Comment faire face à la menace de l’alcoolisme?
IL VAUT mieux prévenir que guérir l’alcoolisme. Il vaut beaucoup mieux savoir éviter le piège de l’alcool que d’y tomber pour en assumer les conséquences par la suite.
Cette prévention devrait commencer dès l’enfance. Les parents ont donc la responsabilité de montrer à leurs enfants la bonne attitude à observer envers l’alcool. Tout ce que peuvent dire ou faire le père ou la mère a une influence énorme sur leur progéniture. S’ils savent se modérer sur la boisson et ne pas dépasser certaines limites, leurs enfants ne grandiront pas dans l’idée que boire beaucoup fait partie du comportement normal des grandes personnes.
Si, tout en tenant compte de la législation en vigueur, certains parents estiment que leur fils ou leur fille est en âge de prendre une boisson alcoolique de temps en temps, ils devront tout d’abord avoir soin de lui expliquer pourquoi il convient de se montrer prudent en la matière. Les jeunes sont très inexpérimentés et leur organisme encore fragile n’est pas habitué à l’alcool, aussi le supportent-ils moins bien.
La prévention chez les adultes
Les adultes comme les jeunes ont tout intérêt à prévenir le danger. Ils doivent considérer l’alcool comme ce qu’il est réellement: une boisson susceptible de leur procurer un certain plaisir, mais qui peut, en cas d’abus, constituer un danger mortel.
Quand vous recevez des amis, ne vous sentez pas tenu de renouveler constamment les boissons alcooliques. Offrez-en si vous le jugez bon, mais avec modération. Proposez également quelques rafraîchissements non alcoolisés, en des termes qui ne risquent pas de mettre dans l’embarras ceux qui porteront leur choix sur une telle boisson. D’autre part, quand vous voyez que l’un de vos invités a déjà vidé un verre ou deux, ne lui en proposez pas continuellement un autre. N’essayez pas non plus de pousser vos amis à boire en remplissant systématiquement leur verre alors qu’ils n’y tiennent pas.
Si vous êtes invité, ne vous sentez pas obligé de boire sans limites parce qu’on continue de servir des boissons alcooliques. Au cas où votre hôte aurait “la main un peu lourde”, vous pouvez refuser par quelques mots polis, comme: “J’ai bu suffisamment” ou: “Non merci, pas pour l’instant.” Si malgré votre refus il s’obstine à remplir votre verre, rien ne vous oblige à le vider. Que votre “Non” soit “Non”. Un hôte courtois doit s’y conformer.
Quand vous recevez, soyez particulièrement prudent en fin de soirée, au moment où vos amis vont prendre leur voiture pour rentrer chez eux. Ce n’est pas être prévenant que de proposer de l’alcool jusqu’à une heure avancée, ou d’offrir à un invité le “dernier verre avant de se quitter”. C’est mettre sa vie en danger, ainsi que celle d’éventuelles victimes innocentes.
Plus il est tard, plus on risque de rencontrer des gens qui conduisent en état d’ébriété. Montrez-vous donc particulièrement prudent si vous prenez le volant à une heure avancée, surtout lors des week-ends ou en période de vacances, quand les gens ont tendance à boire plus que de raison.
En voiture, n’insistez pas sur vos droits à la “priorité”. Sous l’influence de l’alcool, on a souvent tendance à oublier le code de la route. Souvenez-vous que près de la moitié des victimes d’accidents de la circulation étaient “dans leur droit”. Ils n’étaient pas responsables de la collision, mais ils n’en ont pas moins perdu la vie.
Des mesures de prévention ont été prises sur une grande échelle au début de 1977 par le commandant en chef des forces américaines en Europe. Voici la teneur des consignes données aux officiers: “Vous ne pouvez ignorer que la consommation excessive d’alcool parmi les troupes américaines stationnées en Europe a atteint des proportions telles que nous nous devons d’unir tous nos efforts pour aborder le problème de front.” Afin d’enlever à l’alcool “toute valeur symbolique et toute idée de prestige”, le général a ordonné l’abolition de la “Happy Hour”, observée jusque-là dans tous les clubs militaires d’Europe. Cette coutume, qui avait cours une fois par semaine, consistait à offrir un certain jour des consommations à moitié prix pendant les deux premières heures de la soirée. Sa suppression vise à décourager les excès de boisson.
Comment aider l’organisme
Il est également utile de savoir comment l’organisme réagit à l’alcool. On peut ainsi mieux se protéger si on est amené à en boire.
L’alcool ingéré par l’organisme ne suit pas le même processus de transformation que la plupart des aliments. Ces derniers passent en général par différentes phases d’oxydation qui s’effectuent principalement dans l’estomac et dans l’intestin grêle. Les éléments nutritifs peuvent alors passer dans la circulation sanguine qui les distribue aux diverses parties du corps. L’alcool, par contre, traverse l’estomac puis l’intestin grêle sans modification, et le sang le véhicule ensuite jusqu’au foie.
Le foie ne peut oxyder qu’une certaine quantité d’alcool. Si la dose ingérée dépasse ses possibilités, l’excédent repart tel quel dans le sang, remonte jusqu’au cœur et, de là, la circulation l’entraîne vers toutes les autres parties du corps. Finalement, il retourne au foie qui en accepte ce qu’il peut traiter et refoule le reste. Ce processus se poursuit jusqu’à oxydation complète.
Qu’il s’agisse d’un alcool “fort”, de vin ou de bière, mieux vaut boire lentement et par petites gorgées que de vider son verre d’un seul trait. Le travail du foie s’en trouve allégé, car l’alcool lui arrive par doses fractionnées, plus faciles à oxyder. L’excédent relancé dans le circuit sanguin est relativement faible.
En règle générale le buveur ne dispose d’aucun moyen d’accélérer l’oxydation au niveau du foie. Café noir, douches froides et aspirations profondes d’air frais n’y peuvent rien. La seule façon de soulager l’organisme est de se limiter à quelques boissons espacées, absorbées lentement et par petites quantités. Ceci ne concerne pas que le whisky, car la teneur en alcool d’une canette de bière ou d’un verre de vin est approximativement égale à celle d’une dose de whisky.
Les grands buveurs
Mais que faire si l’habitude de boire est déjà solidement installée? Comment l’intéressé peut-il s’aider lui-même et que peut-on faire pour lui?
L’alcoolique doit absolument regarder la vérité en face et admettre son problème. Il est inutile de s’abuser en s’imaginant qu’on pourra cesser de boire dès qu’on le voudra. Beaucoup trop d’alcooliques entretiennent cette illusion tout en continuant de s’intoxiquer au point d’abîmer leur santé, de tomber dans l’aliénation mentale ou même de perdre la vie.
Pour commencer, l’intéressé doit reconnaître qu’il est sous la dépendance de l’alcool, mais qu’il peut recevoir de l’aide pour résoudre son problème. S’il se refuse à cette première démarche, il risque fort de ne pas pouvoir prendre les choses à temps. Mais dans la majorité des cas, l’alcoolique ne se reconnaît pas tel. Le processus mental qui l’a conduit à la boisson l’empêche également de faire le nécessaire pour s’en libérer. C’est précisément pour cette raison que sa famille et ses amis doivent s’efforcer de l’aider.
Peut-on avoir recours aux institutions officielles pour résoudre un tel problème? Il est vrai que plusieurs organismes de ce genre existent dans différents pays, mais voyez ce qu’en dit la revue World Health: “Jusqu’à présent, seul un petit nombre de pays se sont avérés capables de mettre en place un système de défense efficace contre le problème de l’alcoolisme. Si une maladie infectieuse exerçait des ravages identiques, on crierait à l’incurie. On ne manquerait pas non plus de s’alarmer en face d’un problème de la même ampleur si la drogue était en cause.”
Pourquoi cette situation? World Health répond: “Dans de nombreux pays, [l’alcool] est la drogue par excellence, acceptée, perpétuée et considérée comme sacro-sainte. (...) L’alcool, c’est le plaisir, l’hospitalité, l’amitié, la fête, l’excitant à portée de la main, la virilité, le romanesque, la grande occasion, la boisson qui conclut une affaire, qui déclenche le rire, qui met en vedette, qui sacralise. Comment pourrions-nous nous en passer? Comment pourrions-nous même imaginer qu’il puisse compromettre notre santé? Quiconque émet un avis différent n’est qu’un rabat-joie qu’il convient d’écarter.”
Et pourtant, comme cette publication le souligne, l’abus d’alcool constitue une grave menace pour notre santé, pour notre bonheur et même pour notre vie. Toutefois, il serait vain de penser qu’une organisation quelconque puisse maîtriser un tel problème.
Il serait tout aussi vain de s’imaginer qu’on peut laisser l’alcoolisme s’installer et le guérir ensuite par des thérapeutiques médicales. Il n’existe aucun “remède” de cet ordre. On peut certes obtenir quelques résultats en adoptant un meilleur régime alimentaire, en équilibrant le taux de sucre dans le sang, en se soignant et en se faisant hospitaliser, mais il faut quelque chose de plus. Le problème initial réside dans l’esprit et dans le cœur de la personne atteinte.
L’alcoolique à qui l’on n’a prescrit qu’un traitement “clinique” sans se pencher sérieusement sur ses motivations et sur d’autres éléments de ce genre se remet presque toujours à boire. Les principaux facteurs de guérison sont un traitement précoce, une ferme détermination jointe à un désir sincère de s’améliorer et une attitude positive de l’entourage.
Certains psychiatres sont d’avis qu’on peut aider un alcoolique à s’arrêter de boire en discutant avec lui de ses problèmes et en lui montrant les ravages produits par l’alcool dans son organisme. Mais pour le docteur Benjamin Kissin de New York cette méthode “ne s’est pas avérée pleinement satisfaisante dans notre clinique. Ce n’est pas assez”. Et il ajoute: “Nous essayons de changer la vie du patient.”
Oui, l’alcoolique doit absolument apporter des changements dans sa vie. Il doit rompre toutes relations douteuses et abandonner ceux qui ne sont pas vraiment ses amis et qui l’entretiennent dans son vice. Mais où trouvera-t-il une motivation assez puissante pour en venir à changer toute sa vie?
Le secours le plus efficace
On peut puiser l’aide nécessaire à une source sûre, qui s’est révélée supérieure à toute autre. Beaucoup ont trouvé auprès d’elle la motivation fondée qui leur a permis d’adopter une bonne attitude de cœur et d’esprit. Cette source qui n’a pas son pareil dans l’univers entier est le Dieu Tout-Puissant.
Jéhovah Dieu a créé l’homme. Il sait donc mieux que personne comment ce dernier peut résoudre ses problèmes, résister aux pressions et maîtriser ses émotions. Ainsi, celui qui se tourne vers Lui pour de l’aide se place dans les meilleures conditions pour obtenir le secours le plus efficace qui soit.
Cette aide émane notamment des excellents conseils renfermés dans le livre que Dieu a donné comme guide à l’humanité et dont il est l’auteur, à savoir sa Parole, la Sainte Bible. La Bible nous révèle pourquoi la vie est remplie de difficultés multiples, et elle nous éclaire également sur la solution merveilleuse que Dieu promet d’y apporter. Son dessein est de mettre fin au présent monde si décevant et si troublé. Il instaurera à la place un nouvel ordre juste, ici même sur la terre, un paradis où le mal qui prévaut partout aujourd’hui n’aura plus cours. (Luc 23:43; Rév. 21:4, 5). Ainsi, en apprenant quel est le véritable but de l’existence et ce que l’avenir réserve à l’humanité, on se sent puissamment encouragé à “changer de vie”.
La Bible nous montre que certaines personnes qui s’adonnaient auparavant à l’ivrognerie y ont renoncé en acquérant la connaissance exacte du dessein divin. La Parole de Dieu met les ivrognes au rang des fornicateurs, des idolâtres, des voleurs et autres individus peu recommandables, puis elle dit: “Et pourtant c’est là ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été déclarés justes.” — I Cor. 6:9-11.
Oui, il est tout à fait possible de se soustraire à l’emprise de l’alcool; c’est pourquoi la Bible nous donne ce conseil: “Dépouillez-vous de la vieille personnalité, avec ses pratiques, et revêtez la personnalité nouvelle qui, par la connaissance exacte, se renouvelle à l’image de Celui qui l’a créée.” (Col. 3:9, 10). Cette connaissance exacte de la Parole de Dieu fournit une motivation puissante et la force nécessaire pour “changer de vie”.
Mais il y a plus. L’alcoolique qui désire sincèrement surmonter son problème peut aussi prier Dieu de lui octroyer une mesure de sa puissance. Dieu accorde sa puissante force active, son esprit saint, à quiconque lui en fait la demande. Jésus Christ a dit: “Continuez à demander, et l’on vous donnera; continuez à chercher, et vous trouverez; continuez à frapper, et l’on vous ouvrira. (...) Le Père qui est au ciel donnera de l’esprit saint à ceux qui le lui demandent.” — Luc 11:1-13.
Prenons parmi beaucoup d’autres l’exemple de ce Sud-Américain dont l’alcoolisme ravageait la vie. Il s’enivrait souvent, perdait de bons emplois, dépensait à tort et à travers et réduisait sa famille à la misère. Il lui arrivait souvent de disparaître plusieurs jours de suite pour des “virées” passées à boire et qui se terminaient en prison. Sa femme, qui vivait sous la menace de ses violences, usait de son côté de représailles diverses, le menaçant notamment de partir avec leurs trois enfants.
C’est alors que cette femme entreprit d’étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. La Parole de Dieu lui permit de comprendre quelle doit être l’attitude d’une femme envers son mari, fût-il alcoolique. Aussi commença-t-elle à lui témoigner plus d’égards. Ce dernier s’en aperçut et voulut savoir ce qui avait incité sa femme à changer de comportement. C’est ainsi qu’il se mit à étudier la Bible à son tour. Au fur et à mesure que sa connaissance des Écritures augmentait, il se dégageait peu à peu de l’emprise de l’alcool.
Finalement, il accepta de se soumettre à un traitement médical. Toutefois, il n’alla pas jusqu’au bout de sa cure. Pour quelle raison? Parce qu’il estimait que grâce à ce qu’il avait déjà appris, il avait maintenant acquis assez de volonté pour s’arrêter de boire. Et c’est ce qu’il fit, de façon totale et définitive. Il modifia aussi le cercle de ses relations et refusa de s’associer plus longtemps aux beuveries de ses anciens amis.
Toute son existence en fut transformée. Sa vie familiale devint beaucoup plus heureuse, ses relations avec son entourage s’améliorèrent, il trouva un emploi stable et put changer de logement. Le plus remarquable dans son cas est qu’il attribue ce succès non pas au traitement médical, mais à la force de volonté qu’il a réussi à développer grâce à la Bible, à la prière et à l’aide apportée par sa femme et ses nouveaux amis.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Dans différents endroits du monde on relève de nombreuses expériences similaires qui prouvent que l’alcoolisme peut être vaincu.
Celui qui est parvenu à s’affranchir de l’alcool doit néanmoins se montrer désormais très prudent. Concernant la boisson, le meilleur conseil à donner aux anciens alcooliques est: “N’y touchez plus!” Presque tous les avis autorisés s’accordent pour recommander à ces personnes une abstinence totale d’alcool. Ceux qui retrouvent suffisamment d’empire sur eux-mêmes pour boire modérément sans retomber dans leurs excès antérieurs sont relativement peu nombreux. La plupart en sont incapables.
Disons pour conclure que tout en faisant partie des agréments de l’existence, les boissons alcooliques ressemblent à un engin bourré d’explosifs dont on ne doit user qu’avec une extrême prudence. Celui qui ne tient pas compte de cette consigne s’expose à une “explosion” de problèmes si dangereux qu’ils pourraient détruire jusqu’à sa vie.
[Illustration, page 15]
Apprenez à connaître vos limites; si votre hôte insiste trop sur la boisson, déclinez poliment.