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L’annonce du retour du Seigneur (1870-1914)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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La prédication de la bonne nouvelle prend de l’ampleur
En 1912, Charles Russell et ses compagnons se sont lancés courageusement dans une entreprise qui était bien en avance sur son temps. L’objectif était d’enseigner des millions de personnes dans le monde entier. Il s’agissait du “Photo-Drame de la Création” — projection combinée d’un film et de vues fixes, synchronisée avec des enregistrements musicaux et des discours phonographiques. Cette projection, divisée en quatre parties, durait huit heures. Outre le Photo-Drame normal, ils ont aussi mis au point l’“Eurêka-Drame”, qui comprenait soit les disques (discours et musique), soit les disques et les vues fixes. Bien qu’il lui manquât les films, l’“Eurêka-Drame” a eu du succès là où il a été présenté, dans des régions moins peuplées.
Imaginons la scène, un moment historique: New York, janvier 1914, à l’ère du cinéma muetg, 5 000 personnes se rassemblent au Temple, édifice situé dans la 63e rue Ouest. Beaucoup d’autres s’entendent dire qu’il n’y a plus de place. Que se passe-t-il? C’est la première à New York du “Photo-Drame de la Création”! Devant les spectateurs, tout yeux et tout oreilles, s’étale un grand écran de cinéma sur lequel, soudain, apparaît Charles Russell dans sa soixantième année. Et, ô surprise, alors que ses lèvres commencent à bouger, sa voix se fait entendre! Les spectateurs sont alors emportés, au moyen de la parole, des images en couleurs et de la musique, dans un voyage à travers le temps, depuis la création de la terre jusqu’à la fin du Règne millénaire du Christ. On voit aussi d’autres choses extraordinaires telles que l’épanouissement d’une fleur et l’éclosion d’un poussin avec des images en accéléré. Le public est subjugué!
À la fin de 1914, des millions de personnes avaient vu le “Photo-Drame” en Amérique du Nord, en Europe, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Le “Photo-Drame” a été un moyen efficace d’atteindre un très grand nombre de personnes en un temps relativement court.
Et octobre 1914, dans tout cela? Depuis des dizaines d’années, Charles Russell et ses compagnons proclamaient que les temps des Gentils s’achèveraient en 1914. Tous étaient dans l’attente. Charles Russell avait critiqué ceux qui avaient fixé diverses dates pour le retour du Seigneur, tels William Miller et certains groupes adventistes. Toutefois, depuis l’époque de sa collaboration avec Nelson Barbour, il était convaincu qu’il existait une chronologie exacte, fondée sur la Bible, et qu’elle indiquait 1914 comme date de la fin des temps des Gentils.
À l’approche de cette année importante, l’attente était grande chez les Étudiants de la Bible, mais tout ce qu’ils attendaient n’avait pas été directement énoncé dans les Écritures. Qu’adviendrait-il?
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Un temps d’épreuve (1914-1918)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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Chapitre 6
Un temps d’épreuve (1914-1918)
“Souvenons-nous que l’époque actuelle est un temps de mise à l’épreuve. (...) Existe-t-il des motifs susceptibles de nous éloigner du Seigneur et de sa vérité, susceptibles de nous induire à renoncer à notre sacrifice au Seigneur et à sa cause, alors ce n’est pas vraiment l’amour de Dieu dans nos cœurs qui a éveillé en eux un certain intérêt pour le Seigneur, mais c’est un autre motif, probablement l’espérance que la durée du sacrifice serait courte, que notre consécration ne serait nécessaire que pendant un certain temps. S’il en est vraiment ainsi, c’est maintenant le bon moment de tout lâcher.”
CES paroles, imprimées dans La Tour de Garde de février 1915 (1er novembre 1914 en anglais), ne pouvaient être plus appropriées. Les années 1914 à 1918 ont bel et bien été “un temps de mise à l’épreuve” pour les Étudiants de la Bible. Certaines des épreuves sont venues du milieu d’eux; d’autres, de l’extérieur. Toutes, cependant, ont éprouvé les Étudiants de la Bible de façons qui ont révélé s’ils avaient vraiment ‘l’amour de Dieu dans leur cœur’. Allaient-ils tenir ferme le ‘Seigneur et sa vérité’ ou allaient-ils tout lâcher?
De grandes espérances
Le 28 juin 1914, l’archiduc d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, était assassiné par balle. Cet assassinat a déclenché la Grande Guerre, comme on a appelé au début la Première Guerre mondiale. Les combats ont commencé en août 1914 quand l’Allemagne a envahi la Belgique et la France. À l’automne de cette année-là, le carnage était déjà avancé.
“Les temps des Gentils ont pris fin; leurs rois ont eu leur jour!” s’est exclamé frère Russell en entrant dans la salle à manger. Cela se passait le vendredi 2 octobre 1914 à Brooklyn, au siège mondial de la Société Watch Tower. L’émotion était grande. La plupart de ceux qui étaient là attendaient 1914 depuis des années. Mais qu’allait amener la fin des temps des Gentils?
La Première Guerre mondiale faisait rage, et à cette époque les Étudiants de la Bible pensaient que la guerre déboucherait sur une période d’anarchie mondiale qui aboutirait à la fin du système de choses. L’année 1914 suscitait d’autres espérances encore. Alexander Macmillan, qui avait été baptisé en septembre 1900, a dit par la suite: “Quelques-uns d’entre nous pensaient sérieusement que nous irions au ciel au cours de la première semaine d’octobre de cette année-làa.” Et, racontant le matin où Charles Russell a annoncé la fin des temps des Gentils, il précise: “Nous étions fort bouleversés et je n’aurais pas été surpris si à ce moment même nous avions commencé à monter, comme s’il nous avait donné le signal de notre ascension au ciel — mais, bien sûr, il n’y eut rien de pareil.”
Au XIXe siècle, les attentes déçues concernant le retour du Seigneur Jésus avaient fait perdre la foi à beaucoup de disciples de William Miller et à plusieurs groupes adventistes. Et les Étudiants de la Bible, les compagnons de Charles Russell? Certains parmi eux avaient-ils été davantage attirés par la pensée de leur salut imminent que par l’amour pour Dieu et l’ardent désir de faire sa volonté?
‘Frère Russell, n’as-tu pas été déçu?’
Frère Russell avait toujours encouragé les Étudiants de la Bible à rester aux aguets et à persévérer avec détermination dans l’œuvre du Seigneur même si les choses ne se terminaient pas aussi tôt qu’ils l’avaient peut-être espéré.
Octobre 1914 a passé, et Charles Russell et ses compagnons étaient toujours sur terre. Puis octobre 1915 a passé aussi. Charles Russell a-t-il été déçu? Dans La Tour de Garde du 1er février 1916 (en anglais), il a écrit: “‘Mais, frère Russell, me demanderez-vous, quelle idée te fais-tu du temps de notre changement? N’as-tu pas été déçu qu’il ne soit pas arrivé quand nous l’espérions?’ Non, répondons-nous, nous n’avons pas été déçus. (...) Frères, ceux d’entre nous qui ont le bon point de vue vis-à-vis de Dieu ne sont déçus par aucune des dispositions qu’il prend. Ce n’est pas notre volonté que nous souhaitions voir s’accomplir; aussi, quand nous avons constaté que nous n’attendions pas ce qu’il fallait en octobre 1914, nous avons été contents que le Seigneur ne modifie pas son Plan pour nous faire plaisir. Nous ne souhaitions pas cela de sa part. Nous souhaitons uniquement comprendre ses plans et ses desseins.”
Non, les Étudiants de la Bible n’ont pas été ‘emportés dans leur demeure’ au ciel en octobre 1914. N’empêche que les temps des Gentils ont pris fin cette année-là. Il était clair que les Étudiants de la Bible en avaient encore à apprendre sur l’importance de 1914. Pendant ce temps, que leur fallait-il faire? Se mettre à l’œuvre! C’est ce qu’a indiqué La Tour de Garde du 1er septembre 1916 (en anglais) en ces termes: “Nous nous sommes imaginé que la Moisson, l’œuvre consistant à rassembler l’Église [des oints], serait accomplie avant la fin des temps des Gentils; mais rien dans la Bible ne le disait. (...) Regrettons-nous que la Moisson continue? Non, pour sûr (...). Notre état d’esprit maintenant, chers frères, devrait être celui-ci: une profonde gratitude envers Dieu, un attachement toujours plus grand à la belle Vérité qu’il nous a donné le privilège de discerner et de représenter, ainsi qu’un zèle croissant à communiquer à d’autres cette Vérité.”
Restait-il donc davantage à faire dans la moisson? Manifestement, c’est ce que frère Russell pensait. Témoin une conversation qu’il a eue avec frère Macmillan en automne 1916. Faisant venir Alexander Macmillan dans son cabinet de travail, au Béthel de Brooklyn, il lui a dit: “Le travail augmente rapidement, et il va continuer à augmenter, car il reste à effectuer une œuvre mondiale de prédication de l’‘évangile du royaume’.” Pendant trois heures et demie, il a expliqué à frère Macmillan comment, d’après la Bible, il entrevoyait la grande œuvre qui les attendait.
Les Étudiants de la Bible avaient traversé une épreuve difficile. Mais avec l’aide de La Tour de Garde, ils ont été fortifiés pour triompher de la déception. Pourtant, le temps de mise à l’épreuve était loin d’être terminé.
“Que va-t-il se passer maintenant?”
Le 16 octobre 1916, frère Russell et son secrétaire Menta Sturgeon partaient pour une tournée de discours dans l’ouest et le sud-ouest des États-Unis. Mais, à ce moment-là, Charles Russell était gravement malade. La tournée a commencé par Detroit (Michigan), via le Canada. Ensuite, après des haltes dans l’Illinois, le Kansas et le Texas, les deux hommes sont arrivés en Californie, où, le dimanche 29 octobre, à Los Angeles, Charles Russell a donné son dernier discours. Deux jours plus tard, le mardi après-midi 31 octobre, Charles Russell s’éteignait dans le train à Pampa (Texas). Il avait 64 ans. L’avis de décès a été inséré dans La Tour de Garde du 15 novembre 1916 (en anglais).
Quelle a été la réaction de la famille du Béthel à la nouvelle de la mort de frère Russell? Alexander Macmillan, qui était son suppléant au bureau en son absence, a raconté par la suite comment s’est passé le matin où il a lu le télégramme à la famille du Béthel: “Il s’est élevé un gémissement dans toute la salle à manger. Certains pleuraient tout haut. Personne n’a déjeuné ce matin-là. C’était la consternation générale. Quand le temps du repas a été écoulé, de petits groupes se sont formés; on parlait et on chuchotait: ‘Que va-t-il se passer maintenant?’ On a peu travaillé ce jour-là. Nous ne savions pas quoi
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