Questions de lecteurs
● La Tour de Garde du 15 mai 1964 déclare à la page 298 : “Les Écritures grecques chrétiennes ne parlent nulle part de la fin, de la clôture ou de la consommation du kosmos.” Comment devons-nous comprendre cette déclaration puisque dans II Pierre 3:6 il est dit qu’un kosmos subit la destruction à l’époque de Noé ?
Dans ce passage de La Tour de Garde, les mots “fin”, “clôture” et “consommation” sont employés ensemble à cause des mots grecs originaux qu’ils traduisent. Dans Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau [1ère éd. en angl.] le terme “fin” traduit le mot grec télos, et “clôture” ou “consommation” sont la traduction du mot grec de sens rapproché suntéléïa. Ces mots se rapportent invariablement soit à l’époque ou à l’achèvement, soit au but ou à la conclusion d’une chose, plutôt qu’à sa destruction.
Ainsi nous lisons que Jésus aima ses disciples jusqu’à la télos ou fin, qu’à la télos ou fin de son règne millénaire, il remettra le Royaume à son Père, que les chrétiens recevront la télos ou fin de leur foi, le salut de leurs âmes. Il convient surtout de remarquer que Jéhovah est le commencement et la télos ou fin. Dans aucun de ces exemples, il ne nous serait possible de remplacer “fin” par “subit la destruction”. — Jean 13:1 ; I Cor. 15:24 ; I Pierre 1:9 ; Rév. 21:6.
Étant donné le sens de télos indiqué ci-dessus, nous voyons parfois ce mot traduit par “issue” dans Jacques 5:11, par exemple, et par “but” dans I Timothée 1:5.
Quant à suntéléïa, ce mot ne renferme pas non plus la moindre idée de destruction. L’Expository Dictionary of New Testament Words de Vine nous apprend que ce mot signifie plutôt “achever ensemble (...) marquant l’achèvement ou la consommation des diverses parties d’un plan”. Ainsi, nous lisons dans Matthieu 13:39 que “la moisson est la clôture [ou suntéléïa] d’un système de choses”. Les disciples de Jésus l’interrogèrent au sujet de cette “clôture” ou suntéléïa, et au moment de les quitter définitivement, il leur promit d’être avec eux “tous les jours jusqu’à la clôture [ou suntéléïa] du système de choses”. — Mat. 24:3 ; 28:20.
Le verbe suntéléô, mot grec de la même famille, tel qu’il est rendu dans la Traduction du monde nouveau, fait ressortir la même pensée. Luc employa ce mot quand il dit que les jours de jeûne de Jésus s’étaient écoulés, et que par sa troisième tentation, Satan avait achevé toute la tentation de Jésus. — Luc 4:2, 13.
Puisque nous ne voyons nulle part ces mots grecs employés en rapport avec le kosmos, la Traduction du monde nouveau n’emploie pas leurs équivalents français en parlant du “monde”, ou kosmos. Il est vrai que II Pierre 3:6 parle d’un monde, d’une société humaine, d’un kosmos, qui a subi la destruction et, dans ce sens, on pourrait dire qu’un monde a pris fin, mais seulement par la violence. Pierre ne veut pas dire que la race humaine était arrivée en ce temps-là à sa clôture, à sa fin, à son terme ou but.
Nous voyons donc que, dans les Écritures, les mots grecs télos, suntéléïa et suntéléô, ainsi que leurs équivalents français, s’appliquent très justement à un discours, à un règne, à une période de service, à un système de choses ou à une époque, mais non pas à la race humaine ou kosmos, car celle-ci ne touchera pas à sa fin ; Jéhovah Dieu a décrété que la race humaine subsistera éternellement au même titre que la terre sur laquelle elle vit. C’est pourquoi il n’y aura pas de nouveau kosmos. Quoiqu’un kosmos ait subi la destruction au déluge, c’était le kosmos pour autant qu’il s’appliquait à l’humanité opposée à Dieu. Il ne serait pas approprié de dire de ceux qui survécurent qu’ils formèrent un nouveau kosmos ou monde, car ils vivaient déjà auparavant en tant que partie du kosmos ou monde antédiluvien pour lequel le Christ mourut.