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  • “Le bien et la bonté me poursuivent”

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  • “Le bien et la bonté me poursuivent”
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1972
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  • J’accepte la bonté de Jéhovah
  • Nous endurons face aux mensonges du clergé
  • Je me fais baptiser — mes privilèges augmentent
  • Je prêche au Québec
  • Dans le Nord
  • Je me marie et je persévère dans le service a plein temps
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1972
w72 1/10 p. 587-591

“Le bien et la bonté me poursuivent”

Raconté par Janet MacDonald

PAR une journée de printemps de 1911, ma mère et moi étions affairées dans notre cuisine, à Belleville (Ontario, Canada), quand on frappa à la porte. Ma mère est allée ouvrir ; un homme d’un certain âge se tenait sur le seuil et lui a posé une étrange question : “Madame, croyez-​vous aux schismes ?”

Un peu surprise, ma mère lui a répondu : “Vous voulez parler des schismes dans les Églises ?”

“En effet, a-​t-​il répondu. Je fais allusion aux divisions au sein des Églises chrétiennes. À votre avis, le Christ est-​il divisé ?”

“Veuillez entrer. Voilà quelque chose qui m’intéresse”, a répliqué ma mère. Je revois encore cet homme, debout près de la table de la cuisine, Bible et livres étalés devant lui, parlant avec sincérité des Écritures. Avant de partir, il a laissé à ma mère le manuel biblique intitulé Le divin Plan des Âges, présenté sous la forme d’un périodique.

J’accepte la bonté de Jéhovah

J’avais onze ans à l’époque. J’avais écouté la discussion avec beaucoup d’attention. Je ne me doutais guère que c’était le premier maillon d’une chaîne d’événements qui allaient modeler le cours de ma vie durant les soixante années à venir. Le jour où la bonté de Jéhovah a pénétré dans notre foyer est l’un des jours le plus mémorables.

Mes parents étaient anglicans, et ma mère lisait assidûment la Bible. Nous avons appris à respecter Dieu. Mon père s’efforçait également de se laisser guider par de bons principes. Ma mère n’était pas satisfaite de l’Église anglicane, et certaines doctrines et pratiques telles que l’enfer de feu et la partialité manifeste à l’égard des membres riches la troublaient. À la recherche de la vérité de Dieu, elle a fréquenté presque toutes les églises de Belleville pour ne connaître que la déception.

Après avoir fait l’acquisition du livre Le divin Plan des Âges, ma mère s’est empressée de le lire, en vérifiant soigneusement chaque point à l’aide de sa Bible. Quelques jours après, elle nous a dit : “C’est la vérité. Voilà ce que je cherchais et ce pour quoi je priais. Dieu a exaucé mes prières.”

Dans les quelques semaines qui ont suivi, les Étudiants internationaux de la Bible, comme on appelait alors les témoins de Jéhovah, ont tenu leurs premières réunions à Belleville. Ma mère a emmené trois de ses enfants aux trois discours. J’ai été profondément impressionnée quand l’orateur a parlé des bienfaits du règne millénaire du Christ. Quoique jeune, je gardais soigneusement ces vérités dans mon cœur.

Par la suite, des réunions ont commencé à être organisées régulièrement deux fois par semaine. Elles étaient conduites par Joseph Frappy, un instituteur qui habitait Stirling, à vingt-cinq kilomètres de là. L’été, il venait avec sa femme dans un boghei à grande capote, tiré par son beau cheval de trot noir. L’hiver, emmitouflés dans de chauds manteaux de bison, ils glissaient sur la neige dans un traîneau léger. Le tintement clair des grelots dans l’air glacé annonçait leur arrivée. Ce frère était si heureux de venir que rien ne le décourageait !

Nous endurons face aux mensonges du clergé

Au début, mon père s’est violemment opposé à ces vérités de la Bible. D’ordinaire, c’était un homme bienveillant, mais son pasteur anglican lui avait fait croire, à tort, que Russell, le premier président de la Société Watch Tower, se servait de la religion pour s’enrichir. Mon père brûlait les livres de ma mère ; mais celle-ci demeurait ferme. Si ses livres disparaissaient, elle s’en procurait d’autres.

Mon père en éprouva une si grande amertume qu’en 1917 il tomba gravement malade. Son état n’était pas dû à une maladie organique, mais à la colère qu’il manifestait notamment au cours des repas. Elle le ravageait tel un poison, et il maigrissait d’une façon effrayante.

Juste à ce moment-​là, soit peu de temps après la mort de Russell, un article publié dans le journal local révéla que la fortune de ce dernier s’élevait en tout et pour tout à 200 dollars. Mon père s’est enfin rendu compte qu’il avait positivement ruiné sa santé et sa vie de famille en ajoutant foi au mensonge du prêtre anglican.

Sur les conseils du médecin, mes parents sont allés s’installer dans une petite maison à la campagne, pour que mon père puisse se rétablir. Là, ma mère lui faisait la lecture à haute voix, utilisant pour cela les écrits de la Société Watch Tower. Il a reconnu que les Étudiants de la Bible enseignaient la vérité de Dieu. Son opposition a cessé ; il a recouvré la santé, et le bonheur est revenu. Quel changement d’avoir les réunions à la maison ! Jéhovah nous manifestait une fois de plus sa bonté !

Je me fais baptiser — mes privilèges augmentent

En août 1916, j’avais assisté à l’assemblée de la Société Watch Tower à Niagara Falls, aux États-Unis. Là, j’avais symbolisé l’offrande de ma personne à Dieu par le baptême d’eau. Le président Russell, qui avait prononcé le discours du baptême, s’était adressé en particulier à chaque baptisé, pour l’encourager.

Quelques mois plus tard, il m’avait été possible de saisir un grand privilège : celui du “service de pionnier auxiliaire”, consistant à consacrer au moins soixante heures par mois à la prédication de la Parole de Dieu. J’avais donc entrepris ce service, et au cours de 1916 et au début de 1917 j’ai surtout déployé mon activité à Belleville.

En 1917, le livre Le mystère accompli a été publié. Après avoir prospecté Belleville avec cet ouvrage, j’ai pris le train pour me rendre dans les villes voisines, afin de poursuivre ma tâche.

Un jour, je proposais Le mystère accompli à un homme qui me dit : “Je suis prêtre. J’ai prêché contre vous, et je le ferai encore.” Je n’avais que dix-sept ans à l’époque, mais je craignais Jéhovah ; aussi lui ai-​je répondu sérieusement en ces termes : “À votre place, je n’oserais pas faire une telle chose, Monsieur, de peur que Dieu ne me fasse mourir.” Peu après, je rencontrai l’une de ses paroissiennes qui me dit qu’elle avait quitté l’église en plein sermon, car, dit-​elle, le prêtre parlait en mal des Étudiants de la Bible, et “ce qu’il a dit ne m’a pas plu”. De ce fait, elle n’a pas assisté à l’incident très grave qui a suivi. Tandis qu’il attaquait le peuple de Jéhovah du haut de sa chaire, le prêtre est tombé mort, terrassé par une crise cardiaque, selon la presse.

Nous avons assuré au livre Le mystère accompli une diffusion rapide. C’est alors qu’un coup nous a été porté : le 12 février 1918, le Canada a interdit cet ouvrage. La presse publia cet avertissement : “Toute personne trouvée en possession d’un livre interdit est passible d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 5 000 dollars et d’une peine d’emprisonnement de cinq ans.”

Dès que nous avons appris la nouvelle, nous avons transporté notre stock de livres dans le poulailler. Nous les avons enveloppés dans des journaux pour les protéger, puis nous les avons dissimulés derrière des planches que nous avons clouées. Le lendemain l’officier de police nous a rendu visite pour demander à mon père si nous avions des exemplaires de cet ouvrage dans la maison ; mon père a répondu par la négative. Les publications ainsi préservées dans le poulailler sont restées intactes jusqu’à la levée de l’interdiction, en 1920 ; après quoi, elles ont été mises au jour pour être diffusées.

Je prêche au Québec

En 1924, j’ai été invitée à participer à l’œuvre de prédication dans la province du Québec. J’ai commencé à prêcher à Montréal, où il n’y avait qu’une seule petite congrégation. Au Québec, les joies se sont accrues, la persécution aussi. L’une de nos premières tâches fut de diffuser une résolution adoptée à l’assemblée de Columbus (États-Unis) en 1924. Cette résolution, présentée sous forme de tract, était intitulée “Actes d’accusation contre le clergé” ; elle dénonçait les agissements criminels de la fausse religion.

Suivant l’itinéraire tracé par la Société, nous avons prospecté un grand nombre de villes : Granby, Magog, Asbestos et d’autres localités de l’Est. Pour éviter l’opposition, nous commencions à distribuer les tracts de porte en porte à trois heures du matin ; à sept ou huit heures, quand la ville s’animait, nous avions terminé notre travail. Les autorités nous ont arrêtées plusieurs fois, cherchant à nous effrayer pour nous faire quitter la ville. Par exemple, à Magog, on nous a fait comparaître devant un tribunal. Aucune accusation n’a été retenue contre nous, mais on nous a demandé 15 dollars de caution. Quand nous avons dit que nous ne les avions pas, la caution a été ramenée à 10 dollars ; comme nous ne les possédions pas davantage, on nous a demandé 5 dollars. Dans l’impossibilité de les donner, on nous a alors relâchées gratuitement.

En mai 1925, nous avons eu des ennuis plus sérieux, à Coaticook. Une bande d’émeutiers, conduits par le chef des Chevaliers de Colomb, nous a encerclées et a essayé de nous faire monter dans un camion. Nous nous sommes enfuies et avons cherché refuge dans la salle d’attente de la gare. Les voyant approcher, le chef de gare a fermé les portes à clé. Les émeutiers ont alors assiégé la gare, brandissant le poing et donnant de grands coups dans la fenêtre de la salle d’attente. Le chef est ensuite revenu accompagné d’agents de police.

Nous avons été arrêtées, puis emmenées à la mairie, où un tribunal a aussitôt été réuni. On nous a accusées de “publier un écrit diffamatoire et blasphématoire”, parce que notre tract critiquait le clergé. Le seul témoin à comparaître fut le prêtre catholique de la localité. Conduites à Sherbrooke, nous avons été enfermées toute une nuit dans une prison infecte, où fourmillait la vermine. Les morsures que je portais étaient telles qu’il m’a fallu subir un traitement pendant plusieurs semaines.

Le 10 septembre, nous avons comparu devant le juge Lemay, qui décida de respecter la loi : “Il n’y a ici, dit-​il, aucun écrit diffamatoire et blasphématoire, et je rejette la plainte déposée contre les accusées.”

Dans le Nord

En 1926, j’ai commencé à servir dans la région minière qui s’étend au nord de l’Ontario et du Québec. Les routes étaient mauvaises et la région peu développée, mais nous nous réjouissions d’y prêcher la Parole de Dieu. Nous avons visité les camps de mineurs, les dortoirs, bref, tous les endroits où il était possible de rencontrer des gens. Jéhovah était si bon à notre égard que nous chantions en chemin.

La plupart du temps, nous prenions le train pour nous rendre dans notre territoire. Quand nous quittions une ville, le prêtre se renseignait auprès de l’employé qui nous avait remis nos billets pour connaître notre lieu de destination. Il prévenait alors par téléphone le prêtre de la ville où nous nous rendions, pour qu’il puisse mettre en garde ses paroissiens. Si nous arrivions avant que celui-ci ait eu le temps de les avertir, nous trouvions souvent des oreilles attentives ; mais dans le cas contraire, nous risquions fort de rencontrer de l’opposition.

Je me souviens qu’après avoir visité pendant plusieurs jours des villes averties d’avance, ma compagne et moi nous sommes arrivées, sans argent, dans un hôtel de Larder Lake. Nous avons présenté une publication à un homme qui se trouvait là ; il l’a acceptée et nous a remis une contribution de 10 dollars. Notre cœur débordait de gratitude envers Jéhovah qui ne cessait de nous manifester sa bonté. Nous sommes ensuite allées à Rouyn, dans le Québec, où nous avons placé 1 500 écrits bibliques en deux semaines. C’était vraiment une époque de réjouissances !

Puis, nous nous sommes rendues à Amos. Là, le prêtre avait enjoint aux habitants de ne pas nous écouter, mais cette fois-​ci la mise en garde produisit l’effet contraire. Elle a suscité un plus grand intérêt pour le message, et en une heure environ, je n’avais plus un seul livre ; j’ai donc dû retourner à notre chambre pour me réapprovisionner. Je me souviens d’un commerçant qui voulait se montrer hostile tout en désirant ardemment se procurer nos manuels bibliques. Comme il y avait des clients dans le magasin, il me dit tout haut : “NON, CELA NE M’INTÉRESSE PAS.” Puis, tout bas : “Ils ont l’air très intéressants. Mettez-​les sur le comptoir.” Et tout haut : “ENLEVEZ-​MOI CES LIVRES, JE N’EN VEUX PAS CHEZ MOI.” Puis à voix basse : “Je laisserai le dollar sur le comptoir. Prenez-​le et partez.” Des faits de ce genre et de nombreux témoignages de bonté auxquels nous ne nous attendions pas éveillaient en nous le désir d’aider ces Canadiens français d’un naturel humble et hospitalier.

Je me marie et je persévère dans le service a plein temps

En 1928, à Timmins (Ontario), j’ai rencontré Howard MacDonald, un jeune homme enthousiaste qui exerçait son ministère dans la congrégation locale. Nous nous sommes mariés cette année-​là, et nous avons persévéré ensemble dans l’œuvre de prédication à plein temps. Le premier territoire qui nous a été attribué s’étendait sur plus de trois cents kilomètres, entre Sudbury et Sault-Sainte-Marie (Ontario), y compris ces deux villes. La vie dans le nord du Canada était rude mais intéressante. Nous vivions des jours heureux. Nous campions d’ordinaire là où la nuit nous surprenait. Nos besoins étaient peu nombreux, mais nos bénédictions abondantes ! Généralement, nous campions jusqu’à la mi-novembre ; après quoi, le froid nous obligeait à chercher une chambre plus chaude. Nous avons passé quatre années merveilleuses dans cette région.

Après avoir prêché pendant cinq ans à Montréal, nous sommes retournés à Sudbury en 1937. Là, nous avons rencontré deux prêtres catholiques irlandais qui se croyaient tout permis. Tandis que Howard passait un disque reproduisant un message biblique intitulé “Rébellion”, à une femme d’expression italienne de Coniston, le prêtre de la localité est entré dans la maison sans y avoir été invité ; il a arraché le disque du phonographe et l’a jeté brusquement sur la table. N’ayant pas réussi à le briser, il l’a emporté avec deux autres.

Le prêtre a porté plainte pour “diffamation et blasphème” ; en conséquence, notre camion, nos écrits bibliques et nos biens ont été saisis. Lors du jugement, le prêtre McCann a fait cette remarque : “Cela m’a mis hors de moi lorsque j’ai vu cette bonne catholique écouter un disque prêchant la rébellion.” En fait, le disque en question traitait de la conduite rebelle adoptée par Adam et Ève dans le jardin d’Éden.

L’affaire a été classée, mais le lendemain Howard déposait une plainte pour vol contre le prêtre. Celui-ci a plaidé coupable ; il a été condamné à payer les disques et à une peine d’emprisonnement d’un an avec sursis. Mise dans une mauvaise posture, son Église l’a transféré dans une autre région.

Mais l’opposition ne prit pas fin pour autant. Le dimanche suivant, le prêtre O’Leary de Sudbury parla en chaire contre les témoins de Jéhovah et conseilla à ses paroissiens de les “chasser à coups de pied, et au besoin de leur briser les os”. De nombreux catholiques nous ont raconté que cette haine avait “divisé leur Église en deux camps”. Les gens au cœur droit n’étaient pas pour la violence. Et qu’est-​il advenu du prêtre O’Leary ? Il a été relevé de ses fonctions ; un article paru dans le journal local a rapporté qu’on lui avait conseillé un voyage en haute mer pour le guérir d’une affection nerveuse.

Une autre interdiction

En 1940, mon mari était serviteur de zone ; il visitait les différentes congrégations de témoins pour les encourager et édifier leur spiritualité. Puis, le 4 juillet de cette année-​là, à Ottawa, le ministre de la Justice, un catholique romain, a frappé d’interdiction l’œuvre des témoins dans tout le Canada. Nous avons appris que la police recherchait nos écrits bibliques pour les détruire. Un témoin chuchota à Howard : “Un gros chargement de livres et de bibles vient d’arriver à la gare. L’employé préposé à la réception des marchandises est bien disposé. Si nous pouvions retirer les publications aujourd’hui, avant midi, il ne serait pas tenu de les déclarer à la police. Elles sont cachées dans un coin et recouvertes d’une bâche.”

Sans la moindre hésitation, Howard et moi sommes allés avec lui dans notre camion pour retirer les livres. En toute hâte, nous avons chargé le véhicule au maximum, puis nous avons foncé vers la campagne. Mais qu’allions-​nous faire maintenant ? Les témoins étaient tous bien connus, et leurs maisons seraient probablement fouillées. Un des témoins avait une sœur habitant une ferme. Pouvions-​nous confier les publications à une personne non vouée à Dieu, qui avait, de surcroît, un mari alcoolique ?

Nous n’avions pas le choix ; cette femme était aimable et elle a accepté que nous laissions des cartons dans son sous-sol. Nous avons donc amené le camion contre la maison afin de décharger les cartons à l’intérieur. Les voisins en ont déduit que le mari alcoolique faisait ses provisions pour l’hiver. Les publications bibliques sont restées chez cette personne jusqu’à la levée de l’interdiction ; nous les avons ensuite utilisées pour propager la bonne nouvelle du Royaume.

De retour au Québec

Après la levée de l’interdiction frappant l’Association non déclarée des témoins de Jéhovah en octobre 1943, nous sommes retournés au Québec. Des années 1944 à 1946, les témoins de cette province ont été, chaque jour, victimes d’arrestations, d’émeutes, de poursuites judiciaires et de harcèlements. Après avoir revu le grand nombre d’injustices commises contre le peuple de Jéhovah, la Société Watch Tower a publié un imprimé intitulé “La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada”. L’imprimé démasquait le gouvernement du Québec et ses chefs religieux. Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, a ordonné une “guerre à outrance contre les témoins de Jéhovah”.

Les tracts ont été distribués jour et nuit. Nous parcourions en toute hâte la campagne, avec la plupart du temps la police sur nos talons. Au milieu de la nuit, une voiture bondée de témoins arrivait en trombe dans un village pour y diffuser des tracts. Chacun de nous se hâtait vers les maisons qui lui avaient été assignées, distribuait les tracts et revenait bien vite à la voiture qui reprenait la route sans perdre un instant. Tandis que la police fouillait ce village, nous étions déjà dans un autre.

Déçues, les autorités ont alors perquisitionné dans la Salle du Royaume de Sherbrooke, emportant tout ce qui leur tombait sous la main. Neuf d’entre nous ont été accusés de diffamation et de sédition. À peine libérés sous caution, nous nous sommes réapprovisionnés en imprimés et avons repris aussitôt notre activité. Il n’y a pas eu d’interruption.

Alors, la Société a publié un second imprimé intitulé “Québec ! vous avez manqué à votre peuple !”. C’était une réponse logique à la réaction du gouvernement à la suite de la diffusion de l’imprimé La haine ardente. Le second feuillet a été répandu de la même manière que le premier ; autrement dit, la nuit et sans perdre un instant ; nous jouions au chat et à la souris avec les agents de police. Quelle époque passionnante !

Les procès intentés pour diffamation et sédition ont traîné jusqu’en 1950. Puis la Cour suprême a décidé que le tract La haine ardente n’avait aucun caractère séditieux. Les accusations pour diffamation et sédition, y compris celles qui avaient été portées contre nous, ont dû être retirées.

En 1951, Howard et moi sommes retournés à New Brunswick, où j’ai accompli mon ministère pratiquement pendant ces vingt dernières années. Howard, mon fidèle compagnon, est mort en 1967. Nous avions servi ensemble dans l’œuvre de prédication à plein temps pendant trente-huit ans. Il s’est toujours montré ferme, gai et d’un courage qui ne se démentait pas face aux difficultés.

La perte de mon compagnon a été très dure pour moi. Mais mes frères chrétiens ont été bons et secourables ; en outre, je me suis beaucoup dépensée dans le service de Jéhovah. Cela a été un bienfait. Jéhovah a réconforté mon cœur.

Mes cheveux ont blanchi, et à soixante et onze ans, mes pas sont devenus plus lents. Mais j’ai eu une vie heureuse et d’abondantes bénédictions. Jéhovah m’a témoigné sa longanimité et sa miséricorde, en me permettant de persévérer dans l’œuvre que j’ai aimée. Pas un instant je n’ai regretté d’avoir suivi la voie sage que, toute jeune, je m’étais tracée. Confiante en Jéhovah, j’éprouve le même sentiment de reconnaissance que David, qui a dit : “Oui, le bien et la bonté de cœur me poursuivront tous les jours de ma vie.” — Ps. 23:6, NW.

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