BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g89 22/12 p. 6-9
  • Dévotion à un homme-dieu — Pourquoi?

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Dévotion à un homme-dieu — Pourquoi?
  • Réveillez-vous ! 1989
  • Intertitres
  • Document similaire
  • Des dieux, mais rarement des dirigeants
  • La question de la responsabilité
  • Un phénomène préoccupant
  • Funérailles pour un ancien dieu
    Réveillez-vous ! 1989
  • Les hommes que l’on qualifiait de “dieux”
    Réveillez-vous ! 1982
  • Garde prétorienne
    Lexique
  • L’Église et l’État à Byzance
    La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 2002
Plus…
Réveillez-vous ! 1989
g89 22/12 p. 6-9

Dévotion à un homme-dieu — Pourquoi?

BEAUCOUP aujourd’hui peuvent avoir du mal à comprendre comment on a pu vénérer à ce point l’empereur avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. “Il y avait à l’école une niche spéciale qui abritait un portrait d’Hirohito, se rappelle Mitsuko Takahashi, et chaque matin les élèves devaient s’y arrêter pour accomplir un acte d’adoration.”

“Quand l’empereur passait, raconte Masato Sakamoto, nous devions nous incliner très bas. On nous faisait croire que l’empereur était si impressionnant que de simples humains ne pouvaient le regarder directement.” On disait d’ailleurs aux enfants qu’ils tomberaient aveugles s’ils contemplaient son visage.

Les dirigeants politiques et militaires du pays se servaient du système éducatif pour inculquer aux masses la dévotion à l’empereur. “J’enseignais aux jeunes qu’ils devaient être prêts à mourir”, se souvient Kazuo Matsumoto qui a fait la classe durant 50 ans, y compris pendant la guerre. “J’en ai envoyé beaucoup sur les champs de bataille. C’est une chose affreuse que je ne peux effacer de ma mémoire.”

On disait aux jeunes Japonais que les sujets de l’empereur étaient des aohitogusa — des “pousses de mauvaise herbe humaine” — et qu’ils devaient le protéger comme un bouclier. Toshio Mashiko a participé et survécu à plusieurs attaques suicides aux Philippines. Il témoigne: “On nous apprenait que mourir pour l’empereur était le plus grand honneur qui fût.”

Beaucoup avaient une telle foi dans le pouvoir protecteur de l’empereur qu’ils se lançaient dans la bataille avec une intrépidité folle. Shunichi Ishiguro, par exemple, pensait que les balles rebondiraient sur lui parce qu’il se battait pour ce qu’on présentait comme “la terre des dieux”.

Quand il devint évident que le vent de la défaite soufflait sur le Japon, Isamu, un jeune garçon, fit part de ses craintes à sa mère, qui était shintoïste. “Ne t’inquiète pas”, le rassura-​t-​elle; et elle lui répéta ce que presque tout le monde pensait: “Nous ne serons jamais vaincus parce que le kamikazea (le vent divin) dispersera nos ennemis.”

Des dieux, mais rarement des dirigeants

Le culte de l’empereur fait partie intégrante de la vie des Japonais depuis plus d’un millénaire. Or, les traditions religieuses ont la vie dure. Ainsi, les fidèles de la chrétienté eux-​mêmes ne disent-​ils pas: ‘C’est la religion de mes parents, et elle me convient très bien’; et encore: ‘Tout le monde croit à cela; ils ne peuvent quand même pas tous se tromper!’ Il n’empêche que pendant des siècles des centaines de millions de personnes ont été dans l’erreur en pensant que leurs dirigeants étaient des dieux. Considérons brièvement l’histoire des empereurs du Japon.

Leur rôle a considérablement varié au cours des siècles. “On pensait que l’empereur était doté de pouvoirs magiques lui permettant d’intercéder auprès des dieux ou de se concilier leur faveur, explique l’Encyclopédie Kodansha du Japon. Toutefois, en raison de la crainte révérencielle qu’inspirait sa personne, on jugeait que l’empereur ne devait pas s’occuper des affaires gouvernementales. Ces affaires, qui comprenaient l’élaboration et l’exécution d’idées politiques, étaient à la charge des ministres de l’empereur.”

La principale fonction de l’empereur était donc d’ordre sacerdotal, et non politique. Selon l’encyclopédie précitée, “la seule période prolongée de l’histoire du Japon durant laquelle l’empereur combina réellement les deux fonctions s’étendit du règne de TENJI, dans la seconde moitié du VIIe siècle, au règne de KAMMU, de la fin du VIIIe au début du IXe siècle”.

Excepté pendant cette période, les empereurs japonais n’ont jamais vraiment gouverné. Après le IXe siècle, le pouvoir de l’empereur s’affaiblit et, avec le temps, l’autorité politique échut au shogun — terme signifiant “commandant militaire”. Bien que théoriquement nommé par l’empereur, c’est le shogun qui tenait en fait les rênes du pouvoir. Pourtant, en 1867, après des siècles de domination, le régime shogunal rendit ses pouvoirs à l’empereur.

C’est en cette année que l’empereur Meiji, grand-père d’Hirohito, monta sur le trône du Japon. Sous son règne fut promulguée une constitution qui stipulait que la personne de l’empereur était “sacrée et inviolable”. Paradoxalement pourtant, même s’il se vit octroyer l’autorité politique, il ne reçut pas le pouvoir de l’exercer. En fait, il régnait mais ne gouvernait pas.

La constitution déclarait notamment: “Les ministres d’État respectifs devront conseiller [et assister] l’empereur, et assumer la responsabilité [de leurs conseils].” Selon l’Encyclopédie Kodansha, “cela signifiait en clair que la responsabilité politique incombait, non à l’empereur, mais à ses ministres”.

C’étaient donc les ministres qui exerçaient le pouvoir politique, ce qui n’empêchait pas que l’empereur fût présenté au peuple comme un dieu revêtu de l’autorité absolue sur la nation. Ainsi, la classe dirigeante se servait de la divinité de l’empereur — à la fois traditionnelle et constitutionnelle — pour assujettir le peuple. Les guerres menées par le Japon au XXe siècle le furent au nom de l’empereur. Par ailleurs, la grande masse des Japonais étaient convaincus que ce dernier était un dieu doté de pouvoirs miraculeux.

Cependant, à la surprise de beaucoup, il semble qu’Hirohito ne croyait pas en sa divinité. “Je ne me suis jamais considéré comme un dieu”, a-​t-​il affirmé à la fin de la guerre devant le commandement militaire américain. Après avoir rejeté “l’idée erronée que l’empereur est divin et que le peuple japonais est supérieur aux autres races”, il aurait demandé à sa femme: “Vois-​tu une différence? Ai-​je davantage l’air d’un être humain à présent?”

Bien sûr, certains Japonais n’étaient pas dupes et avaient compris la vérité en considérant les faits. Minoru Yamanaka, qui servit pendant quatre ans dans l’armée impériale, était de ceux-là. “Le père de l’empereur était mort à 47 ans et son grand-père à 59, c’est-à-dire plus jeunes que beaucoup, dit-​il. C’est pourquoi je n’ai jamais cru que l’empereur était Dieu.”

La question de la responsabilité

La maladie et la mort d’Hirohito ont rouvert un dossier brûlant, celui de sa part de responsabilité dans les agressions militaires du Japon. Il semble que l’image qu’on se fasse le plus souvent d’Hirohito soit celle d’un homme personnellement opposé à la guerre, mais dans l’obligation de soutenir les décisions de ses ministres. Ainsi, à propos des plans qu’ils avaient dressés en vue de l’attaque contre les États-Unis en 1941, il expliqua: “Je ne pouvais annuler leurs décisions. Je pense que cela aurait été contraire à la constitution japonaise.”

En revanche, Hirohito prit l’initiative de capituler alors que ses ministres étaient divisés sur la question. Puis, quelques jours plus tard, le 15 août 1945, ses sujets furent stupéfaits d’entendre sa voix pour la première fois quand, s’adressant à eux sur les ondes nationales, il leur annonça la reddition du Japon. Il demanda au peuple d’“accepter l’inacceptable et [de] supporter l’insupportable”.

“Ce n’est pas la bombe atomique qui a contraint les Japonais à la reddition, mais le décret de l’empereur, fit remarquer le gouvernement britannique quelques mois plus tard. Sans ce décret, nous aurions dû nous résoudre à une invasion qui nous aurait coûté cher.”

C’est la raison qui incita le général Douglas MacArthur, commandant américain des forces d’occupation au Japon, à résister fermement aux pressions de certains alliés qui voulaient voir Hirohito jugé comme criminel de guerre. Il s’en expliqua ainsi par la suite: “J’estimais que si l’empereur était mis en accusation et peut-être pendu, nous allions devoir établir un gouvernement militaire sur tout le Japon et qu’une guérilla s’en suivrait probablement.”

Sa rencontre avec Hirohito le 26 septembre 1945 lui avait fait forte impression. Au lieu d’essayer de nier sa responsabilité dans la guerre, l’empereur s’était offert comme “seul responsable de toutes les décisions politiques, militaires, et de toutes les actions entreprises par [son] peuple dans la conduite de la guerre”.

Aujourd’hui pourtant, la majorité des Japonais semblent ne pas tenir Hirohito pour responsable d’une guerre apparemment décidée par ses ministres. Témoin les violentes réactions qu’ont suscitées les propos du maire de Nagasaki, Hitoshi Motoshima, qui, alors que l’empereur était sur son lit de mort, a osé déclarer publiquement: “Mon passé d’instructeur militaire me fait croire que l’empereur est responsable de la guerre.”

Il a expliqué qu’étant chargé de la formation des recrues pendant la guerre, il “devait [leur] dire de mourir au nom de l’empereur”. Comme d’autres, M. Motoshima semble penser que la voix de cet empereur tant vénéré par ses sujets aurait eu un poids considérable si elle s’était élevée contre la guerre.

Un phénomène préoccupant

“Mais, diront peut-être certains, tout cela appartient au passé.” Certes, encore que les croyances traditionnelles ne disparaissent pas facilement. Ainsi, un prêtre du célèbre sanctuaire shintoïste d’Ise (dans le centre du Japon) a dit récemment: “De nombreuses personnes viennent ici pour adorer la déesse du soleil, la divine ancêtre de notre empereur et de la race japonaise.”

Les menaces de mort dont M. Motoshima a été la cible après ses remarques sur la responsabilité de l’empereur témoignent de la ferveur avec laquelle ce dernier est vénéré. Un homme a été arrêté alors qu’il tentait de pénétrer par effraction dans le bureau du maire, muni d’un bidon d’essence, et une centaine de camionnettes équipées de haut-parleurs ont bloqué les rues de Nagasaki en faisant retentir des “À mort Motoshima!”. La dévotion à l’empereur s’est manifestée d’autres façons encore.

Par exemple, lorsque l’état d’Hirohito est devenu critique, un calme impressionnant s’est abattu sur le pays tout entier. Fêtes et réceptions ont été annulées, ce dont a souffert le commerce. Les écoliers ont vu leurs rencontres sportives suspendues. Même le Yakuza, la mafia japonaise, a observé une trêve dans ses règlements de compte. La vie du pays s’est trouvée à ce point affectée que le Daily Yomiuri a écrit que le Japon avait “réagi de manière quelque peu excessive à la maladie de l’empereur”.

Si ce fanatisme a suscité l’inquiétude de bon nombre de Japonais, qui n’étaient pas d’accord, ceux-ci l’ont généralement toléré et excusé, considérant probablement ce qu’il leur en coûterait dans le cas contraire. “Pousser le conservatisme à ce point est des plus salutaires”, a déclaré un psychologue. Par contre, un ancien soldat a exprimé ses craintes en ces termes: “Les gens se contentent de regarder autour d’eux et de faire comme les autres. C’est exactement ce genre de comportement qui nous a entraînés dans la guerre.”

Mais devrions-​nous adopter une attitude, et surtout choisir qui nous adorerons, en fonction des gens qui nous entourent? Pensez à ces millions de personnes qui ont sacrifié leur vie dans des guerres inutiles au nom de croyances religieuses sans fondement. Assurément, suivre aveuglément la foule peut se révéler désastreux. Les événements historiques sur lesquels nous venons de réfléchir devraient nous faire comprendre qu’il peut être catastrophique d’adorer ‘ce que nous ne connaissons pas’. (Jean 4:22.) Il est donc de la plus haute importance que chacun se demande s’il connaît réellement ce qu’il adore.

[Note]

a Les pilotes japonais qui menaient des attaques suicides sur des cibles (des bateaux, par exemple) étaient également appelés kamikazes.

[Illustrations, pages 8, 9]

Des milliers sont morts au nom de l’empereur.

Devant le général Douglas MacArthur, Hirohito s’imputa la responsabilité de la guerre.

[Crédits photographiques]

Ci-dessus: photographie officielle de l’U.S. Navy.

À droite: U.S. Army

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager