L’amour romanesque mène-t-il au bonheur dans le mariage ?
LE MARIAGE peut enrichir les époux et leur apporter beaucoup de bonheur. En général, les célibataires, jeunes et moins jeunes, espèrent trouver la félicité dans le mariage. L’un des créateurs de la constitution des États-Unis déclara à ce sujet : “Le bonheur du foyer est la première grâce du ciel.” Ce bonheur n’est peut-être pas la première grâce du ciel, mais il est un des dons que le ciel nous accorde, aussi en sommes-nous reconnaissants au Créateur.
Toutefois, très souvent, le mariage n’apporte pas ce bonheur, particulièrement aux jeunes conjoints de moins de vingt ans. Aux États-Unis, par exemple, la moitié des unions entre jeunes se soldent par le divorce. Ces chiffres tragiques ne révèlent même pas toute la vérité, car si la moitié de ces mariages se terminent par une rupture légale, bien d’autres finissent par une séparation ou tiennent uniquement parce qu’une séparation ne ferait qu’aggraver la situation. Le fait qu’environ la moitié des épouses de moins de vingt ans sont déjà enceintes le jour des noces est une preuve que pour beaucoup d’entre elles les chances d’être heureuses sont minces.
Un sentiment merveilleux !
Pourquoi tant de mariages ne sont-ils pas heureux ? Sans aucun doute, dans beaucoup de cas, parce que les époux ont attaché trop d’importance à l’amour romanesque. Autrement dit, c’est surtout l’attrait physique qui les a rapprochés. Bien sûr, s’éprendre de quelqu’un ou être amoureux est un sentiment agréable.
Toutefois, un dictionnaire définit l’amour romanesque comme “un sentiment qui a peu de rapport avec les réalités, mais qui a pour origine un idéal imaginaire ou des conceptions inspirées par la littérature, l’art, les rêves, etc.”.
Étant fondé sur l’attrait physique, l’amour romanesque est en réalité une réaction chimique, car il est imputable à l’activité des hormones sexuelles. Or, le vrai bonheur implique beaucoup plus qu’une réaction chimique.
Le Créateur dota les deux sexes de cet attrait puissant l’un pour l’autre, afin d’assurer la perpétuation du genre humain par la reproduction. Il conseille toutefois à l’homme d’exercer la maîtrise de soi sous ce rapport. L’amour romanesque peut mener au bonheur dans le mariage uniquement si on le maintient à sa place. — Gen. 1:28.
Une cause de frustrations
Entre autres, l’amour romanesque peut être une cause de frustrations, car il suscite chez les jeunes des espoirs peu réalistes. Ils s’attendent, par exemple, à vivre dans un paradis affectif où tous leurs vœux et désirs seront satisfaits. Très souvent cet amour leur fait croire que le mariage résoudra tous leurs problèmes, lesquels découlent souvent d’un manque de jugement et de maîtrise de soi. Il est plus que probable cependant que le mariage accroîtra leurs problèmes.
L’amour romanesque fait croire également aux jeunes que leur mariage sera parfait. Lorsqu’ils constatent qu’il n’en est rien, ils tendent à considérer leur union comme un échec. Pourtant, ni les hommes ni les femmes n’ont une personnalité parfaite ; ils sont donc incapables de faire preuve d’un jugement parfait. Parce qu’il en est ainsi, pourquoi s’attendre à un mariage parfait ?
Puisque l’amour romanesque semble si attrayant, il incite beaucoup de jeunes gens à être malhonnêtes et donne lieu à d’autres frustrations. La jeune fille recourt à nombre d’artifices. Au lieu de dire ce qu’elle pense réellement, elle dira les choses que le jeune homme désire entendre. Non contente de se colorer les cheveux et de se maquiller, elle portera des postiches destinés à rendre ses contours plus attrayants. De son côté, le jeune homme cachera peut-être le fait qu’il a des dettes ou il prétendra gagner plus que son salaire réel.
Les jeunes ont tendance à oublier que l’amour romanesque n’est pas nécessairement l’affection véritable. Au contraire, il est plus susceptible d’être égoïste que désintéressé, même si l’on ne s’en rend pas compte soi-même puisque “le cœur est trompeur par-dessus tout”. (Jér. 17:9, Darby.) C’est pourquoi l’amour romanesque ne mène pas au bonheur dans le mariage. En revanche, il est possible d’avoir un mariage heureux sans l’amour romanesque. On peut comparer cet amour à un dessert. Aussi friand que l’on soit de sucreries, il serait insensé de commander un repas tout simplement sur la base du dessert qui l’accompagne ou d’essayer de vivre exclusivement de desserts. La santé physique exige une nourriture plus solide. De même, dans le mariage, la santé affective exige plus que l’amour romanesque.
Le piège de l’engouement
Une autre raison pour laquelle l’amour romanesque ne mène pas nécessairement au bonheur dans le mariage, c’est qu’on le prend souvent pour une affection sincère, tandis qu’il ne s’agit en réalité que d’un engouement. Celui-ci a été défini comme “un attachement excessif et irraisonné, particulièrement à quelqu’un qui en est indigne”.
L’engouement est fondé en général sur l’attrait physique et ne prend pas en considération d’autres facteurs essentiels. On en a un exemple dans la passion du roi David pour Bath-Schéba parce que celle-ci “était très belle de figure”. David ne tint aucun compte du fait que cette femme appartenait à un autre (elle était l’épouse d’Urie, l’un de ses meilleurs guerriers) et qu’il lui faisait commettre l’adultère. Il ne tint aucun compte non plus des conséquences désastreuses que pouvait entraîner son acte et qui, effectivement, en découlèrent, à son grand chagrin et à son profond regret. — II Sam. 11:1 à 12:23.
Voici une autre histoire vécue qui montre le danger de l’amour romanesque et de l’engouement : Une jeune fille, jolie et populaire, servait en qualité de ministre chrétien loin de sa patrie, dans un pays en voie de développement. Un jeune chrétien très capable et sérieux s’intéressait à elle, mais elle n’avait que de l’indifférence pour lui, car à son avis il manquait de charme. Elle voulait un prince charmant qui lui “ferait perdre la tête”.
Un jour elle fit la connaissance d’un homme du pays, apparemment charmant, qui lui fit effectivement “perdre la tête”. Il feignait de s’intéresser à sa religion, mais en réalité il était dépourvu de principes chrétiens. Une imprudence menant à une autre, elle finit par se trouver enceinte de cet homme qui n’avait pas l’intention de l’épouser. Le scandale qui en résulta entraîna son exclusion de la communauté chrétienne. Plus tard, grâce à son repentir sincère, elle y fut réintégrée. Aujourd’hui, mariée à un chrétien mûr, elle est mère de plusieurs enfants. Elle a appris à dure école que l’amour romanesque ne mène pas nécessairement à un mariage heureux.
L’engouement ne pense qu’aux plaisirs du présent ou de l’avenir immédiat ; il est sans prévoyance. On a défini ce sentiment comme la “hâte de se marier”. Par contre, la véritable affection est prévoyante ; elle est disposée à se refuser aujourd’hui des plaisirs de moindre importance, afin de connaître un bonheur plus grand dans l’avenir.
On dit souvent que “l’amour est aveugle”. Cependant, l’amour fondé sur les principes n’est pas aveugle. Au contraire, il est perspicace, car il voit des qualités et des possibilités que d’autres gens ne discernent pas. Il n’est même pas aveugle aux défauts, autrement les Écritures ne diraient pas que “l’amour couvre une multitude de péchés”. (I Pierre 4:8.) En effet, pour pouvoir les couvrir, l’amour doit en être conscient. C’est l’amour irraisonné qui est aveugle. Il ne voit que ce qu’il désire voir, attribuant des qualités à quelqu’un qui ne les possède pas et le dévouement à une personne égoïste.
Une autre caractéristique de l’engouement, c’est qu’il est enclin à ne tenir aucun compte des conseils ou des désirs d’autrui. Une personne animée d’une affection sincère écoute les conseils et profite du jugement et de la sagesse d’autrui. Aussi les statistiques révèlent-elles que les mariages approuvés par les parents sont plus heureux que les autres. Il en va de même des amitiés.
Il faut également du bon sens
Dans des pays comme les États-Unis où l’amour romanesque est souvent le facteur le plus important dans le choix d’un conjoint, un mariage sur quatre se solde par le divorce. Parlant de cet amour, le Dr Brothers, éminent psychologue, déclara : “L’amour romanesque est un leurre, (...) car il n’est que passager. Personne ne reste amoureux, du moins si l’on entend par là se sentir transporté quand on est avec l’objet de sa flamme et angoissé et amorphe quand on en est éloigné. (...) Le seul facteur indispensable est le bon sens.”
Le Dr Hines, professeur de sociologie, abonde dans le même sens dans son ouvrage Vous envisagez donc le mariage (angl.). Il dit : “Les jeunes gens qui recherchent un conjoint ont intérêt à se débarrasser au maximum de leurs idées romanesques. Il est absurde de penser qu’il existe quelque part dans le monde le conjoint parfait. Tout homme normal peut trouver, s’il s’en donne la peine, plus d’une personne avec qui il serait capable de vivre et de s’entendre dans le cadre d’un mariage heureux et satisfaisant. Les jeunes ne doivent pas oublier que pendant des millénaires les mariages ont été organisés par les parents ou d’autres intermédiaires.”
À cet égard, on cite souvent les Japonais. Dans son numéro de novembre 1966, la revue McCall’s dit : “Les Japonais, qui ne croient pas beaucoup à l’amour romanesque, pensent que l’affection se développe après le mariage et qu’elle n’a pas besoin d’exister auparavant. Ils pensent aussi que les enfants (...) consolident les liens unissant les époux. Les Japonaises sont-elles heureuses ? Beaucoup d’entre elles sont contentes de leur sort, car elles connaissent une grande satisfaction affective et intellectuelle. (...) Une union japonaise est peut-être plus froide, plus posée, mais elle a plus de chances d’être durable, que ce soit par nécessité ou par choix.”
Un autre article brosse un tableau analogue du mariage en Allemagne. On peut y lire : “Dans ce pays on attache moins d’importance à l’amour romanesque qu’aux questions fondamentales concernant le salaire, la compatibilité, la fidélité, l’honnêteté et le sens des responsabilités.” Ce pays compte plus de 260 agences matrimoniales qui organisent un mariage sur dix. En outre, de nombreuses revues allemandes contiennent des annonces insérées par des personnes désireuses de se marier. En voici un exemple caractéristique : “J’ai vingt-cinq ans, je mesure 1,75 m et je suis mannequin. Je n’aime pas les Don Juan ; je m’intéresse aux choses sérieuses. Mon désir est d’être une épouse affectueuse et non un jouet. (...) Si c’est là ce que vous recherchez, écrivez-moi.” — Newsweek, 29 mars 1965.
Les États-Unis forment un contraste frappant avec les pays précédents. Concernant l’importance que les Américains attachent à l’amour romanesque, Ralph Linton, célèbre anthropologue, écrivit : “Toutes les sociétés reconnaissent qu’il arrive parfois que deux personnes de sexe opposé soient éperdument amoureuses l’une de l’autre, mais la société américaine est la seule qui essaie de faire de ce sentiment le fondement d’un mariage heureux.” Il ressort des résultats obtenus par la Société du mariage scientifique (organisme matrimonial américain) que c’est l’attitude avec laquelle les gens abordent le mariage, et non pas nécessairement les gens eux-mêmes, qui est responsable des unions malheureuses. En effet, sur les dix mille mariages organisés par cette société, un pour mille seulement s’est soldé par un divorce. Un illustre historien américain avait raison de dire que beaucoup de ses compatriotes “feraient bien de modérer leurs espoirs illusoires, d’apprendre à se maîtriser et de reconnaître que l’amour romanesque, tout en étant le plus beau sentiment humain, n’assure pas forcément le bonheur”.
Le point de vue biblique
La Parole de Dieu, la Bible, ne condamne pas l’amour romanesque comme tel. Elle rapporte même le plus bel exemple de cet amour, celui de Jacob, âgé de 77 ans, et de Rachel, jeune fille “belle de taille et belle de figure”. Jacob s’éprit de Rachel et son amour était tel que les sept années qu’il servit pour elle chez son père Laban, “furent à ses yeux comme quelques jours”. — Gen. 29:11-20.
Cependant, la Parole de Dieu nous met en garde contre l’idolâtrie. Or, l’amour romanesque, si nous ne le maîtrisons pas, peut nous amener à idolâtrer la personne aimée. De plus, les jeunes gens, envoûtés par cet amour romanesque et l’attrait physique, tendent à oublier les qualités spirituelles et mentales, bien plus importantes pourtant. Celui qui désire servir son Créateur, Jéhovah Dieu, de tout son cœur, devrait s’assurer que la personne qu’il choisit comme conjoint a également le désir ardent de servir Dieu. Surtout, le chrétien ne doit jamais songer un instant à s’attacher à une incroyante, aussi charmante soit-elle. Paul, apôtre inspiré, donne cet ordre : “Ne vous mettez pas sous un joug inégal avec les incroyants.” Il recommande aussi aux chrétiens de se marier “seulement dans le Seigneur”. — II Cor. 6:14 ; I Cor. 7:39.
Celui qui obéit à la Parole de Dieu évitera les déceptions et les frustrations que provoque si souvent l’amour romanesque. La Bible l’aidera à comprendre pourquoi il ne faut pas considérer cet amour comme le plus grand bonheur que l’homme puisse connaître. Elle lui montrera aussi que le mariage apporte inévitablement des épreuves et des problèmes. L’avertissement de l’apôtre Paul modère quelque peu l’enthousiasme des jeunes pour le mariage et leur tendance à l’idéaliser, car il déclare que ceux qui se marient “auront des tribulations dans leur chair”. (I Cor. 7:28.) Un étudiant perspicace de la nature humaine déclara un jour : “Quelqu’un est parvenu à imposer au monde l’idée absurde que le mariage est facile.”
L’amour romanesque peut être un sentiment très beau et peut mener au bonheur dans le mariage. Cependant, s’il n’est pas accompagné de bon sens, de maîtrise de soi et de jugement, il est beaucoup plus probable qu’il conduira au chagrin. On pourrait même affirmer que des qualités comme le bon sens, la maîtrise de soi et le jugement sans l’amour romanesque sont plus susceptibles de mener au bonheur qu’un tel amour sans ces autres qualités. Ne surestimez donc pas l’amour romanesque. Très souvent il ne mène pas au bonheur dans le mariage et il ne constitue sûrement pas la seule condition requise pour qu’une union soit heureuse.
[Illustration, page 5]
Envoûtés par l’amour romanesque, les jeunes gens tendent à oublier les qualités spirituelles et mentales.