Des inondations ravagent le nord-ouest de l’Argentine

De notre correspondant en Argentine

“DE FORTES pluies s’abattent sur Santiago del Estero (...). Quatre morts et plus de 1 000 personnes évacuées.” Ainsi s’exprimait La Gaceta de Tucuman, en Argentine, le 12 février 1974. Vers la fin de ce mois, douze des vingt-trois provinces du pays étaient touchées. Le bilan s’élevait à 170 morts ; il y avait des centaines de disparus et quelque 100 000 personnes avaient dû être évacuées.

La catastrophe a frappé les biens et les récoltes, et elle a perturbé les communications téléphoniques et les transports. Le Dr Carlos Arturo Juarez, gouverneur de la province de Santiago del Estero, a déclaré : “Rien de semblable ne s’est jamais produit dans l’histoire de cette province.” À Salta, on a déclaré que l’inondation était “‘la plus dévastatrice depuis cinquante ans”.

Les causes

Les cartes représentant les zones climatiques de l’Amérique du Sud indiquent que la province de Santiago fait partie d’une région sèche où la végétation est de type désertique. Toutefois, les pluies torrentielles de février ont provoqué une précipitation de 463 millimètres en dix jours, autant qu’en une année normale. Cela venait s’ajouter aux pluies particulièrement abondantes de janvier (281 millimètres). En conséquence, les lagunes, les barrages et les réservoirs se sont rapidement remplis ou ont débordé.

Les pluies torrentielles en Bolivie ont encore aggravé la situation en grossissant les rivières des provinces les plus septentrionales de Salta et de Jujuy. Comme ces rivières coulent vers le sud et traversent la province de Santiago, il a fallu ouvrir les vannes des barrages de retenue, afin d’éviter des ruptures.

La réaction en chaîne se poursuivit vers le sud jusqu’à la province de Santa Fe où le Rio Salado se jette dans le Paraná. Ce fleuve grossit également du fait que d’autres rivières en crue s’y déversaient. Partout, et particulièrement de Santiago vers le sud, les eaux se creusaient de nouveaux lits.

Le Dr Juan Rodrigo, chef de la Commission de secours du ministère de l’Assistance sociale (Ministerio de Bienestar Social), fit le commentaire suivant au correspondant de Réveillez-vous !: “Des rivières qui ne figuraient plus sur la carte depuis des années ont soudain réapparu ; aucun étudiant en géographie n’en avait entendu parler.” Il ajouta que les chutes de pluie à Santiago n’étaient pas le seul souci. “Les prévisions météorologiques pour le nord du pays nous inquiètent bien davantage, dit-​il ; le danger vient de là.”

En se précipitant vers le sud, les eaux emportaient des berges, des ponts, des routes, des plantations, des arbres et du bétail. Rien que dans la province de Santiago, 4 000 kilomètres de routes ont été détruits ou rendus impraticables. Dans d’autres provinces, il y a eu des glissements de terrain et d’énormes crevasses ont isolé des routes et des lignes de chemin de fer.

L’erreur humaine fut en partie responsable des dégâts. Les pauvres vivent généralement dans des habitations de construction légère en pisé, qui se sont évidemment écroulées sous les averses persistantes, faisant de nombreuses victimes. Même les habitants des maisons plus solides ont dû être évacués. Pourquoi cela ? Parce qu’à la belle saison, des entrepreneurs trop confiants avaient bâti des habitations dans des cuvettes près des rivières et des arroyos. Des ingénieurs aussi ont construit des systèmes d’écoulement conçus pour des précipitations normales.

Secours d’urgence

On n’épargna pas les efforts pour aider les victimes de l’inondation. Les municipalités, les autorités sur les plans régional et national ont coopéré pour organiser les opérations de sauvetage et prendre des mesures sanitaires.

Tous les moyens de transport ont été mis à contribution. Avions, hélicoptères, camions, radeaux pneumatiques et véhicules privés apportaient des vivres et des vêtements aux sinistrés ou les transportaient en lieu sûr. On transforma des écoles, des hôpitaux, des dispensaires et des gares en postes de secours.

Les provinces voisines, comme le Tucuman, apportèrent une grande aide. Par radio et de maison en maison, on demanda aux gens de donner des aliments, des vêtements, des médicaments, etc. Les maisons de commerce contribuèrent elles aussi à l’effort commun. Certaines personnes ont offert une journée de salaire pour aider les victimes de l’inondation.

Les témoins de Jéhovah en particulier ont apprécié l’aide immédiate de leurs frères chrétiens des autres régions. La filiale de la Société Watch Tower d’Argentine écrivit pour demander ce dont les frères avaient le plus besoin. Des dons en argent destinés aux sinistrés commencèrent à affluer à la filiale du Chili. De nombreux témoins téléphonèrent pour offrir leur aide à leurs frères de la zone sinistrée.

L’action des témoins de Jéhovah a vraiment été rapide et efficace. En effet, lorsque des témoins de Tucuman offrirent des secours matériels à ceux de Santiago, ces derniers refusèrent, disant qu’ils ne manquaient plus de rien. Quelle attitude différente de celle de certains sinistrés qui demandaient et acceptaient une aide quelconque, simplement parce que c’était gratuit !

Le comportement religieux

Parfois les gens ont tendance à penser que les catastrophes naturelles sont des punitions divines. Il était courant dans le Tucuman par exemple d’entendre des gens dire : “Dieu punit les ‘Santiaguenos’ à cause de leur méchanceté.” À cela un missionnaire a répondu : “Ne croyez-​vous pas qu’il y a des méchants dans les autres provinces du pays et dans tous les pays du monde ? Pensez-​vous que Dieu ne punirait que les méchants de Santiago ? En outre, il n’y a pas que les méchants qui souffrent de la catastrophe.” Le missionnaire montra ensuite à l’aide de la Bible que bientôt le Créateur, Jéhovah Dieu, débarrassera la terre de la méchanceté. — Ps. 37:10, 11 ; Rév. 11:18.

Les témoins de Jéhovah ont distribué dans le monde entier le tract spécial intitulé “Le temps se fait-​il court pour l’humanité ?” Il a été diffusé à Santiago au début de février, juste avant l’inondation. Dès que les eaux se furent retirées, les témoins locaux ont revisité la région. Ils ont noté que l’inondation avait rendu les gens plus réceptifs au message de la Bible.

Les conséquences

Certains dommages ont pu être évalués, mais ce n’est pas le cas des récoltes perdues et des dégâts causés au sol, lesquels auront de graves conséquences sur le plan économique. Il en va de même du temps et du travail nécessaires pour effectuer les réparations. Soixante-cinq pour cent de la récolte de coton de Santiago (55 000 hectares) ont été perdus. On craint que le maïs et les patates douces n’aient subi une perte semblable.

Ironie du sort, les chutes de pluie ont transformé un sol généralement craquelé et poussiéreux en un beau tapis de verdure. Tandis que les hommes s’efforcent de retrouver leur équilibre après cette terrible épreuve, les troupeaux de chèvres de la région font la fiesta.