-
L’avion : bête de somme de la Nouvelle-GuinéeRéveillez-vous ! 1970 | 8 décembre
-
-
L’avion : bête de somme de la Nouvelle-Guinée
De notre correspondant en Papouasie
NOUS attachons nos ceintures de sécurité et l’avion vire sur l’aile pour amorcer sa descente vers le minuscule aérodrome. Bientôt les roues rebondissent sur la piste d’atterrissage raboteuse faite de gravier. Quand finalement nous nous arrêtons, une foule de villageois peints et emplumés nous entourent, battant des tambours, brandissant des lances et des arcs et hurlant les cris de guerre traditionnels.
Fort heureusement il s’agit d’amis venus fêter l’inauguration d’un nouvel “aérodrome” dans les montagnes orientales de la Nouvelle-Guinée. La plupart de ces gens primitifs connaissent déjà l’oiseau gigantesque ou balus comme ils l’appellent, mais c’est la première fois qu’ils assistent à l’atterrissage d’un avion.
Le ciel de la Nouvelle-Guinée bourdonne du bruit des avions, car l’accroissement du transport aérien dans ce pays, depuis son inauguration vers la fin des années 1920 a été phénoménal. En 1968, la Nouvelle-Guinée et les petites îles qui font partie de son territoire comptaient 248 aérodromes. En vérité, l’avion est la bête de somme de cette nation. Pendant un mois de l’année dernière, on transporta près d’un million de kilos de marchandises depuis un seul centre urbain jusqu’aux petits villages situés dans les montagnes. Aujourd’hui, nous assistons à l’inauguration d’un nouvel aérodrome.
Un voyage en avion
Pendant que la fête bat son plein, examinons un peu le rôle de l’avion dans ce pays montagneux de forêt et de gorges profondes. Le Douglas DC-3 est un avion très courant ici. La carlingue nue, dépourvue des commodités habituelles des grands avions de transport, est conçue pour transporter un maximum de passagers et de fret. Des sièges de métal et de toile sont alignés le long de la cabine de façon que les passagers regardent vers l’intérieur, tandis que le milieu du plancher est réservé aux marchandises que l’on ramasse ou livre aux escales.
Le passager peut avoir à ses pieds un panier contenant deux poules. Un peu plus loin se trouve un garde-boue de camion. Le fret quotidien se compose de marchandises extrêmement variées : pain frais, viande congelée, pièces de rechange pour tracteurs, médicaments, paquets de journaux et de revues, tuyaux et matériaux de construction, etc.
Devant, près du poste de pilotage, on entasse les sacs de courrier attendus avec impatience dans les localités isolées où l’avion fera escale. Près de la porte, il y a en général des paniers de salades, de carottes, de choux et de tomates destinés aux villes côtières. Un gros porc, logé dans une énorme caisse, fait probablement partie du prix que doit payer un jeune homme pour sa future épouse.
Les passagers sont souvent aussi variés que les marchandises. Ils peuvent comprendre un policier indigène en permission, un mécanicien avec la grande boîte d’outils qu’il emploie pour réparer les pelles mécaniques et autres machines utilisées dans la construction d’une nouvelle route, un planteur et sa famille qui rentrent chez eux après une fin de semaine passée en ville, un bambin nu endormi sur les genoux de sa mère et quelques villageois inquiets vêtus d’un pagne fait d’écorce. Parés de plumes et de coquillages et munis de leur arc et de leurs flèches, ils se rendent sur la côte pour échanger des coquilles de porcelaine (monnaie traditionnelle des indigènes) contre des dollars.
Le pilote se fraie un chemin parmi les marchandises pour gagner le poste de pilotage. On ferme la porte et, avec un grondement assourdissant les moteurs commencent à tourner. On a l’impression que chaque rivet et chaque boulon vibrent pendant que l’avion roule vers la piste d’envol. La cabine nue amplifie le bruit. Brusquement, prenant son élan, l’appareil s’élève dans les airs. Les indigènes, penchés en avant, tirent sur leurs ceintures de sécurité. Les yeux fermés, ils serrent les dents, tandis que de grosses gouttes de sueur perlent sur leur front. C’est probablement leur premier voyage dans l’“oiseau” gigantesque.
Un moyen de transport pratique
L’avion décrit des cercles pour prendre de l’altitude puis survole les nuages, afin de franchir les montagnes. Nous commençons alors à comprendre pourquoi cet appareil est une bête de somme si précieuse dans ce pays. Une imposante cordillère de quelque 2 500 kilomètres traverse l’île sur toute sa longueur. Certains des sommets les plus élevés de cette chaîne de montagnes, l’une des plus grandes du monde, dépassent 4 500 mètres. Elle est entrecoupée de gorges profondes et de vallées fertiles. La construction de routes est une entreprise très coûteuse dans cette région sauvage et accidentée. On doit même recourir aux portefaix et aux ânes pour transporter les marchandises à l’aérodrome le plus proche.
L’avion survole les vallées qui serpentent entre les montagnes et on aperçoit les huttes de paille et les jardins bien entretenus. Un grondement sous leurs pieds annonce aux passagers que le train d’atterrissage a été sorti. Bientôt l’avion atterrit sur une pente verdoyante, le premier terrain uni que nous voyons depuis le commencement du vol. Des travailleurs indigènes, vêtus seulement d’un tablier d’écorce ou d’herbe et de quelques feuilles qui leur pendent sur les fesses, chargent et déchargent rapidement les marchandises. Des planteurs et des fonctionnaires sont venus voir si quelque paquet, attendu depuis longtemps, est arrivé, ou si on leur a apporté les pièces de rechange dont ils ont un besoin urgent. Une jeep arrive dans un nuage de poussière. Elle amène un médecin qui attend des médicaments et un malade qu’il faut transporter d’urgence à l’hôpital de Mont Hagen. L’avion sert souvent d’ambulance aérienne.
Sous l’œil attentif du gouvernement, l’aviation s’est fait dans ce pays une réputation de sécurité et d’utilité. Le réseau de routes s’étend certes, mais le nombre d’aérodromes ne cesse d’augmenter aussi, à mesure que l’on en construit de nouveaux dans les endroits reculés. Aux temps héroïques, on utilisait surtout des appareils Junkers. Plus tard, et jusqu’en 1966, les avions Bristol pourvus d’une porte de chargement sur le devant, étaient un spectacle familier dans le ciel de la Nouvelle-Guinée.
Les indigènes pensaient d’abord que les avions étaient de gigantesques oiseaux et ils apportaient d’énormes quantités de légumes pour les nourrir. On raconte l’histoire d’un policier indigène qui s’enrichit en disant aux gens crédules que le grand oiseau ne voulait manger que des porcs ! Aujourd’hui cependant, les Néo-Guinéens connaissent l’avion et en font grand cas, sachant qu’il constitue non seulement un lien avec le monde extérieur, mais encore un précieux moyen de transport pour leurs marchandises.
Un tonnerre d’applaudissements nous ramène au présent. Les chants et les danses signifient que la cérémonie officielle d’inauguration de ce nouvel aérodrome est terminée. Les dignitaires de la tribu examinent encore notre petit appareil, puis nous faisons faire un vol de quelques minutes au luluai ou chef local et à ses conseillers.
Nous remontons enfin dans l’appareil qui décolle de nouveau en direction de notre ville, située à vingt minutes de vol du nouvel aérodrome. À ceux qui empruntent la route, il faut près de quatre heures de voyage sur des chemins raboteux et souvent dangereux pour arriver à la même destination. Ce seul fait en dit long sur le rôle de bête de somme joué par l’avion en Nouvelle-Guinée.
-
-
Extraits de l’Annuaire de 1970 des témoins de JéhovahRéveillez-vous ! 1970 | 8 décembre
-
-
Extraits de l’Annuaire de 1970 des témoins de Jéhovah
CONGO-KINSHASA
Nombre d’habitants : 17 000 000
Maximum de proclamateurs : 13 799
Proportion : 1 pour 1 232
Le grand accroissement enregistré au Congo-Kinshasa durant l’année de service écoulée témoigne incontestablement de la bénédiction de Jéhovah sur son œuvre. Le maximum de 13 799 proclamateurs représente 57 pour cent d’accroissement sur celui de l’année précédente. Cette augmentation est très encourageante, mais elle indique que nos frères dans la foi ont une grande responsabilité : celle d’affermir les nouveaux venus et de les aider à progresser dans la maturité. Cette tâche n’est pas facile dans un pays aussi vaste, d’autant plus que les habitants parlent huit langues principales et plus de trois cents dialectes. Nous nous réjouissons toutefois de disposer actuellement des périodiques et d’autres publications de la Société en cinq langues, et nous espérons publier sous peu des brochures en deux autres langues.
Les assemblées sont également une grande aide pour nos frères chrétiens. Durant l’année écoulée, on organisa huit assemblées régionales afin de donner à chacun une plus grande occasion de tirer profit du programme. L’assistance totale de plus de 26 000 personnes démontra l’utilité de cette disposition. Le programme était présenté, en entier ou en partie, en huit langues. Pour assister à l’une de ces assemblées, certains témoins de Jéhovah ont parcouru à pied environ trois cents kilomètres, trajet qui leur a demandé sept jours. D’autres ont voyagé deux jours et deux nuits en pirogue.
Toutes ces dispositions théocratiques aident nos frères chrétiens et les amis de la vérité à s’affranchir complètement de l’emprise de la fausse religion, qui est particulièrement forte ici. L’édition congolaise de Notre ministère du Royaume, qui paraît actuellement en cinq langues, a publié dernièrement des articles dénonçant les pratiques superstitieuses rattachées à la polygamie, au culte des morts, au port d’amulettes et de fétiches, au culte de la fécondité, aux cérémonies de la circoncision et de l’initiation sexuelle, etc., pratiques très répandues dans ce pays. Tout en comprenant les principes fondamentaux qui distinguent la vérité biblique de la fausse religion, nos frères étaient parfois dans le doute concernant certaines coutumes locales. Les articles de Notre ministère du Royaume ont aidé ces témoins à comprendre que beaucoup de ces coutumes sont d’origine païenne et que par conséquent les vrais chrétiens ne peuvent les pratiquer.
Un autre article, traitant de la nécessité d’avoir un point de vue équilibré concernant l’alcool, a également aidé de nombreux témoins, surtout ceux qui fabriquaient et vendaient une boisson alcoolique congolaise. Beaucoup d’entre eux ignoraient que le gouvernement interdit cette activité ou bien ils ne s’en rendaient pas bien compte, aussi y participaient-ils parce qu’elle leur permettait de gagner de l’argent facilement. Cette situation amenait certains témoins à abuser de l’alcool. Cependant, par suite de l’étude de l’article précité dans les congrégations, nos frères chrétiens ont complètement abandonné la fabrication et la vente de la boisson en question. Ils ont trouvé sans difficulté d’autres moyens, compatibles avec les principes bibliques et les lois de César, de subvenir à leurs besoins. Dans les régions où ce changement a eu lieu, on remarque que nos frères font maintenant preuve de modération dans l’usage des boissons alcooliques.
Un jour, un adolescent lançait des cailloux sur un manguier pour en faire tomber les fruits. Malheureusement, un des cailloux frappa un jeune témoin de Jéhovah au visage. Beaucoup de passants s’arrêtèrent dans l’attente d’une riposte, mais le jeune chrétien se rappela ce judicieux conseil biblique contenu
-