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  • Pie XII et les nazis — un aspect nouveau

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Réveillez-vous ! 1975
g75 22/6 p. 17-23

Pie XII et les nazis — un aspect nouveau

LE PAPE a-​t-​il bien agi en gardant le silence ? La controverse à propos du silence du pape Pie XII sur les atrocités nazies durant la Seconde Guerre mondiale a resurgi à diverses reprises au cours des trente dernières années. Certains critiquent son attitude en affirmant que s’il avait protesté auprès des nazis, des millions de vies auraient pu être sauvées. Mais Paul VI, le pape actuel, prétend qu’une ‘protestation et une condamnation auraient été non seulement vaines, mais nuisibles’.

Pourquoi donc soulever de nouveau cette question ? N’est-​ce pas raviver une controverse définitivement enterrée ? Non. En fait, c’est le Vatican lui-​même qui l’a ranimée. Certains de ses fonctionnaires ont même renoncé à leur politique qui consistait à ne publier des documents d’archives que cinquante ans après les événements concernés. Selon eux, si le peuple ne comprend pas, les critiques auront un argument particulièrement puissant pour démontrer l’échec de l’Église sur le plan moral.

Beaucoup de catholiques sincères désirent connaître la réponse à cette question. Ils savent que même le pape Paul VI a été mêlé de près à cette affaire, car il était à l’époque un proche collaborateur de Pie XII. C’est ainsi que depuis 1965 un comité de jésuites publie des documents choisis parmi les archives du Vatican. Le dernier en date, intitulé “Le Saint-Siège et les victimes de la guerre”, a été publié en avril 1974. A-​t-​il apporté de nouvelles lumières ?

Une question plus profonde

Les journaux ont fait une grande publicité aux documents qui prouvent que le Vatican avait reçu très tôt de nombreux renseignements sur les atrocités commises par les nazis. Mais un autre fait peu remarqué est bien plus significatif. Un des collaborateurs de confiance du pape Pie XII souleva une question beaucoup plus profonde que celle qui consiste à se demander pourquoi le pape n’a pas condamné ouvertement les nazis. “Monseigneur” Domenico Tardini (qui devint plus tard cardinal) aurait déclaré, irrité :

“Que le Saint-Siège ne puisse ramener Hitler à la raison, tout le monde le comprend. Mais qu’il ne puisse tenir un prêtre en laisse, qui peut le comprendre ?”

Le débat superficiel concernant le bien qu’aurait pu faire Pie XII en parlant ouvertement n’a fait qu’obscurcir ce problème beaucoup plus important. Les chrétiens honnêtes doivent pourtant répondre à cette question : Les atrocités nazies auraient-​elles pu être commises sans la coopération du peuple et de ses chefs spirituels ? À l’époque, 95 pour cent des Allemands étaient catholiques ou protestants. Environ 32 millions, soit plus de 40 pour cent, étaient catholiques, comme l’était la population tout entière de l’Autriche et de l’Italie, alliés européens de l’Allemagne. Malgré les pressions de leurs chefs qui les incitaient à abandonner l’Église, près d’un SS sur quatre était encore catholique en 1939⁠1.

Le pape Pie XII lui-​même exposa ce problème dans une lettre privée, récemment publiée, qu’il adressa au prêtre qui était cause de l’irritation de “Monseigneur” Tardini. Le prêtre, Jozef Tisoa, gouverna en tant que président le protectorat nazi de Slovaquie durant la guerre (1939-​1945). Pie XII écrivit à “Monseigneur” Tiso qu’il avait espéré que le gouvernement et le peuple slovaques, “presque entièrement catholiques, n’auraient jamais procédé à la déportation forcée de personnes qui appartenaient à la race juive”, et que “de telles mesures (...) prises parmi un peuple aux grandes traditions catholiques et par un gouvernement qui déclare les suivre et en être le gardien” l’affligeaient beaucoup. — 7 avril 1943⁠2.

Mais comment une participation, sous quelque forme que ce soit, au programme d’extermination raciale prévu par les nazis a-​t-​elle pu seulement être envisagée par un peuple qui, de l’aveu du pape, était ‘presque entièrement catholique et attaché aux grandes traditions catholiques’ ? Étant donné l’enseignement moral donné par l’Église, il était impensable que “Monseigneur” Tiso et ses fidèles puissent avoir la moindre part à ce génocide. Pourtant l’Histoire montre qu’ils y participèrent. Les catholiques honnêtes désirent certainement que soit expliquée pareille conduite ainsi que l’attitude d’autres nations dites “chrétiennes” qui étaient alliées aux nazis.

Avec la franchise qui caractérise une lettre privéeb adressée à un ami, le cardinal Eugène Tisserantc nous donne une raison de cette attitude. Après la capitulation de la France en 1940, il écrivit au cardinal Suhard de Paris en se plaignant de ce que ‘l’idéologie fasciste et l’hitlérisme avaient transformé les consciences des jeunes, et que les moins de 35 ans étaient prêts à tous les délits pour la fin que leur chef commande’. Mais comment ces consciences instruites par l’Église ont-​elles pu être si facilement ‘transformées’ ? Après tout, Hitler ne les influençait que depuis sept ans environ, tandis que l’Église enseignait ses fidèles depuis plus d’un millénaire.

“Le point vital du christianisme”

Il ne fait aucun doute que le pape Pie XII pouvait faire quelque chose face à l’ingérence des nazis dans le domaine traditionnel de l’Église : la conscience humaine. Cependant, le cardinal Tisserant se plaignit en ces termes :

“J’ai demandé avec insistance au Saint-Siège depuis le début de décembre [1939], de faire une encyclique sur le devoir individuel d’obéir au dictamen de la conscience, car c’est le point vital du christianisme.” (C’est nous qui soulignons).

Or, l’Histoire ne fait état d’aucune déclaration du pape pendant la guerre à propos de ce “point vital du christianisme”. Mais Tisserant fit cette prédiction bien triste : “Je crains que l’histoire n’ait à reprocher au Saint-Siège d’avoir fait une politique de commodité pour soi-​même et pas grand-chose de plus. C’est triste à l’extrême⁠3.”

Nul doute que la “politique de commodité” suivie par le pape dans ses relations diplomatiques prudentes avec les nazis assura la survie du Vatican et de l’Église. Pie XII lui-​même écrivit aux évêques allemands que “le danger de représailles et de pressions”, ou de choses pires encore, exigeait la “réserve” dans leurs propos, “afin d’éviter des maux plus grands”. C’était, selon lui, “un des motifs” pour lesquels il s’imposait “des limites” dans ses déclarations. — 30 avril 1943⁠4.

Cela nous aide à comprendre pourquoi Pie XII a agi avec tant de prudence. Toutefois, ces questions restent sans réponse : Pourquoi pratiquement tous les prêtres et leurs ouailles ont-​ils été des témoins passifs des atrocités nazies, quand ils n’étaient pas prêts à y participer ou à les commettre eux-​mêmes ? Qu’était devenue leur conscience ?

L’Église et la conscience

On trouvera la réponse en examinant comment la conscience de ces hommes a été instruite. Par exemple, comment un catholique fidèle devait-​il comprendre la lettre pastorale Asperis Commoti Anxietatibus que le pape Pie XII adressa le 8 décembre 1939 aux aumôniers des différentes nations en guerre, dont plus de 500 servaient dans l’armée de Hitler ? Le pape encourageait les aumôniers des deux camps à avoir confiance en leurs évêques respectifs, à considérer que la guerre est une manifestation de la volonté du Père céleste qui change toujours le mal en bien et, “en tant que combattants sous le drapeau de leur pays, à combattre également pour l’Église⁠5”. (C’est nous qui soulignons.)

Cette contradiction troublante se retrouve dans les lettres que le pape adressa aux évêques des deux camps. Dans une lettre datée du 6 août 1940 qu’il envoya aux évêques allemands, Pie XII exprimait son admiration pour les catholiques qui, “fidèles jusqu’à la mort, prouvent qu’ils sont prêts à partager les sacrifices et les souffrances des autres Volksgenossen [camarades allemands]⁠6”. Neuf mois plus tôt, le pape avait adressé un message semblable aux évêques français pour leur dire qu’ils étaient en droit de soutenir toutes les mesures prises par leur pays, afin de se défendre contre ces mêmes catholiques, allemands “fidèles”⁠7. Les archevêques italiens reçurent des conseils semblables juste avant que l’Italie entre en guerre contre les Alliés⁠8.

Ainsi, quand le chef de l’Église parla sur des questions qui concernaient la conscience, comme le firent la plupart de ses ecclésiastiques, il rassura la conscience de ceux qui servaient ‘fidèlement’ dans les armées des deux camps. En fait, quand le correspondant à Berlin de L’Osservatore Romano, journal officiel du Vatican, demanda un jour à Pie XII s’il protesterait contre l’extermination des Juifs, le pape lui répondit qu’il ne pouvait “oublier que des millions de catholiques servaient dans les armées allemandes. Vais-​je leur créer des problèmes de conscience⁠9” ?

La responsabilité des pasteurs protestants fut-​elle moins grande ? Lisez le télégramme que le Conseil ecclésiastique de l’Église évangélique (luthérienne) d’Allemagne, l’Église protestante la plus importante, envoya personnellement à Hitler le 30 juin 1941 :

“Que le Dieu Tout-Puissant vous aide et aide notre nation à combattre le double ennemi [l’Angleterre et la Russie] ! Nous remporterons la victoire, qui doit être le principal objet de nos aspirations et de nos actions (...). Dans toutes ses prières [l’Église] est avec vous et avec nos soldats incomparables qui sont sur le point de faire disparaître par de grands coups la racine de cette peste⁠10.”

Étant ainsi dirigé par ses “bergers”, le troupeau allait-​il pouvoir agir autrement ? Ce qu’il fit est très éloquent.

Dès 1933, Hitler avait beaucoup de mépris pour les Églises. Avait-​il raison ? Il se vantait en disant avec dédain que “les ecclésiastiques (...) trahiront leur Dieu pour nous. Ils trahiront tout pour leurs misérables petits emplois et leurs revenus (...). Pourquoi leur chercher querelle ? Ils avaleront tout afin de garder leurs avantages matériels⁠11”. (Durant toute la guerre, le gouvernement de Hitler accorda d’importantes subventions aux principales Églises⁠12.)

Pour se convaincre de la véracité des paroles de Hitler à propos des Églises, il suffit de se demander : “Si j’avais été un fidèle membre de l’Église en Allemagne, en Autriche ou en Italie durant cette période, que m’auraient conseillé mes chefs religieux et qu’aurais-​je fait ?” Supposons que vous répondiez : “Je n’aurais pas servi Hitler.” À quoi vous seriez-​vous alors exposé, non pas de la part des nazis, mais de la part de vos propres chefs religieux ?

L’Église contre la conscience

Gordon Zahn, écrivain et éducateur catholique, a fait de nombreuses recherches. Mais, selon les documents qu’il a consultés, un seul catholique allemand sur 32 millions a refusé par motif de conscience de servir dans l’armée de Hitler. Mis à part les ecclésiastiques traduits en justice en raison de leur opposition politique aux nazis, il n’a compté au total que sept catholiques, un Allemand et six Autrichiens, qui ont refusé par motif de conscience de prononcer le serment militaire⁠13. Ce chiffre très faible vous surprend sans doute.

Zahn explique que ses nombreux entretiens avec les gens qui ont connu ces hommes lui ont donné “l’assurance très nette, exprimée par presque tous ses informateurs, que tout catholique qui aurait refusé de servir dans l’armée n’aurait bénéficié d’aucun soutien de la part de ses chefs spirituels”. Chose curieuse, les quelques hommes qui refusèrent de servir dans l’armée nazie et qui persévérèrent dans leur refus furent en réalité très gênants pour leurs “chefs spirituels”.

Par exemple, l’archevêque Konrad Gröber, de Fribourg, écrivit une lettre pour demander la clémence du tribunal nazi envers un prêtre qui avait refusé de servir dans l’armée. Il écrivit que ce prêtre était “un idéaliste qui s’était de plus en plus éloigné de la réalité (...), qui voulait aider son peuple et sa patrie, mais qui le faisait à partir de fausses prémisses⁠14”. D’autres se virent refuser la communion par l’aumônier de la prison où ils se trouvaient parce que, selon celui-ci, ils n’avaient pas fait leur “devoir chrétien” qui consistait à prononcer le serment militaire nazi⁠15.

Le cas de Franz Jägerstätter, paysan autrichien, pour lequel il existe des témoignages documentaires, montre bien l’opposition qu’un catholique pouvait effectivement rencontrer de la part de ses chefs spirituels. À cause de son refus de servir dans l’armée nazie, Jägerstätter fut emprisonné à Linz, en Autriche, et finalement décapité. L’aumônier catholique de la prison écrivit qu’il avait “essayé de lui faire comprendre qu’il devait penser à ses intérêts et à ceux de sa famille, tout en gardant son idéal personnel et ses principes”. C’était exactement ce que le prêtre du village où il habitait lui avait déjà dit bien avant qu’il soit emprisonné. “Il semblait m’avoir compris, ajouta l’aumônier, et il promit de suivre mon conseil et de prononcer le serment [militaire nazi]⁠16.”

Ce conseil venait-​il d’un nazi ? Non, mais d’un prêtre qui était toujours bien considéré, longtemps après la fin de la guerre. Mais ce ne fut pas le seul chef religieux à exercer des pressions sur Jägerstätter. L’évêque Fliesser, également du diocèse de Linz, révèle que lui aussi a “connu Jägerstätter personnellement”. Il lui expliqua “vainement” qu’il n’était pas responsable “des actions des autorités civiles [nazies]”. Il déclara que Jägerstätter était un “cas tout à fait exceptionnel qu’il fallait plutôt admirer qu’imiter”. Après la guerre, Fliesser écrivit à un prêtre afin de lui expliquer pourquoi il n’avait pas permis qu’on publie l’histoire de Jägerstätter dans le journal du diocèse de Linz. Selon lui, cette histoire aurait pu “créer la confusion et troubler les consciences”.

Ainsi, pour l’évêque Fliesser, un homme qui suivait sa conscience était un “cas tout à fait exceptionnel” qu’il ne fallait pas imiter. Il écrivit encore : “Je considère que les plus grands héros sont ces jeunes catholiques, séminaristes, prêtres et chefs de famille qui ont donné l’exemple en combattant et en mourant héroïquement pour s’acquitter de leur devoir.” Feldmann, le procureur nommé par le tribunal nazi, utilisa le même argument pour inciter Jägerstätter à faire un compromis. Il fit remarquer que des millions de catholiques, y compris le clergé, participaient à la guerre avec une conscience “nette”. Finalement, rappelle Feldmann, il défia Jägerstätter de citer un seul cas où un évêque aurait d’une manière ou d’une autre, découragé quelqu’un de servir dans l’armée nazie⁠17. Il n’en connaissait aucun. Et vous ?

Puis, à propos d’un article intitulé “Constance héroïque” qu’il avait rejeté, Fliesser parla avec mépris “des Bibelforscher [témoins de Jéhovah] et des adventistes qui, dans leur ‘constance’, préféraient mourir dans les camps de concentration que porter les armes”. Il déclara qu’ils étaient influencés par une “conscience faussée” et que, “pour l’instruction des hommes, les meilleurs exemples” étaient les “héros” qui combattaient, influencés par “une conscience claire et correcte⁠18”.

Même après la guerre, un évêque autrichien bien considéré jugeait toujours “correcte” la conscience des fidèles qui s’étaient laissé enrégimenter dans les armées nazies pour massacrer d’autres membres de la même Église. D’après cet évêque, ceux qui préférèrent affronter la mort dans les camps de concentration plutôt que servir dans les armées nazies étaient lâches et dans l’erreur. Qu’en pensez-​vous ?

Sous le régime de Hitler, l’Église a prouvé par ses actes qu’elle soutenait le point de vue de l’évêque Fliesser sur ces Bibelforscher chrétiens. Le journal catholique du diocèse de Passau, en Allemagne, daté du 6 mai 1933, rapportait que l’Église acceptait de signaler aux autorités nazies, qui lui avaient confié cette tâche, tous les témoins de Jéhovah de Bavière qui pratiquaient encore leur foi alors que leur œuvre avait été interdite le mois précédent⁠19.

Fait significatif, l’attitude courageuse de ces chrétiens influença dans une certaine mesure le catholique Franz Jägerstätter. Selon Gordon Zahn, le prêtre de son village fit remarquer que “Franz avait souvent parlé avec admiration de leur fidélité”, et des villageois qui le connaissaient insistèrent beaucoup sur le fait qu’il “passait des heures à discuter de religion et à étudier la Bible” avec son cousin, un Bibelforscher, le seul non-catholique du village⁠20.

Même les campagnes de diffamation que les nazis menèrent contre les Juifs n’ont pas dissuadé les témoins de s’acquitter du devoir que leur dictait leur conscience : faire preuve de bienveillance chrétienne envers tous leurs semblables. J. Kirschbaum, ancien rédacteur du Danziger Informator, rapporta dans le numéro du 2 juillet 1939 de Der Tog, quotidien yiddish de New York, qu’à Danzig, en Pologne, “quand, telle une épidémie, toutes sortes de magasins d’alimentation se mirent à accrocher les pancartes bien connues ‘Juden unerwünscht’ (Juifs indésirables)”, les témoins approvisionnaient en nourriture ou en lait “leurs voisins juifs et même des Juifs qu’ils connaissaient à peine, sans demander la moindre récompense”.

Cet écrivain juif était également émerveillé par les enfants des témoins allemands qui, contrairement à leurs camarades catholiques et protestants, refusaient par motif de conscience “de saluer la swastika et d’utiliser le salut ‘Heil Hitler !’ Toutes les menaces proférées contre les enfants (...) sont vaines. Les enfants déclarent nettement que Dieu seul peut être salué par ‘Heil !’, mais pas l’homme, car ce serait alors un blasphème”.

Pourquoi ce contraste ?

Devant ces faits historiques, les chrétiens réfléchis devraient se demander : Pourquoi une organisation qui a disposé de tant de moyens et de plus d’un millénaire pour former la conscience de ses fidèles n’a-​t-​elle pu produire qu’un seul catholique allemand sur 32 millions (0,000 003 pour cent) qui ait refusé par motif de conscience de combattre pour les nazis ? En revanche, selon l’historien J. S. Conway, chez les témoins de Jéhovah allemands, qui étaient 19 000 en 1933, “la proportion (97 pour cent) de ceux qui ont été persécutés d’une manière ou d’une autre fut plus grande que dans n’importe quelle autre Église”. Ils viennent en tête sur la “liste des sectes interdites depuis 1933”, liste qui fut publiée par le quartier général de la Gestapo le 7 juin 1939. — The Nazi Persecution of the Churches 1933-​45, p. 196, 370.

Pourquoi les témoins de Jéhovah ont-​ils été si persécutés ? Conway rapporte que contrairement à certains ecclésiastiques qui furent persécutés à cause de leur activité politique antinazie, leur résistance “était due essentiellement à leur opposition à toute forme de collaboration avec les nazis et au service dans l’armée. Fondant leur attitude sur le commandement biblique, ils refusèrent de lever la main même contre les ennemis de la nation (...). C’est pourquoi ils furent presque tous condamnés à mort”. (P. 198 ; c’est nous qui soulignons.) En réalité, les nazis exécutèrent 203 des 253 témoins qui furent condamnés à mort ; 635 moururent en prison et 6 019 furent condamnés à des peines de prison qui s’élevèrent au total à plus de 13 924 années.

Mais les catholiques et les protestants qui servirent Hitler n’étaient-​ils pas sous le même “commandement biblique” ? Certainement ; ils connaissaient ce commandement, tout comme à l’époque de Jésus les conducteurs religieux connaissaient la loi de Dieu. Toutefois, Jésus leur déclara : “Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition.” — Marc 7:9, Bible catholique de Jérusalem.

Voyez vous-​même comment les chefs religieux ‘annulent bel et bien le commandement de Dieu’. Pour cela, lisez ce que dit la Nouvelle encyclopédie catholique (angl.) sous le mot “pacifisme”. Elle affirme entre autres choses : “Il n’y a pas non plus de contradiction intrinsèque entre une guerre juste et le commandement du Christ qui nous ordonne d’aimer nos ennemis. Une guerre juste est la manifestation de la haine du mal et non de ceux qui le commettent (...). Les catholiques sont assurément libres de déterminer personnellement si une guerre éventuelle remplirait ou non les conditions d’une guerre juste (...).” — Édition de 1967, t. X, p. 856.

Mais quel est le résultat pratique d’un tel raisonnement ? Pourriez-​vous citer des guerres du passé qui, pour une raison ou une autre, ont mis aux prises des catholiques ou des protestants et qui, aux yeux des fidèles, n’ont pas rempli “les conditions d’une guerre juste”, si bien qu’ils ont refusé de combattre pour leurs chefs politiques ? Si les Églises se trouvaient aujourd’hui dans la même situation que sous le régime nazi, croyez-​vous honnêtement qu’elles agiraient autrement qu’à cette époque-​là ? Par exemple, les catholiques européens et américains se sentent-​ils en sécurité, convaincus que les millions de catholiques polonais, hongrois et tchécoslovaques ne combattraient pas leurs frères dans la foi s’il y avait une guerre entre l’est et l’ouest ? Le St. Anthony Messenger, périodique catholique, n’a-​t-​il pas exprimé un point de vue plus réaliste quand il a dit que les prêtres et les pasteurs “donnent souvent l’impression qu’ils béniront n’importe quelle guerre ou aventure dans laquelle les chefs d’État décideront de s’engager” ? — Mai 1973, p. 21.

Pourtant Jésus Christ, que ces ecclésiastiques prétendent suivre, énonça cette règle pour déterminer qui seraient ses véritables disciples : “À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres.” À un disciple qui cherchait à le défendre par la force, — et c’était sans aucun doute une cause “juste”, — Jésus déclara : “Rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive.” — Jean 13:35 ; Mat 26:52 ; Jérusalem.

Par conséquent, si on vous demandait d’identifier la religion qui est vraiment digne d’être qualifiée de “chrétienne” parce qu’elle suit les principes énoncés par Jésus lui-​même, pourriez-​vous honnêtement désigner l’une ou l’autre des Églises de la chrétienté ? Quelles personnes ont, dans la pratique, fait preuve d’un amour véritable, qui est la marque d’identification définie par le Christ ? Quelles personnes ‘n’aiment ni de mots ni de langue, mais en actes, véritablement’ ? (I Jean 3:18, Jérusalem.) Les faits historiques parlent d’eux-​mêmes. Les gens honnêtes méditeront sur cette question. Nombreux sont ceux qui acceptent dès maintenant l’aide gratuite des témoins de Jéhovah pour acquérir une conscience chrétienne instruite par la Bible, conscience qui ne faillira pas, même dans l’épreuve.

RÉFÉRENCES

1. Rapport interne des SS, archives nationales, Washington, T-580, rôle 42, fichier 245.

2. The Vatican in the Age of the Dictators, Anthony Rhodes, 1973, p. 347.

3. Tisserant à Suhard, 11 juin 1940 (déposé au Bundesarchiv à Coblence, R 43 II/1440a).

4. Documentation catholique, Paris, 2 février 1964.

5. Publié dans Seelsorge und kirchliche Verwaltung im Krieg, Konrad Hoffmann, 1940, p. 144.

6. Pie XII aux évêques allemands, copie dans les archives diocésaines à Ratisbonne.

7. Cité dans Was sagen die Weltkirchen zu diesem Krieg ? Zeugnisse und Urteile, Matthes Ziegler, 1940, p. 109-112.

8. Message du 24 avril 1940, cité dans Der Vatikan und der Krieg, Alberto Giovannetti, 1961, p. 300.

9. Déclaration du 11 mars 1963, à Berlin, publiée dans Summa iniuria oder Durfte der Papst schweigen ?, Fritz J. Raddatz, 1963, p. 223.

10. Kirchliches Jahrbuch für die Evangelische Kirche in Deutschland 1933-​1944 (Gütersloh, 1948), p. 478, 479.

11. The Voice of Destruction, Hermann Rauschning, 1940, p. 50, 53.

12. Article 17 du concordat entre l’Allemagne et le Saint-Siège, 20 juillet 1983, Documents on German Foreign Policy, série D, t. VIII, p. 896f.

13. German Catholics and Hitler’s Wars, Gordon Zahn, 1962, p. 54, 55.

14. Copie dans les archives de l’archevêché de Fribourg.

15. Franz Reinisch : Ein Märtyrer unserer Zeit, Heinrich Kreuzberg, 1953, p. 86.

16. In Solitary Witness, Gordon Zahn, 1964, p. 75.

17. Ibid., p. 86.

18. Lettre du 27 février 1946, publiée dans le journal paroissial de St. Radegund, Autriche, “Dossier Jägerstätter”.

19. Oberhirtliches Verordnungsblatt für die Diözese Passau, No 10, 6 mai 1933, p. 50, 51.

20. In Solitary Witness, Gordon Zahn, 1964, p. 108-110.

[Notes]

a “Durant toute sa vie il participa aux activités paroissiales (...). Il fut condamné à mort [après la guerre] pour avoir été le ‘Quisling’ slovaque et fut exécuté malgré de vigoureux appels à la clémence.” — New Catholic Encyclopedia (éd. de 1967), t. XIV, p. 173, 174.

b Trouvée par les Allemands lors du pillage du palais archiépiscopal de Paris et authentifiée par la suite par Tisserant.

c Doyen du Sacré Collège des cardinaux jusqu’à sa mort en 1972.

[Illustration, page 18]

Comment des hommes dont la conscience avait été instruite par l’Église ont-​ils pu se montrer disposés à commettre n’importe quel crime ordonné par leurs chefs ?

[Illustrations, page 19]

Qui en fut responsable ?

[Illustration, page 20]

[New York Post, August 27, 1940, Blue Final Edition, p. 15]

L’armée nazie est louée

Les évêques catholiques allemands fidèles

[New York Times, December 7, 1941, Late City Edition, p. 33]

“PRIÈRE POUR LA GUERRE” EN FAVEUR DU REICH

Les évêques catholiques réunis à Fulda prient pour la victoire

[New York Times, September 25, 1939, Late City Edition, p. 6]

DES SOLDATS ALLEMANDS EXHORTÉS PAR LES ÉGLISES

Protestants et catholiques exhortés à combattre pour la victoire du Reich et pour une paix juste

Ces extraits de journaux sont traduits de l’anglais

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