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Apparition et développement de l’univers : la controverseY a-t-il un Créateur qui se soucie de vous ?
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Chapitre deux
Apparition et développement de l’univers : la controverse
PHOTOGRAPHIER la terre lorsqu’elle se profile, énorme, à travers le hublot d’un engin spatial est un grand moment d’émotion pour les astronautes. “ C’est le meilleur moment du vol ”, a dit l’un d’eux. Toutefois, notre terre paraît bien petite à l’échelle du système solaire. Le soleil pourrait en effet contenir un million de planètes comme la terre, et il resterait de la place ! Se pourrait-il que ces faits aient quelque chose à voir avec votre vie et sa signification ?
Projetons-nous mentalement dans l’espace pour voir la terre et le soleil en perspective. Le soleil n’est que l’une des étoiles au nombre vertigineux qui occupent l’un des bras spiraux de notre galaxie, la Voie lactéea, laquelle ne constitue qu’une partie minuscule de l’univers. À l’œil nu, depuis la terre, on discerne quelques taches lumineuses diffuses qui sont en fait d’autres galaxies, comme la grande et magnifique Andromède. Sous l’effet de la gravitation, la Voie lactée, Andromède et une vingtaine d’autres galaxies sont maintenues groupées en un amas, qui ne représente qu’une petite région d’un immense superamas. L’univers contient ainsi un nombre incalculable de superamas, et le tableau n’est pas complet.
Les amas ne sont pas répartis uniformément dans l’espace. À l’échelle cosmique, ils semblent s’aligner le long de parois ou de filaments entourant de vastes régions de vide semblables à des bulles. Certaines de ces structures sont si longues et si larges qu’elles font penser à de grands murs. Voilà de quoi surprendre ceux qui pensent que l’univers s’est créé à la suite d’une explosion cosmique hasardeuse. L’un des principaux rédacteurs de la revue Scientific American a déclaré : “ Plus nous verrons l’univers avec clarté et dans tout son glorieux détail, plus il nous sera difficile d’expliquer par une théorie simple comment il en est arrivé là. ”
Des faits qui prêchent en faveur d’un commencement
Toutes les étoiles que vous voyez appartiennent à la Voie lactée. Jusque dans les années 20, on pensait que notre galaxie était la seule de l’univers. Sans doute savez-vous que les observations réalisées depuis à l’aide de grands télescopes ont démontré le contraire. L’univers compte au moins 50 milliards de galaxies. Notez bien : pas 50 milliards d’étoiles ; 50 milliards de galaxies, abritant chacune des milliards d’étoiles semblables au soleil. Pourtant, ce n’est pas cette quantité ahurissante de galaxies gigantesques qui a ébranlé les croyances scientifiques dans les années 20. C’est le fait d’apprendre que toutes ces galaxies sont en mouvement.
Les astronomes ont en effet découvert un fait remarquable : en faisant passer la lumière galactique à travers un prisme, ils ont observé que les ondes lumineuses s’étiraient, signe d’un éloignement à grande vitesse. Plus une galaxie est distante de la terre, plus elle semble s’en éloigner rapidement. C’est l’indication que l’univers est en expansionb.
Nul besoin d’être un astronome professionnel, ni même un amateur, pour comprendre qu’un univers en expansion voudrait dire beaucoup de choses quant à notre passé, mais peut-être aussi quant à notre avenir. Il a fallu en effet que quelque chose amorce le processus, une force assez colossale pour vaincre la gravitation de l’univers tout entier. Il y a donc lieu de se demander : ‘ Que pourrait bien être la source de cette énergie vive ? ’
Bien que la plupart des scientifiques fassent remonter l’univers à un état initial dense et très petit (une singularité), un point fondamental est incontournable : “ Si, à un certain moment dans le passé, l’univers était proche d’un état singulier caractérisé par une taille infinitésimale et une densité infinie, nous sommes bien obligés de nous demander ce qu’il y avait avant et ce qu’il y avait à l’extérieur de l’Univers. [...] Le problème du Commencement s’impose à nous. ” — Sir Bernard Lovell.
Ce phénomène implique davantage qu’une prodigieuse source d’énergie. Intention et intelligence devaient également être à l’œuvre, car la vitesse d’expansion semble être réglée très précisément. “ Si l’univers s’était dilaté un millionième de millionième plus vite, explique le professeur Lovell, toute la matière de l’Univers serait aujourd’hui dispersée. [...] Et si [la vitesse] avait été un millionième de millionième plus lente, les forces gravitationnelles auraient provoqué l’effondrement sur lui-même de l’Univers au cours du premier milliard d’années de son existence. Là encore, il n’y aurait eu ni étoiles à durée de vie longue, ni vie. ”
Des tentatives pour expliquer le Commencement
Les spécialistes sont-ils à présent en mesure d’expliquer l’origine de l’univers ? Beaucoup que répugne l’idée d’une création par une intelligence supérieure défendent l’hypothèse d’un mécanisme qui aurait permis à l’univers de se créer à partir du néant. Cela vous semble-t-il raisonnable ? Ces spéculations sont généralement des variantes d’une théorie — dite de l’univers inflatoirec — élaborée en 1979 par le physicien Alan Guth. Or, le professeur Guth a lui-même reconnu récemment que sa théorie “ n’explique pas comment l’univers a surgi du néant ”. Dans un article de la revue Pour la science, on relève cette remarque encore plus précise du professeur Andrei Linde : “ Expliquer cette singularité initiale — où et quand tout a commencé — demeure le problème le plus insurmontable de la cosmologie moderne. ”
Puisque les spécialistes ne sont en mesure d’expliquer réellement ni l’origine ni le développement initial de l’univers, ne devriez-vous pas chercher cette explication ailleurs ? En fait, il y a de bonnes raisons de considérer certains facteurs dont beaucoup ne tiennent pas compte alors qu’ils peuvent véritablement éclairer ce sujet. Au nombre de ces facteurs figurent les paramètres précis des quatre forces fondamentales qui président aux propriétés et aux modifications de la matière. La seule mention de ‘ forces fondamentales ’ fera peut-être hésiter certains, qui pensent aborder là un domaine réservé aux physiciens. En réalité, ces notions de base méritent qu’on s’y arrête, car elles touchent notre vie.
Un réglage précis
Les quatre forces fondamentales s’exercent tant à l’échelle immense du cosmos qu’à celle infinitésimale des structures atomiques. Elles gouvernent tout ce que nous voyons autour de nous.
Si ces quatre forces à l’œuvre dans l’univers n’étaient pas finement réglées, des éléments aussi indispensables à la vie que le carbone, l’oxygène et le fer, par exemple, n’existeraient pas. Nous avons déjà mentionné l’une de ces forces : la gravitation. La seconde est la force électromagnétique. Si elle était beaucoup plus faible, les électrons ne seraient pas maintenus autour du noyau de l’atome. ‘ Cela serait-il gênant ? ’ demanderont certains. Oui, car alors les atomes ne pourraient pas se combiner pour former des molécules. Inversement, si la force électromagnétique était beaucoup plus forte, les électrons seraient capturés par le noyau de l’atome, ce qui interdirait toute réaction chimique entre les atomes et donc toute vie. Ainsi, il est clair que la vie en général, et notre existence en particulier, dépendent du réglage précis de la force électromagnétique.
Voyons ce qui se passe à l’échelle cosmique : Une légère différence d’intensité de la force électromagnétique aurait des conséquences sur l’activité solaire et donc sur la lumière qui atteint la terre, ce qui rendrait la photosynthèse difficile, voire impossible. Elle priverait également l’eau de ses propriétés si particulières qui la rendent indispensable à la vie. Là encore, donc, c’est le réglage précis de la force électromagnétique qui fait la différence entre la présence et l’absence de vie.
Un autre facteur tout aussi essentiel est l’intensité de la force électromagnétique par rapport aux trois autres forces. Des physiciens ont calculé qu’elle est 10 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 (1040) de fois plus forte que la gravitation. Il peut sembler insignifiant d’ajouter un zéro à ce nombre (1041). Mais cela voudrait dire que la gravitation serait alors proportionnellement plus faible ; le professeur Reinhard Breuer explique ce qui en résulterait : “ Avec une gravitation plus basse, les étoiles seraient plus petites, et la pression de gravitation interne ne porterait pas la température assez haut pour permettre les réactions de fusion nucléaire. Conséquence : le soleil ne pourrait pas briller. ” Vous imaginez sans peine ce que cela signifierait pour nous.
Qu’en serait-il si l’on amputait ce nombre d’un zéro (1039), autrement dit si la gravitation était proportionnellement plus forte ? Selon le professeur Breuer, “ une modification aussi infime suffirait à réduire considérablement la durée de vie d’une étoile comme le soleil ”. D’autres scientifiques pensent que ce réglage serait encore plus précis.
Le soleil appartient à une catégorie d’étoiles qui présentent deux caractéristiques remarquables : elles brûlent longtemps et elles sont stables. Prenons un exemple simple : Pour qu’un moteur de voiture fonctionne bien, il faut que le carburant et l’air soient mélangés dans des proportions précises ; aussi les ingénieurs conçoivent-ils des mécanismes et des systèmes informatiques sophistiqués pour en optimiser les performances. S’il en est ainsi pour un simple moteur, que dire du rendement des “ chaudières ” que sont les étoiles comme notre soleil ? Les principales forces à l’œuvre sont ajustées avec une grande précision, réglées idéalement pour permettre la vie. Cette précision est-elle le simple fait du hasard ? Un jour, les questions suivantes ont été posées à Job, un homme de l’Antiquité : “ Sais-tu à quelles lois le ciel doit obéir ? Est-ce à toi de régler leur action sur la terre ? ” (Job 38:33, La Bible en français courant). La main de l’homme n’est pas intervenue en cela. Dès lors, d’où vient une telle précision ?
Les deux forces nucléaires
La structure de l’univers ne dépend pas seulement du bon réglage de la gravitation et de la force électromagnétique. Deux autres forces physiques interviennent dans notre vie.
Ces deux forces s’exercent à l’intérieur du noyau des atomes ; elles témoignent éloquemment d’un dessein réfléchi. Considérons l’interaction forte, qui lie entre eux les protons et les neutrons dans le noyau des atomes. Cette cohésion permet la formation de divers éléments : certains légers, comme l’hélium et l’oxygène, d’autres lourds, comme l’or et le plomb. Il semble que, si cette force de cohésion était seulement 2 % plus faible, seul l’hydrogène existerait. À l’inverse, si elle était un tant soit peu plus forte, seuls les éléments plus lourds seraient présents, mais pas l’hydrogène. Cela affecterait-il notre vie ? En fait, sans l’hydrogène, le soleil serait privé du carburant qui lui permet de produire l’énergie indispensable à la vie. Par ailleurs, nous n’aurions évidemment ni eau ni nourriture, puisque l’hydrogène en est une composante de base.
La quatrième force, l’interaction faible, régit la désintégration radioactive. Elle intervient également sur l’activité thermonucléaire du soleil. ‘ Est-elle réglée avec précision ? ’ vous demandez-vous peut-être. Laissons répondre le mathématicien et physicien Freeman Dyson : “ [L’interaction faible] est un million de fois plus faible que la force nucléaire. Elle est juste assez faible pour que l’hydrogène du soleil brûle à une vitesse lente et régulière. Si cette interaction était beaucoup plus faible ou beaucoup plus forte, là encore toute forme de vie dépendant d’une étoile comme le soleil n’aurait pu voir le jour. ” Ainsi, la vitesse de combustion du soleil est exactement celle qu’il faut pour chauffer la terre sans la carboniser, et nous maintenir en vie.
Les hommes de science pensent également que l’interaction faible joue un rôle dans les explosions de supernovæ, qu’ils tiennent pour le mécanisme de fabrication et de diffusion de la plupart des éléments chimiques. “ Si ces forces nucléaires étaient de quelque façon légèrement différentes de ce qu’elles sont, les étoiles seraient incapables de fabriquer les éléments dont vous et moi sommes composés ”, explique le physicien John Polkinghorne.
On pourrait dire encore beaucoup de choses, mais sans doute avez-vous compris l’essentiel : ces quatre forces fondamentales sont ajustées avec une précision stupéfiante. “ Tout autour de nous, nous semblons voir la preuve que la nature a fait le meilleur choix ”, a écrit le professeur Paul Davies. C’est en effet au réglage précis des forces fondamentales que tiennent l’existence et l’activité de notre soleil, de notre magnifique planète avec son eau indispensable à la vie, de notre atmosphère tout aussi vitale et d’une vaste gamme de précieux éléments chimiques terrestres. Mais demandez-vous : ‘ Comment expliquer une telle précision, et d’où vient-elle ? ’
Les caractéristiques idéales de la terre
Notre existence requiert de la précision dans d’autres domaines. Considérons, par exemple, les dimensions de la terre et sa position par rapport au reste du système solaire. Dans le livre de Job, la Bible pose ces questions qui nous appellent à l’humilité : “ Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? [...] Qui en a fixé les mesures, si tu le sais ? ” (Job 38:4, 5). Jamais ces interrogations n’ont été aussi pertinentes compte tenu des faits étonnants qui ont été découverts concernant la terre, en particulier sa taille et sa position dans le système solaire.
Les astronomes n’ont trouvé aucune planète comparable à la terre ailleurs dans l’univers. Des observations indirectes semblent bien indiquer que des objets des centaines de fois plus gros que notre globe gravitent autour de certaines étoiles, mais la terre a exactement le volume qu’il faut pour permettre notre existence. En quel sens ? Un peu plus volumineuse, elle aurait une gravitation plus forte, si bien que l’hydrogène, qui est un gaz léger, ne pourrait échapper à son attraction et s’accumulerait à sa surface. L’atmosphère serait alors incompatible avec la vie. Si la terre était, au contraire, un peu plus petite, l’oxygène indispensable à la vie s’échapperait et l’eau en surface s’évaporerait. Dans un cas comme dans l’autre, la vie humaine serait impossible.
La terre est également située à une distance idéale du soleil, condition sans laquelle la vie ne pourrait prospérer. L’astronome John Barrow et le mathématicien Frank Tipler ont étudié “ le rapport du rayon de la Terre à la distance du Soleil ”. Ils sont arrivés à la conclusion que, “ si ce rapport différait légèrement de ce que montrent les observations ”, la vie humaine n’existerait pas. Le professeur David Block a écrit : “ Les calculs montrent que si la terre était située seulement 5 % plus près du soleil, un brutal effet de serre [réchauffement excessif de la terre] se serait produit il y a environ 4 milliards d’années. D’un autre côté, si la terre était placée seulement 1 % plus loin du soleil, une violente glaciation [une grande partie du globe recouverte par d’immenses couches de glace] aurait eu lieu il y a quelque 2 milliards d’années. ” — Our Universe : Accident or Design ?
Ajoutons à cela que la terre tourne autour de son axe une fois par jour, vitesse idéale pour jouir de températures modérées. En comparaison, Vénus met 243 jours à accomplir sa rotation. Imaginez ce qui se passerait si la terre était aussi lente ! La longueur des jours et des nuits générerait des températures extrêmes auxquelles nous ne pourrions survivre.
Parlons d’un autre détail essentiel : la course de la terre autour du soleil. Les comètes décrivent une large trajectoire elliptique. Ce n’est pas, fort heureusement, le cas de la terre, dont l’orbite presque circulaire nous évite de subir, là encore, d’énormes écarts de température qui nous seraient fatals.
Un mot également sur la position du système solaire. S’il se trouvait plus près du centre de la Voie lactée, l’effet gravitationnel des étoiles voisines perturberait l’orbite de la terre. Si le système solaire était placé tout au bord de la galaxie, le ciel nocturne serait pour ainsi dire dépourvu d’étoiles. Le scintillement des étoiles n’est certes pas indispensable à la vie, mais ne rend-il pas nos nuits infiniment plus belles ? Par ailleurs, sur la base de leurs connaissances actuelles de l’univers, les savants ont calculé qu’aux bords de la Voie lactée il n’y aurait pas eu suffisamment d’éléments chimiques pour former un système solaire comme le nôtred.
Loi et ordre
Par expérience personnelle, sans doute savez-vous que toute chose tend vers le désordre. Comme peut le constater quiconque a une maison, tout ce qu’on laisse sans soin a tendance à se détériorer ou à se décomposer. Les scientifiques appellent ce phénomène “ la seconde loi de la thermodynamique ”, et nous en vérifions les effets tous les jours. Reléguez une voiture ou une bicyclette neuve dans un coin, et elle deviendra un morceau de ferraille. Abandonnez une maison, et elle tombera en ruine. Qu’en est-il de l’univers ? Lui aussi est soumis à cette loi. Vous pourriez donc penser que l’ordre existant dans tout l’univers devait à la longue céder le pas au désordre total.
Or, il semble que ce ne soit pas le cas, comme l’a découvert le mathématicien Roger Penrose en étudiant l’état de désordre (ou entropie) de l’univers observable. Une interprétation logique de ces découvertes amène à la conclusion que l’univers était dans un état ordonné à son début et qu’il est resté extrêmement organisé. L’astrophysicien Alan Lightman a fait remarquer que les scientifiques “ trouvent curieux que l’univers ait été créé dans un état aussi hautement ordonné ”, ajoutant qu’“ aucune théorie cosmologique concluante ne pourra se dispenser en dernier lieu d’expliquer ce problème d’entropie ”, de dire pourquoi l’univers n’est pas devenu chaotique.
En fait, notre existence va à l’encontre de cette loi reconnue. Dès lors, comment se fait-il que nous soyons en vie sur terre ? Comme nous l’avons déjà dit, il s’agit là d’une question essentielle à laquelle nous devrions vouloir une réponse.
[Notes]
a La Voie lactée a un diamètre de un milliard de milliards de kilomètres (1 000 000 000 000 000 000 de kilomètres) ! La lumière met 100 000 années à la traverser, et elle compte plus de 100 milliards d’étoiles.
b En 1995, les astronomes ont noté l’étrange comportement de l’étoile la plus éloignée jamais observée (SN 1995K) lorsqu’elle a explosé dans sa galaxie. Comme les autres supernovæ des galaxies voisines, cette étoile a pris un éclat très vif dont l’intensité a ensuite diminué lentement, mais, en l’occurrence, cette diminution s’est faite sur la période la plus longue jamais enregistrée. La revue New Scientist a reporté le phénomène sur un graphique et fait le commentaire suivant : “ L’étirement dans le temps de la forme de la courbe lumineuse [...] est exactement celui auquel on doit s’attendre si la galaxie s’éloigne de nous à près de la moitié de la vitesse de la lumière. ” Conclusion : c’est “ la meilleure preuve que l’univers est effectivement en expansion ”.
c La théorie inflatoire propose un modèle de ce qui se serait passé une fraction de seconde après la naissance de l’univers. Ses défenseurs avancent que l’univers était initialement submicroscopique et qu’il s’est ensuite dilaté à une vitesse supérieure à celle de la lumière, phénomène qui ne peut être reproduit en laboratoire. L’inflation reste une hypothèse sujette à débat.
d On a découvert que les éléments présentent un ordre et une harmonie très surprenants. On en trouvera des exemples intéressants à la page 26, dans l’appendice “ Les briques de l’architecture universelle ”.
[Encadré, page 15]
Compter les étoiles...
On estime qu’il y a plus de 100 000 000 000 (100 milliards) d’étoiles dans la Voie lactée. Dans une encyclopédie qui consacrerait une page par étoile, le soleil et l’ensemble du système solaire n’occuperaient qu’une page. Combien de volumes faudrait-il pour la totalité des étoiles de la Voie lactée ?
En prenant des volumes d’épaisseur raisonnable, on a évalué que les 412 kilomètres de rayonnages de la bibliothèque municipale de New York n’y suffiraient pas !
Combien de temps faudrait-il pour les feuilleter ? Le faire “ à raison d’une page par seconde prendrait plus de dix mille ans ”, répond le livre La nuit du temps. Or, les étoiles de notre galaxie ne constituent qu’une petite fraction des étoiles disséminées dans les quelque 50 000 000 000 (50 milliards) de galaxies que compterait l’univers. Il n’y aurait pas assez de tous les rayonnages des bibliothèques de la terre pour contenir les volumes d’une encyclopédie qui consacrerait une page à chaque étoile de l’univers. “ Plus long nous en savons sur l’Univers, dit l’ouvrage précité, plus nous réalisons combien nous en savons peu. ”
[Encadré, page 16]
Robert Jastrow : à propos du Commencement
Robert Jastrow, professeur d’astronomie et de géologie à l’Université Columbia, a écrit : “ Rares sont les astronomes qui auraient pu prédire que cet événement — la naissance soudaine de l’univers — deviendrait un fait scientifique prouvé, mais l’observation des cieux grâce aux télescopes les a contraints à arriver à cette conclusion. ”
Suivent ces remarques sur ce que cela implique : “ La preuve astronomique d’un Commencement place les savants dans une position assez ambiguë, car ils croient que tout effet a une cause naturelle [...]. L’astronome anglais E. A. Milne a pu ainsi écrire : ‘ Nous ne pouvons faire aucune proposition relative à l’état des choses [au commencement] ; dans l’acte divin de la Création, Dieu n’apparaît jamais et n’est jamais observé. ’ ” — Au-delà du cerveau.
[Encadré, page 17]
Quatre forces physiques fondamentales
1. La gravitation : une force très faible à l’échelle atomique. Elle affecte les objets volumineux, tels que les planètes, les étoiles, les galaxies.
2. L’électromagnétisme : principale force d’attraction entre protons et électrons, elle permet la formation des molécules. La foudre est une de ses manifestations.
3. L’interaction forte : la force qui lie ensemble les protons et les neutrons dans le noyau des atomes.
4. L’interaction faible : la force qui régit la désintégration des éléments radioactifs et assure l’efficacité de l’activité thermonucléaire du soleil.
[Encadré, page 20]
“ Accumulation de coïncidences ”
“ Si l’interaction faible était légèrement plus forte, la production d’hélium n’aurait pu se faire ; si elle était légèrement plus faible, presque tout l’hydrogène se serait converti en hélium. ”
“ La marge pour un univers dans lequel il y ait en même temps un peu d’hélium et des supernovæ qui explosent est très étroite. Notre existence dépend de cette accumulation de coïncidences et de la coïncidence encore plus spectaculaire des niveaux d’énergie nucléaire prédits par [l’astronome Fred] Hoyle. À la différence de toutes les générations qui nous ont précédés, nous savons comment nous sommes venus à l’existence. Mais comme toutes les générations qui nous ont précédés, nous ne savons toujours pas pourquoi. ” — New Scientist.
[Encadré, page 22]
“ Les conditions particulières qui règnent sur la terre du fait de sa taille idéale, des éléments qui y sont présents et de son orbite quasi circulaire à une distance parfaite d’une étoile à vie longue, le soleil, ont permis l’accumulation d’eau à sa surface. ” (Integrated Principles of Zoology, 7e édition). Sans eau, la vie n’aurait pas pu apparaître sur terre.
[Encadré, page 24]
Croire uniquement ce que l’on voit ?
Nombre d’esprits rationnels acceptent l’existence de choses qu’ils ne peuvent pourtant pas voir. En janvier 1997, la revue Discover a signalé que des astronomes avaient détecté ce qu’ils pensent être une douzaine de planètes en orbite autour d’étoiles lointaines.
“ À ce jour, les nouvelles planètes sont connues uniquement par les perturbations que leur gravitation induit sur le déplacement des étoiles autour desquelles elles gravitent. ” C’est donc sur les effets visibles de la gravitation que les astronomes ont fondé leur croyance en l’existence de corps célestes qu’ils ne voyaient pas.
Ils ont estimé qu’à défaut d’une observation directe, des phénomènes annexes constituaient une base suffisante pour accepter ce qui était pourtant invisible. Beaucoup de gens qui croient en l’existence d’un Créateur s’appuient sur un fondement similaire pour accepter ce qu’ils ne peuvent pas voir.
[Encadré, page 25]
Sir Fred Hoyle a écrit : “ Pour éviter le problème de la création, il faudrait que toute la matière de l’Univers soit infiniment vieille, ce qui est impossible [...]. L’hydrogène est régulièrement converti en hélium et autres éléments [...]. Comment se fait-il alors que l’Univers soit constitué presque uniquement d’hydrogène ? Si la matière était infiniment vieille ce serait absolument impossible. Nous voyons donc que, l’Univers étant ce qu’il est, nous ne pouvons pas esquiver le problème de la création. ” — La nature de l’Univers.
[Illustration, pages 12, 13]
Comme l’illustre cette image de la galaxie spirale NGC 5236, le soleil (petit carré) est insignifiant dans la Voie lactée.
La Voie lactée contient plus de 100 milliards d’étoiles, et elle n’est qu’une des plus de 50 milliards de galaxies de l’univers connu.
[Illustrations, page 14]
L’astronome Edwin Hubble (1889-1953) a découvert que la lumière provenant de galaxies lointaines se décale vers le rouge, preuve que l’univers est en expansion et qu’il a donc eu un commencement.
[Illustrations, page 19]
Le réglage très précis des forces qui régissent l’activité solaire permet à la terre de connaître des conditions idéales pour la vie.
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D’où vient la vie ?Y a-t-il un Créateur qui se soucie de vous ?
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Chapitre trois
D’où vient la vie ?
LA TERRE foisonne de vie. Des neiges de l’Arctique aux forêts humides de l’Amazonie, du désert du Sahara aux marécages des Everglades, du fond des océans plongés dans les ténèbres aux sommets des montagnes baignés de lumière, la vie est partout et constitue une perpétuelle source d’étonnement.
Elle se présente sous des formes, des tailles et en des quantités qui défient l’imagination. Un million d’espèces d’insectes ont colonisé notre planète. Dans les eaux s’ébattent plus de 20 000 espèces de poissons, certains pas plus gros que des grains de riz, d’autres plus longs que des camions. Au moins 350 000 espèces végétales, certaines bizarres, la plupart magnifiques, contribuent à la beauté de notre environnement. N’oublions pas enfin les plus de 9 000 espèces d’oiseaux qui sillonnent les airs. Toutes ces créatures, l’homme y compris, composent le panorama et la symphonie de ce que nous appelons la vie.
Mais il y a plus surprenant encore que cette bien agréable variété : c’est la profonde unité du monde vivant. Les biochimistes, dont le travail consiste à étudier les phénomènes vitaux, expliquent que tout ce qui vit sur la terre — de l’amibe à l’être humain — dépend d’une interaction prodigieuse : la collaboration entre les acides nucléiques (ADN et ARN) et les protéines. Les processus complexes qui mettent en œuvre ces composants se produisent dans presque toutes les cellules du corps, qu’il s’agisse du nôtre, de celui d’un oiseau-mouche, d’un lion ou d’une baleine. Cette interaction uniforme se traduit par des formes de vie d’une prodigieuse diversité. Comment expliquer que le monde vivant soit ainsi orchestré ? Autrement dit, d’où vient la vie ?
Sans doute acceptez-vous l’idée qu’il fut un temps où il n’y avait pas de vie sur la terre. C’est l’opinion des milieux scientifiques et ce qu’enseignent aussi beaucoup de livres de religion. Toutefois, vous n’êtes probablement pas sans avoir constaté que ces deux sphères de la connaissance humaine, la science et la religion, divergent quand il s’agit d’expliquer comment la vie a commencé sur terre.
Des millions de personnes de tous niveaux d’instruction croient que la vie sur terre est le fait d’un Créateur intelligent qui serait l’Auteur de toutes choses. À l’opposé, nombre de scientifiques soutiennent que la vie est le produit d’une succession de réactions chimiques purement aléatoires parties de la matière inanimée. Qui a raison ?
Ne pensez pas que ce sujet soit sans rapport avec notre vie ou avec la quête d’une existence ayant plus de sens. Comme nous l’avons déjà dit, l’une des questions fondamentales auxquelles l’homme cherche une réponse est celle de son origine.
La plupart du temps, les cours de science préfèrent mettre l’accent sur l’adaptation et la survie des formes de vie plutôt que d’examiner la question plus cruciale de l’origine même de la vie. Peut-être avez-vous remarqué que les explications données à ce propos sont le plus souvent des généralités du genre ‘ La vie est le fruit de millions d’années de collisions moléculaires ’. Pareille formulation vous satisfait-elle vraiment ? Cela voudrait dire que l’énergie du soleil, de la foudre ou des volcans aurait permis à de la matière inanimée de se transformer, de s’organiser et finalement de devenir vivante, et ce sans que personne ne donne un coup de pouce dans le bon sens. Ce passage de la matière inanimée à la vie représenterait un bond phénoménal. Les choses ont-elles pu se passer ainsi ?
Accepter une telle idée ne posait guère de problème au Moyen Âge, car beaucoup croyaient en la génération spontanée, notion selon laquelle la vie peut surgir spontanément de la matière inanimée. Au XVIIe siècle, le médecin italien Francesco Redi démontra que des vers ne pouvaient apparaître dans la viande en décomposition que si des mouches y avaient pondu au préalable. Aucun ver ne se développait sur une viande protégée des mouches. Il était donc entendu que des animaux aussi gros que les mouches ne pouvaient pas se former d’eux-mêmes, mais que dire des microbes dont on relevait la présence dans la nourriture même couverte ? Bien que des expériences menées ultérieurement aient montré qu’ils ne surgissaient pas spontanément, la question est restée controversée jusqu’aux travaux de Louis Pasteur.
Pasteur est célèbre pour ses découvertes dans les domaines de la fermentation et des maladies infectieuses, mais sans doute savez-vous qu’il a également réalisé des expériences pour déterminer si des formes de vie microscopiques pouvaient ou non se former d’elles-mêmes. Ses travaux lui ont permis de démontrer que même d’infimes bactéries n’apparaissent pas dans une eau stérilisée et préservée de la contamination. En 1864, il a fait cette déclaration : “ Jamais la doctrine de la génération spontanée ne se relèvera du coup mortel que cette simple expérience lui porte. ” Cela reste vrai. Aucune expérience n’a jamais fait naître la vie de la matière inanimée.
Mais alors, comment la vie a-t-elle pu apparaître sur terre ? On peut faire remonter les tentatives modernes pour répondre à cette question aux années 20, avec les travaux du biochimiste russe Alexander Oparin. Lui et d’autres depuis ont proposé le scénario d’une pièce en trois actes qui se serait jouée sur la scène terrestre. Le premier acte voit les éléments de la terre, les matériaux bruts, subir des transformations pour former des groupes de molécules. Acte II : le saut jusqu’aux grosses molécules. Acte III : le bond jusqu’à la première cellule vivante. Mais est-ce vraiment ainsi que les choses se sont déroulées ?
Ce scénario repose sur le postulat d’une atmosphère terrestre initiale très différente de celle d’aujourd’hui. Selon une théorie, elle était pour ainsi dire dépourvue d’oxygène libre, et les éléments que sont l’azote, le carbone et l’hydrogène avaient formé de l’ammoniac et du méthane. Sous l’action de la foudre et de la lumière ultraviolette, ces gaz mêlés de vapeur d’eau auraient donné naissance à des sucres et à des acides aminés. Ne perdez pas de vue, cependant, qu’il ne s’agit que d’une théorie.
S’il faut en croire ce scénario hypothétique, les molécules ainsi formées auraient été emportées dans les océans ou d’autres points d’eau de la planète. Avec le temps, les sucres, les acides et d’autres composés se seraient concentrés en une “ soupe prébiotique ”, où les acides aminés, par exemple, se seraient combinés pour devenir protéines. Par ailleurs, d’autres composés moléculaires, les nucléotides, auraient formé des chaînes pour donner naissance à un acide nucléique, tel que l’ADN. Toutes ces opérations sont censées avoir mis en place les conditions nécessaires au dernier acte de ce drame moléculaire.
Ce dernier acte, qui n’est étayé par aucune preuve, peut être qualifié d’histoire d’amour. Les protéines et les molécules d’ADN se rencontrent, se reconnaissent et s’étreignent. Puis, juste avant que le rideau ne tombe, c’est la naissance de la première cellule vivante. ‘ Réalité ou fiction ? ’ pourraient se demander les spectateurs de cette pièce. ‘ La vie sur terre a-t-elle vraiment pu apparaître de la sorte ? ’
A-t-on reproduit la genèse en laboratoire ?
Au début des années 50, on a entrepris de vérifier la théorie d’Alexander Oparin. Bien qu’il fût établi que la vie ne pouvait venir que de la vie, certains supposaient qu’avec des conditions différentes dans le passé la vie pouvait avoir émergé lentement du monde inanimé. Pourrait-on en faire la démonstration ? Stanley Miller, qui travaillait dans le laboratoire de Harold Urey, a rempli un récipient en verre scellé d’un mélange d’hydrogène, d’ammoniac, de méthane, de vapeur d’eau (l’atmosphère primitive supposée) et d’eau en ébullition (les océans) qu’il a activé par des étincelles électriques pour simuler la foudre. Au bout d’une semaine, il a constaté la présence d’une substance visqueuse et rougeâtre qui, à l’analyse, s’est révélée riche en acides aminés, les constituants de base des protéines. Sans doute avez-vous déjà entendu parler de cette expérience, car voilà des années qu’elle figure dans les manuels scolaires et les cours de science comme si elle expliquait le commencement de la vie sur terre. Mais est-ce vraiment le cas ?
En réalité, la validité de l’expérience de Miller est aujourd’hui sérieusement remise en question (voir “ Classique mais discutable ”, pages 36-7). Mais à l’époque son succès apparent a ouvert la voie à d’autres expériences au cours desquelles on a même produit certains composants des acides nucléiques (ADN ou ARN). Les spécialistes étaient optimistes, car ils semblaient avoir reproduit en laboratoire le premier acte de l’évolution moléculaire et tout laissait supposer que les deux autres parties du scénario allaient suivre. Un professeur de chimie affirmait : “ L’explication de l’origine d’un système vivant primitif par des mécanismes évolutifs est en vue. ” Un auteur scientifique écrit : “ D’éminents spécialistes prédirent alors que l’Homme créerait bientôt des organismes vivants, à la manière du docteur Frankenstein, et qu’il éluciderait les détails de la genèse. ” Beaucoup pensaient que le mystère de l’origine spontanée de la vie était résolu. — Voir l’encadré “ Droite, gauche ”, page 38.
L’enthousiasme retombe, les énigmes demeurent
Au fil des ans, ce bel optimisme s’est évaporé. Plusieurs dizaines d’années ont passé, et la vie n’a toujours pas livré ses secrets. Quarante ans après son expérience, le professeur Miller a fait cet aveu dans la revue Scientific American : “ Le problème de l’origine de la vie s’est révélé bien plus complexe que moi et la plupart des autres l’avions prévu. ” Ce changement d’attitude s’observe aussi chez ses confrères. C’est le cas, par exemple, de Dean Kenyon, professeur de biologie et coauteur en 1969 d’un ouvrage intitulé Biochemical Predestination [Prédestination biochimique], qui plus récemment estimait “ fondamentalement peu probable que matière et énergie se soient organisées d’elles-mêmes, sans assistance, pour former des systèmes vivants ”.
De fait, les travaux en laboratoire confirment l’opinion du professeur Kenyon pour qui “ les théories actuelles sur les origines chimiques de la vie sont toutes fondamentalement défectueuses ”. Après que le professeur Miller et d’autres eurent réalisé la synthèse d’acides aminés, on a cherché à obtenir des protéines et de l’ADN, deux types de molécules indispensables à la vie sur terre. Qu’ont donné les milliers d’expériences pratiquées dans des conditions dites prébiotiques ? “ Il y a un contraste saisissant entre la très grande réussite de la synthèse des acides aminés et l’échec systématique de la synthèse des protéines et de l’ADN. ” (The Mystery of Life’s Origin : Reassessing Current Theories). Les tentatives les plus récentes se sont traduites par un “ échec invariable ”.
À dire vrai, le mystère ne concerne pas seulement l’apparition des premières molécules de protéines et d’acides nucléiques (ADN ou ARN), mais aussi leur interaction. “ La vie sur la Terre telle que nous la connaissons actuellement dépend tout entière de l’association des deux molécules ”, lit-on en effet dans la New Encyclopædia Britannica, qui précise que la mise en place de cette association demeure “ un problème crucial et irrésolu de l’origine de la vie ”. On ne saurait mieux dire.
L’appendice A (“ Une collaboration au service de la vie ”, pages 45-7) décrit certaines facettes fondamentales du fascinant travail d’équipe auquel se livrent les protéines et les acides nucléiques à l’intérieur de nos cellules. Ce simple survol des mécanismes à l’œuvre dans les cellules de notre corps nous remplit d’admiration pour le travail des chercheurs qui nous révèlent l’existence de processus extraordinairement complexes, processus dont la plupart d’entre nous ne sont même pas conscients alors qu’ils se produisent à tout instant de notre vie. Cependant, considérés sous un autre angle, ces mécanismes d’une complexité et d’une précision proprement ahurissantes nous ramènent à notre question : comment tout cela est-il apparu ?
Vous n’êtes probablement pas sans savoir que les spécialistes n’ont pas renoncé à formuler un scénario plausible relativement à l’apparition de la vie. Toutefois, les dernières moutures ne se révèlent guère convaincantes. (Voir l’appendice B, “ Du ‘ monde d’ARN ’ ou d’un autre monde ? ” page 48.) Témoin cette remarque de Klaus Dose, de l’institut de biochimie de Mayence (Allemagne) : “ Actuellement, toutes les discussions portant sur les principales théories et expériences touchant à ce domaine débouchent soit sur une impasse, soit sur un aveu d’ignorance. ”
La Conférence internationale sur l’origine de la vie qui s’est tenue en 1996 n’a pas permis non plus de dégager de solutions. Au contraire. La revue Science a signalé que les près de 300 scientifiques réunis pour la circonstance “ se sont colletés avec le mystère que constituent l’apparition des molécules [d’ADN et d’ARN] et leur évolution en des cellules capables de se reproduire ”.
Il a fallu de l’intelligence et une formation poussée pour étudier et ne serait-ce que commencer à expliquer ce qui se passe dans nos cellules à l’échelle moléculaire. Est-il raisonnable de croire que ces processus compliqués se soient produits à l’origine dans une “ soupe prébiotique ”, sans intervention extérieure, spontanément et par hasard ? Ou bien faut-il chercher l’explication plus loin ?
Pourquoi tant de mystères ?
Après un demi-siècle d’hypothèses et des milliers de tentatives pour prouver que la vie est apparue d’elle-même, il serait difficile de ne pas partager l’opinion du prix Nobel Francis Crick. À propos des théories sur l’origine de la vie, il a signalé qu’il y a “ beaucoup trop d’hypothèses et que nous ne possédons qu’infiniment peu de faits ”. Dès lors, on comprend qu’à la lumière de ces faits certains scientifiques tirent la conclusion que la vie est par trop complexe pour surgir inopinément dans un laboratoire bien équipé, et encore moins donc dans un environnement livré à lui-même.
Si la science, dans ses derniers progrès, ne peut démontrer que la vie soit apparue d’elle-même, pourquoi certains scientifiques s’accrochent-ils à ces théories ? On peut en avoir une idée à travers ces propos tenus par le professeur John Bernal il y a une trentaine d’années dans son livre L’origine de la vie : “ En appliquant les stricts canons de la méthode scientifique à ce sujet [la génération spontanée de la vie], il est possible de démontrer officiellement comment, à plusieurs moments de cette histoire, la vie aurait pu ne pas apparaître ; les improbabilités sont trop grandes, les chances de l’émergence de la vie trop petites. ” Et d’ajouter : “ Malheureusement pour ce point de vue, la vie est présente sur la Terre, dans toute la multiplicité de ses formes et de ses activités, et c’est à expliquer son existence que les arguments doivent être pliés. ” Or, la situation ne s’est pas améliorée.
Comprenez-vous ce que sous-entend ce raisonnement ? Il revient à dire : ‘ Scientifiquement parlant, il est correct de dire que la vie ne peut avoir commencé d’elle-même. Mais l’apparition spontanée de la vie est la seule possibilité que nous prendrons en considération. D’où la nécessité de plier les arguments de telle sorte qu’ils étayent l’hypothèse d’une apparition spontanée de la vie. ’ Êtes-vous d’accord avec une telle logique ? N’exige-t-elle pas de “ plier ” un nombre important de faits ?
Mais il y a aussi des hommes de science compétents et respectés qui ne jugent pas nécessaire de plier les faits pour les adapter à la philosophie du moment sur l’origine de la vie. Ils préfèrent laisser les faits les amener à une conclusion raisonnable. Quels sont ces faits et cette conclusion ?
Informations et intelligence
Interviewé dans le cadre d’un documentaire, le professeur Maciej Giertych, éminent généticien de l’institut de dendrologie de l’Académie polonaise des sciences, a donné la réponse suivante :
“ Nous savons aujourd’hui que les gènes sont porteurs d’une masse d’informations. La science est incapable d’expliquer comment ces informations peuvent apparaître spontanément. Elles réclament une intelligence ; leur apparition ne peut être le fruit d’événements aléatoires. Il ne suffit pas de mélanger des lettres pour obtenir des mots. ” “ Pour ne citer qu’un exemple, a-t-il ajouté, il fallait que le système très complexe de réplication ADN/ARN/protéine qui fonctionne dans la cellule soit parfait dès le départ. Autrement, les systèmes vitaux n’auraient pu exister. La seule explication logique, c’est que cette énorme quantité d’informations émanaient d’une intelligence. ”
Plus on en apprend sur les prodiges de la vie, plus il apparaît logique de se ranger à cette conclusion : l’origine de la vie ne s’explique que par une source intelligente. Quelle est cette source ?
Comme nous l’avons déjà dit, des millions de personnes instruites estiment que la vie sur la terre est forcément le produit d’une intelligence supérieure, d’un créateur. Après avoir examiné la question objectivement, elles ont jugé que, même en une époque aussi acquise à la science que la nôtre, il est raisonnable de partager l’opinion de ce poète de la Bible qui, il y a bien longtemps, a dit de Dieu : “ Auprès de toi est la source de la vie. ” — Psaume 36:9.
Que vous en soyez ou non convaincu à présent, intéressons-nous à quelques merveilles de la nature qui vous concernent personnellement. Outre son aspect instructif, cet examen peut éclairer considérablement cette question relative à notre existence.
[Encadré, page 30]
Quelles probabilités pour le hasard ?
“ Le hasard, et lui seul, est responsable de tout, depuis la soupe primitive jusqu’à l’homme. ” Ainsi s’est exprimé le prix Nobel Christian de Duve à propos de l’origine de la vie. Mais est-il vraiment rationnel d’attribuer la vie au hasard ?
Et d’abord, qu’est-ce que le hasard ? Certains pensent au hasard en termes de probabilité mathématique ; jouer à pile ou face relève de ce hasard-là. Toutefois, ce n’est pas ce sens que de nombreux scientifiques donnent au mot “ hasard ” en rapport avec l’origine de la vie. Ils utilisent ce terme vague comme substitut d’un mot plus précis tel que “ cause ”, surtout quand cette cause est inconnue.
“ Personnifier le ‘ hasard ’ comme s’il s’agissait d’un agent causal, fait remarquer le biophysicien Donald MacKay, c’est opérer un glissement illégitime d’un concept scientifique vers un concept mythologique quasi religieux. ” De même, Robert Sproul écrit : “ Cela fait si longtemps que l’on appelle ‘ hasard ’ la cause inconnue que les gens commencent à oublier qu’il y a eu substitution. [...] Dans l’esprit de beaucoup, la proposition ‘ hasard égale cause inconnue ’ est devenue ‘ hasard égale cause ’. ”
C’est le raisonnement que tenait par exemple le prix Nobel Jacques Monod. “ Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, [est] à la racine même du prodigieux édifice de l’évolution ”, a-t-il écrit. “ L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers d’où il a émergé par hasard. ” Remarquez qu’il dit : ‘ PAR hasard. ’ Comme beaucoup d’autres, il élève le hasard au rang de principe créateur. Le hasard est présenté comme le moyen par lequel la vie est apparue sur la terre.
Les dictionnaires montrent d’ailleurs que le “ hasard ” est “ la puissance considérée comme la cause d’événements apparemment fortuits ou inexplicables ”. Quand donc quelqu’un dit que la vie est venue par hasard, il dit en fait qu’elle est venue par une puissance causale qui n’est pas connue. Se pourrait-il que certains mettent en quelque sorte une capitale au mot “ Hasard ”, le faisant équivaloir à Créateur ?
[Encadré, page 35]
“ [La plus petite bactérie] présente beaucoup plus de similitudes avec un homme qu’avec les mixtures chimiques de Stanley Miller, car elle possède déjà ces propriétés systémiques. Il y a donc moins d’écart entre une bactérie et un homme qu’entre un mélange d’acides aminés et cette bactérie. ” — Lynn Margulis, professeur de biologie.
[Encadré/Illustration, pages 36, 37]
Classique mais discutable
L’expérience réalisée par Stanley Miller en 1953 est souvent citée comme preuve qu’il aurait pu y avoir génération spontanée dans le passé. Cependant, la validité de cette théorie repose sur l’hypothèse d’une atmosphère initiale “ réductrice ”, c’est-à-dire ne contenant qu’une infime proportion d’oxygène libre (non lié chimiquement). Pourquoi ce postulat ?
L’ouvrage The Mystery of Life’s Origin : Reassessing Current Theories [Le mystère de l’origine de la vie : remise en cause des théories actuelles] explique qu’en présence de grandes quantités d’oxygène libre ‘ aucun acide aminé ne se serait formé, et si, par chance, il s’en était formé, il se serait décomposé rapidement ’a. Que penser de l’hypothèse de Miller sur cette atmosphère dite primitive ?
Dans un article qui a fait date, publié deux ans après son expérience, Stanley Miller écrivait : “ Il s’agit là évidemment d’hypothèses, car nous ne savons pas si la Terre possédait une atmosphère réductrice lors de sa formation. [...] Aucune preuve directe n’a encore été trouvée. ” — Journal of the American Chemical Society, 12 mai 1955.
A-t-on trouvé ces preuves par la suite ? Environ 25 ans plus tard, l’auteur scientifique Robert Cowen signalait : “ Les scientifiques doivent repenser certaines de leurs suppositions. [...] Rien pour ainsi dire n’est venu étayer l’idée d’une atmosphère fortement réductrice, riche en hydrogène, certains faits témoignant même du contraire. ” — Technology Review, avril 1981.
Et depuis ? En 1991, John Horgan écrivait qu’au cours de la décennie écoulée les hypothèses d’Urey et de Miller sur l’atmosphère avaient été de plus en plus remises en question. Il ajoutait : “ En effectuant des expériences et en reconstituant par ordinateur l’atmosphère primitive, plusieurs équipes ont découvert qu’à l’origine les rayons ultraviolets du Soleil, actuellement filtrés par la couche d’ozone, auraient dissocié les gaz hydrogénés de l’atmosphère. [...] L’activation de ces gaz [dioxyde de carbone et azote] ne produit ni des acides aminés ni d’autres précurseurs de la vie. ” — Pour la science.
Dès lors, pourquoi sont-ils si nombreux à continuer de défendre l’idée d’une atmosphère terrestre initialement réductrice, ne contenant que peu d’oxygène ? Dans leur livre Molecular Evolution and the Origin of Life [L’évolution moléculaire et l’origine de la vie], Sidney Fox et Klaus Dose répondent : il faut nécessairement que l’atmosphère ait été pauvre en oxygène parce que, d’une part, “ les expériences réalisées en laboratoire montrent que l’oxygène aurait considérablement entravé l’évolution chimique ” et que, d’autre part, les composés tels que les acides aminés “ ne sont pas stables à l’échelle géologique en présence d’oxygène ”.
N’est-ce pas le chat qui se mord la queue ? L’atmosphère initiale était réductrice, nous dit-on, parce qu’autrement la génération spontanée de la vie n’aurait pas pu se produire. Mais, en fait, rien ne prouve qu’elle ait été effectivement réductrice.
Autre détail qui a son importance : si le mélange gazeux représente l’atmosphère, que les décharges électriques jouent le rôle de la foudre et que l’eau en ébullition simule l’océan, à qui ou à quoi le savant ayant préparé et réalisé l’expérience correspond-il ?
[Note de l’encadré]
a L’oxygène est un élément très réactif. Cette propriété l’amène, par exemple, à se combiner avec le fer pour former de la rouille ou avec l’hydrogène pour former de l’eau. S’il y avait beaucoup d’oxygène libre dans une atmosphère où s’assemblent des acides aminés, celui-ci se combinerait rapidement avec eux et démantèlerait les molécules organiques à mesure de leur formation.
[Encadré, page 38]
Droite, gauche
Tout le monde sait qu’il existe des gants pour main droite et des gants pour main gauche. Le même phénomène existe pour les acides aminés (on parle de chiralité). Sur la centaine d’acides aminés connus, 20 seulement entrent dans la composition des protéines et tous sont de type “ gauche ”. Quand les scientifiques reproduisent en laboratoire les réactions qu’ils supposent s’être déroulées dans une soupe prébiotique, ils obtiennent autant d’acides aminés de type droit que de type gauche. Selon le New York Times, “ cette proportion de 50 % n’est pas caractéristique de la vie, qui dépend exclusivement des acides aminés de type gauche ”. Pourquoi les organismes vivants sont-ils composés uniquement d’acides aminés de ce type ? C’est là “ un grand mystère ”. Même les acides aminés trouvés dans les météorites “ présentent une proportion plus importante de type gauche ”. De l’avis du professeur Jeffrey Bada, spécialiste des problèmes concernant l’origine de la vie, “ quelque influence extérieure à la terre pourrait être intervenue pour déterminer la chiralité des acides aminés biologiques ”.
[Encadré, page 40]
“ Ces expériences... veulent conclure à une synthèse abiotique pour ce qui a en fait été produit et conçu par un homme très intelligent et on ne peut plus biotique dans le but de confirmer des idées en faveur desquelles il s’était largement engagé. ” — Origin and Development of Living Systems.
[Encadré/Illustration, page 41]
“ Un acte intellectuel délibéré ”
L’astronome britannique Fred Hoyle a consacré plusieurs dizaines d’années de son existence à l’étude de l’univers et de la vie. Il en est arrivé à penser que la vie sur terre est venue de l’espace. Dans un exposé présenté au California Institute of Technology, voici ce qu’il a dit concernant l’ordre des acides aminés dans les protéines.
“ Le gros problème en biologie n’est pas tant le fait relativement évident qu’une protéine est constituée d’une chaîne d’acides aminés reliés entre eux d’une certaine manière, mais plutôt que l’ordre précis des acides aminés confère à cette chaîne des propriétés remarquables [...]. Si les acides aminés étaient assemblés au hasard, il y aurait un très grand nombre de combinaisons qui ne seraient d’aucune utilité à la cellule vivante. Quand on sait qu’une enzyme de taille moyenne possède une chaîne de peut-être 200 maillons et qu’il existe 20 possibilités pour chaque maillon, on comprend aisément que le nombre de combinaisons inutiles est énorme ; en fait, il dépasse le nombre d’atomes existant dans toutes les galaxies observables par les plus grands télescopes. Cela, c’est pour une enzyme, et il en existe plus de 2 000, dont la plupart ont des propriétés très différentes les unes des autres. Alors, comment en est-on arrivé là ? ”
Et l’astronome d’ajouter : “ Au lieu d’accepter la probabilité fantastiquement faible que l’apparition de la vie puisse être le fruit des forces aveugles de la nature, il semble préférable de supposer que l’origine de la vie fut un acte intellectuel délibéré. ”
[Encadré, page 44]
Le professeur Michael Behe a écrit : “ Pour qui ne se croit pas obligé de limiter ses recherches à des causes inintelligentes, la conclusion la plus évidente est que beaucoup de systèmes biochimiques ont été conçus. Ils n’ont été conçus ni par les lois de la nature ni par le hasard et la nécessité ; ils ont plutôt été prévus. [...] La vie sur la terre, dans ses formes les plus élémentaires, dans ses composantes les plus essentielles, est le produit d’une activité intelligente. ”
[Schéma/Illustration, page 42]
(Voir la publication)
Chaque cellule du corps est un univers complexe. Un simple aperçu de ses multiples fonctions suffit à soulever la question de son origine.
• Membrane cellulaire
Elle contrôle ce qui entre et sort de la cellule
• Noyau
Il gère les activités de la cellule
• Chromosomes
Ils renferment l’ADN de la cellule, l’original de son plan génétique
• Ribosomes
Structures où sont assemblées les protéines
• Nucléole
Structure où sont assemblés les ribosomes
• Mitochondries
Centres de production des molécules qui fournissent l’énergie à la cellule
[Illustration, page 33]
Désormais, de nombreux scientifiques admettent l’impossibilité que les molécules complexes indispensables à la vie aient pu apparaître spontanément dans quelque soupe prébiotique.
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Vous êtes unique !Y a-t-il un Créateur qui se soucie de vous ?
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Chapitre quatre
Vous êtes unique !
TOUS les matins, avant de partir pour vos activités, vous regardez-vous rapidement dans la glace pour vérifier votre apparence ? Peut-être n’avez-vous guère le temps alors de vous arrêter sur ce que vous voyez. Mais prenons quelques instants pour réfléchir et pour nous émerveiller de tout ce qu’implique ce simple coup d’œil.
Vos yeux vous permettent de vous voir en couleur, ce qui n’est pourtant pas indispensable à votre vie. La position de vos oreilles vous permet d’entendre en stéréophonie, et ainsi de localiser la source des sons — une voix qui vous est chère, par exemple. S’il vous semble n’y avoir là rien de bien extraordinaire, notez cette remarque relevée dans un ouvrage destiné aux techniciens du son : “ Quand on examine le système auditif humain en détail, il est difficile de ne pas voir dans la complexité avec laquelle ses fonctions et ses structures sont conçues l’intervention de quelque main bienfaisante. ”
Votre nez aussi témoigne d’une conception merveilleuse. Outre qu’il vous permet d’inspirer l’air dont vous avez besoin pour vivre, il possède des millions de récepteurs sensoriels qui vous rendent capable de distinguer quelque 10 000 nuances dans les odeurs. Quand vous mangez, un autre sens entre en jeu par l’intermédiaire de milliers de papilles gustatives qui vous révèlent les saveurs des aliments. Votre langue porte aussi d’autres récepteurs qui vous aident à vérifier la propreté de vos dents.
Ainsi, vous avez cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. Et même si certains animaux ont une meilleure vision nocturne, un odorat plus subtil ou une ouïe plus fine, l’addition de ces cinq sens permet à l’homme d’exceller dans bien des domaines.
Mais voyons un peu pourquoi nous sommes avantagés par ces aptitudes et ces capacités. Toutes dépendent d’un organe de moins de un kilo et demi que nous avons dans la tête : notre cerveau. Si les animaux sont eux aussi pourvus d’un cerveau, celui de l’homme est un cas à part qui fait de nous des êtres indéniablement uniques. En quel sens ? Et quel rapport cette unicité a-t-elle avec notre désir d’avoir une vie longue et qui ait un sens ?
Prodigieux cerveau
Pendant des années, on a comparé le cerveau humain à un ordinateur. Aujourd’hui, cependant, on s’aperçoit à la lumière de découvertes récentes que cette comparaison est loin de refléter la réalité. “ Comment se faire une petite idée du fonctionnement d’un organe qui possède quelque chose comme 50 milliards de neurones pour un million de milliards de synapses (connexions), et qui enregistre peut-être 10 millions de milliards d’impulsions par seconde ? ” demande le docteur Richard Restak. Et de répondre : “ Le rendement des ordinateurs neuronaux les plus puissants [...] représente environ un dix-millième de la capacité mentale d’une mouche. ” L’ordinateur ne soutient donc pas la comparaison avec le cerveau humain, qui lui est infiniment supérieur.
Quel ordinateur construit par l’homme est capable de se réparer tout seul, de récrire son programme ou de s’améliorer avec les années ? Quand un système informatique a besoin d’une mise au point, un programmeur doit écrire et saisir de nouvelles instructions codées. Notre cerveau réalise cette opération automatiquement, et ce à tout âge. Il n’y a rien d’exagéré à dire que les ordinateurs les plus modernes sont vraiment primitifs, comparés au cerveau. Des scientifiques ont dit de lui qu’il est “ la plus compliquée des structures connues ” et “ l’objet le plus complexe de l’univers ”. Considérons quelques-unes des découvertes qui ont amené de nombreuses personnes à la conclusion que le cerveau humain est l’œuvre d’un Créateur bienveillant.
Utiliser ou perdre
Des inventions utiles comme la voiture ou l’avion sont limitées à la base par la fixité des mécanismes et des systèmes électriques conçus et installés par les hommes. Il en va tout autrement de notre cerveau qui est, lui, un système ou mécanisme biologique d’une extraordinaire souplesse. Il se modifie continuellement en fonction de la façon — bonne ou mauvaise — dont il est utilisé. Il semble que deux grands facteurs interviennent dans le développement du cerveau au cours de notre vie : d’une part, les informations qui lui parviennent par l’intermédiaire de nos sens, et, d’autre part, nos choix de pensées.
Sans rejeter totalement l’influence de l’hérédité sur les facultés mentales, les chercheurs expliquent aujourd’hui que notre cerveau n’est pas figé par nos gènes au moment de la conception. “ Personne ne soupçonnait que le cerveau fût autant capable de se modifier que la science le sait à présent ”, a écrit Ronald Kotulak, lauréat du prix Pulitzer. Après avoir interrogé plus de 300 chercheurs, il a tiré la conclusion suivante : “ Le cerveau n’est pas un organe statique ; c’est une masse de connexions cellulaires en constant changement et profondément influencées par l’expérience. ” — Inside the Brain.
L’expérience n’est toutefois pas le seul moyen de façonner notre cerveau. Nos pensées interviennent également. Les scientifiques ont découvert que le cerveau des individus qui restent actifs mentalement présente jusqu’à 40 % de connexions (synapses) de plus entre les cellules nerveuses (neurones) que le cerveau de ceux qui sont mentalement paresseux. Les travaux en neurosciences l’ont démontré : en matière de capacité cérébrale, la règle, c’est utiliser ou perdre. Qu’en est-il des personnes âgées ? S’il semble que le vieillissement s’accompagne d’une perte de cellules du cerveau et l’âge avancé de troubles de la mémoire, il apparaît cependant que cette perte est beaucoup moins importante qu’on ne le pensait autrefois. Un article de la revue National Geographic consacré au cerveau humain a fait le constat suivant : “ Les personnes âgées [...] gardent la capacité de créer de nouvelles connexions et de préserver les anciennes par l’activité mentale. ”
Ces découvertes récentes sur la souplesse du cerveau font écho à certains conseils donnés dans la Bible. Ce livre de sagesse encourage en effet ses lecteurs à ‘ se transformer en renouvelant leur intelligence ’ ou encore à ‘ se renouveler ’ en nourrissant leur esprit de la “ connaissance exacte ”. (Romains 12:2 ; Colossiens 3:10.) Les Témoins de Jéhovah constatent ce phénomène chez les gens qui étudient la Bible et mettent ses préceptes en pratique. Des centaines de milliers de personnes de toute origine sociale et de tout niveau d’instruction l’ont fait. Résultat : tout en conservant leur individualité, elles sont devenues plus heureuses et plus équilibrées, manifestant ce qu’un homme du Ier siècle appelait du “ bon sens ”. (Actes 26:24, 25.) Ces résultats sont dus essentiellement à une bonne utilisation d’une partie du cortex cérébral située sur le devant de la tête.
Le lobe frontal
La plupart des neurones qui se trouvent dans la couche externe du cerveau, le cortex cérébral, ne sont pas reliés directement aux muscles ou aux organes sensoriels. C’est le cas, par exemple, des milliards de neurones du lobe frontal (voir l’illustration de la page 56). Des observations du cerveau par IRM montrent que le lobe frontal s’active quand on pense à un mot ou que l’on fait fonctionner sa mémoire. Si vous êtes ce que vous êtes, c’est notamment à la partie antérieure de votre cerveau que vous le devez.
“ Le cortex préfrontal [...] joue un rôle important dans l’élaboration de la pensée, l’intelligence, la motivation et la personnalité. Il met en relation les éléments du vécu nécessaires à la production d’idées abstraites, du jugement, de la persévérance, de la planification, du souci des autres et de la conscience. [...] C’est ce qui est élaboré dans cette région qui distingue les êtres humains des autres animaux. ” (Human Anatomy and Physiology, de Elaine Marieb). Nous avons des preuves de cette distinction dans ce que les humains accomplissent dans des domaines comme les mathématiques, la philosophie ou la justice, qui font appel principalement au cortex préfrontal.
Pourquoi les humains possèdent-ils un cortex préfrontal souple et volumineux qui leur confère de puissantes facultés mentales alors que, chez les animaux, cette région du cerveau est rudimentaire, voire inexistante ? Le contraste est si frappant que les biologistes défenseurs de l’évolution parlent de la “ mystérieuse explosion de la taille du cerveau ”. À propos des dimensions remarquables de notre cortex cérébral, le professeur de biologie Richard Thompson a reconnu : “ Pour l’instant, nous ne comprenons pas très bien pourquoi cela est arrivé. ” Se pourrait-il que ce soit parce que l’homme a été créé avec cette capacité cérébrale sans équivalent ?
Des dons de communication incomparables
D’autres parties du cerveau contribuent à notre unicité. À l’arrière du cortex préfrontal se trouve une bande transversale : le cortex moteur. Il contient des milliards de neurones connectés à nos muscles. Lui aussi possède des caractéristiques qui nous rendent très différents des singes et des autres animaux. Le cortex moteur primaire nous donne “ 1) la capacité exceptionnelle d’utiliser la main, les doigts et le pouce pour accomplir des tâches manuelles exigeant une grande dextérité, et 2) la faculté d’utiliser la bouche, les lèvres, la langue et les muscles faciaux pour parler ”. — Textbook of Medical Physiology, d’Arthur Guyton.
Considérons pendant quelques instants ce qui se passe dans le cortex moteur pour que vous puissiez parler. Plus de la moitié de cette région du cerveau est consacrée aux organes de la communication, ce qui explique les incomparables talents de communicateurs des humains. Bien que les mains interviennent dans la communication (écriture, gestes, langue des signes), c’est généralement la bouche qui tient le rôle principal. Le langage humain, du premier mot prononcé par un bébé à la voix d’une personne âgée, est incontestablement un prodige. Entre la langue, les lèvres, la mâchoire, la gorge et la poitrine, ce sont en tout une centaine de muscles qui agissent de concert pour produire une infinité de sons. Voyez le contraste : alors qu’une cellule du cerveau peut commander 2 000 fibres musculaires du mollet d’un athlète, celles qui sont dévolues au fonctionnement du larynx peuvent n’agir que sur 2 ou 3 fibres musculaires. N’est-ce pas là un indice que notre cerveau est spécialement conçu pour la communication ?
Chaque phrase que vous prononcez, aussi courte soit-elle, requiert un ensemble spécifique de mouvements musculaires. Le sens de la moindre expression peut changer en fonction de l’ampleur du mouvement et de la coordination extrêmement précise de plusieurs dizaines de muscles. Selon le docteur William Perkins, spécialiste du langage, “ à vitesse normale, nous émettons environ 14 sons à la seconde. C’est deux fois la vitesse à laquelle nous sommes capables de maîtriser notre langue, nos lèvres, notre mâchoire et les autres parties de notre appareil vocal quand nous les animons séparément. Mais quand on les sollicite toutes ensemble pour parler, elles se comportent comme les doigts d’une dactylo ou d’un pianiste virtuose. Leurs mouvements se chevauchent en une symphonie magnifique de précision ”.
“ Comment vas-tu aujourd’hui ? ” L’information dont vous avez besoin pour poser cette question toute simple est stockée dans ce qu’on appelle l’aire de Broca, une région du lobe frontal, que certains considèrent comme le centre de la parole. Le prix Nobel et spécialiste des neurosciences John Eccles a écrit : “ Rien chez les primates supérieurs ne correspond à l’aire antérieure du langage découverte par Broca. ” Même si l’on trouve un jour des aires similaires chez des animaux, cela ne changera rien au fait que les scientifiques ne parviennent pas à faire prononcer à des singes plus que quelques sons simples du langage articulé. Rien à voir avec le langage complexe que vous êtes capable de produire en combinant des mots selon la grammaire de votre langue. L’aire de Broca vous y aide, tant oralement qu’à l’écrit.
Bien sûr, le miracle de la parole ne peut s’opérer qu’à la condition de connaître au moins une langue et d’en comprendre les mots. Cela fait intervenir une autre partie de votre cerveau appelée aire de Wernicke. Là, des milliards de neurones discernent la signification des mots prononcés ou écrits. L’aire de Wernicke vous permet de saisir le sens des déclarations, de comprendre ce que vous entendez ou lisez, de sorte que vous êtes à même d’assimiler une information et d’agir en conséquence.
Mais votre capacité d’élocution implique d’autres choses encore. Par exemple, un simple “ bonjour ” peut dire beaucoup. Le ton sur lequel vous le prononcez indique si vous êtes heureux, excité, ennuyé, pressé, irrité, triste ou effrayé, et il peut même traduire certains degrés dans ces états affectifs. Cette composante émotionnelle du langage dépend d’une autre région de votre cerveau. Ainsi, lorsque vous communiquez, diverses parties de votre cerveau sont mises à contribution.
Des chimpanzés ont appris quelques éléments du langage des signes, mais l’utilisation de ces derniers se limite essentiellement à réclamer de la nourriture ou à faire connaître des besoins élémentaires. Le professeur David Premack fait partie de ceux qui ont enseigné à des chimpanzés des éléments simples de communication non verbale. “ Le langage humain, dit-il, est bien embarrassant pour la théorie évolutionniste, car il est infiniment plus puissant que nous ne pouvons l’expliquer. ”
Nous pourrions nous demander : ‘ Pourquoi les humains sont-ils dotés de ce don merveilleux de communiquer des pensées et des sentiments, de se poser des questions et d’y répondre ? ’ Un ouvrage de référence (The Encyclopedia of Language and Linguistics) fait observer que “ le langage [humain] est spécial ” et que “ la recherche de précurseurs dans la communication animale ne permet guère de combler le fossé énorme qui sépare le langage et la parole de comportements non humains ”. Résumant cette différence, le professeur Ludwig Koehler a écrit : “ Le langage humain est un secret ; c’est un don divin, un miracle. ”
Quelle différence entre les signes utilisés par un singe et l’aptitude d’un enfant à manier une langue complexe ! Le professeur Eccles a fait allusion à ce que la plupart d’entre nous avons déjà observé, à savoir la capacité “ que déploient nos enfants dès la troisième année dans le déluge de questions par lesquelles ils cherchent à comprendre leur univers ”. Il a ajouté : “ Les anthropoïdes, eux, ne posent pas de questions. ” De fait, les humains sont les seuls à formuler des interrogations, des interrogations concernant notamment le sens de la vie.
Mémoire et autres prodiges
Quand vous vous regardez dans une glace, vous pouvez vous rappeler à quoi vous ressembliez quand vous étiez plus jeune, imaginer comment vous serez d’ici quelques années, ou quelle apparence vous aurez en utilisant des cosmétiques. Alors que vous pensez à cela presque inconsciemment, quelque chose de très particulier se passe, un phénomène qui ne se produit chez aucun animal.
À la différence des animaux, qui ne vivent et n’agissent généralement qu’en fonction de besoins immédiats, les humains sont capables de réfléchir au passé et d’envisager l’avenir. Cette faculté est due à la capacité de mémorisation presque illimitée du cerveau. Même si les animaux ne sont pas dénués d’une certaine mémoire, qui leur permet de retrouver leur chemin ou de se rappeler où ils ont caché de la nourriture, les humains les surpassent très largement dans ce domaine. Un scientifique a estimé que notre cerveau pourrait stocker des informations qui “ rempliraient plus de 20 millions de volumes, autant que dans l’ensemble des plus grandes bibliothèques du monde ”. Certains spécialistes pensent qu’au cours de sa vie une personne n’utilise en moyenne qu’un dix-millième (un centième de 1 %) de ses facultés cérébrales. Vous pourriez donc très justement vous demander pourquoi nous possédons un cerveau doté d’un tel potentiel si c’est pour n’en utiliser qu’une infime partie au cours d’une existence normale.
Notre cerveau ne se résume pas non plus à une vaste banque de données, sorte de superordinateur. Les professeurs de biologie Robert Ornstein et Richard Thompson ont écrit à ce propos : “ La faculté qu’a l’intelligence humaine d’apprendre, d’emmagasiner et de retenir de nouvelles informations, est un des phénomènes les plus remarquables de l’univers biologique. Tout ce qui fait de nous des humains — le langage, la pensée, la connaissance, la culture — est le résultat de cette extraordinaire aptitude. ”
Qui plus est, vous avez un esprit conscient. Ce constat vous semble peut-être une évidence, mais il énonce une caractéristique qui fait incontestablement de vous quelqu’un d’exceptionnel. On a défini l’esprit comme “ l’entité insaisissable où résident l’intelligence, la prise de décision, la perception et la conscience de soi ”. À l’image des ruisseaux, des rivières et des fleuves qui alimentent sans arrêt la mer, les souvenirs, les pensées, les images, les sons et les sentiments pénètrent constamment notre esprit. La conscience, dit une définition, est “ la perception qu’un homme a de ce qui se passe dans son esprit ”.
La recherche a fait de grands progrès dans la compréhension des structures physiques et des mécanismes électrochimiques du cerveau. On sait également décrire les circuits et le fonctionnement d’un ordinateur. Cependant, il y a un abîme entre le cerveau et un ordinateur. Le premier vous rend conscient de votre existence, alors que le second n’est absolument pas conscient de la sienne. D’où vient cette différence ?
À vrai dire, on ignore comment et pourquoi la conscience surgit de processus physiques cérébraux. “ Je ne vois pas comment une science, quelle qu’elle soit, peut l’expliquer ”, a dit un neurobiologiste. Le professeur James Trefil a fait, lui, ce commentaire : “ Que signifie au juste pour un être humain être conscient [...], voilà la seule question scientifique importante que nous ne savons même pas comment formuler. ” L’une des raisons est que les scientifiques se servent du cerveau pour essayer de comprendre le cerveau. Par ailleurs, peut-être n’est-il pas suffisant d’étudier le cerveau uniquement sous l’aspect physiologique. La conscience est “ l’un des plus grands mystères de l’existence ”, a écrit le professeur David Chalmers, mais “ la connaissance des mécanismes physiques du cerveau semble insuffisante pour comprendre la nature de la conscience ”.
Quoi qu’il en soit, chacun d’entre nous fait l’expérience de la conscience. Par exemple, les souvenirs marquants que nous avons d’événements passés ne sont pas de simples faits emmagasinés, comme des données dans un ordinateur. Nous sommes capables de réfléchir à ce que nous avons vécu, d’en tirer des leçons et de les utiliser pour façonner notre avenir. Nous sommes capables aussi d’envisager plusieurs scénarios et d’évaluer les conséquences possibles de chacun d’eux. Nous avons la faculté d’analyser, de créer, d’apprécier et d’aimer. Nous pouvons prendre plaisir à faire rouler d’agréables conversations sur le passé, le présent et l’avenir. Nous avons des valeurs éthiques que nous sollicitons pour faire des choix de conduite qui peuvent être ou ne pas être d’un profit immédiat. Nous sommes sensibles à la beauté dans le domaine des arts et de la morale. Nous pouvons mentalement forger des idées, les modifier et deviner comment les gens vont réagir si nous les mettons à exécution.
Tous ces facteurs engendrent une conscience de soi qui distingue les humains des autres formes de vie sur la terre. Un chien, un chat ou un oiseau qui se voit dans une glace réagit comme s’il avait affaire à un autre individu de son espèce. Mais vous, quand vous vous regardez dans un miroir, vous êtes conscient de votre existence, vous savez que vous êtes cette personne dotée des facultés dont nous venons de parler. Vous êtes capable de vous demander par exemple pourquoi, alors que certaines tortues vivent 150 ans et certains arbres plus de 1 000 ans, un humain doté de raison a les honneurs de la presse quand il atteint l’âge de 100 ans. Selon le docteur Richard Restak, “ le cerveau humain, et le cerveau humain seul, a la faculté de prendre du recul sur lui-même et de surveiller son fonctionnement, et donc d’atteindre à un certain degré de transcendance. En réalité, la faculté que nous avons de récrire un scénario que nous avons nous-mêmes conçu et de réévaluer notre place dans le monde est ce qui nous distingue de toutes les autres créatures dans le monde ”.
La conscience humaine en déconcerte plus d’un. Tout en privilégiant une explication purement biologique, l’auteur du livre Life Ascending (La vie qui s’élève) admet : “ Quand on se demande comment un processus [l’évolution] qui s’apparente à un jeu de hasard, avec de terribles pénalisations pour les perdants, aurait pu générer des qualités comme l’amour de la beauté et de la vérité, la compassion, la liberté et, surtout, les extraordinaires capacités de l’esprit humain, on reste perplexe. Plus nous réfléchissons aux ressources de notre esprit, plus cette perplexité augmente. ” Effectivement. Nous pourrions d’ailleurs compléter notre réflexion sur l’unicité humaine en nous intéressant maintenant à quelques manifestations de la conscience qui font dire à beaucoup qu’il doit forcément exister un Créateur intelligent qui se soucie de nous.
Art et beauté
“ Pourquoi les gens vouent-ils une telle passion à l’art ? ” s’interroge le professeur Michael Leyton dans son livre Symmetry, Causality, Mind (Symétrie, causalité, esprit). Comme il le fait remarquer, certains diront que les humains retirent un avantage indéniable d’activités mentales comme les mathématiques, mais quel est l’intérêt de l’art ? Et de rappeler qu’on se déplace de loin pour visiter des expositions ou assister à des concerts. De quel sens cet intérêt relève-t-il ? Dans le même ordre d’idées, partout dans le monde on voit les gens accrocher des photos ou des tableaux qui leur plaisent aux murs de leur maison ou de leur bureau. Et que dire de la musique ? La plupart d’entre nous sommes sensibles à un style de musique, que nous aimons écouter chez nous ou en conduisant. Pourquoi ? Ce n’est manifestement pas parce que la musique aurait contribué autrefois à la survivance du plus adapté. Pour le professeur Leyton, “ l’art est peut-être le phénomène le plus inexplicable de l’espèce humaine ”.
Pourtant, nous savons tous que notre sensibilité à l’art et à la beauté contribue à ce que nous nous sentions “ humains ”. Un animal peut s’asseoir au sommet d’une colline et regarder les couleurs du ciel, mais est-il touché par la beauté en tant que telle ? Un torrent de montagne qui miroite au soleil, une forêt tropicale humide dans sa prodigieuse diversité, une plage bordée de palmiers, le velours noir d’un ciel constellé : qui d’entre nous reste indifférent à pareils spectacles ? Leur beauté nous émeut et agit sur notre moral. Comment l’expliquer ?
Pourquoi cette attirance innée pour des choses qui, en fait, contribuent si peu à notre survie ? D’où tenons-nous ce sens de l’esthétique ? Si l’on écarte l’idée d’un Créateur qui aurait implanté ces valeurs en l’homme au départ, ces questions restent sans réponse. Et cela vaut aussi pour la beauté des qualités morales.
Les valeurs morales
Beaucoup voient dans les belles actions la forme de beauté suprême. Partout dans le monde, la fidélité à des principes même sous la persécution, l’abnégation pour soulager la souffrance d’autrui ou le pardon accordé à un offenseur sont des actes qui font vibrer la fibre morale de personnes réfléchies. C’est le genre de beauté qu’évoque ce proverbe de la Bible : “ Oui, la perspicacité d’un homme retarde sa colère, et sa beauté est de passer sur la transgression. ” Ou cet autre : “ La chose désirable chez l’homme tiré du sol, c’est sa bonté de cœur. ” — Proverbes 19:11, 22.
Nous savons tous que si certains individus, et même des groupes entiers, méprisent ou piétinent les principes moraux élevés, ce n’est pas le cas de la majorité. D’où viennent ces valeurs morales qu’on retrouve presque partout et à toutes les époques ? S’il n’existe pas de Source de la moralité, pas de Créateur, la notion du bien et du mal est-elle tout bonnement une invention de l’homme, un fruit de la société humaine ? Voyez le meurtre, par exemple. La plupart des individus et des communautés le jugent mauvais. Mais mauvais par rapport à quoi ? Manifestement, il y a un sens moral qui imprègne la société humaine en général et qui se retrouve dans les lois de nombreux pays. D’où vient cette norme morale ? Ne serait-ce pas un Créateur intelligent et possédant des valeurs morales qui aurait doté les humains de la conscience, de cette éthique intuitive ? — Voir Romains 2:14, 15.
Vous pouvez réfléchir à l’avenir et faire des projets
La faculté d’envisager l’avenir est une autre facette de la conscience humaine. À la question de savoir si les humains possèdent des traits distinctifs des animaux, le professeur Richard Dawkins a répondu que l’homme présente effectivement des qualités uniques. Il a mentionné “ l’aptitude à planifier grâce à une anticipation consciente où intervient l’imagination ”. Et d’ajouter : “ En matière d’évolution, l’avantage à court terme a toujours été la seule chose qui compte ; l’avantage à long terme n’a jamais compté. Il n’a jamais été possible que quelque chose évolue si c’était préjudiciable à l’intérêt immédiat, à court terme, de l’individu. Pour la toute première fois, il y a au moins certaines personnes qui sont capables de dire : ‘ Oublions l’avantage à court terme que peut procurer l’abattage de cette forêt ; y a-t-il un avantage à long terme ? ’ Je pense que c’est là quelque chose de vraiment nouveau et d’unique. ”
D’autres chercheurs confirment que l’aptitude humaine à planifier consciemment et à long terme est sans équivalent. Le neurophysiologiste William Calvin a écrit : “ Hormis la préparation hormonale de l’organisme aux rigueurs hivernales et à la période de reproduction, les animaux ne semblent pas prévoir l’avenir plus de quelques minutes à l’avance. ” Les animaux sont capables de faire des réserves de nourriture avant la saison froide, mais il n’y a dans cette activité ni réflexion ni planification. Les humains, eux, réfléchissent à l’avenir, et même à l’avenir lointain. C’est ce que font les savants qui imaginent ce que sera l’univers dans plusieurs milliards d’années. Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi l’homme, si différent de l’animal, est capable de penser à l’avenir et d’élaborer des projets ?
Des humains, la Bible dit : “ Même les temps indéfinis, [le Créateur] les a mis dans leur cœur. ” La Bible du Semeur rend ce passage ainsi : “ Il a implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité. ” (Ecclésiaste 3:11). Nous nous servons quotidiennement de cette faculté si particulière, y compris dans des gestes aussi banals que celui qui consiste à nous regarder dans une glace et à imaginer à quoi nous ressemblerons dans 10 ou 20 ans. Nous confirmons aussi les paroles d’Ecclésiaste 3:11 lorsque nous arrêtons notre pensée, même furtivement, sur la notion de l’infini, que ce soit dans le temps ou dans l’espace. Le seul fait que nous ayons cette aptitude s’harmonise avec l’idée d’un Créateur ayant implanté ‘ le sens de l’éternité dans l’être humain ’.
Attirés vers un Créateur
Bien des gens ne se satisfont pas de s’émouvoir à la beauté, de faire du bien à leurs semblables et de réfléchir à l’avenir. “ Bizarrement, observe le professeur Stephen Evans, même dans nos moments les plus chers, les plus heureux, ceux où nous nous sentons aimés, nous avons souvent l’impression qu’il nous manque quelque chose. Nous nous rendons compte que nous voulons plus, sans savoir ce qu’est ce plus. ” De fait, à la différence des animaux avec qui ils partagent la vie sur cette planète, les humains, conscients, ressentent un autre besoin.
“ La religion est profondément enracinée dans la nature humaine ; elle est présente dans toutes les couches socioéconomiques. ” Telle est la conclusion à laquelle est arrivé le professeur Alister Hardy, qui a fait un compte rendu de ses travaux dans son livre The Spiritual Nature of Man (La nature spirituelle de l’homme). Voilà qui confirme ce que beaucoup d’autres études avaient déjà établi : l’homme a le sens du divin. L’athéisme est le fait d’individus, mais jamais de nations entières. On relève ce constat dans un ouvrage : “ La quête religieuse du sens [...] se rencontre dans toutes les cultures et à toutes les époques depuis l’apparition du genre humain. ” — Is God the Only Reality ?
D’où nous vient cette conscience apparemment innée de l’existence de Dieu ? Si l’homme n’était que le fruit d’un assemblage accidentel d’acides nucléiques et de protéines, pourquoi ces molécules auraient-elles développé une sensibilité à l’art et à la beauté, une dimension religieuse et le sens de l’éternité ?
Pour le professeur John Eccles, la thèse évolutionniste de l’existence de l’homme “ pèche dans un domaine capital. Elle ne peut rendre compte de l’existence de chacun de nous en tant qu’être unique et conscient de ce qu’il est ”. Plus on en apprend sur le fonctionnement du cerveau et de l’esprit humain, mieux on comprend pourquoi des millions de personnes voient dans la conscience que l’homme a de son existence l’intervention d’un Créateur qui se soucie de nous.
Dans le chapitre suivant, nous verrons pourquoi des gens aux modes de vie très différents pensent que cette conclusion logique permet d’apporter des réponses probantes à ces questions fondamentales : pourquoi existons-nous, et où allons-nous ?
[Encadré, page 51]
Le champion d’échecs et l’ordinateur
Quand le superordinateur Deep Blue a battu le champion du monde d’échecs, on s’est demandé s’il ne fallait pas en conclure que Deep Blue était intelligent.
Voici ce qu’a répondu le professeur David Gelernter, de l’Université Yale : “ Non. Deep Blue n’est qu’une machine. Il n’a pas plus d’intelligence qu’un pot de fleurs. [...] Tout ce qu’on peut en dire, c’est que les êtres humains sont de remarquables constructeurs de machines. ”
Le professeur Gelernter a également mis en évidence une différence majeure : “ Le cerveau est une machine capable de créer un ‘ moi ’. Les cerveaux peuvent créer des mondes mentaux, ce dont les ordinateurs sont incapables. ”
Et de conclure : “ Entre l’homme et [l’ordinateur], il y a un fossé permanent qui ne sera jamais comblé. Les machines continueront à nous rendre la vie plus facile, plus saine, plus riche et plus fascinante. Quant aux êtres humains, ils continueront finalement à s’occuper de ce dont ils se sont toujours occupés : d’eux-mêmes, des autres et, pour bon nombre d’entre eux, de Dieu. Dans ces domaines, les machines n’ont jamais rien changé. Et elles ne le feront jamais. ”
[Encadré, page 53]
Superordinateur : niveau escargot
“ Les ordinateurs actuels sont loin d’égaler les aptitudes d’un enfant de 4 ans pour ce qui est de voir, de parler, de se déplacer et de faire preuve de bon sens. C’est d’abord, évidemment, une simple question de puissance informatique. On estime en effet que la capacité de traitement de l’information du plus puissant des superordinateurs est équivalente au système nerveux d’un escargot, autrement dit une fraction infime de la puissance du superordinateur que nous avons sous le crâne. ” — Steven Pinker, directeur du Centre des neurosciences cognitives au Massachusetts Institute of Technology.
[Encadré, page 54]
“ Chez l’homme, le cerveau est constitué presque exclusivement du cortex [cérébral]. À titre de comparaison, le cerveau du chimpanzé possède également un cortex, mais proportionnellement beaucoup plus petit. Notre cortex nous permet de penser, de nous souvenir, d’imaginer. C’est essentiellement notre cortex qui fait de nous des êtres humains. ” — Edoardo Boncinelli, directeur de recherche en biologie moléculaire à Milan.
[Encadré, page 55]
De la physique des particules au cerveau
Le professeur Paul Davies s’est penché sur l’aptitude du cerveau à appréhender le champ abstrait des mathématiques. “ Les mathématiques ne sont pas le genre de choses qu’on trouve dans son arrière-cour. C’est un produit de l’esprit humain. Or, si l’on regarde où les mathématiques marchent le mieux, on s’aperçoit que c’est dans des domaines comme la physique des particules et l’astrophysique, des domaines de la science fondamentale qui sont loin, mais vraiment très loin de notre quotidien. ” Qu’est-ce que cela veut dire ? “ J’en conclus que la conscience et notre aptitude à manipuler les mathématiques ne sont ni de simples coïncidences, ni des détails sans importance, ni des sous-produits insignifiants de l’évolution. ” — Are We Alone ?
[Encadré/Illustrations, pages 56, 57]
(Voir la publication)
Cortex moteur
Lobe frontal
Cortex préfrontal
Aire de Broca
Aire de Wernicke
● Le cortex cérébral est la région du cerveau la plus étroitement liée à l’intelligence. Si l’on dépliait cette structure plissée, on obtiendrait une surface variable selon les espèces : quatre pages (de format 21 × 29,7 cm) pour l’homme ; une page pour le chimpanzé et un timbre-poste pour le rat. — Pour la science.
[Encadré, page 58]
Tous les peuples en ont une
De tous temps, un peuple en rencontrant un autre constatait qu’il parlait lui aussi une langue. Le livre The Language Instinct (L’instinct du langage) déclare : “ On n’a jamais découvert une tribu muette, et il n’existe aucune preuve de l’existence d’une région ayant été le ‘ berceau ’ du langage d’où ce langage se serait étendu à des groupes qui en étaient auparavant dépourvus. [...] L’universalité du langage complexe est une découverte qui déconcerte les linguistes et qui, plus que toute autre raison, porte à croire que le langage est [...] le produit d’un instinct humain particulier. ”
[Encadré, page 59]
Langage et intelligence
En quoi l’intelligence humaine est-elle largement supérieure à celle des animaux, des singes par exemple ? L’une des raisons réside dans l’usage de la syntaxe (l’association de sons pour fabriquer des mots et l’utilisation de mots pour composer des phrases). Le professeur William Calvin, neurophysiologiste théorique, explique :
“ Les chimpanzés sauvages utilisent une trentaine de sons différents pour exprimer une trentaine de messages. Ils répètent les sons pour insister sur le message transmis, mais ils ne savent pas en enchaîner deux pour enrichir leur vocabulaire d’un mot nouveau.
“ Les hommes aussi se servent d’une trentaine de vocalisations, nommées phonèmes, mais seules leurs combinaisons revêtent un sens : nous enchaînons des sons dépourvus de sens pour faire des mots signifiants. ” Le professeur Calvin précise qu’“ on ignore ” comment aurait pu se produire le passage de la règle du monde animal “ un son/un sens ” à la faculté exclusivement humaine d’utiliser la syntaxe.
[Encadré, page 60]
Vous ne vous contentez pas de griffonner
“ L’homme, l’Homo sapiens, est-il seul capable de communiquer par langage ? À l’évidence, la réponse dépend de ce que l’on entend par ‘ langage ’ — car il est certain que tous les animaux supérieurs communiquent par une grande variété de signes, tels que des gestes, des odeurs, des appels, des cris et des chants, et même, pour les abeilles, des danses. Pourtant, les animaux autres que l’homme ne semblent pas avoir de langage grammaticalement structuré. Et, ce qui peut être très significatif, les animaux n’utilisent pas de représentation graphique. Au mieux, ils parviennent à griffonner. ” — Professeurs R. et D. Fouts.
[Encadré, page 61]
“ Lorsqu’on se tourne vers l’esprit humain, on y découvre aussi des structures d’une merveilleuse complexité, écrit le professeur Noam Chomsky. Le langage en est un exemple, mais ce n’est pas le seul. Pensons à la capacité de traiter des propriétés abstraites des nombres, commune à tous les humains [...] et, semble-t-il, spécifique des humains. ”
[Encadré, page 62]
“ Dotés ” de la faculté de se poser des questions
À propos de l’avenir de l’univers, le physicien Lawrence Krauss a écrit : “ Nous osons poser des questions à propos de choses que nous ne verrons peut-être jamais personnellement parce que nous avons la faculté de les poser. Ce sont nos enfants ou leurs propres enfants qui y répondront un jour. Nous sommes dotés de l’imagination. ”
[Encadré, page 69]
Si l’univers et notre existence sont le fruit d’un accident, notre vie risque de n’avoir aucun sens durable. Par contre, si notre vie dans l’univers est le résultat d’une conception, elle doit revêtir un sens propre à combler nos besoins.
[Encadré, page 72]
Physique théorique et tigres à dents de sabre
Observation de John Polkinghorne, de l’université de Cambridge :
“ Le physicien Paul Dirac a découvert quelque chose qu’on appelle théorie de champ quantique et qui est essentiel à notre compréhension du monde physique. Je ne peux pas croire que la capacité de Dirac à découvrir cette théorie, ou la capacité d’Einstein à découvrir la théorie générale de la relativité, soit une sorte d’aboutissement de l’habileté avec laquelle nos ancêtres devaient échapper aux tigres à dents de sabre. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus mystérieux. [...]
“ Quand on regarde l’ordre logique et l’évidente beauté du monde physique que nous révèle la science physique, on voit un monde où tout parle d’intelligence. Pour le croyant, c’est l’intelligence du Créateur qui est ainsi perçue. ” — Commonweal.
[Illustration, page 63]
Seuls les humains posent des questions. Certaines concernent le sens de la vie.
[Illustration, page 64]
Contrairement aux animaux, les humains sont conscients de ce qu’ils sont et de l’avenir.
[Illustration, page 70]
Seuls les humains sont sensibles à la beauté, pensent à l’avenir et ont la notion d’un Créateur.
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