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Énigme et acrosticheRéveillez-vous ! 1983 | 8 janvier
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SOLUTIONS DU JEU ÉNIGME ET ACROSTICHE
DÉFINITIONS: 1) Lydie; 2) attristé; 3) lot; 4) Oded; 5) unifie; 6) arbres; 7) notes; 8) Gallion; 9) Être.
Quand la grille est remplie, celle-ci contient une citation de la Bible: Psaume 145:10, 11, “Traduction du monde nouveau”.
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Dame MarmotteRéveillez-vous ! 1983 | 8 janvier
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Dame Marmotte
“REGARDEZ là-haut, vers les rochers!” Notre guide nous a fait signe de nous arrêter; il nous montre, à une centaine de mètres, un animal assis sur son arrière-train.
“C’est une marmotte, nous dit-il. Si nous avançons, elle va ‘siffler’ et vous verrez ses congénères fuir vers leur terrier.” Notre marmotte est effectivement sur un promontoire qui lui permet d’observer le terrain bien dégagé.
Comme nous continuons d’avancer, Hans, notre guide, s’anime: “Si vous aviez vécu au XIXe siècle, peut-être auriez-vous pu voir cet animal divertissant et apprivoisé présenté dans les foires par un petit Savoyard ou un Tyrolien. Mais vous ne vous seriez pas autant réjouis qu’en le voyant aujourd’hui.”
Effectivement, notre observateur nous a repérés et il a poussé le cri d’alerte.
Dame marmotte
“Puisque nous sommes repérés, dit Hans, reposons-nous un peu; je pourrai ainsi vous parler plus amplement de ce sympathique animal rongeur. Il est apparenté à l’écureuil, quoique n’en ayant pas la queue touffue. La marmotte est le plus gros des rongeurs, après le castor, et pèse environ six kilogrammes. Sa longueur peut aller de 63 à 75 centimètres. Tout à l’heure, nous essaierons d’en voir une de plus près.”
“Vit-elle seulement dans cette région?”, demande Jacqueline.
“Non, on la trouve en altitude, entre 1 200 et 3 200 mètres, quoique certaines vivent, dans le Jura et en Autriche, à partir de 800 mètres. Elle prolifère naturellement dans les Alpes et les Carpates, mais l’homme l’a introduite aussi en Forêt-Noire, dans le Jura et le Cantal et réimplantée dans les Pyrénées. Je parle là de celle qui est connue en Europe, et que l’on trouve aussi dans certaines contrées de Sibérie. Mais il existe d’autres espèces, comme la marmotte des steppes, qui vit en Russie et en Asie Mineure, et la marmotte d’Amérique.”
“Regardez, en voilà une!” Comme nous ne bougeons pas, la marmotte sort peu à peu de son trou, non loin de nous, pour apparaître enfin entièrement. Son dos est brun sombre, et son ventre jaune rougeâtre; nous distinguons bien ses petites oreilles et, comme elle se tourne vers nous, deux incisives que laisse voir sa lèvre supérieure fendue, et ses yeux proéminents.
“Si elle a l’ouïe fine, dit Hans à voix couverte, sa vue est encore plus remarquable. Son champ de vision est évalué à 300 degrés, y compris vers le haut, d’où vient son principal ennemi, l’aigle.”
“Est-ce son seul ennemi?”
“Non, elle doit aussi compter avec le renard. Quant à l’homme, il ne dispose que de brèves périodes durant lesquelles il peut encore la chasser pour sa graisse et sa fourrure, le déterrage et le piégeage étant interdits.”
“Quels sont ses moyens de défense?” demande Jacqueline, émue d’apprendre que ce sympathique petit animal a des ennemis.
“Elle peut, nous apprend Hans, faire face à un adversaire si elle est acculée. Elle mord alors vigoureusement. Mais elle trouve son salut dans la fuite, car elle n’est jamais très éloignée d’un de ses terriers. Elle paraît lourde, mais si le danger est proche, elle est capable de galoper, projetant les membres postérieurs jusqu’en avant des antérieurs.”
Nous comprenons mieux maintenant la raison d’être du guetteur qui nous avait repérés à notre arrivée.
“Notez, ajoute Hans, que cette position, assise sur l’arrière-train, est aussi une position favorite pour manger les herbes vertes et tendres et les graines de graminées qui constituent la plus grande partie de son alimentation. Si nous étions dans une réserve fréquentée où la chasse est interdite, peut-être pourrions-nous en approcher une et lui tendre sa nourriture.”
Les terriers
Comme nous nous remettons en route, je remarque que le terrain ressemble à du ‘gruyère’; il est parsemé de trous, et j’en fais la remarque à notre guide.
“C’est là une des particularités de la marmotte, dit Hans; ses pattes portent des ongles longs et durs qui lui permettent de creuser. C’est ainsi qu’en plus des trous de fuite, peu profonds, elle creuse des terriers d’été et des terriers d’hiver.”
J’interromps Hans: “Pourquoi ces deux sortes d’abri?”
“Il faut d’abord dire qu’en haute altitude, il s’agit exclusivement de stations d’été, les marmottes redescendant à la fin de l’été vers les pâturages pour y creuser leurs terriers d’hiver. Cependant, en moyenne et basse altitudes, les deux peuvent être voisins. Le terrier d’été peut avoir plus de dix mètres de long et comporter plusieurs élargissements en forme de chambre. Il reste à peu près parallèle à la surface du sol, à une profondeur de 50 à 90 centimètres. C’est là que maman marmotte mettra bas au printemps de deux à quatre petits, après une gestation de 33 à 35 jours.
“Quant au terrier d’hiver, c’est un véritable modèle d’architecture souterraine. La galerie d’accès a un diamètre constant de 15 centimètres environ; elle peut avoir 10 mètres de long et s’enfoncer dans le sol jusqu’à une profondeur de plusieurs mètres avant d’aboutir à une grande cavité arrondie qui servira de chambre.”
“Parce qu’elles ont même prévu une chambre!”, s’exclame Jacqueline.
“Oui, une vaste chambre qui a parfois une largeur de plus d’un mètre et que les marmottes garnissent d’herbe et de feuilles sèches. Il y a même, à côté, de petits évasements qui servent de latrines. Ce terrier est obturé, en hiver, par un bouchon de terre.”
L’hibernation
“Ce n’est pas tout, poursuit Hans, il y a encore une autre caractéristique de la marmotte: sa faculté d’hiberner.”
“Est-ce de là que vient l’expression ‘dormir comme une marmotte’?”
“Probablement, répond notre guide, car notre petit rongeur est endormi de la fin septembre au mois d’avril. Peut-être le verrons-nous d’ailleurs transporter dans sa bouche de l’herbe sèche ou du foin qui lui servira à tapisser les chambres d’hibernation. Je voudrais vous rapporter à ce sujet une histoire. Selon des auteurs anciens, l’animal se couchait sur le dos, une charge de foin sur le ventre, tandis qu’un autre le tirait par la queue, avec ses dents, à reculons jusqu’à son terrier.”
“Est-ce possible?”, demande Jacqueline, intriguée.
“Non, bien sûr, une telle affirmation ne résiste pas à l’observation, et s’il est vrai que certaines marmottes ont le poil usé sur le dos, c’est à force de le frotter à l’entrée du terrier. Il faut aussi noter un autre fait intéressant: les marmottes se purgent avant l’hibernation, suspendant la prise de nourriture et vidant progressivement leur intestin.”
“Ainsi, rien ne viendra troubler leur sommeil.”
“C’est vrai; une fois le terrier bouché, les animaux s’enroulent sur eux-mêmes et perdent sensation et conscience. On a noté que le nombre des mouvements respiratoires tombe de 25 à 30 aux environs de 1 à 4 par minute, tandis que le nombre des pulsations cardiaques passe de 90 environ à 10-12, entraînant une chute importante du courant sanguin.”
“Mais n’y a-t-il pas risque de coagulation?”
“Il semble qu’un mécanisme spécial et mal connu provoque l’apparition d’héparine, un anticoagulant. La température intérieure de l’animal peut ainsi s’abaisser jusqu’à 4° C sans dommage.”
“Que se passe-t-il si la température devient plus basse encore?” Jacqueline veut vraiment tout savoir.
“Un autre phénomène encore mal expliqué se produit alors: l’animal se réveille et se met à produire de la chaleur. C’est d’ailleurs le cas toutes les trois ou quatre semaines, quand il vide sa vessie; on pense que le déversement d’adrénaline dans le courant sanguin favorise alors le réchauffement du corps, l’animal retombant en léthargie aussitôt après s’être soulagé.”
Jacqueline s’inquiète de leur survie dans de telles conditions: “Que mangent-elles pendant ce temps?”
“Elles mangent de la marmotte! répond Hans en riant. Je m’explique: elles consomment leur réserve de graisse et perdent de ce fait de 25 à 50 pour cent de leur poids initial.”
Le réveil
“Sont-elles réveillées par le réchauffement de la température au mois de mai?”
“On ne le pense pas, car la température ambiante est parfois encore bien basse, mais pour une raison que l’on ne comprend pas encore très bien, leur température interne remonte et les animaux doivent alors trouver leur nourriture, quitte à creuser dans la neige pour sortir, car ils sont redevenus des mammifères à sang chaud.”
“Vraiment, dis-je, le psalmiste avait raison d’affirmer: ‘Que tes œuvres sont nombreuses, ô Jéhovah! Toutes, tu les as faites avec sagesse.’ (Psaume 104:24). Tout ce que nous avons appris sur la marmotte confirme la véracité de ce Psaume et nous incite à louer le Créateur parfait.”
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