Les jeunes s’interrogent...
Pourquoi mes parents ne me comprennent-ils pas?
À l’attention de la Société Watchtower,
Au cours des deux années passées, il me semble avoir connu des milliers de problèmes. Parfois j’ai le sentiment de devenir folle. Je commence à changer physiquement et mes parents ne se fient plus à moi lorsque je suis avec des garçons. Chaque fois que je commets une erreur mes parents me comparent à ma sœur aînée qui est rosse, et bien sûr cela me fait mal. J’ai été leur parler, mais ils ne m’ont pas comprise. Peut-être ai-je besoin d’aller quelque part où je pourrais être seule pendant au moins un an. J’espère que vous pourrez m’indiquer une solution.
Une jeune fille de 16 ans.
VOTRE désir le plus cher est peut-être d’être mieux compris par vos parents et c’est là un souhait bien humain. Si vous avez des difficultés et que vos parents critiquent les choses que vous aimez ou que vous estimez importantes, vous pouvez ressentir un sentiment de frustration. C’est le cas de Robert qui a seize ans. Son père ne comprend pas ses choix dans le domaine musical. D’après Robert, tout ce qu’il fait c’est de crier: “Arrête cette musique!” Comment Robert a-t-il réagi? “J’ai coupé le son, dit-il, mais je me suis aussi éloigné de mon père.”
Beaucoup de jeunes adoptent cette même attitude. Ils se replient dans leur coquille ou cherchent refuge auprès de leurs amis. Brigitte, une jeune fille de dix-neuf ans qui habite en Allemagne de l’Ouest, raconte: “Quand j’ai des ennuis avec mes parents, j’ai besoin de pleurer sur l’épaule de quelqu’un qui me comprenne.” D’autres jeunes prennent une mesure encore plus énergique en quittant leur foyer. En 1981, les chercheurs Offer, Ostrov et Howard se sont livrés à une étude portant sur plus de 20 000 adolescents dans quatre pays. D’après cette enquête, la grande majorité des jeunes n’avaient “aucun grave problème avec leurs parents”. Cependant vingt-six pour cent admettaient: “J’essaie de rester le moins possible à la maison.” Près de cinquante pour cent de ceux qui ont eu affaire à la police parlaient de cette façon. — Extrait de l’ouvrage L’adolescent — un autoportrait psychologique (angl.).
Que le jeune homme ou la jeune fille s’en aille ou s’isole, la mésentente a pour conséquence l’apparition d’un fossé entre l’adolescent et ses parents. Mais cette fêlure est-elle simplement due au manque de compréhension des parents envers leurs enfants?
La “force” contre les “cheveux gris”
Il va sans dire qu’il y a beaucoup de choses que vous aimeriez voir et faire maintenant que vous êtes adolescent. Vous êtes au seuil de la vie d’adulte et les avantages dont jouissent vos aînés vous font envie. Vous trépignez d’impatience! On lit d’ailleurs en Proverbes 20:29: “La beauté des jeunes hommes [ou femmes], c’est leur force.”
Mais cette “force” récemment acquise peut contribuer à creuser le fossé des générations. Le proverbe continue en disant: “Et la splendeur des vieillards, ce sont leurs cheveux gris.” Les personnes plus âgées, vos parents par exemple, envisagent la vie autrement. Bien qu’ils comprennent sans doute vos sentiments, ils sont conscients que chaque expérience de la vie n’a pas forcément un aboutissement heureux. Ce réalisme acquis au cours des années (peut-être par une épreuve cruelle) a tempéré l’idéalisme enthousiaste de leur jeunesse. À cause de leur savoir, les “cheveux gris” ne partagent pas toujours votre ardeur.
Un adolescent du nom de Jim raconte: “Dans le domaine de l’argent, mes parents (qui étaient enfants à l’époque de la grande crise) estiment qu’il faut l’épargner pour acheter des choses importantes.” Ses parents qui ne sont pas nés d’hier voient la nécessité d’assurer l’avenir. Pourtant Jim insiste: “C’est maintenant que je vis; pour moi c’est une époque importante et je veux beaucoup voyager.” Ainsi, sa “force” s’oppose aux “cheveux gris” de ses parents et cela contribue à créer un fossé.
Ce fossé émotionnel peut se creuser davantage encore à cause de questions comme l’habillement et la tenue, la conduite avec l’autre sexe, l’emploi de l’alcool et des stupéfiants, l’heure à laquelle il faut rentrer au foyer, les fréquentations, et même le savoir-vivre à la maison ainsi que les tâches domestiques. Peut-être êtes-vous tiraillé par “les désirs propres à la jeunesse” et vous essayez pourtant de suivre les principes justes (II Timothée 2:22). Voilà qui est déconcertant. Alors que vous vous efforcez d’obtenir davantage d’indépendance, vous êtes encore hésitant et vous ressentez le besoin de conseils venant de vos parents. D’après l’enquête citée précédemment, 63 pour cent des jeunes interrogés étaient d’accord avec cette déclaration: “Quand mes parents sont stricts, je sens qu’ils ont raison même si cela m’irrite.”
Ainsi, maintes raisons expliquent le fossé émotionnel existant entre les jeunes et leurs parents. Cependant, il est possible de combler ce fossé. Pour y parvenir, une des premières étapes consiste à reconnaître la nécessité d’une compréhension réciproque.
Est-ce que je comprends mes parents?
“Quand j’étais petit, je pensais que maman était ‘parfaite’ et qu’elle ne ressentait pas les faiblesses et les sentiments que j’éprouvais.” Jean a tenu ces propos en songeant à l’époque où ses parents n’avaient pas encore divorcé. Aujourd’hui, sa mère s’efforce d’élever seule sept enfants.
Jean poursuit son récit: “Maman nous demandait de plus en plus notre avis dans divers domaines. Puis un jour, j’ai vu qu’elle était désemparée et je me suis dit: ‘Que se passe-t-il? Elle ne sait vraiment pas quoi faire.’ J’ai commencé alors à comprendre qu’elle n’avait pas réponse à tout. À partir de ce moment-là, j’ai ressenti davantage de compassion pour elle, car j’avais la conviction qu’elle était comme tout le monde.” Jean a une sœur adolescente du nom d’Alice, qui a ajouté ceci: “Je me rappelle avoir vu pleurer maman parce qu’elle ne parvenait pas à tout faire. J’ai alors pris conscience que notre point de vue en tant qu’enfants était erroné. Maman ne pouvait pas toujours tout réussir au bon moment. Nous nous sommes sentis plus proches d’elle quand nous avons vu qu’elle éprouvait elle aussi des sentiments et qu’elle n’était pas parfaite.”
Ces jeunes ont appris à se mettre à la place de leur mère et cela a contribué à rendre la vie de famille plus chaleureuse. “Si tu épiais les fautes, ô Jah, ô Jéhovah, dit le psalmiste, qui pourrait tenir debout?” (Psaume 130:3). Personne, ni vous ni vos parents. C’est pourquoi nous lisons en I Pierre 3:8: “Soyez tous dans de mêmes dispositions, vous mettant à la place d’autrui, ayant de l’affection fraternelle, pleins d’une tendre compassion.”
Gardez présent à l’esprit que vos parents doutent peut-être de leur aptitude à vous élever correctement. Ou bien ils sont atterrés par toutes les tentations et les périls d’ordre moral qui vous guettent et ils réagissent alors vivement. Tandis que vous grandissez, il est possible qu’ils se sentent inutiles, mal aimés ou incompris.
Vos parents peuvent avoir aussi des problèmes physiques, financiers ou affectifs dont vous n’êtes pas toujours conscient. Ainsi, un père de famille déteste peut-être son emploi, mais à cause de sa famille il refrène ses sentiments. Quand son enfant lui dit: “Je ne supporte pas l’école”, au lieu de se montrer compréhensif le père rétorque: “Qu’est-ce qui te prend? Vous les gosses, vous avez la vie facile.” Mais si vous essayez de vous mettre à sa place, l’atmosphère sera plus détendue.
“Je ne songe jamais aux problèmes de mes parents parce que j’ai les miens”, explique un adolescent. Mais n’aimez-vous pas que quelqu’un vous écoute, prête attention à votre déluge verbal et se montre sensible? Vous avez alors le sentiment de valoir quelque chose. Votre père ou votre mère éprouvent eux aussi des sentiments semblables. C’est pour cela que Jésus a donné cet enseignement: “Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous devez, vous aussi, le faire de même pour eux.” — Matthieu 7:12.
Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais pour nous y aider l’apôtre Paul fait cette suggestion: “Que personne ne cherche son propre intérêt, mais pensez chacun à celui des autres.” (Philippiens 2:4, La Bible en français courant). Mais comment y parvient-on?
Témoignons de l’intérêt
Aurora Mackey, rédactrice à la revue Teen, écrit: “Efforcez-vous d’interroger votre mère sur le type de rapports qu’elle a eu avec sa propre mère. Quelles occasions a-t-elle pu saisir ou bien rater lorsqu’elle avait votre âge? Quels genres de choix a-t-elle pu faire ou non en grandissant? Si votre mère sent que vous vous intéressez à ce qu’elle éprouve et que vous en compreniez les raisons, il y a des chances pour qu’elle essaie de mieux comprendre vos sentiments.” La même chose se vérifie dans le cas des pères.
Certes, vous n’avez aucun pouvoir sur ce que disent ou font vos parents, mais vous avez pouvoir sur vos propres réactions. En essayant de considérer les pressions et les problèmes selon le point de vue de l’autre et en reconnaissant que tous nous faisons des erreurs, vous acquerrez de la perspicacité. “La perspicacité d’un homme ralentit assurément sa colère, et c’est une beauté chez lui que de passer sur la transgression.” — Proverbes 19:11.
Si votre père ou votre mère s’est montré indifférent, posez-vous les questions de l’encadré qui accompagne cet article. Cela vous aidera à “passer sur la transgression” et le manque de compréhension. Votre démarche sera belle et elle contribuera à la compréhension réciproque pour votre joie et pour celle de vos parentsa.
[Note]
a La prochaine édition de Réveillez-vous! apportera d’autres éléments positifs dans ce domaine en répondant à la question: “Que faire pour être compris de mes parents?”
[Entrefilet, page 22]
“En travaillant ensemble au foyer, parents et enfants se sentent mieux. En outre, ces activités ont un effet salutaire sur le processus de développement des jeunes. (...) En coopérant à l’entretien de la maison, les familles ont maintes occasions d’apprendre à avoir d’excellentes relations humaines.” — D’après l’ouvrage La famille qui collabore (angl.) d’Eleanor Berman.
[Encadré, page 23]
Si l’un de vos parents s’est montré indifférent, demandez-vous: Peut-être qu’il...
● ne se sentait pas bien ou avait des soucis?
● a été blessé par un geste ou un mot irréfléchis de ma part? — Proverbes 12:18.
● craignait que je ne m’attire des ennuis, peut-être avec raison?
● a simplement mal compris ce que j’ai dit?
[Illustration, page 21]
Vos parents vous comprennent-ils?