Adam et Ève: figures légendaires ou personnages historiques?
“QUAND on fait dériver Adam et Ève du règne animal, n’est-on pas de façon flagrante en contradiction avec la Bible?” Cette question soulevée par le quotidien catholique La Croix résume bien le problème auquel se heurtent de nombreux chrétiens. Beaucoup se demandent en effet quel peut bien être le sens du christianisme pour celui qui doute de la création.
Si nous voulons mieux saisir les facteurs qui sont impliqués dans cette question, il nous faut analyser ce que la Bible dit au sujet du péché et de la mort. Et pour ce faire, force nous est de revenir au récit des événements qui se sont déroulés dans le jardin d’Éden.
Le péché et la rançon
Dans le deuxième chapitre de la Genèse, la Bible rapporte que Dieu a donné un ordre au premier homme. Il lui a en effet interdit de manger du fruit d’un certain arbre, qu’il a appelé “l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais”. (Genèse 2:17.) Comme la Bible de Jérusalem l’explique dans une note en bas de page de son édition de 1955, lorsque Adam a transgressé le commandement de Dieu il s’est arrogé une prérogative qui ne lui appartenait pas, à savoir “la faculté de décider soi-même ce qui est bien et mal et d’agir en conséquence”. Cet acte constituait une “revendication d’autonomie morale par laquelle l’homme reni[ait] son état de créature”.
En désobéissant à la loi de Dieu, Adam a péché et introduit l’imperfection dans la race humaine, ce qui lui a valu la mort, ainsi que Dieu l’en avait averti. De plus, une fois la perfection perdue, le premier couple ne pouvait transmettre que l’imperfection à sa progéniture. C’est pourquoi tous les descendants d’Adam et Ève — c’est-à-dire tous les humains — allaient fatalement naître condamnés à mort. — Genèse 3:6; Psaume 51:5; Romains 5:14, 18, 19.
Comment l’humanité pourrait-elle jamais recouvrer la perspective de vie éternelle qu’Adam lui avait fait perdre? L’équivalence “vie pour vie”, posée par la Loi que Dieu a promulguée par l’entremise de Moïse, soulignait bien ce qui était requis: Une vie parfaite devait être sacrifiée en compensation de la vie parfaite qu’Adam avait perdue (Deutéronome 19:21, Bible en français courant). Jésus, la pierre angulaire du christianisme, remplissait toutes les conditions requises pour offrir ce sacrifice. Comme personne d’autre n’était exempt du péché et de l’imperfection, lui seul pouvait offrir sa vie humaine parfaite “en rançon correspondante pour tous”. (I Timothée 2:5, 6.) Le Christ a montré que c’était là l’une des raisons principales de sa venue sur terre quand il a déclaré: “Le Fils de l’homme est venu, non pas pour être servi, mais pour servir et donner son âme comme rançon en échange de beaucoup.” — Matthieu 20:28.
Que la rançon dût être payée par quelqu’un de supérieur à l’homme imparfait, c’est aussi ce qui ressort de cette remarque consignée en Psaume 49:7: “Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon.” (Darby). Mais pourquoi nul homme n’était-il à même de “racheter son frère”? Tout simplement parce qu’aucune vie imparfaite ne pourrait jamais contrebalancer la vie parfaite aliénée par Adam.
Deux témoignages concluants
En examinant ce que l’apôtre Paul et Jésus Christ ont déclaré à ce sujet, nous pourrons juger par nous-mêmes si le récit concernant Adam et Ève était symbolique ou non et, partant, si le premier couple a vraiment existé.
Paul met en parallèle le rôle d’Adam et celui de Jésus Christ. Il écrit: “Le péché est entré dans le monde à cause d’un seul homme, Adam, et le péché a amené la mort. (...) Certes, la mort a régné par la faute d’un seul, à cause d’un seul homme, mais, par le seul Jésus-Christ, nous obtenons beaucoup plus: tous ceux qui reçoivent la grâce abondante de Dieu et le don de sa justice vivront et régneront à cause du Christ.” (Romains 5:12, 17, Bible en français courant). L’apôtre reprend la même explication dans une autre lettre, où il appelle Jésus “le dernier Adam”. Comme il le démontre, seul Jésus était en mesure de racheter ce qu’Adam avait perdu. Dès lors, après sa résurrection spirituelle et céleste, il pouvait devenir “un esprit donnant la vie” pour tous ceux qui bénéficieraient du salut (I Corinthiens 15:45). Toutefois, si Adam n’était qu’un symbole de l’humanité, “un être collectif”, pour reprendre l’expression employée dans une note en bas de page de la Traduction Œcuménique de la Bible, sur quoi le raisonnement de Paul reposerait-il?
Néanmoins, c’est Jésus Christ lui-même qui a produit le plus grand témoignage sur l’authenticité du récit génésiaque concernant Adam et Ève. En effet, il s’y est référé pour répondre à une question que les dignitaires religieux de son temps lui avaient posée. Voici ses paroles: “N’avez-vous pas lu ce que déclare l’Écriture [dans le livre de la Genèse]? ‘Au commencement, le Créateur les fit homme et femme, puis il dit: À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être.’ (...) Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.” (Matthieu 19:4-6, Bible en français courant). Jésus aurait-il fondé son enseignement relatif au caractère sacré du mariage sur un récit fictif ou légendaire?
Sagesse du monde ou sagesse de Dieu?
C’est un prêtre français, Pierre Teilhard de Chardin, qui a été à l’origine d’un des plus grands revirements que la pensée catholique a opérés dans ce domaine. Ce jésuite voyait dans l’évolution une ascension progressive vers la vie spirituelle. Selon sa théorie, les formes de vie évoluent en passant par les stades animal et humain, et elles tendent finalement à se rejoindre en un point oméga: le Christ. Bien qu’originellement condamnée par l’Église, sa thèse a fini par gagner la faveur de nombreux ecclésiastiques. Pourtant, elle était manifestement contraire au témoignage des Écritures, et elle jetait l’opprobre sur Dieu en niant que les humains aient besoin d’une rançon pour recouvrer la perfection.
Cette thèse pseudo-scientifique a eu des conséquences très graves au sein de l’Église. C’est ce que Jean Rondot soulignait en ces termes dans son livre L’épopée des adamites: “Tout ce qu’il y avait de séditieux, de révolutionnaire dans l’Église, tant au niveau du clergé qu’à celui des fidèles, s’engouffra dans la brèche ouverte par Teilhard: dès l’instant que l’on pouvait interpréter les Écritures avec une certaine liberté, quitte même à en altérer l’esprit, pourquoi ne pas en profiter pour se refaire une religion à son goût?”
Les résultats de ce courant de pensée sont devenus tout à fait évidents aujourd’hui. En 1980, une enquête menée par un grand institut français révélait que 40 pour cent seulement des catholiques de France croyaient à Adam et Ève et au péché originel. Le doute s’est également insinué dans d’autres domaines tout aussi essentiels, puisque à l’époque 59 pour cent seulement des catholiques français croyaient à la doctrine pourtant fondamentale de la résurrection de Jésus Christ.
Loin de rester attachées aux enseignements des Écritures, les Églises qui ont adopté la théorie de l’évolution ont montré qu’elles cherchaient avant tout à suivre les philosophies populaires du moment. Paul avait mis les premiers chrétiens en garde contre cette tendance. Ainsi, il avait rappelé aux Corinthiens que le christianisme n’avait rien à voir avec les idées ou les philosophies qui avaient cours de leur temps. Nous lisons: “Où est le sage? Où est le scribe? Où est le raisonneur de ce système de choses? Dieu n’a-t-il pas rendu sotte la sagesse du monde? (...) Car les Juifs demandent des signes et les Grecs cherchent la sagesse; or nous, nous prêchons Christ attaché sur un poteau, (...) sottise pour les nations.” — I Corinthiens 1:20-23.
Aujourd’hui encore, la recherche de la “sagesse du monde” est incapable de conduire l’homme à la connaissance et à la faveur de Dieu (voir Jean 17:3). En revanche, le salut qui débouche sur la vie éternelle est offert à tous ceux qui acceptent pleinement le sacrifice du Christ, la rançon qu’il a payée pour racheter la vie parfaite qu’Adam avait perdue. C’est seulement grâce à ce sacrifice que les hommes peuvent s’approcher de Dieu et obtenir le pardon de leurs péchés. L’apôtre Pierre en était totalement convaincu quand il a déclaré devant un groupe de chefs religieux rassemblés à Jérusalem: “Il n’y a de salut en personne d’autre [que Jésus], car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devons être sauvés.” — Actes 4:12.
Des centaines de milliers d’hommes et de femmes ont déjà placé leur confiance dans cet “esprit donnant la vie”. Ils attendent avec impatience l’heure, maintenant proche, où le Paradis sera rétabli sur la terre, et où ils connaîtront la réalisation de l’espérance qu’Adam a perdue, celle de vivre éternellement ici-bas. Si ce n’est déjà fait, vous pouvez acquérir cette connaissance vitale en étudiant gratuitement la Bible avec les Témoins de Jéhovah et en assistant à leurs réunions chrétiennes. Ainsi, vous apprendrez ce qu’il faut faire pour devenir un disciple de Jésus, “le dernier Adam”, et pour recevoir par son entremise de merveilleux bienfaits de la part de Dieu. — I Corinthiens 15:45; Révélation 21:3, 4.
[Illustration, page 6]
La vie parfaite de Jésus équivalait à celle d’Adam.