Le chômage demeure un problème mondial
LE CHÔMAGE, cela signifie plus que d’être seulement privé d’emploi. Un ex-professeur a reconnu qu’“on perd petit à petit le sentiment de sa dignité, sa personnalité et le contact avec le monde extérieur”. Un autre travailleur privé d’emploi a fait ce commentaire: “C’est comme si je n’existais plus au-dedans de moi.” Certains qui ont perdu leur travail ont ressenti un tel désespoir qu’ils ont menacé de tuer des conseillers pour l’emploi.
Le problème devient d’une effroyable complexité avec l’augmentation sans cesse croissante du nombre des demandeurs d’emploi dans le monde. Selon l’OIT (Organisation internationale du travail), “le tiers monde compte plus de 500 millions d’hommes sans travail ou sous-employés”. Dans le même rapport, on lisait que “50 millions de travailleurs sont privés d’emploi en Europe et en Amérique du Nord”. D’ailleurs, le gouvernement canadien a versé aux caisses de chômage l’équivalent de 40 milliards de francs français en dix mois, soit une aide supérieure de 70 pour cent à celle accordée au cours de la même période de l’année précédente. Au Canada, le niveau du chômage est passé de 11,2 à 13,5 pour cent de la population active.
Bien qu’aux États-Unis le taux de chômage soit maintenant redescendu autour de 8 pour cent, certains États de l’Union ont connu des taux records de 14,9 pour cent.
Dans une interview accordée à l’U.S.News & World Report, Lane Kirkland, un président de syndicat américain, a reconnu que “pour plus de 10 millions d’Américains à la recherche d’un travail, la solution n’est pas pour demain”.
En Grande-Bretagne, les perspectives d’emploi ne sont guère plus brillantes. Un rapport émanant de l’Institut économique de Cambridge prévoit que le chômage touchera quatre millions de personnes d’ici la fin de la décennie.
La revue The Economist (édition du 18 février dernier) a noté que le nombre des travailleurs privés d’emploi a augmenté depuis l’an dernier dans huit pays européens ainsi qu’au Japon. Cet hiver, la République fédérale d’Allemagne a enregistré le taux de chômage le plus élevé jamais connu depuis la dernière guerre.
En Yougoslavie, “c’est 15 pour cent de la population active qui est sans emploi, soit 900 000 personnes, et les rangs des chômeurs ne cessent de grossir”, a signalé le magazine U.S.News & World Report.
Enfin, selon la revue Time, un travailleur sur cinq est au chômage en Côte-d’Ivoire.
Les conséquences
Bien des gens ne mesurent pas les conséquences psychologiques, physiques et sociales du chômage sur les travailleurs et leurs familles. On n’imagine pas à quel point les sombres perspectives de l’emploi accroissent la désillusion des sans-travail. “Être privé d’emploi peut avoir des conséquences désastreuses sur les travailleurs et sur leurs familles”, faisait remarquer un rapport sur le chômage qui, en outre, précisait: “La perte du sentiment de sa dignité, l’insomnie, des rapports familiaux tendus, la violence au foyer, la dépression, l’abus de boissons alcoolisées et même le suicide sont des réactions courantes consécutives à la perte d’un emploi.” Il n’est pas rare non plus de voir à la une des journaux: “Le suicide et la criminalité sont étroitement liés au chômage.”
Certains contestent l’existence d’un lien entre le suicide et la situation économique. Pourtant, des chercheurs américains ont découvert que le nombre des suicides avait augmenté de 13 pour cent au cours d’une période de trois mois pendant laquelle “le chômage avait progressé de 28 pour cent”. D’après leur analyse, “une augmentation d’un pour cent du nombre des chômeurs sur un an se traduit sur la même période par 320 suicides de plus chez les hommes”.
Les effets négatifs sur le plan psychologique ne sont pas négligeables non plus. Un journal portait ce titre: “Le chômage est un tueur.” Cet article rapportait l’augmentation des maladies cardio-vasculaires et celle des homicides. Hugh Drummond, à la fois médecin et journaliste, a dit du chômage qu’il était “l’une des plus graves menaces pesant sur la santé qui ait jamais existé”. Un ministre du culte a fait cette remarque: “J’ai enterré des hommes qui, à mon avis, étaient morts à cause du chômage.”
Si vous êtes sans travail, pouvez-vous faire quelque chose pour lutter contre les ravages provoqués par le chômage? Y a-t-il moyen de s’en accommoder en attendant des jours meilleurs? Comment garder une bonne disposition d’esprit, un élément essentiel au maintien d’un bon équilibre?
[Tableau, page 3]
LES TAUX DE CHÔMAGE
Australie ..... 9,5 % Pays-Bas .............. 17,8 %
Belgique ...... 14,8 % Rép. féd. d’Allemagne . 8,8 %
Canada ........ 11,2 % Royaume-Uni ........... 12,5 %
États-Unis .... 8 % Suède ................. 3,7 %
France ........ 9,8 % Suisse ................ 1 %
Italie ........ 12,6 %
Japon ......... 2,6 %
(Source : The Economist, 18 février 1984)