D’après la Bible...
L’apôtre Paul était-il misogyne?
“LES enseignements de [l’apôtre] Paul sont à la base de nombre des préjugés dont sont victimes les femmes au sein de l’Église (...) chrétienne.” Ainsi s’est exprimé le juge néo-zélandais Cecilie Rushton lors d’une conférence sur le droit tenue à Chypre au début de l’année dernière. Elle a ajouté: “Son Épître à Timothée révèle sa pensée: ‘Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’usurper l’autorité de l’homme, mais qu’elle soit dans le silence.’” — 1 Timothée 2:12, Bible du roi Jacques (angl.).
Quand Paul a parlé du rôle, ou du rang, des femmes, a-t-il simplement exprimé son opinion personnelle, ou était-il sous l’inspiration divine? Considérées dans leur intégralité, les épîtres, ou lettres, de l’apôtre reflètent-elles effectivement des préjugés contre les femmes? Dans quel contexte les paroles de Paul à Timothée citées plus haut s’appliquent-elles?
Les lettres de créance de Paul
Quatorze des 27 livres des Écritures grecques sont attribués à Paul. Sa capacité miraculeuse à parler en de nombreuses langues indique que l’esprit saint agissait sur lui. En outre, il a témoigné de visions surnaturelles (1 Corinthiens 14:18; 2 Corinthiens 12:1-5). Son amour, son ardeur et son esprit de sacrifice exemplaires lui ont valu de nouer des liens étroits de chaleureuse affection fraternelle avec les chrétiens de l’époque (Actes 20:37, 38). Ses écrits, y compris ce qu’il a dit à propos des femmes, font partie de “toute Écriture (...) inspirée de Dieu et utile pour enseigner”. — 2 Timothée 3:16.
Les femmes dans les lettres de Paul
L’estime que Paul portait aux femmes ressort tout au long de ses écrits. À maintes reprises, il fait référence à elles dans leurs divers rôles au sein de la congrégation et de la famille. Dans une de ses lettres, il compare les qualités désirables d’un berger chrétien à celles que manifeste une mère qui nourrit ses enfants. — 1 Thessaloniciens 2:7.
L’apôtre fait de chaleureux éloges sur beaucoup de ses sœurs dans la foi, qu’il cite par leur nom dans ses lettres. Parmi les salutations qu’il envoie à différents membres de la congrégation de Rome, certaines sont adressées spécialement à des femmes qui “travaillent dur dans le Seigneur”. (Romains 16:12.) Parlant d’Évodie et de Syntyche, il encourage les frères de Philippes à ‘continuer à aider ces femmes qui ont lutté côte à côte avec lui, dans la bonne nouvelle’. (Philippiens 4:3.) Dans sa lettre à Timothée, Paul mentionne la foi exemplaire d’Eunice et de Loïs, mère et grand-mère du jeune homme. — 2 Timothée 1:5.
Trouve-t-on également des indications de la manière dont ses sœurs dans la foi considéraient Paul? Plein de gratitude, l’apôtre rend témoignage qu’Aquila et Priscille, un couple avec lequel il avait des contacts étroits, ont, l’un comme l’autre, “risqué leur tête pour [son] âme”. — Romains 16:3, 4.
Des préjugés contre les femmes?
“Ne critique pas un aîné avec dureté. Au contraire, supplie-le comme un père, les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des sœurs, en toute chasteté.” (1 Timothée 5:1, 2). Ces paroles de Paul à Timothée ne reflètent-elles pas un sain respect pour les femmes? Paul assignait aux hommes et aux femmes de la congrégation chrétienne le même honneur. “Il n’y a ni Juif ni Grec, écrit-il, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni mâle ni femelle; car tous, vous n’êtes qu’un en union avec Christ Jésus.” — Galates 3:28.
Relativement au rôle assigné par Dieu au mari et à la femme, Paul écrit: “Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur, parce que le mari est chef de sa femme, tout comme le Christ est chef de la congrégation, lui, le sauveur de ce corps.” (Éphésiens 5:22, 23; voir 1 Corinthiens 11:3). Les rôles respectifs du mari et de la femme diffèrent donc, mais cela ne veut pas dire qu’un des conjoints soit inférieur à l’autre. Leurs rôles sont complémentaires. Ils requièrent chacun de gros efforts qui contribuent au bonheur de la famille. Par ailleurs, le mari ne doit pas se montrer froid ou tyrannique dans son rôle de chef, car Paul poursuit: “Les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps”, étant disposés à faire pour elles de grands sacrifices (Éphésiens 5:28, 29). C’est à leur père et à leur mère que les enfants doivent obéir. — Éphésiens 6:1, 2.
Notons encore ce que Paul dit des relations intimes au sein du couple. C’est avec impartialité qu’il écrit: “Que le mari rende à la femme son dû; mais que la femme aussi agisse de même envers son mari. La femme n’a pas pouvoir sur son propre corps, mais c’est son mari; de même aussi le mari n’a pas pouvoir sur son propre corps, mais c’est sa femme.” — 1 Corinthiens 7:3, 4.
‘Que la femme soit dans le silence’
Revenons maintenant au texte de 1 Timothée 2:12, cité dans le premier paragraphe. Le “silence” que Paul exige des femmes trahit-il une quelconque misogynie? Non! Ce “silence” se rapporte à l’enseignement et à l’exercice de l’autorité spirituelle au sein de la congrégation, et ce en vertu des relations homme-femme prescrites par Dieu dont nous avons parlé précédemmenta.
Cela ne veut pas dire que les femmes ne peuvent pas être des enseignantes de la vérité divine. Paul encourage les femmes âgées à ‘enseigner ce qui est bien’ aux jeunes femmes. À l’instar d’Eunice et de Loïs, qui instruisirent Timothée, les mères chrétiennes doivent instruire leurs enfants dans les voies de Dieu (Tite 2:3-5; 2 Timothée 1:5). Aujourd’hui, dans les congrégations des Témoins de Jéhovah, des centaines de milliers de chrétiennes trouvent la satisfaction sur le plan spirituel en suivant l’exemple d’Évodie et de Syntyche: elles prêchent la bonne nouvelle publiquement et font des disciples parmi les hommes et les femmes. — Psaume 68:11; Matthieu 28:19; Philippiens 4:2, 3.
Qu’en pensez-vous? Quand on considère les écrits de Paul dans leur intégralité, peut-on l’accuser d’avoir nourri des préjugés contre les femmes?
[Note]
a À propos de l’expression “entière soumission” en 1 Timothée 2:11, le bibliste W. Vine écrit: “Par cet ordre, il ne faut pas entendre une abdication de l’esprit et de la conscience, ni l’abandon du devoir d’exercer son jugement personnel; l’expression ‘avec une entière soumission’ est un avertissement contre l’usurpation de l’autorité, comme, par exemple, au verset suivant.”