La cinquième assemblée de la Fédération luthérienne mondiale
De notre correspondant en France
LA FÉDÉRATION luthérienne mondiale a tenu sa cinquième assemblée générale du 14 au 24 août dernier à Évian, célèbre station thermale française sur le lac Léman. Cette assemblée a réuni 210 délégués représentant un grand nombre d’Églises luthériennes à travers le monde. Cent douze d’entre eux venaient d’Europe, 33 d’Amérique du Nord, 27 d’Afrique, 27 d’Asie et 11 d’Amérique latine. Cent trente et un consultants et observateurs accompagnaient ces délégués officiels.
On dit que le luthéranisme est “la plus ancienne et la plus grande des religions non catholiques romaines et non orthodoxes” de la chrétienté. Selon les estimations, il compte de soixante-dix à quatre-vingts millions d’adeptes, dont la plupart habitent l’Allemagne, la Scandinavie et les États-Unis. La Fédération luthérienne mondiale représente environ les deux tiers des Églises luthériennes réparties dans une quarantaine de pays.
Dès le début, la cinquième assemblée générale s’est heurtée à des difficultés. Tout d’abord, l’Allemagne de l’Est n’autorisa pas l’organisation de ces réunions à Weimar. On choisit ensuite Porto Alegre, au Brésil, comme lieu de l’assemblée, mais on estima finalement qu’il ne serait pas opportun, pour des raisons d’ordre politique, de se réunir dans ce pays. C’est pourquoi, au dernier moment, on prit des dispositions pour tenir cette assemblée en France. Ce choix mécontenta l’Église luthérienne du Brésil, qui refusa d’envoyer une délégation à Évian et se contenta de se faire représenter par deux observateurs seulement.
C’est ainsi que dès le début l’assemblée s’est caractérisée par le mécontentement et la désunion. Pendant que Frederick Schiotz, président américain de la Fédération luthérienne mondiale, prononçait le discours d’ouverture, une quarantaine de jeunes délégués portant un brassard noir se levèrent en silence en signe de protestation. Après la réunion, ils expliquèrent leur geste en ces termes : “La décision de tenir l’assemblée à Évian plutôt qu’au Brésil a été le fait des dirigeants des Églises [luthériennes] d’Europe et des États-Unis, sans que les représentants du tiers monde aient été consultés.” Montrant à quel point les Églises luthériennes étaient divisées sur cette question, Le Monde déclara dans un article publié en première page : “Si l’assemblée avait été tenue au Brésil, elle aurait pâti d’un nombre considérable d’absences : les délégations allemande et scandinave par exemple se seraient, selon toute probabilité, abstenues.” — 16 juillet 1970.
L’assemblée avait choisi comme thème central “Envoyés dans le monde”. Les principales questions à l’ordre du jour étaient les suivantes : Les obstacles à la communication de l’Évangile ; l’engagement œcuménique et le problème de l’unité ; la participation et la coresponsabilité dans la société moderne ; la paix et la faim dans le monde.
“Insatisfaction et mauvaise conscience”
À mesure que les onze jours de l’assemblée s’écoulaient, le sentiment de frustration et de mécontentement qu’éprouvaient les délégués augmentait, particulièrement chez les jeunes. Les manchettes des journaux trahissaient ce sentiment, comme en témoignent les exemples suivants : “Après différentes tribulations, la cinquième assemblée de la Fédération luthérienne mondiale s’est ouverte hier à Évian.” (Le Figaro, 15 juillet 1970). “De jeunes délégués contestent la politique de la Fédération luthérienne mondiale.” (Le Monde, 16 juillet 1970). “Les délégués à l’assemblée de la Fédération luthérienne préoccupés par les problèmes de l’œcuménisme.” (Le Figaro, 17 juillet 1970). “De jeunes délégués luthériens manifestent pacifiquement devant le palais des congrès à Évian.” (Le Figaro, 18/19 juillet 1970). “À l’assemblée mondiale du luthéranisme, les délégués des Églises sont jugés peu représentatifs de la base.” (Le Monde, 22 juillet 1970). “Les luthériens ont essayé de surmonter leurs réserves devant les questions politiques et sociales.” — Le Monde 26/27 juillet 1970.
Vers la fin de l’assemblée, André Appel, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, énuméra les problèmes suivants auxquels on n’avait pu donner de solution : 1) La question de ce qu’on a appelé “la dimension verticale” de l’Évangile (les relations entre l’homme et Dieu) ; 2) la question du rôle politique de l’Église, et particulièrement de l’Église universelle rendue muette par le conflit des intérêts nationaux et les différences d’opinions ; 3) la question de savoir dans quelle mesure et jusqu’à quel point l’Église peut et doit manifester sa solidarité avec ceux qui souffrent (lutte de libération, révolution) ; 4) la définition de la Fédération luthérienne mondiale comme communauté d’Église.
Le pasteur Marc Lienhard de l’Institut de recherches œcuméniques de Strasbourg, déclara sans ambages que l’assemblée risquait de paraître aux yeux du monde comme “un théâtre de marionnettes ecclésiastiques, où seule la volonté de survie tire les fils”.
De son côté, Le Monde fit ce commentaire : “Insatisfaction et mauvaise conscience : tels sont les sentiments dominants des quelque deux cent cinquante délégués participant à l’assemblée de la Fédération luthérienne mondiale qui se tient à Évian.” Au cours d’une conférence de presse, un porte-parole des jeunes délégués déclara : “Nous n’attendons rien du tout de cette assemblée.”
Néanmoins, le secrétariat de l’assemblée produisit des quantités énormes de documents (notes et rapports), à tel point qu’un délégué fit cette remarque : “Si quelques pages ont suffi aux quatre évangélistes pour transcrire le message prêché par Jésus durant les trois années de sa vie publique, il aura fallu des dizaines de milliers de feuilles ronéotypées pour consigner les travaux d’Évian.”
Un soir, un groupe de jeunes délégués manifesta devant le Palais des Congrès. Après avoir déchiré et jeté dans des corbeilles à papier des documents de travail, ils déclarèrent : “Il vaudrait mieux confesser notre incapacité de nous prononcer clairement que de dire tant de mots vides de sens.” Parlant du même incident, Le Monde dit de son côté : “Qu’on ne s’y méprenne pas. Les contestataires d’Évian ne sont pas des révolutionnaires et ils s’en défendent. Fils de pasteurs, étudiants en théologie pour plusieurs d’entre eux (...).” — 22 juillet 1970.
Résumant les résultats de la cinquième assemblée de la Fédération luthérienne, Le Figaro écrivit : “Le long rapport issu des recherches de l’assemblée et de celles de ses sous-commissions, souligne d’abord les divergences qui existent entre les diverses Églises luthériennes (...) et exprime le souhait d’un dialogue plus poussé avec ces dernières afin de parvenir à réaliser une communion entre toutes les Églises luthériennes, fondées sur un seul baptême, une seule Cène, une seule Écriture sainte.” — 24 juillet 1970.
Le Rapport recommande également une extension du dialogue de manière à inclure les Églises réformées (calvinistes), l’Église catholique, la communion anglicane et les Églises orthodoxes. Il propose aussi une coopération plus active avec le Conseil œcuménique des Églises. Il insiste enfin sur le besoin de multiplier les contacts avec les méthodistes, les baptistes, les pentecôtistes et même les athées, en vue d’une meilleure compréhension mutuelle.
“L’Histoire nous donnera-t-elle assez de temps ?”
Parlant à Évian de la nécessité de rechercher la réconciliation au sein de la chrétienté, et particulièrement entre l’Église catholique et les Églises luthériennes, M. Kent Knutson, président du séminaire de théologie de Wartburg, à Dubuque, aux États-Unis, posa cette question : “L’Histoire nous donnera-t-elle assez de temps ?”
Sans doute M. Knutson se rend compte que les jours de la chrétienté sont comptés. Les prophéties bibliques accomplies par l’histoire contemporaine prouvent qu’il a raison. Les Églises de la chrétienté devront se dépêcher si elles veulent s’unir avant que l’histoire — l’histoire dirigée par Dieu — ne les surprenne. Cependant, les Églises ne montrent guère qu’elles désirent sincèrement supprimer les barrières qui les séparent ou qui provoquent des divisions intestines.
Prenant la parole devant la cinquième assemblée de la Fédération luthérienne mondiale, le cardinal Willebrands, président du secrétariat romain pour l’unité des chrétiens, énuméra les obstacles à l’unité entre les Églises catholique et luthérienne. Il mentionna entre autres le sacerdoce, l’autorité et l’infaillibilité du pape, et la position occupée par la Vierge Marie. Il reconnut que sur certaines de ces questions “les oppositions sont même devenues plus marquées”.
Quant à l’espoir de parvenir à l’unité parmi les Églises protestantes, le Dr Tödt, professeur de théologie systématique à Heidelberg, déclara à Évian : “Parmi les Églises membres du Conseil œcuménique, on peut sentir également un recul ; déçues par les résultats de la première décennie, elles sont nombreuses à retourner dans leur isolement local ou régional.”
L’Église luthérienne elle-même est profondément divisée. La cinquième assemblée générale a montré que les Églises réunies en Fédération mondiale luthérienne sont loin d’être unies. De plus, quelque vingt millions de luthériens sont membres d’Églises qui refusent de faire partie de cette fédération. On dit qu’“en Suède, on trouve même une Église luthérienne en intercommunion avec l’Église anglicane, mais pas avec les autres Églises luthériennes”. — Le Monde, 26/27 juillet 1970.
“Christ est-il divisé ?” (I Cor. 1:13, Segond). Certainement pas ! Par conséquent, si vous êtes adepte d’une Église divisée faisant partie de la chrétienté, elle-même divisée, il est grand temps pour vous de rechercher ailleurs la véritable congrégation du Christ. Cependant, ‘l’Histoire vous donnera-t-elle assez de temps ?’
Un appel aux luthériens sincères
Oui ! mais il n’y a pas de temps à perdre. Que devez-vous faire ? Recherchez le vrai christianisme fondé sur “une seule Écriture sainte”. Paradoxalement, le cardinal Willebrands rendit hommage à Luther en ces termes : “Luther a fait, d’une manière extraordinaire pour l’époque, de la Bible le point de départ de la théologie et de la vie chrétienne.” Et dans son article sur le luthéranisme, l’Encyclopédie britannique (édition de 1965, tome XIV, page 447) dit : “Le principe fondamental de la théologie luthérienne est que les Écritures canoniques sont la seule source, le seul critère, de la foi et de la vie chrétiennes.”
Et pourtant, en juillet 1965, lorsque des exégètes catholiques et luthériens se rencontrèrent à Baltimore, ils affirmèrent dans une déclaration commune : “Nous confessons tous la foi de Nicée.” Or, le symbole de Nicée expose la doctrine énigmatique de la trinité, doctrine qui n’est même pas mentionnée dans la Bible. Leroy Norquist, théologien luthérien, fit lui-même cet aveu : “La doctrine de la trinité est ‘incompréhensible’. (...) Pour les hommes qui l’ont forgée, c’était une arme destinée à combattre les hérétiques (...) leur permettant finalement de dire : ‘Si vous n’acceptez pas ce dogme, vous n’êtes pas un vrai croyant.’” (The Lutheran, 15 juin 1960, pages 11 et 12). Et vous, que préférez-vous accepter : le symbole de Nicée ou la Bible ? Le choix s’impose à chacun.
La Confession d’Augsbourg est un autre credo fondamental de l’Église luthérienne. Cette profession de foi affirme que “les impies et les diables, Il [le Christ] les condamnera à être tourmentés à perpétuité”. Et pourtant, les Écritures canoniques déclarent : “Le salaire du péché, c’est la mort.” (Rom. 6:23, Segond). Qu’acceptez-vous : la Confession d’Augsbourg ou la Bible ? Il vous faut choisir, et le temps se fait court.
L’année 1970 est le 450e anniversaire de la publication des premiers écrits réformateurs de Luther intitulés “Manifeste à la Noblesse” et “La captivité à Babylone” (de l’Église catholique). Malheureusement, ayant abandonné leur principe fondamental selon lequel “les Écritures canoniques sont la seule source, le seul critère, de la foi et de la vie chrétiennes”, les Églises luthériennes montrent qu’elles font elles-mêmes partie de l’empire mondial des religions d’origine babylonienne appelé prophétiquement “Babylone la Grande”. Les événements actuels et les prophéties bibliques révèlent que la fin de cet empire mondial de la fausse religion approche rapidement. L’Histoire ne lui donnera pas le temps de s’unir pour essayer de survivre. Babylone doit disparaître ! Vous n’êtes pas obligé de périr avec elle toutefois. La Bible lance cet appel : “Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux.” — Apoc. 17:1-5 ; 18:1-5, Segond.
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