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  • J’ai pris plaisir à faire la volonté de Dieu

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  • J’ai pris plaisir à faire la volonté de Dieu
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1967
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1967
w67 15/9 p. 565-572

J’ai pris plaisir à faire la volonté de Dieu

Raconté par A. H. Macmillan

APRÈS m’être efforcé pendant soixante-six ans de faire la volonté de Dieu, je tiens à dire que ma vie a été un délice. J’éprouve les mêmes sentiments que le Judéen David qui a dit : “C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir.” (Ps. 40:9, Da 40:8, NW). Depuis septembre 1900, date à laquelle je me suis voué à Dieu à l’âge de vingt-trois ans, j’ai vu l’organisation de Jéhovah, qui était alors à ses faibles débuts, se développer et devenir une société mondiale de gens heureux, proclamateurs zélés des vérités divines.

Peu d’hommes au sein de l’organisation ont eu mon privilège : vivre et servir en qualité de témoin de Jéhovah pendant trois périodes distinctes de son histoire. J’ai eu des contacts étroits avec les trois présidents de la Société Watch Tower et vu les progrès du peuple de Dieu sous leur administration. Chacune de ces périodes, bien qu’aussi différente des deux autres qu’on puisse l’imaginer, a servi son but dans l’accomplissement du dessein de Jéhovah ; et je suis plus que jamais convaincu, au moment où mon service terrestre pour Dieu arrive à son terme, que Jéhovah a dirigé son peuple et pourvu à ses besoins en temps voulu.

J’ai vu l’organisation passer par de nombreuses et cruelles tribulations et la foi de ceux qui la composent sévèrement éprouvée. Grâce à l’esprit de Dieu, l’organisation a survécu et n’a cessé de progresser. J’ai pu voir combien il était sage d’attendre avec patience que Jéhovah augmente notre compréhension de la Bible plutôt que de nous laisser troubler par une pensée nouvelle. Parfois nos prévisions touchant une certaine date allaient trop loin, plus loin qu’elles ne devaient aller selon les Écritures. Même quand elles se révélaient inexactes, les desseins de Dieu n’en étaient pas pour autant changés. Les vérités fondamentales que nous avions apprises dans la Bible restaient les mêmes. J’ai donc compris qu’il nous fallait reconnaître nos erreurs et continuer de sonder la Parole de Dieu pour obtenir une plus grande lumière. Quels que soient les ajustements qu’il nous faut faire de temps à autre, la bienveillante disposition divine de la rédemption et la promesse de la vie éternelle que Dieu nous a faite demeurent inchangées. Il était donc inutile de laisser notre foi s’affaiblir par des prévisions qui se révélaient inexactes ou par des changements de point de vue.

Je me rappelle le jour où, en 1914, à une assemblée qui s’est tenue à Saratoga Springs, New York, j’ai fait un discours intitulé “La fin de toutes choses est proche ; soyons donc sobres, veillons et prions”. J’étais moi-​même persuadé que l’Église “partirait pour le ciel” en octobre. Au cours de cet exposé, j’ai fait cette remarque malheureuse : “C’est probablement la dernière fois que je vous parle en public, car nous irons bientôt au ciel.”

Le lendemain matin, 500 d’entre nous étions rentrés à Brooklyn où devait s’achever l’assemblée. Un grand nombre de congressistes séjournaient au Béthel. Le vendredi matin, nous étions tous assis à table pour le petit déjeuner quand frère Russell est entré. D’ordinaire, chaque fois qu’il pénétrait dans la salle à manger, après une courte hésitation, il s’écriait d’un ton joyeux : “Bonjour à tous !” Mais ce matin-​là, il s’est mis à claquer des mains avec vigueur, et, rayonnant de joie, il nous a annoncé cette nouvelle : “Les temps des Gentils ont pris fin ; leurs rois ont eu leurs jours.” Puis il s’est mis à sa place habituelle, au bout de la table, et il a fait quelques remarques ; puis je me suis attiré un reproche bienveillant.

“Nous allons apporter quelques changements au programme de dimanche, déclara frère Russell. À dix heures trente, le matin, frère Macmillan nous fera un discours.” Tout le monde s’est mis à rire de bon cœur, en se rappelant la déclaration que j’avais faite le mercredi, à Saratoga Springs : “C’est la dernière fois que je vous parle en public.” Eh bien ! Il me fallait maintenant me mettre à l’œuvre et trouver quelque chose à dire. Et ce quelque chose, je l’ai trouvé dans Psaume 74:9 : “Nous ne voyons plus nos signes ; il n’y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusques à quand (...).” Je voyais maintenant les choses sous un autre jour. Dans ce discours, j’ai essayé de montrer aux amis que certains d’entre nous étaient peut-être allés trop vite en pensant que nous irions bientôt au ciel ; ce qu’il nous fallait maintenant faire, c’était nous activer dans le service du Seigneur jusqu’à ce qu’il fixe lui-​même le moment où l’un ou l’autre de ses serviteurs approuvés serait enlevé au ciel.

Bien que notre espoir d’aller au ciel fût déçu en 1914, cette année-​là a néanmoins été marquée par l’expiration des temps des Gentils, ce que nous avions prévu. Ainsi donc, nos prévisions pour cette année-​là ne s’étaient pas toutes révélées inexactes. Mais le fait que tout ne s’était pas passé comme nous l’avions espéré ne nous troublait pas particulièrement, car nous avions de quoi nous occuper avec le Photo-Drame de la Création et les problèmes créés par la guerre.

L’EXPANSION DE L’ŒUVRE DE PRÉDICATION EST PRÉVUE

Frère Russell comprenait que, même si certains membres du troupeau spirituel étaient laissés sur la terre, ce fait ne modifierait ni n’affecterait en rien ce qui avait été prévu, savoir la fin du règne ininterrompu des nations ou temps des Gentils. Il ne cessait de souligner ceci : “Dans l’ordre chronologique, l’événement suivant qui doit se produire, c’est l’établissement du glorieux Royaume dont la domination est confiée au grand Médiateur”, le Fils de Dieu. En rapport avec cette remarque, de nombreuses questions nous venaient à l’esprit, entre autres celle-ci : Comment s’accomplirait la prophétie de Matthieu 24:14 relative à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans le monde entier ?

À ce propos, je me souviens d’un incident qui eut lieu peu de temps avant la mort de frère Russell. Ce dernier avait coutume de passer la matinée, de huit heures à midi, dans son bureau, à la préparation des articles de La Tour de Garde et à la rédaction d’autres écrits exigeant certaines recherches bibliques. À ces heures-​là, personne ne s’approchait du bureau à moins qu’il ne soit appelé ou qu’il n’ait une raison très importante d’y venir. Un jour, vers huit heures cinq, une sténographe, dégringolant l’escalier à toute vitesse, s’est dirigée vers moi et m’a dit : “Frère Russell te demande dans son bureau.” Qu’avais-​je donc fait ? Pour qu’il m’appelle dans son bureau le matin, il fallait que la chose soit importante.

“Entre, frère, me dit-​il, en me voyant. Donne-​toi la peine de passer dans le salon.” Celui-ci était une annexe du bureau. “Frère, me dit-​il, la vérité t’intéresse-​t-​elle toujours autant qu’au début ?” Je l’ai regardé, surpris. “Ne sois pas étonné, a-​t-​il poursuivi, je t’ai simplement posé cette question pour voir ta réaction.” Puis il m’a fait part de son état de santé, et je connaissais assez les symptômes de sa maladie pour deviner qu’il n’avait plus de longs mois à vivre, à moins de trouver un remède. “Maintenant, frère, voici ce que je voulais te dire. Je ne suis plus en état de diriger l’œuvre, et pourtant il reste un grand travail à faire. Oui, il y a une œuvre à accomplir dans le monde entier.” Pendant trois heures je suis resté près de lui ; il m’a décrit l’œuvre de prédication immense qui, comme je puis le constater, est accomplie actuellement par le peuple de Jéhovah. C’est en lisant la Bible qu’il avait compris cela.

“Frère Russell, ai-​je répondu, ce que tu dis n’est pas vrai, cela n’a pas de sens.”

“Que veux-​tu dire, frère ?”, me demanda-​t-​il.

“Tu mourrais et l’œuvre se poursuivrait ? Mais voyons, quand tu mourras, nous nous croiserons les bras avec satisfaction, et nous irons au ciel avec toi. Nous cesserons tout travail.”

“Frère, me répondit-​il, si c’est là ton point de vue, alors c’est que tu n’as pas compris. L’œuvre que nous effectuons n’est pas celle d’un homme. Moi, je ne compte pas. La lumière devient plus brillante. Un grand travail nous attend.”

Je me trompais lorsque je disais que nous nous croiserions les bras et cesserions tout travail après sa mort. L’œuvre s’est poursuivie, et, à mesure que le temps passait, nous avons travaillé plus dur que jamais. L’étendue de l’œuvre que le peuple de Jéhovah effectue à notre époque prouve à quel point je me trompais. En vérité, ce n’est pas l’œuvre d’un homme.

Après avoir décrit dans ses grandes lignes le travail qui nous attendait, il me dit : “Maintenant, ce que je désire, c’est quelqu’un qui puisse me décharger de mes responsabilités. Je continuerai de diriger l’œuvre, mais je ne suis plus en mesure de m’en occuper comme par le passé.” Nous avons donc parlé de plusieurs personnes. Finalement, alors que je le quittais et franchissais la porte à glissières qui ouvre sur le hall, il m’a interpellé : “Attends une minute. Monte dans ta chambre, parle au Seigneur de cette question et reviens me dire si frère Macmillan accepterait d’assumer cette tâche.” Et la porte s’est refermée sans qu’il ajoute un mot. Je crois que je suis resté là, debout, à demi hébété. Comment pourrais-​je aider frère Russell dans cette tâche ? Ce qu’il lui fallait, c’était un homme ayant des compétences dans la direction des affaires ; or je ne savais que prêcher la religion. Toutefois, après avoir réfléchi, je suis revenu plus tard pour lui faire cette déclaration : “Frère, je ferai de mon mieux, peu importe la tâche que tu me confieras.” C’est ainsi qu’il m’a abandonné la direction de l’œuvre pendant qu’il partait en voyage en Californie, voyage dont il n’est jamais revenu.

Le mardi 31 octobre 1916, frère Russell mourait dans le train qui l’emportait à Pampa, au Texas. Quel choc ! Quand le lendemain matin, à l’heure du petit déjeuner, j’ai lu le télégramme annonçant sa mort à la famille du Béthel, la salle à manger s’est remplie de lamentations. Nous ne savions que faire. J’ai essayé de faire comprendre aux frères ce que frère Russell m’avait appris au sujet de la grande œuvre qui nous attendait, mais ils m’ont répondu : “Qui la dirigera ?”

LE NOUVEAU PRÉSIDENT EST ÉLU

Un bureau a été constitué, un bureau exécutif composé du trésorier, du vice-président et de moi-​même, ainsi que de frère Rutherford qui fut désigné comme président. Ce bureau a maintenu l’organisation en activité jusqu’en janvier 1917, où a eu lieu l’élection des directeurs. La question de savoir à qui serait confiée la charge de président de la Société Watch Tower s’est alors posée. Un jour, frère Van Amburgh vient me trouver et me dit : “Frère, quelle est ta pensée à ce sujet ?” Je lui réponds : “Je ne vois qu’une seule personne, et cette personne, quoi que tu puisses en penser, est frère Rutherford.” “Je suis de ton avis”, me dit-​il en me prenant la main. Frère Rutherford ignorait ce qui se passait. Il ne faisait aucune propagande en vue de briguer les suffrages. Le jour de l’élection, c’est lui qui a été choisi comme président, et il a exercé ses fonctions jusqu’au jour de sa mort, le 8 janvier 1942.

La première fois que j’ai rencontré frère Rutherford, c’était en 1905, au cours d’un voyage que je faisais avec frère Russell à travers les États-Unis. À Kansas City, les frères se préparaient à nous recevoir. Ils avaient demandé au juge Rutherford, qui était dans le Missouri, de venir les aider. Tout ce qu’ils savaient de lui, c’est qu’il possédait les Études des Écritures. Il était venu nous accueillir, frère Russell et moi, et par suite nous avons lié connaissance. Un peu plus tard, alors que je revenais par le même chemin, je m’étais arrêté en cours de route pour converser un jour ou deux avec le juge Rutherford. Comme il avait servi pendant un certain temps en qualité de juge du quatorzième district judiciaire du Missouri, on avait l’habitude de l’appeler “juge”. À un moment donné, je lui ai dit : “Juge, vous devriez prêcher la vérité ici.” “Je ne suis pas prédicateur, m’a-​t-​il répondu, je suis avocat.”

“Eh bien ! Juge, je vais vous montrer comment il faut faire. Vous prenez un exemplaire de la Bible et vous réunissez un petit groupe de personnes à qui vous enseignez ce qu’elle dit à propos de la vie, de la mort et de l’au-delà. Vous leur montrez l’origine de la vie, les causes de la mort et la condition des morts. À l’appui de vos déclarations, vous invoquez le témoignage des Écritures et vous terminez en déclarant : ‘La Bible prouve tout ce que je viens de vous dire’, exactement comme vous le feriez au cours d’un procès, devant les jurés que vous voudriez convaincre par votre conclusion.”

“Cela ne me paraît pas trop mal”, a-​t-​il rétorqué.

Il y avait non loin de chez lui, à l’entrée de la ville où il résidait, une petite ferme exploitée par un homme de couleur. Quinze à vingt Noirs se trouvaient là. Un jour, il est allé leur faire un sermon sur “la vie, la mort et l’au-delà”. Tandis qu’il parlait, ils ne cessaient de dire : “Gloire au Seigneur, Juge ! Où avez-​vous pris tout cela ?” Il en éprouva beaucoup de joie. C’était son premier discours biblique. En sa qualité de président de la Société, il en a prononcé une foule d’autres à la radio, s’adressant au monde entier.

Peu de temps après, en 1906, j’ai eu le privilège de le baptiser à Saint Paul, dans le Minnesota. Il était l’une des 144 personnes que j’ai personnellement baptisées dans l’eau ce jour-​là. Aussi ai-​je éprouvé une joie particulière le jour de son élection à la présidence de la Société.

EN PRISON

En 1918, il m’a fallu affronter certaines difficultés sérieuses. Le ministère de la Justice s’est violemment attaqué à nous, et huit d’entre nous ont été envoyés en prison, à la maison d’arrêt de Raymond Street à Brooklyn. Nous avons payé la caution requise et attendu le jugement. Nous étions accusés d’avoir violé la loi du 15 juin 1917 sur l’espionnage. À cause de notre œuvre d’éducation biblique, on nous reprochait de comploter en vue d’empêcher le recrutement de l’armée aux États-Unis.

Au cours des débats, les autorités ont déclaré que toute personne qui se tenait au coin d’une rue et répétait la prière du Seigneur avec l’intention de décourager les hommes à se joindre à l’armée, s’exposait à être envoyé en prison. Ainsi, vous pouvez comprendre qu’il leur était facile d’interpréter l’intention. Elles se croyaient capables de lire dans les pensées d’une autre personne ; c’est ce qui explique leur action contre nous en se basant sur cet argument, et ceci en dépit de nos témoignages formels selon lesquels nous n’avions jamais comploté de faire quoi que ce soit pour entraver la conscription et encouragé autrui à s’y opposer. Nos déclarations étaient inutiles. Certains des chefs religieux de la chrétienté et leurs alliés politiques étaient décidés à nous attirer des ennuis. Le Ministère public, avec l’approbation du juge Howe, voulait notre condamnation, affirmant avec insistance que nos mobiles étaient en dehors de la question, nos actes prouvant notre intention. Ma culpabilité était uniquement fondée sur le fait que j’avais contresigné un chèque dont on ignorait la destination, et signé une déclaration que frère Rutherford avait lue lors d’une réunion du bureau. Même là, il leur a été impossible de prouver que c’était bien ma signature. L’injustice de ce procédé nous a aidés, plus tard, quand nous avons interjeté appel.

Nous avons été injustement condamnés à quatre-vingts ans de prison. Les sentences portaient sur quatre chefs d’accusation, vingt ans pour chacun, avec confusion des peines. Cela signifiait que j’allais devoir passer vingt ans au pénitencier d’Atlanta. Le juge, qui était prévenu contre nous, nous ayant refusé le bénéfice de la caution pendant que nous interjetions appel, nous avons donc été incarcérés. Neuf mois plus tard, sur le conseil du juge D. Brandeis de la Cour suprême des États-Unis, nos avocats ont une seconde fois demandé à la Cour d’appel de la circonscription de New York de nous accorder le bénéfice de la caution. Cela nous a été accordé le 21 mars 1919, et le 14 mai 1919, la Cour a annulé le jugement du tribunal inférieur. Le juge Ward a fait connaître en ces termes son opinion : “Dans cette affaire, les défendeurs n’ont pas été jugés avec la modération et l’impartialité auxquelles ils avaient droit, et c’est la raison de l’annulation du jugement.” Les efforts de nos ennemis pour fomenter le mal sous le couvert de la loi, se débarrasser de nous pour vingt ans et détruire l’œuvre du Seigneur avaient échoué.

À notre arrivée à Atlanta, le sous-directeur de la prison nous a dit : “Messieurs, vous voici pour de longues années dans cette prison. Nous allons vous donner du travail. Que savez-​vous faire ?”

Je lui ai répondu : “Je n’ai jamais fait qu’une seule chose dans ma vie : prêcher. Avez-​vous quelque chose de ce genre à me confier ?”

“Non, Monsieur ! C’est la raison pour laquelle vous êtes dans cette prison, et je vous dis maintenant qu’ici vous ne ferez aucune prédication.”

Or, quelque temps après, une école du dimanche fut ouverte et les différents détenus ont été répartis en groupes. Je me suis vu confier une classe de prisonniers juifs, une quinzaine environ, et frère Rutherford, une autre classe. Nous en avions chacun une. La classe suivait le journal trimestriel des leçons dominicales. Ces leçons commençaient avec Abraham, les promesses divines qu’il reçut, Isaac, Jacob, et ainsi de suite. C’était exactement ce qu’il me fallait. Un jour, j’ai rencontré le sous-directeur dans la cour ; il me dit : “Macmillan, vos leçons sont merveilleuses, je les suis toutes et je pense qu’au moment voulu, vous ferez entrer tous ces Juifs en Terre promise.”

“Mais, lui ai-​je répondu, ne m’aviez-​vous pas dit à mon arrivée ici que je devais renoncer à toute prédication ?”

“Oubliez tout cela, voulez-​vous”, dit-​il.

Une épidémie de grippe est venue mettre fin à notre école du dimanche. Mais avant de quitter la prison, frère Rutherford a parlé pendant trois quarts d’heure à toute la classe. Un certain nombre de fonctionnaires de la prison étaient présents, et les larmes ont coulé sur les joues de plus d’un homme. Tous étaient profondément émus. Nous avons laissé derrière nous un petit groupe d’hommes qui sont restés fidèles.

Il est intéressant de signaler un autre incident touchant la réélection des directeurs de la Société, incident qui eut lieu alors que nous étions dans cette prison. Le jour de l’élection, frère Rutherford exprimait son inquiétude à la pensée qu’au sein de l’organisation, les mécontents, qui avaient donné leur appui aux ennemis religieux et politiques pour nous faire mettre en prison, ne cherchent à s’assurer la direction de la Société pour la détruire. Je lui ai dit que, vu l’impossibilité dans laquelle nous étions d’influencer l’élection par notre présence, le Seigneur aurait ainsi l’occasion de faire savoir qui il voulait mettre à la présidence de la Société.

Le lendemain matin, après avoir frappé au mur de ma cellule, il m’a dit : “Passe ta main dehors.” Il m’a alors remis un télégramme qui annonçait sa réélection comme président. Plus tard, ce même jour, il m’a déclaré : “Je veux te dire quelque chose. Hier, tu m’as fait une remarque qui m’a amené à réfléchir ; c’est à propos de notre nomination à la place de frère Russell. Si nous avions été à Pittsburgh, nous aurions influencé l’élection, et le Seigneur n’aurait pas eu l’occasion de faire connaître son choix. Eh bien ! Frère, si jamais je sors d’ici, par la grâce de Dieu, j’écraserai tout ce culte de la créature. Et qui plus est, je brandirai l’épée de la vérité et je fendrai les entrailles de la vieille Babylone. Ils nous ont fait entrer ici, mais nous en sortirons.” Depuis sa libération jusqu’à sa mort, il a rempli sa promesse en dénonçant l’iniquité de Babylone la Grande, l’empire mondial de la fausse religion.

Les épreuves que nous avons subies en prison et les moments difficiles que nous ont causés des personnes égoïstes qui avaient abandonné l’organisation et nous avaient suscité des ennuis, n’ont pas affaibli ma foi. Elle n’a cessé de se fortifier parce que je savais, par la Bible, que les disciples de Christ auraient des difficultés et des ennuis. Je savais que le Diable cherchait à entraver l’œuvre du Royaume, mais il n’a pas réussi à y mettre fin. Par conséquent, les épreuves que nous avons subies et la haine que nous manifestaient d’anciens frères ne m’ont pas troublé. Il fallait s’y attendre. Cela n’a pas ébranlé ma confiance en la vérité et en l’organisation de Jéhovah.

VOYAGES

J’ai eu le privilège de faire de nombreux voyages pour le compte de la Société, afin d’encourager les frères et de stimuler l’intérêt pour les vérités de la Parole de Dieu. Le 12 août 1920, je me suis rendu en Europe avec frère Rutherford et d’autres membres de la Société, à bord du SS Imperator. Nous sommes arrivés en Angleterre un samedi après-midi, le 21 août. Nous avons effectué une tournée dans le pays, faisant des discours dans de nombreuses salles qui étaient combles. Cinq ans plus tard, en 1925, j’ai accompagné frère Rutherford dans un second voyage en Europe, et au cours de mon séjour sur ce continent, j’ai visité les frères de Pologne.

Comme nous prenions un grand intérêt à porter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu aux Juifs, j’ai eu le plaisir de faire un voyage spécial dans ce qu’on appelait alors la Palestine ; j’ai embarqué sur le President Arthur, le 12 mars 1925. Dans ce pays, j’ai pu parler des desseins de Dieu et visiter les lieux où Jésus avait prêché.

Au cours des années suivantes, j’ai fait de nombreux voyages à travers les États-Unis, pour la Société. Pendant un certain temps, au cours de la Seconde Guerre mondiale, je visitais vingt et une prisons. Pour accomplir cette mission, j’ai parcouru quelque 21 000 kilomètres, me rendant dans chacune de ces prisons toutes les six semaines afin d’encourager les frères qui y étaient incarcérés pour avoir refusé de violer leur position de neutralité chrétienne. C’était une tâche ardue, mais les joies qu’elle me procurait compensaient largement les dérangements qu’elle m’occasionnait.

DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Pendant les vingt dernières années, j’ai eu le plaisir de travailler avec le troisième président de la Société, frère Knorr. Malheureusement, mon âge avançant, j’ai dû réduire la somme de travail qu’il m’est possible d’accomplir. Avant de visiter les prisons, j’ai pris part pendant plusieurs années au service de pionnier et, en 1941, je suis devenu pionnier spécial. C’est en 1942 que j’ai commencé à visiter les prisons, puis, en 1947, j’ai été nommé serviteur de district. Je suis revenu au Béthel en 1948, et j’ai commencé à participer à des émissions à la WBBR, la station de radio de la Société, en décembre de cette année-​là. Chaque jour, mon programme comprenait la discussion d’une portion de la Bible avec une jeune fille qui jouait le rôle de ma nièce. Nous avons examiné en détail toute la Bible, discutant chaque verset.

Depuis ces dernières années, je subis une véritable épreuve du fait que je ne puis être aussi actif que par le passé dans l’œuvre du Seigneur, bien que j’assiste encore régulièrement aux réunions. Je dois constamment lutter contre le découragement. À cause des ennuis dus à ma santé, il me semble parfois que le Diable cherche à m’éprouver comme il a éprouvé Job. Mais je sais que je dois, à l’instar de cet homme fidèle, maintenir mon intégrité jusqu’à la fin. Il m’a été pénible de voir mes compagnons de la prison d’Atlanta recevoir leur récompense céleste et me laisser derrière. Je suis le dernier de ce groupe.

J’ai quatre-vingt-neuf ans, et quand j’examine ma vie passée, je puis affirmer que si j’avais à la refaire, je ne choisirais pas d’autre occupation. Je travaillerais par contre avec encore plus d’acharnement et de diligence.

Au cours des années, j’ai traversé de nombreuses épreuves et j’ai dû faire un certain nombre d’ajustements dans ma compréhension de la Parole de Dieu, mais je n’ai trouvé aucune raison de permettre à ces changements de troubler ma foi. Ces ajustements sont nécessaires à la croissance spirituelle du chrétien, car au fur et à mesure que le temps passe, Dieu permet qu’une lumière plus grande soit répandue sur sa Parole. Ces changements dans les idées, quels qu’ils aient été, n’ont pas modifié les doctrines fondamentales telles que la rédemption, la résurrection des morts et la promesse divine de vie éternelle. Les promesses de Dieu qui sont clairement rapportées dans sa Parole n’en sont pas moins sûres. C’est pourquoi ma foi est à présent plus forte qu’elle ne l’a jamais été.

Bien que j’aie été constamment animé du désir d’être dans le service de Dieu, j’ai néanmoins traversé des temps difficiles pendant lesquels j’avais besoin d’encouragement. Un verset qui m’a procuré un tel réconfort se trouve dans l’épître écrite par notre cher frère Paul aux Philippiens (4:6, 7), où nous lisons : “N’ayez souci de rien, mais en toutes choses, par la prière et les supplications avec actions de grâces, que vos requêtes soient exposées à Dieu ; et la paix de Dieu qui surpasse toute pensée, gardera vos cœurs et vos facultés mentales par le moyen de Christ Jésus.” L’expérience m’a appris que c’est seulement en ayant confiance en Dieu et en sa Parole qu’on peut avoir la paix.

Quand je considère l’œuvre immense que fait actuellement le peuple de Dieu, je découvre une nouvelle signification au Psaume 110:3 (Da) : “Du sein de l’aurore te viendra la rosée de ta jeunesse.” Ceux qui composent le peuple de Dieu ressemblent, quand ils enseignent les vérités divines au cours des visites fréquentes qu’ils rendent à leur prochain, à des gouttes de rosée rafraîchissantes qui nourrissent doucement une terre sèche. Par contre, les Évangélistes que j’ai connus ressemblent à une pluie torrentielle qui tombe sur une terre sèche et s’écoule rapidement, laissant la terre à nouveau sèche. Ils inondent un lieu, puis ils s’en vont.

L’expansion merveilleuse de l’organisation de Jéhovah dont j’ai été témoin et la prédication dans le monde entier de la bonne nouvelle du Royaume que je vois s’accomplir aujourd’hui amènent à son comble, d’une façon merveilleuse, le bonheur que m’ont procuré mes propres années de prédication. J’ai eu le privilège de travailler avec les trois présidents de la Société et de participer à cette remarquable expansion. Maintenant je peux réellement comprendre le sens de la remarque que m’a faite frère Russell au cours de la dernière conversation que nous avons eue ensemble : ‘Frère, ce n’est pas l’œuvre d’un homme. C’est celle de Dieu.’ J’ai réellement pris le plus grand des plaisirs pendant les soixante-six années écoulées à faire la volonté de Dieu.

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