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D’où les mots viennent-ils ?Réveillez-vous ! 1973 | 22 décembre
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pour “camp” est “castra”, d’où viennent les terminaisons “chester” ou “cester”. On trouve encore en Angleterre des noms comme Wigston Parva et Wigston Magna, qui illustrent bien l’influence du latin sur la langue anglaise. Puisque parva est un mot latin signifiant “petit” et magna “grand”, ces deux noms de lieux signifient tout simplement “Petit” Wigston et “Grand” Wigston.
Dans certains cas, des noms propres, de personnes et de lieux ont été introduits dans la langue pour désigner des choses que nous utilisons fréquemment. Par exemple, quand, pour forer un puits de pétrole, les ouvriers dressent un “derrick” pour supporter le trépan, ils ne pensent pas toujours que cet engin utile porte le nom, Derick, d’un bourreau anglais du dix-septième siècle.
Une mère anglaise dira à son fils de mettre ses “wellingtons” pour qu’il se protège les pieds de la neige et de la boue. Pourquoi ce nom étrange pour désigner des chaussures que certains appellent tout simplement “bottines” ? Ce mot vient du duc de Wellington, célèbre général qui prit part à la bataille de Waterloo en 1815, et du genre de chaussures qu’il portait. Von Blücher, officier allemand contemporain du duc de Wellington, portait des bottines d’un genre différent auxquelles il donna son nom.
Un étudiant en électricité apprend rapidement que les unités de puissance, de force, d’intensité et de résistance ont emprunté leur nom à James Watt, ingénieur écossais, à Alessandro Volta, physicien italien, au savant français Ampère et à l’Allemand Georg Ohm. Il utilise ces termes chaque jour dans ses calculs.
Parfois, des mots sont formés en associant des parties de deux mots ou davantage. Par exemple, il y a les termes “avionique” (qui vient de “avion” et “électronique”) et “parsec” (qui vient de “paralaxe” et “seconde”), unité astronomique qui vaut 3,26 années-lumière. D’autres mots sont formés uniquement par les initiales de plusieurs termes qui désignent l’objet ainsi appelé. Par exemple, c’est le cas du RADAR (radio detecting and ranging) et MASER (microwave amplification by stimulated emission of radiation).
Échanges entre langues africaines
Les échanges entre plusieurs langues, qui ont exercé une grande influence sur des langues comme le français ou l’anglais, ont eu également un effet important sur celles du centre et du sud de l’Afrique. Le tchichona, le kibemba, le kinyandja, le yao, le toumbouka et le zoulou, ainsi que d’autres langues du Malawi, du Mozambique, de Rhodésie, d’Afrique du Sud et de Zambie, appartiennent au groupe des langues dites bantoues. En raison du commerce et des voyages dans ces pays, on comprend qu’il y ait eu des échanges entre leurs langues. On en trouve un bon exemple avec le mot kinyandja pour “arc-en-ciel”, savoir uta wa Leza, qui signifie littéralement “arc de Dieu”. Cependant, le mot kinyandja pour “Dieu” est Mulungu et non Leza. Comment donc ce dernier mot en est-il venu à être utilisé pour désigner l’arc-en-ciel ? Tout simplement parce que les Africains parlant le kinyandja ont emprunté ce terme aux habitants de la Zambie, pays voisin, parlant le kibemba, qui utilisent ce mot pour “Dieu”.
Les langues bantoues ont également été influencées par les hommes venus d’autres continents que l’Afrique. Il y a quelques siècles, des marins portugais ont débarqué au Mozambique où ils ont étendu leur influence. Ils n’ont pas tardé à rencontrer des tribus parlant le kinyandja. Aujourd’hui, cette langue porte la marque du portugais. Citons, par exemple, les mots kapitao (chef), fosiko (allumettes), mkaju (acajou), vinyo (vin), maora (heures), nsapato (chaussures) et malinyero (marin).
Toutefois, il faut se montrer prudent avant d’affirmer que tous les mots bantous qui ont la même consonance et la même orthographe que des mots d’autres langues en sont des translittérations. Ce n’est pas toujours le cas. Chaque fois que des Africains parlant le kinyandja se rencontrent, le premier mot qu’ils se disent est Moni, qui est une salutation. L’origine de ce terme n’a pas été définie. Certains pensent qu’il vient de l’expression anglaise “Good morning” puisqu’il se prononce mounie. Cependant, il se peut aussi qu’il s’agisse d’une contraction du mot kinyandja moyo-ni qui signifie “santé (ou vie) pour vous”.
Il en va de même du mot kinyandja waulesi, qui désigne un “individu paresseux, mou et faible”. Puisqu’on le prononce wa-ou-lei-zi, on pourrait en conclure qu’il dérive du mot anglais “lazy” (paresseux). Pourtant, ce n’est pas le cas, bien que ce soit un bon équivalent de ce terme anglais. En réalité, il vient de la racine le, qui signifie “mou”. Il implique une idée de faiblesse de constitution dès la naissance et exprime une légère pointe de reproche.
Pour illustrer l’origine étrange de certaines expressions, citons le mot kinyandja lifule désignant le “tabac à priser”. Au Malawi, il existe une souris qui ferme son trou, à l’entrée ou un peu plus bas, et la terre utilisée pour cela est appelée chifule. En raison de son manque de consistance, comme cette terre rejetée par la souris, le “tabac à priser” est appelé lifule.
En kinyandja, on désigne une autre petite souris sous le nom de lidiakhwere. Il vient des mots kudya (manger) et kukwera (grimper). Il signifie donc littéralement qu’elle “mange tout en grimpant”, ce qui décrit avec exactitude l’habitude de cette petite créature. De la même racine kukwera vient l’expression kinyandja kukwera mtima (être en colère), qui signifie littéralement “le cœur monte”. L’expression contraire, qui signifie “se calmer” (kutsika mtima), reflète l’idée selon laquelle le cœur “descend” ou revient à sa place. Cette même idée de “descendre” se retrouve dans le mot kinyandja désignant le “jour” (tsiku). Cela vient du fait que le soleil donne l’impression de “descendre”, et ce mot désigne une période à la fin de laquelle le soleil descend.
En kinyandja, comme en anglais ou en français, il y a des onomatopées, c’est-à-dire des mots qui suggèrent par imitation phonétique les sons produits par ce qu’ils désignent. Par exemple, les Anglais désignent le vanneau sous les noms de “peewit”, ce qui imite le cri de cet oiseau. En kinyandja il y a des mots comme chigagadagada, qui signifie “hacher” ou “fendre”, et mtswatswa (le bruit que l’on fait en marchant dans les buissons ou sur des feuilles mortes), ces deux mots ressemblant phonétiquement au bruit de l’action qu’ils évoquent.
Cette brève incursion dans le domaine de l’étymologie nous a permis de voir combien cette question peut être passionnante. Le commerce, les voyages, les conquêtes et la culture ont laissé leur marque sur les langues du monde.
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Maîtrisons notre langueRéveillez-vous ! 1973 | 22 décembre
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Maîtrisons notre langue
En quelques années, le jeune enfant apprend à parler. Mais plus tard, il est beaucoup plus difficile d’apprendre à se taire. — Jacq. 1:19.
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