Les cultivateurs vigoureux labouraient le sol vierge à l’aide de charrues tirées par des attelages de bœufs ou de chevaux. Ils construisaient des maisons provisoires, certaines de terre seulement. Tout le monde attendait avec confiance une ère de prospérité.

Après la Première Guerre mondiale, on entra dans une période de modernisation. Les chevaux et les lourdes batteuses actionnées à la vapeur commencèrent à disparaître, supplantés par le moteur à essence aux nombreuses applications. Celui-ci fut remplacé à son tour par le moteur diesel. De gigantesques moissonneuses-batteuses automotrices firent leur apparition. C’était stupéfiant de les voir faucher de larges bandes de blé en quelques minutes seulement. Cependant, ces progrès augmentaient les dépenses et les frais d’entretien.

Un peu de réflexion aurait convaincu ces cultivateurs que la mécanisation et de meilleures techniques agricoles ne tarderaient pas à envahir les pays en voie de développement, qui produiraient à leur tour des milliards de tonnes de blé. Mais ceux qui envisageaient sérieusement pareille éventualité étaient peu nombreux. Les fermiers achetaient plus de terrain pour produire plus de blé afin de se procurer plus de machines, cycle qui se reproduisait à l’infini.

Les premières années

Aux temps héroïques, peu de fermiers limitaient leur activité à la culture du blé. Ils faisaient aussi l’élevage du gros et du menu bétail et de la volaille. Ils ne “mettaient pas tous leurs œufs dans le même panier”, car ils ne tardèrent pas à constater que les récoltes magnifiques ne se succèdent pas sans interruption. Il y avait parfois des années maigres. Ils cultivaient donc du fourrage pour le bétail et avaient généralement un grand jardin potager. Ils faisaient des conserves de fruits, de légumes et de viande pour l’hiver.

L’argent que rapportait la vente de beurre, d’œufs, de crème fraîche et parfois d’un bœuf ou d’un porc, suffisait amplement pour acheter les articles d’épicerie. Personne n’avait faim. Les enfants grandissaient, aussi robustes et bien portants que les spermophiles qui couraient autour d’eux. Les familles travaillaient ensemble et restaient ensemble, exploitant profitablement leurs terres. Tous les membres, jeunes et vieux, faisaient leur part du travail.

Cependant, le travail n’excluait pas le délassement. Chaque été apportait les pique-niques et les rodéos, attendus avec impatience. Le soir, on organisait des jeux et des bals. En hiver, les distractions ne manquaient pas non plus : patinage, ski et parlotes. On se réunissait souvent pour travailler en commun. Lors de l’arrivée d’un nouveau venu ou de l’incendie d’une grange, tous les voisins se rassemblaient pour bâtir rapidement une maison ou une nouvelle grange. Les gens s’entraidaient et entretenaient des relations d’amitié.

Un tournant

Puis, brusquement, en 1929, la situation changea radicalement. La dépression de cette année-​là fit s’effondrer les marchés financiers du monde. Des gens riches perdaient leur fortune du jour au lendemain. La crise des années 1930 commença à faire ses ravages. Plus d’un capitaliste se suicida, incapable de se résigner à la pauvreté. Les fermiers étaient durement éprouvés aussi et beaucoup d’entre eux abandonnaient la partie, laissant leurs exploitations entre les mains des sociétés hypothécaires.

D’autres demeuraient dans leur ferme. Ils travaillaient depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil, et il leur restait encore des corvées à faire : traire les vaches, écrémer le lait, donner à manger aux porcs, réparer les clôtures et les barrières, rassembler le bétail, etc. La fermière ne devait pas rechigner à la besogne, car un grand nombre des tâches vitales lui incombaient.

Malheureusement pour les cultivateurs, beaucoup de jeunes, impatients, n’avaient ni le désir ni la volonté de persévérer. Le travail agricole ne leur plaisait plus, car malgré tous leurs efforts, la famille n’arrivait jamais à payer ses dettes. Ils désiraient une meilleure instruction et l’affranchissement de l’asservissement de la ferme. Ils commencèrent donc à s’installer dans les villes où les gens ne travaillaient que huit heures par jour et recevaient un salaire pour leur travail. L’exode rural finit par atteindre des proportions stupéfiantes.

Ceux qui restaient à la campagne devaient consolider leur position. Certains, espérant des jours meilleurs, achetaient les terres des petits cultivateurs. Il en résultait d’énormes exploitations. Le petit fermier, obligé de vendre à perte, émigrait vers un centre industriel et vivait de l’assistance publique. Le grand problème consistait alors à trouver des ouvriers agricoles. Dans certaines régions, il ne restait pas du tout de main-d’œuvre. Il fallut réorganiser complètement l’agriculture et la mécaniser de sorte qu’un seul homme puisse suffire pour faire le travail. On ne gardait que le minimum de bétail nécessaire ; le fermier qui faisait de la culture et de l’élevage céda la place au grand cultivateur de blé.

La prospérité provoquée par la Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale donna un grand essor à l’économie. Les prix augmentèrent et les denrées de toute sorte étaient très demandées. De nombreux cultivateurs partirent à la guerre, mais ceux qui restaient tiraient profit de la situation. Un nouveau changement intervint dans le domaine agricole. Ce n’était plus uniquement les jeunes qui émigraient vers les villes ; les gens plus âgés aussi s’établirent dans les agglomérations afin de jouir des commodités urbaines, ou bien ils passaient l’hiver en Californie, en Floride ou au Mexique. Ils n’avaient plus besoin de bétail ou de jardins potagers, car ils s’approvisionnaient au supermarché.

Le cultivateur qui “réussissait” avait désormais beaucoup de loisirs. Il se rendait dans ses terres au volant d’une luxueuse voiture et les exploitait à l’aide de machines. En automne, les travaux terminés, il était libre jusqu’au printemps suivant. Il semblait que les cultivateurs allaient arriver à l’indépendance et à une vie relativement facile.

Cependant, la situation évoluait dans d’autres pays également. Même les pays en voie de développement se transformaient rapidement. De nouvelles techniques, des machines ingénieuses, des engrais artificiels, de meilleures semences et de nouvelles variétés de blé contribuaient à augmenter la production. Un plus grand nombre de pays arrivaient à produire assez de céréales pour satisfaire leurs besoins, et même plus qu’il ne leur en fallait.

C’est ainsi que pendant les années 1950-​1960, les Canadiens connurent de nouvelles difficultés. Les marchés du monde regorgeaient de grain. On demandait encore des millions de tonnes de blé, mais l’Argentine, l’Australie et les États-Unis étaient de sérieux concurrents. Les énormes silos de l’Ouest doré ne tardèrent pas à se remplir de l’excédent de blé. Les cultivateurs qui avaient encore la récolte de deux ans dans leurs greniers et une autre récolte sur pied, se demandaient combien de leurs terres il convenait de laisser en friche.

On estime que le Canada a en réserve des millions de tonnes de blé, mais peu d’acheteurs en perspective. De plus, ceux-ci paient rarement en espèces. Ce pays doit donc décider quelles marchandises il acceptera en échange de son blé. Les exportateurs sont dans l’embarras, ne sachant pas s’ils feraient bien de baisser les prix. Vendre moins cher que le prix mondial risquerait de déclencher une guerre des prix à outrance, ce que personne ne souhaite.

En attendant, on a mis sur pied des stations d’élevage qui n’exigent aucune maison et aucune étable, mais tout simplement des silos pour l’emmagasinage du fourrage, des parcs divisés en compartiments et des machines qui déposent la nourriture dans ces compartiments. Le blé est devenu l’“argent”, le moyen d’échange avec lequel on se procure des machines, du mobilier, des articles d’épicerie, etc.

Écrivant dans le Financial Post, Philip Mathias déclara à ce propos : “Les cultivateurs des prairies commencent à revenir à l’économie du troc. La raison en est les énormes excédents de grain que l’on ne parvient pas à écouler. Les fermiers dont les greniers regorgent de blé échangent cette denrée contre des machines, du bétail, du mobilier, les études de leurs fils et même des soins dentaires.” Cette façon d’agir résout peut-être certains problèmes des cultivateurs, mais elle n’apporte aucune aide réelle à l’économie nationale.

Parmi tous les groupements sociaux, ce sont les cultivateurs qui, jusqu’à présent, se sont montrés les plus dociles. Les ouvriers expriment leur mécontentement au moyen de grèves, mais le fermier a refoulé ses sentiments et a continué de trimer dans l’espoir que l’année suivante apporterait une amélioration de son sort. Il a fini toutefois par attraper la maladie des protestataires. Les ouvriers protestent, les étudiants protestent et même le clergé fait entendre des protestations, alors pourquoi pas les cultivateurs ?

Des meetings ont donc été organisés à travers le pays et les organisations agricoles ont envoyé au gouvernement des résolutions véhémentes, réclamant une action de sa part. Elles ont refusé de se laisser endormir plus longtemps par des banalités et des exhortations à la patience de la part des autorités. Les fermiers ont durci leur position et se sont unis. Lorsque le premier ministre du Canada, M. Trudeau, les a rencontrés dernièrement à Winnipeg et à Regina, des milliers d’entre eux, en colère, ont bloqué les routes avec leurs tracteurs et l’ont hué.

Quelle est la solution au problème ? À qui vendre de la glace dans l’Arctique ? De même, à qui vendre du blé dans un monde dont les marchés en regorgent ? D’autres pays sont aux prises avec le même problème et eux aussi réclament des débouchés. Il n’existe, semble-​t-​il, aucun remède immédiat à la situation paradoxale qui règne dans le monde. En effet, les nations qui produisent un excédent de blé manquent d’autres marchandises parce qu’elles ne peuvent vendre leur grain, tandis que les peuples sous-alimentés et affamés voient une abondance de céréales, partout sauf sur leur table ! Il faudrait quelqu’un de plus sage que Salomon pour résoudre pareil problème.

Que réserve l’avenir ?

Quel que soit le remède choisi par le gouvernement canadien, une chose est certaine : il devra réviser et modifier complètement ses rapports avec les cultivateurs. Ceux-ci n’auront plus la liberté de se spécialiser dans une seule culture. Ils devront peut-être revenir à l’agriculture diversifiée, dans des conditions totalement différentes. Cependant, il faudrait une direction internationale pour mettre fin à la présente situation paradoxale où l’abondance et la famine coexistent.

Beaucoup de personnes pensent que le système de concurrence, surtout en ce qui concerne la production agricole, a perdu sa raison d’être. Nombreux sont ceux aussi qui prétendent que le monde a besoin d’un conseil consultatif international tout à fait juste, honorable et impartial. Il aurait pour tâche de décider des denrées à cultiver dans les diverses régions de la terre. Malheureusement, à l’heure actuelle, il est impossible de former un tel conseil à partir des éléments politiques et commerciaux du monde.

Ce sera certes un administrateur sage qui parviendra à trouver la solution à ce problème ardu. Le cultivateur canadien ne peut guère espérer une amélioration rapide de sa situation grâce aux efforts humains.

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