BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g98 8/5 p. 16-19
  • Mon long et périlleux parcours au Cambodge

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Mon long et périlleux parcours au Cambodge
  • Réveillez-vous ! 1998
  • Intertitres
  • Document similaire
  • Mon passé bouddhique
  • Guerre et changements au Cambodge
  • Pol Pot et les purges
  • Une nouvelle vie aux États-Unis
  • Une visite inquiétante
  • J’étudie l’anglais et la Bible
  • J’ai échappé aux champs d’exécution
    Réveillez-vous ! 2009
  • Cambodge: J’ai vécu un cauchemar
    Réveillez-vous ! 1987
  • Mon choix de petit garçon
    La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah (français facile) 2014
  • Mon choix de petit garçon
    La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 2014
Plus…
Réveillez-vous ! 1998
g98 8/5 p. 16-19

Mon long et périlleux parcours au Cambodge

PAR WATHANA MEAS

C’ÉTAIT en 1974. Je combattais les Khmers rouges au Cambodge. J’étais officier dans l’armée cambodgienne. Au cours d’une bataille, nous avons fait prisonnier un soldat du camp adverse. Ce qu’il m’a appris sur les projets de Pol Pot a changé ma vie. Ce jour-​là allait marquer pour moi le début d’un long parcours, au propre comme au figuréa.

Mais commençons par le commencement, si vous le voulez bien. Je suis né en 1945 à Phnom-Penh, au Kampuchéa, nom khmer du Cambodge. Ma mère avait un poste important dans la police secrète ; elle était un agent spécial du prince Norodom Sihanouk, le dirigeant du pays. Comme mon père l’avait laissée seule avec moi et que son travail l’occupait beaucoup, elle n’a eu d’autre possibilité que de me confier à un temple bouddhique pour mon éducation.

Mon passé bouddhique

À huit ans, je suis allé vivre chez le supérieur de la communauté monacale et j’ai partagé mon temps entre le temple et la maison jusqu’en 1969. Le moine que je servais était Chuon Nat, l’autorité bouddhique la plus élevée du Cambodge à l’époque. J’ai été pendant quelque temps son secrétaire et assistant pour la traduction en cambodgien des “ Trois corbeilles ” (Tipitaka, ou Tripitaka en sanskrit), le livre saint du bouddhisme écrit dans une ancienne langue indienne.

J’ai été ordonné moine en 1964 et le suis resté jusqu’en 1969. Durant ces années, je me suis posé beaucoup de questions, comme : pourquoi y a-​t-​il tant de souffrances dans le monde et d’où viennent-​elles ? Je voyais des gens faire toutes sortes de choses pour plaire à leurs dieux tout en se demandant comment ces derniers pourraient résoudre leurs problèmes. Je ne trouvais pas de réponse satisfaisante dans les écrits bouddhiques. Les autres moines non plus. Par déception, j’ai quitté le temple et cessé d’être moine.

J’ai fini par m’engager dans l’armée cambodgienne en 1971. On m’a envoyé au Viêt Nam la même année et l’instruction que j’avais reçue m’a valu d’être promu sous-lieutenant et d’être affecté dans les Forces spéciales. Nous combattions les Khmers rouges communistes et les Viêt-congs.

Guerre et changements au Cambodge

Je suis devenu un combattant endurci, habitué au spectacle quasi journalier de la mort. J’ai participé à 157 combats. Une fois, nous avons été cernés par les Khmers rouges au fin fond de la jungle pendant plus d’un mois. Plus de 700 hommes ont perdu la vie ; seuls une quinzaine ont survécu. J’étais l’un d’eux, blessé certes, mais vivant.

Une autre fois, en 1974, nous avons fait prisonnier un soldat khmer rouge. Alors que je l’interrogeais, il m’a dit que Pol Pot projetait d’exterminer tous les fonctionnaires de l’ancien gouvernement, y compris ceux de l’armée. Il m’a conseillé de tout laisser et de fuir. “ Change de nom continuellement, m’a-​t-​il dit. Ne dis à personne qui tu es. Joue l’ignorant et l’illettré. Que personne ne sache qui tu as été. ” Je l’ai laissé repartir chez lui, mais je n’ai jamais oublié ses paroles.

On nous avait dit à nous, soldats, que nous nous battions pour notre pays ; pourtant, c’étaient des Cambodgiens que nous tuions. Les Khmers rouges, une faction communiste en quête du pouvoir, étaient notre peuple. En fait, la plupart des neuf millions de Cambodgiens sont khmers, même si les Khmers rouges ne sont qu’une minorité. Pour moi, tout cela n’avait aucun sens. Nous tuions des fermiers innocents, sans armes, qui n’avaient rien à faire de la guerre.

Les retours de combats étaient toujours déchirants. Les femmes et les enfants étaient là à attendre, inquiets, pour savoir si leur mari ou leur père rentrait. Combien de fois j’ai dû dire qu’il avait été tué ! Ce que j’avais appris du bouddhisme ne m’apportait aucune consolation.

Les choses avaient bien changé au Cambodge. Avant 1970, il y régnait une paix et une sécurité relatives. Les gens ne possédaient pour ainsi dire pas d’armes, car leur détention était soumise à autorisation. Il y avait très peu de vols. Mais, après la guerre civile qui a suivi la rébellion de Pol Pot et de son armée, tout a changé. On voyait des armes partout. Même les jeunes de 12 et 13 ans recevaient une formation militaire, et apprenaient à tirer et à tuer. Les partisans de Pol Pot ont convaincu des enfants de tuer leurs propres parents. Les soldats leur disaient : “ Si vous aimez votre pays, vous devez haïr vos ennemis. Si vos parents travaillent pour le gouvernement, ils sont nos ennemis et vous devez les tuer. Sinon, c’est vous qu’on tuera. ”

Pol Pot et les purges

En 1975, Pol Pot gagnait la guerre et le Cambodge devenait une nation communiste. Pol Pot procéda à des purges en éliminant tous les étudiants, enseignants, fonctionnaires et quiconque était instruit. Si vous portiez des lunettes, vous risquiez la mort, car les lunettes étaient synonymes d’instruction ! Le régime de Pol Pot a exilé la majorité des citadins dans les campagnes pour en faire des ouvriers agricoles. Tous devaient être habillés de la même manière. On nous obligeait à travailler 15 heures par jour, en étant peu nourris, privés de médicaments et à peine vêtus, et en ne dormant que deux ou trois heures par nuit. J’ai donc décidé de fuir avant qu’il ne soit trop tard.

Je n’avais pas oublié les conseils du soldat khmer rouge. J’ai jeté toutes les photos, tous les papiers et tout ce qui pouvait se révéler compromettant. J’ai enterré quelques documents, puis je suis parti à l’Ouest, vers la Thaïlande. C’était dangereux ; il me fallait éviter les barrages routiers et faire preuve d’une extrême prudence pendant le couvre-feu, car seuls les Khmers rouges étaient autorisés à se déplacer.

Je suis allé dans une région où je suis resté quelque temps avec un ami. Puis les Khmers rouges ont déplacé tout le monde dans un autre endroit, et ont commencé à supprimer les enseignants et les médecins. Je me suis enfui avec trois amis et nous nous sommes cachés dans la jungle. Nous nous nourrissions de tous les fruits que nous trouvions sur les arbres. Finalement, je suis arrivé dans un petit village de la province de Battambang, où habitait un de mes amis. J’y ai aussi retrouvé l’ex-soldat qui m’avait conseillé de fuir. Quelle surprise ! Comme je l’avais libéré, il m’a caché dans une fosse pendant trois mois et a chargé un enfant de me lancer de la nourriture, mais sans regarder dans la fosse.

Par la suite, j’ai pu m’échapper et j’ai retrouvé ma mère, ma tante et ma sœur qui elles aussi se dirigeaient vers la frontière thaïlandaise. Ce fut un moment douloureux pour moi, car ma mère était malade et sous-alimentée, et elle en est morte, dans un camp de réfugiés. Toutefois, un rayon de soleil et d’espoir a illuminé ma vie : j’ai rencontré Sopheap Um, celle qui est devenue ma femme. Nous avons traversé la frontière thaïlandaise tous ensemble (avec ma tante et ma sœur), et nous sommes arrivés dans un camp de réfugiés des Nations unies. Notre famille a payé un lourd tribut à la guerre civile du Cambodge : 18 morts, dont mon frère et sa femme.

Une nouvelle vie aux États-Unis

Après avoir procédé à quelques vérifications dans le camp de réfugiés, l’administration onusienne nous a cherché un parrain aux États-Unis. Enfin, le jour tant attendu est arrivé ! En 1980, nous étions à Saint Paul, dans le Minnesota. Je savais que, si je voulais me faire une place dans mon nouveau pays, il me fallait apprendre l’anglais le plus vite possible. Mon parrain ne m’a envoyé à l’école que quelques mois, alors que j’étais censé y rester plus longtemps. Au lieu de cela, il m’a trouvé un emploi d’homme à tout faire dans un hôtel. Avec mon anglais limité, je commettais erreur sur erreur. Quand mon patron me demandait une échelle, je lui apportais... la poubelle !

Une visite inquiétante

En 1984, je travaillais de nuit. Nous habitions un quartier où il y avait de vives tensions entre Asiatiques et Noirs. La criminalité et la drogue étaient monnaie courante. Un matin, ma femme m’a réveillé à 10 heures pour me dire qu’un Noir était à notre porte. Elle craignait qu’il soit venu nous voler. J’ai regardé par le judas, et j’ai vu un Noir bien habillé, un porte-documents à la main, et un Blanc avec lui. À mon avis, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

J’ai demandé à cet homme ce qu’il vendait. Il m’a montré des exemplaires de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Je n’ai rien compris... Je n’en voulais pas parce que, quelques mois plus tôt, un vendeur protestant m’avait trompé en me faisant payer 165 dollars pour cinq livres. Mais l’homme m’a montré les illustrations de ces revues, que j’ai trouvées attrayantes et magnifiques. Et puis, il avait un large sourire amical. Finalement, je lui ai donné un dollar et j’ai pris les revues.

Environ deux semaines plus tard, il est revenu et m’a demandé si je possédais une bible en cambodgien. Il se trouvait que oui. J’en avais obtenu une auprès de l’Église nazaréenne, mais je n’en avais aucune compréhension. J’étais impressionné que deux hommes de races différentes soient venus chez moi. Puis l’un d’eux m’a demandé si je voulais apprendre l’anglais. Bien sûr, quelle question ! Mais je n’avais pas de quoi payer des cours. Il m’a répondu qu’il m’apprendrait l’anglais gratuitement sur la base d’une publication biblique. Je n’avais pas la moindre idée de sa religion, mais j’allais apprendre à lire et à écrire l’anglais sans rien débourser, et c’est ce qui comptait.

J’étudie l’anglais et la Bible

Nous avancions à pas de tortue. Il me montrait le premier livre de la Bible, la Genèse, puis je le prononçais en cambodgien “ Lo ca bat ”. Ensuite c’était le mot Bible : “ Compee. ” J’ai commencé à progresser. Il faut dire que j’étais très motivé. J’apportais au travail mon dictionnaire anglais-​cambodgien, une Tour de Garde, la Traduction du monde nouveau (ma bible en anglais) et ma bible cambodgienne. Pendant les pauses, j’étudiais l’anglais que j’apprenais mot par mot en comparant les ouvrages. Cette méthode progressive, ajoutée aux cours hebdomadaires, a duré plus de trois ans. Mais ouf ! je lisais l’anglais.

Ma femme, pour sa part, allait toujours au temple bouddhique et laissait de la nourriture pour les ancêtres. Bien évidemment, les seules qui en profitaient étaient les mouches ! De mes années passées à l’armée et à pratiquer le bouddhisme, il me restait de mauvaises habitudes bien enracinées. Quand j’étais moine, les gens apportaient des offrandes, dont des cigarettes, car ils croyaient que lorsque le moine fumait, c’était en quelque sorte l’ancêtre qui fumait. Je suis donc devenu un fumeur invétéré. Par ailleurs, à l’armée, je buvais énormément et fumais de l’opium pour trouver le courage d’aller me battre. Cependant j’ai compris en étudiant la Bible que je devais changer. C’est alors que j’ai découvert le pouvoir de la prière. En l’espace de quelques mois seulement, j’ai vaincu mes mauvaises pratiques. Je vous laisse imaginer la joie de ma famille !

Je me suis fait baptiser Témoin de Jéhovah en 1989 dans le Minnesota. Vers la même époque, j’ai appris qu’il y avait un groupe de Témoins d’expression cambodgienne et une importante population cambodgienne à Long Beach, en Californie. Après y avoir réfléchi avec ma femme, nous avons décidé de nous y installer. Ce déménagement a tout changé. Ma sœur s’est fait baptiser la première ; puis ce fut le tour de ma tante (qui a aujourd’hui 85 ans) et de ma femme, suivies de mes trois enfants. Pour finir, ma sœur a épousé un Témoin de Jéhovah, qui est actuellement ancien dans la congrégation.

Ici, aux États-Unis, nous avons eu notre lot d’épreuves : de graves difficultés financières, sans parler des ennuis de santé. Mais notre attachement aux principes bibliques nous a permis de garder confiance en Jéhovah. Il a béni mes efforts dans le domaine spirituel, puisque j’ai été nommé assistant ministériel en 1992 et ancien, ici, à Long Beach, en 1995.

Pour l’instant, mon long parcours, commencé comme moine bouddhiste et poursuivi comme officier sur les champs de bataille du Cambodge, s’est arrêté dans la paix et le bonheur dans notre pays d’adoption. Nous avons aussi notre nouvelle foi en Jéhovah Dieu et en Jésus Christ. Reste que je souffre de savoir que l’on s’entretue encore au Cambodge. Raison de plus pour ma famille et pour moi d’attendre et d’annoncer le monde nouveau promis, monde dans lequel les guerres auront cessé et où chacun aimera son prochain comme soi-​même ! — Isaïe 2:2-4 ; Matthieu 22:37-39 ; Révélation 21:1-4.

[Note]

a Pol Pot était alors le chef communiste des Khmers rouges, l’armée qui a gagné la guerre et pris le pouvoir au Cambodge.

[Carte/Illustration, page 16]

(Voir la publication)

VIÊT NAM

LAOS

THAÏLANDE

CAMBODGE

Battambang

Phnom-Penh

[Illustration]

Quand j’étais moine bouddhiste.

[Crédit photographique]

Mountain High Maps® Copyright © 1997 Digital Wisdom, Inc.

[Illustration, page 18]

Avec ma famille, à la Salle du Royaume.

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager