Le transport aérien — Un moyen sûr
De notre correspondant en Australie
UN AVION DE LIGNE décolle de l’aéroport de Chicago à destination de Los Angeles. À environ 500 pieds d’altitude (160 mètres), l’appareil perd l’un de ses réacteurs, bascule sur la gauche et s’écrase au sol, provoquant la mort des 272 passagers et membres de l’équipage.
L’enquête a permis d’établir que le réacteur s’était détaché à cause d’une procédure de maintenance mal exécutée lors d’une visite technique de l’appareil, une visite dont on avait voulu abréger la durée.
De telles catastrophes redoublent les craintes de certains voyageurs concernant la sécurité du transport aérien. Afin d’apaiser de telles appréhensions, nous sommes allés faire un tour dans les coulisses d’une compagnie aérienne internationale de taille moyenne pour constater toute l’attention et tous les soins qui sont portés à la sécurité des passagers.
Les contrôles de sécurité
La plupart des voyageurs savent que lors de chaque atterrissage une équipe spécialisée effectue un contrôle de transit. Ainsi, en l’espace de deux heures, un Boeing 747 peut faire l’objet d’une visite complète. Cependant, si l’escale dure plus de quatre heures, l’appareil est dirigé vers les hangars de l’aéroport où il fait l’objet d’une révision plus détaillée.
Même si certains appareils en service peuvent avoir l’air vieillot, ils sont “hospitalisés” tous les trois ou quatre mois, ou après 1 400 heures de vol, pour subir une visite technique approfondie. De plus, tous les cinq ans, ou après environ 20 000 heures de vol, on effectue une refonte complète de la cellule (le fuselage) et des moteurs, et à la sortie des ateliers, les organes essentiels de l’avion sont entièrement neufs.
L’attention apportée à la révision d’un réacteur de 23 tonnes de poussée exige davantage de méticulosité que l’examen d’une montre de précision par un horloger. Les réacteurs sont nettoyés minutieusement avant d’être soumis à des examens qui font appel à des instruments d’optique, à la radiologie, à la technique de pénétration fluorescente et à des détecteurs d’anomalies magnétiques, tout cela pour déceler les défauts et les fissures invisibles à l’œil nu.
Quel est le degré de précision recherché? Eh bien, les machines utilisées dans l’atelier travaillent avec une marge de tolérance de l’ordre de 25 millionièmes de millimètre. Or, avec ses 8 centièmes de millimètre, la feuille que vous avez sous les yeux est environ 3 000 fois plus épaisse.
Les systèmes de navigation
Les centrales de navigation qui guident la trajectoire d’un avion sont testées de façon si précise que leur pourcentage de dérive est inférieur à 1 dixième de degré par heure. Cela signifie qu’après un vol d’une durée de 10 heures (par exemple de Sydney à Honolulu), au cours duquel l’équipage n’aurait effectué aucun contrôle de la position de l’appareil et n’aurait pas bénéficié d’un radioguidage extérieur, l’avion aurait dérivé au maximum de 11 kilomètres par rapport à son point de destination, et cela après avoir parcouru 8 000 kilomètres. En outre, l’avion dispose non pas d’une, mais de trois centrales de navigation pour prévenir tout risque de panne.
Les performances élevées qui sont exigées des centrales de navigation pourraient être altérées par la moindre poussière qui s’y glisserait lors d’une révision. Des précautions ont été prises pour éviter ce genre d’incidents et on a surnommé les ateliers de maintenance des bâtiments techniques “la chambre de propreté”. Les critères de netteté de ce lieu feraient envie à une ménagère ou au personnel d’un hôpital.
Avant de pénétrer dans ces ateliers, les membres du personnel doivent revêtir une combinaison spéciale qui recouvre leurs cheveux et aussi leurs pieds. On réduit également le risque d’infiltrations des impuretés en soumettant à un souffle d’air léger le personnel qui entre dans le bâtiment.
Un équipement électronique filtre l’air ambiant avec un seuil de tolérance de 3,5 particules souillées par litre d’air en suspension, chacune de ces particules ne mesurant pas plus de 0,5 micron (à titre de comparaison, un cheveu a une épaisseur de 100 microns). En outre, une machine extrêmement sensible mesure le taux de substances souillées en suspension dans l’air à l’intérieur de “la chambre de propreté”. Quand des conditions optima sont réunies, le chiffre zéro apparaît sur l’écran de visualisation.
Lorsqu’un atelier de maintenance fit l’acquisition de cette machine, les techniciens doutaient de son bon fonctionnement, car l’écran affichait en permanence le chiffre zéro ou des valeurs voisines de zéro. À des fins de contrôle, ils sortirent l’appareil de “la chambre de propreté” et le placèrent dans un couloir avoisinant. En l’espace de quelques secondes, le compteur se mit à afficher des nombres à six chiffres, un contraste saisissant avec l’extrême propreté de l’atelier.
La contribution de l’informatique
Issus de la technologie des programmes spatiaux, les ordinateurs ont été adaptés aux systèmes de sécurité et de maintenance des compagnies aériennes. Ainsi, un ordinateur garde en mémoire la liste de toutes les cartes d’identification que le personnel au sol doit montrer pour avoir accès aux bâtiments techniques. Toute personne qui tenterait d’utiliser une carte dont la perte a été signalée se verrait immédiatement refuser l’entrée.
Les listes du personnel navigant sont gérées par ordinateur pour s’assurer des qualifications des pilotes qui sont soumis à un examen minutieux. Avant de se voir confier les commandes d’un avion pour effectuer un vol donné, le pilote doit avoir parcouru récemment la route aérienne pour laquelle il a été désigné. De plus, il doit avoir effectué un atterrissage de nuit au cours des 90 derniers jours et un atterrissage aux instruments au cours des 45 derniers jours, outre bien d’autres exigences.
La sécurité des passagers est encore accrue grâce à un itinéraire de vol calculé par ordinateur. L’appareil parcourra la route la plus courte possible, compte tenu d’éventuelles conditions météorologiques défavorables ceci afin d’économiser le maximum de carburant. Par exemple, sur un seul trajet entre Sydney et Singapour, plus de trois tonnes de carburant peuvent être économisées grâce au plan de vol calculé par ordinateur.
L’entraînement des pilotes
La plupart des voyageurs ne sont pas conscients de tout ce qui se cache derrière la voix confiante d’un commandant de bord. C’est parce qu’on exige de la part des pilotes et des mécaniciens des qualifications irréprochables, que leurs aptitudes, leur état de santé et leurs compétences sont examinés en permanence tout au long de leur carrière.
L’entraînement des équipages a franchi un pas de géant avec l’introduction (et la sophistication constante) des simulateurs de vol. Ces appareils sont identiques aux cabines de pilotage et ils sont dotés de tous les systèmes électroniques qui sont habituellement embarqués à bord des avions. N’importe quelle phase d’un vol ainsi que les mouvements d’un avion peuvent être reproduits sur les simulateurs, bien qu’ils ne quittent jamais le sol. À bord d’un simulateur, le pilote entend le bruit des réacteurs et de la cabine; il ressent les inégalités du revêtement pendant que l’avion roule sur la piste. De ses yeux il voit la piste disparaître au-dessous de lui pendant le décollage et il aperçoit par le hublot les arbres et les bâtiments qui défilent. Il rencontre ensuite différentes conditions météorologiques susceptibles de se présenter au cours d’un vol normal et qui sont reproduites par le simulateur de vol. Le pilote apprend également à identifier les aéroports et leurs abords au moyen de visuels de nuit qui recréent les conditions d’un atterrissage nocturne. Un instructeur installé à bord d’un simulateur peut, avec l’aide d’un ordinateur, créer n’importe laquelle des 350 situations d’urgence qui vont de la panne d’un système électronique jusqu’à des conditions atmosphériques d’une extrême violence, et il peut aussi soumettre l’équipage à plusieurs situations critiques en même temps. Ainsi, les pilotes font l’objet d’un entraînement qui dépasse le cadre de la normale avant même d’avoir effectué un vol pour de bon.
Les hôtesses et les stewards subissent eux aussi un entraînement pour faire face à toutes les situations qui peuvent se produire au cours d’un vol. De plus, ils sont l’objet de tests très stricts pour déterminer quelles seront leurs réactions face à des conditions extrêmes. Dans une maquette de Boeing 747 qui ne quittera jamais le sol, on enseigne aux équipages des tâches aussi diverses que la préparation d’un cocktail, la technique de l’accouchement, la plongée et l’évacuation de 400 passagers en moins de 90 secondes en utilisant seulement cinq des dix sorties de secours de l’appareil.
Temps et événements imprévus
En Ecclésiaste 9:11, la Bible nous rappelle que “temps et événements imprévus leur arrivent à tous”, et cela en dépit de toute la préparation et des compétences. La sécurité du transport aérien dépend aussi de questions qui ne relèvent pas forcément du domaine technique. La fatigue, les crises cardiaques et aussi des erreurs de jugement ont fait payer un lourd tribut.
Les éclairages des pistes attirent les insectes qui attirent à leur tour les oiseaux. Des appareils ont heurté certains de ces volatiles et cela n’a pas manqué d’entraîner des accidents très coûteux tant en vies humaines qu’en dégâts matériels.
Puisque depuis 1973 des consignes de sécurité très strictes ont été instaurées, plus de deux milliards et demi de passagers et quatre milliards d’objets ont fait l’objet d’un contrôle dans les aéroports des États-Unis. Les moyens de détection utilisés ont permis l’identification de 19 000 armes à feu et l’arrestation de 7 000 personnes. En une seule circonstance, en 1979, un pirate de l’air a réussi à faire pénétrer une arme dans un avion. Dans toutes les autres tentatives de détournement, les pirates prétendaient avoir une arme.
Ainsi, le désir humain de faire voler des plus lourds que l’air dans les meilleures conditions de sécurité possibles a obtenu un très large succès. De plus, quand on en connaît un peu plus sur les coulisses du monde du transport aérien, on respire tout de même mieux à bord d’un avion. Nous avons aussi l’assurance que les voyages aériens bénéficient des plus récents progrès de la technologie en matière de sécurité.
[Entrefilet, page 14]
Tous les trois ou quatre mois ou après 1 400 heures de vol, chaque avion est “hospitalisé” pour subir une visite technique approfondie.
[Entrefilets, page 15]
La sécurité des passagers est encore accrue grâce à un itinéraire de vol calculé par ordinateur.
L’introduction des simulateurs de vol a fait franchir un pas de géant à l’entraînement des équipages.