“Ta parole est vérité”
Que signifie le quatrième commandement pour les chrétiens ?
LE QUATRIÈME des Dix Commandements donnés aux fils d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, se lit comme suit : “Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tous tes ouvrages. Mais le septième jour est un sabbat consacré à Jéhovah, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage.” — Ex. 20:8-11, Crampon 1905.
Certains Juifs en vinrent à observer ce jour avec fanatisme. Les Sadducéens interdisaient les rapports entre époux pendant la nuit du sabbat. Josèphe relate que les Esséniens considéraient qu’aller à la selle était une violation du sabbat. Les Pharisiens étaient pleins de colère parce que Jésus accomplissait des guérisons le jour du sabbat. — Marc 3:1-6.
Les Israélites reçurent des instructions supplémentaires qui expliquaient les exigences du sabbat. Nous lisons en effet : “Vous n’allumerez de feu dans aucune de vos demeures le jour du sabbat.” (Ex. 35:3, Crampon 1905). Un peu avant il leur avait été dit : “Que nul ne sorte le septième jour du lieu où il est.” (Ex. 16:29, Crampon 1905). Les fils d’Israël étaient donc soumis le jour du sabbat à des restrictions bien définies en matière de cuisine et de voyage. Par conséquent, ceux qui aujourd’hui prétendent observer littéralement le sabbat, devraient observer ces exigences.
C’est un fait que de nombreuses Églises de la chrétienté prétendent devoir observer le quatrième commandement. Cependant, il est notoire qu’elles n’en respectent pas tous les termes. En outre, beaucoup d’entre elles ne l’observent pas le jour approprié, mais le premier jour de la semaine. La Loi mosaïque faisait du septième jour un jour de repos. Que faut-il donc penser de l’observance du sabbat par les chrétiens ?
L’apôtre Paul déclara par inspiration que les disciples de Jésus-Christ sont non “sous la loi mais sous la bonté imméritée”, et qu’ils ont été “mis à mort à l’égard de la Loi par le corps du Christ”. (Rom. 6:14 ; 7:4.) Quoiqu’ils soient libérés des exigences de la Loi mosaïque, ils ne doivent pas oublier cependant que certaines des excellentes règles contenues dans les Dix Commandements s’appliquent aussi aux chrétiens. Citons notamment les interdictions concernant l’adultère et l’idolâtrie (I Cor. 5:11-13 ; Actes 15:28, 29). Cependant, il n’est pas question de l’observance du sabbat.
Nulle part dans les écrits des disciples inspirés de Jésus il n’est fait mention d’un sabbat hebdomadaire pour les chrétiens. Cela ne signifie pas qu’avoir un jour de repos par semaine n’est pas une bonne disposition. En outre, il n’y a rien de mal à employer ce jour pour adorer et servir Dieu. Néanmoins, les chrétiens n’ont pas l’obligation d’observer de façon littérale le sabbat juif.
De plus, l’apôtre Paul, parlant de l’observance de la Loi mosaïque, déclara que Dieu a “effacé le document manuscrit qui était contre nous, lequel consistait en décrets et qui était en opposition avec nous ; et Il l’a ôté du chemin en le clouant au poteau de torture [du Christ]”. Il fait ensuite cette recommandation aux chrétiens : “Que personne donc ne vous juge (...) à propos d’une fête ou de l’observance de la nouvelle lune ou d’un sabbat ; car ces choses sont une ombre des choses à venir, mais la réalité appartient au Christ.” — Col. 2:13, 14, 16, 17.
Par conséquent, quiconque veut observer littéralement le sabbat refuse le sacrifice de Jésus-Christ sur le poteau de torture et rejette le pardon des péchés que ce sacrifice a rendu possible. Cela revient à vouloir offrir des sacrifices d’animaux après que Jésus s’est offert lui-même, une fois pour toutes, comme sacrifice pour les péchés.
Cela ne veut pas dire toutefois que le quatrième commandement n’a aucune signification pour les chrétiens. Il leur annonce un sabbat bien plus grand : la réalité et non pas simplement l’ombre. Le livre de la Genèse (chapitre 2, verset 2) nous apprend que depuis la fin du sixième jour ou période de création, c’est-à-dire depuis la création de nos premiers parents, Dieu se repose de son œuvre créatrice concernant la terre. Les enfants d’Israël ne purent entrer dans le repos de Dieu à cause de leur manque de foi et de leur désobéissance (Ps. 95:7-11). Mais aux chrétiens l’apôtre Paul dit ce qui suit : “Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu. Car l’homme qui est entré dans le repos de Dieu s’est, lui aussi, reposé de ses œuvres, comme Dieu des siennes. Faisons donc notre possible pour entrer dans ce repos, de peur que quelqu’un ne tombe, selon le même exemple de désobéissance [des Juifs].” — Héb. 3:19 ; 4:9-11.
Ainsi donc, de même que le repos de Dieu se poursuit toujours, de même aussi celui des chrétiens. Ils se reposent de “leurs œuvres”, leurs œuvres passées par lesquelles ils essayaient de se rendre justes. Ils ont cessé de croire qu’ils pouvaient gagner l’approbation de Dieu et la vie éternelle simplement en s’efforçant de suivre certaines règles et observances. Ils ne pensent plus qu’en raison de leur bonne conduite Dieu ne peut leur refuser ses bénédictions. C’était là l’erreur des Juifs infidèles, car “ne connaissant pas la justice de Dieu mais cherchant à établir la leur, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu”. — Rom. 10:3.
Les vrais chrétiens, eux, reconnaissent que c’est seulement par le sacrifice de Jésus-Christ que le péché peut être ôté. Ils savent que c’est par la foi en Jésus-Christ et l’obéissance à ses enseignements qu’on peut obtenir l’approbation de Jéhovah et la vie. Ils ne se contentent pas comme certains de dire : “Je suis honnête, je ne vole pas, je ne mens pas et ne commets pas d’autres actes immoraux ; c’est sûrement suffisant !” Les vrais chrétiens s’efforcent d’appliquer dans leur vie tous les enseignements de Jésus.
Bien des gens, même des prétendus chrétiens, croient que la vie et d’autres bienfaits leur sont dus. Il leur est difficile d’admettre qu’ils sont nés pécheurs sans aucun droit à la vie et qu’ils dépendent entièrement des dispositions que Dieu a prises en vue de la leur accorder. Ils ont tendance à refuser tout conseil ou réprimande, même quand on agit avec amour. Ils sont peu disposés à reconnaître qu’ils peuvent commettre des fautes. Leur plus grand souci est de se justifier. Ils ne se reposent pas de leurs œuvres égoïstes, autrement dit ils n’y renoncent pas; aussi n’observent-ils pas le sabbat de Dieu. Heureux ceux qui se reposent de “leurs œuvres” et entrent dans le repos ou sabbat de Dieu, car un avenir magnifique les attend !
Actuellement, il y a près de six mille ans que dure le jour de repos de Dieu. La période de mille ans qui doit suivre est appelée le millénium ou règne de mille ans du Christ (Rév. 20:4). Cette période sera comme un grand sabbat de loin supérieur à tous les sabbats observés par les Juifs. À ce moment-là, en effet, la paix et la prospérité seront rétablies pour toujours. — Rév. 21:2-4.
Par conséquent, le sabbat hebdomadaire qui fait l’objet du quatrième commandement était une image du grand sabbat dont Jésus-Christ lui-même s’est déclaré le Seigneur (Mat. 12:8). Ceux qui reconnaissent être des pécheurs ayant besoin du sacrifice de Jésus pour trouver la paix et obtenir l’approbation divine, peuvent dès à présent connaître le repos. Autrement dit, ils renoncent aux œuvres égoïstes par lesquelles ils tentaient de se rendre justes. Celui qui respecte le sabbat de sept mille ans de Dieu, connaîtra les bienfaits du sabbat de mille ans du règne du Christ.