Le transport des bébés: en Afrique et en Occident
DE NOTRE CORRESPONDANT AU NIGERIA
IL EXISTE dans le monde quantité de façons de promener son bébé. Les usages en Occident et en Afrique offrent un contraste étonnant.
Dans ces deux parties du monde, les conditions économiques ne sont pas comparables. Nous devons donc nous attendre à ce que les façons de transporter les bébés soient aussi très différentes. Considérons tout d’abord ce qui se fait le plus couramment en Occident.
Méthode occidentale
En Occident, on utilise généralement la poussette pour bébés montée sur roues, ou le landau. Depuis quelques années, on a tendance à faire des poussettes plus pratiques, plus élégantes et plus confortables pour l’enfant. Beaucoup sont rembourrées, ont une housse lavable et un siège surélevé.
La poussette permet à l’enfant de se reposer ou de changer de rythme s’il est fatigué. Pour les plus jeunes qui ont besoin de dormir, celle-ci devient un lit à roulettes. Souvent, son mouvement apaise un enfant qui est fatigué ou en colère.
La poussette facilite également la vie des parents. L’un d’eux reconnaît: “C’est plus simple que si l’on devait sans arrêt porter l’enfant.” Il n’est peut-être pas gênant de porter un enfant lorsqu’il est petit, mais quand il devient deux à trois fois plus lourd, c’est une autre histoire. Par ailleurs, les parents apprécient de savoir leur enfant en sécurité dans une poussette qu’il leur est possible de surveiller.
En Occident, on veille particulièrement à fabriquer des poussettes sans danger. Elles sont larges à la base et possèdent un centre de gravité bas afin qu’elles ne se renversent pas facilement. Elles doivent avoir de bons freins placés à un endroit inaccessible à l’enfant. Des loquets empêchent la poussette de se replier accidentellement. On prend soin d’éliminer les éventuels endroits où l’enfant pourrait se pincer les doigts. Les ceintures de sécurité offrent une protection supplémentaire.
Dans certains pays, le premier prix se situe autour de 100 francs français, mais on en trouve qui sont huit à dix fois plus chères. Un modèle de luxe vendu plus de 1 500 francs est équipé d’un grand panier, d’un siège confortable, de matériaux extérieurs résistants aux intempéries, de roues multidirectionnelles et d’une armature légère qui se replie facilement. Une version “sport” spécialement conçue permet au père ou la mère de pousser son bébé tout en faisant son jogging; elle coûte près de 2 000 francs.
Méthode africaine
En Afrique, ainsi que dans de nombreux pays d’Asie, la plupart des mamans portent leur bébé sur le dos, comme le faisaient leur mère et leurs grand-mères. Cette méthode est des moins coûteuses et des plus pratiques. Il suffit d’avoir une pièce de tissu rectangulaire et solide appelée pagne. D’un mouvement simple et sûr, la mère se penche, met le bébé en position sur son dos, puis enveloppe le tissu autour d’elle et de l’enfant et le noue.
Arrive-t-il que le bébé tombe pendant cette opération? Cela ne se produit presque jamais. Lorsqu’elle attache son nourrisson, la mère le maintient d’une main, tandis qu’elle fixe le pagne de l’autre. À propos des enfants plus âgés, Blessing, une Nigériane, a dit: “Les bébés ne résistent pas; ils se cramponnent bien. Ils aiment être sur le dos de leur mère. Parfois, ils pleurent pour y être. Si jamais le bébé se débat, la mère peut lui bloquer les bras sur le côté en passant les siens par-dessus, jusqu’à ce qu’elle ait mis le pagne en place.”
Pour maintenir la tête des nourrissons, la mère se sert d’une autre pièce de tissu qu’elle noue de la même façon que le pagne. On maintient également les plus jeunes ou ceux qui dorment en recouvrant leurs bras à l’aide du tissu. Les plus grands apprécient d’avoir les mains libres.
Jusqu’à quand les Africaines transportent-elles leurs enfants sur le dos? Autrefois, chez certains groupes ethniques comme les Yorubas du Nigeria, elles le faisaient jusqu’à ce qu’ils aient trois ans. De nos jours, une mère porte son bébé sur son dos pendant environ deux ans, à moins qu’entre-temps un autre enfant vienne au monde, héritant ainsi de la place.
Confortablement installé sur le dos de sa mère, bébé peut l’accompagner partout: monter et descendre des escaliers, traverser un terrain accidenté, entrer dans un véhicule et en sortir. Mais le port du bébé sur le dos n’est pas seulement un moyen de transport pratique et peu coûteux; il présente aussi de gros avantages sur le plan affectif, par exemple quand il s’agit de le consoler. Lorsque bébé pleure, sa mère le met sur son dos; il s’endort, et elle peut continuer son ouvrage.
Il faut faire preuve de douceur pour mettre au lit un enfant qui se trouve sur le dos de sa mère, parce que les bébés n’apprécient généralement pas d’être dérangés. Pour cela, la mère s’allonge délicatement sur le côté et dénoue doucement le pagne, qui se transforme alors en couverture. Elle place parfois un oreiller sur le ventre du bébé pour qu’il ait toujours l’impression d’être en sécurité sur son dos.
Cette méthode comporte d’autres avantages. Elle permet à la mère de rester attentive aux besoins de son enfant. Si celui-ci est léthargique, agité, fiévreux ou mouillé, elle s’en rend compte. D’autres bienfaits encore se font sentir à plus long terme. Le livre Croissance et développement (angl.) dit: “Une étroite intimité physique dans la tendre enfance crée un sentiment de sécurité et d’amour entre la mère et l’enfant, sentiment qui est à la base des relations mutuelles qu’ils entretiendront par la suite. On pense que ce sentiment est dû au fait que l’enfant se trouve si près de sa mère qu’il peut facilement percevoir les battements de son cœur, comme c’était le cas lorsqu’il était dans son ventre.”
Les bébés aiment le contact étroit qu’ils ont ainsi avec leur mère. En Afrique, nul besoin de chercher longtemps pour observer un enfant heureux sur le dos de sa mère. Certains dorment paisiblement. D’autres jouent avec les cheveux de leur mère, ses oreilles ou son collier. D’autres encore gazouillent de contentement pour accompagner leur maman qui chantonne au rythme de ses pas.
Incontestablement, la façon africaine de transporter son bébé est généralement très différente de la méthode utilisée en Occident. Mais l’une comme l’autre sont liées à la culture locale et atteignent leur but.