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Doit-on prononcer le nom par excellence?La Tour de Garde 1984 | 1er mars
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mention de ceci: que son nom est mis en haut. Exécutez des mélodies pour Jéhovah, car il a agi d’une manière extraordinaire. On fait connaître cela par toute la terre.” — Ésaïe 12:4, 5.
Les quelques exemples que nous venons d’évoquer vous donnent-ils à penser que le nom de Dieu devait rester secret, qu’il ne fallait jamais le proférer ou qu’il était préférable de le remplacer par quelque autre appellation? Les traducteurs qui omettent le nom du Créateur dans son propre livre ne considèrent manifestement pas ce nom de la même façon que des personnages aussi pieux qu’Abraham, Sara, Jacob, Moïse, Aaron, Samuel, David ou Ésaïe.
Les prophètes qui se sont manifestés par la suite n’ont pas non plus jeté le voile sur le nom par excellence. À leurs yeux, celui-ci n’était pas trop sacré pour être prononcé. Ils ne croyaient pas non plus que les premiers rédacteurs de la Bible faisaient fausse route et qu’ils auraient dû substituer au nom divin tel ou tel autre terme. De fait, leurs messages foisonnent d’expressions comme celles-ci: “Entendez la parole de Jéhovah.” “Voici ce qu’a dit Jéhovah des armées, le Dieu d’Israël”, ou: “Voici ce qu’a dit le Souverain Seigneur Jéhovah.” — Jérémie 2:4; 19:15; Ézéchiel 21:28.
Par ailleurs, l’usage de ce nom ne se limitait pas à la vie religieuse. Il n’était pas seulement le fait des enseignants. Non, des gens tout à fait ordinaires utilisaient le nom de Dieu au gré de leurs conversations quotidiennes. Ainsi, selon le récit biblique, Boaz saluait les ouvriers qui travaillaient dans les champs par cette formule: “Jéhovah soit avec vous!” Et les travailleurs lui répondaient: “Jéhovah te bénisse!” — Ruth 2:4.
Les archéologues ont découvert des documents qui confirment la Bible en attestant que le peuple employait couramment le nom de Dieu. Dans les années trente, ils ont retrouvé les lettres de Lachis, des tessons de poterie qui dateraient de l’époque de la conquête babylonienne, c’est-à-dire du VIIe siècle avant notre ère. Dans ces lettres, on peut lire quantité d’expressions comme celle-ci: “Que YHWH [Yahweh ou Jéhovah] fasse entendre à mon seigneur en ce jour une annonce de salut!”
Il n’est pas jusqu’à des non-Israélites qui n’aient connu le nom de Dieu. Par exemple, les Gabaonites dirent à Josué: “C’est d’un pays très lointain que sont venus tes serviteurs, en considération du nom de Jéhovah, ton Dieu, car nous avons appris sa renommée et tout ce qu’il a fait en Égypte.” (Josué 9:9). Au Xe siècle avant notre ère, Mésa, roi de Moab, un ennemi d’Israël, fit inscrire le nom divin sur sa stèle, qui a été découverte en 1868 et qui est exposée au musée du Louvre, à Paris.
Ces faits ne devraient pas nous surprendre. Au lieu de présenter le nom divin comme un mot incommunicable, mystérieux, voué à ne jamais être proféré, Moïse avait dit à la nation d’Israël: “Et assurément tous les peuples de la terre verront que le nom de Jéhovah est invoqué sur toi.” (Deutéronome 28:10). Comment ces paroles auraient-elles pu se réaliser si les adorateurs du vrai Dieu avaient eux-mêmes tu son nom?
Le nom par excellence n’était donc pas tabou; il était plutôt honoré, aimé et respecté. Du reste, il entrait dans la composition de certains noms de lieux et de personnes. Ainsi, Abraham appela l’endroit où il avait failli sacrifier Isaac “Jéhovah-Jiréh”. (Genèse 22:14.) Parmi les noms de personnages bibliques bien connus qui, dans leur forme hébraïque, sont construits à l’aide du nom Jéhovah ou de sa forme poétique “Jah”, citons Ésaïe, Ézéchias, Josias, Néhémie, Obadiah, Sophonie et Zacharie. Aujourd’hui encore, beaucoup donnent à leurs enfants des prénoms composés à partir du nom divin. Il se peut d’ailleurs que votre propre nom recèle celui du Créateur. Par exemple, connaissez-vous quelqu’un qui s’appelle Joël? Son nom signifie: “Jéhovah est Dieu.” Quant au prénom “Jonathan”, il veut dire: “Jéhovah a donné.” “Josué”, pour sa part, a pour sens: “Jéhovah est salut.” Et les milliers de personnes qui répondent au nom de “Jean” ne savent certainement pas toutes que leur prénom fort répandu signifie littéralement: “Jéhovah a été miséricordieux.”
Ainsi donc, même si certains sont persuadés que le nom du Créateur est trop sacré pour être prononcé, ou bien qu’il ne faut pas lui attacher d’importance, il leur est impossible de l’écarter complètement du texte des Écritures. En effet, il fait partie intégrante de tous ces noms bibliques qui ont été forgés pendant de nombreux siècles, au temps où les hommes savaient que le nom de Dieu est JÉHOVAH et où ils employaient ce nom dans leurs prières, dans leur culte et dans leurs conversations de tous les jours.
Mais que dire des Écritures grecques chrétiennes, cette partie de la Bible que l’on appelle plus communément le Nouveau Testament? Il est vrai que le nom de Jéhovah y apparaît quand il est inclus dans ceux de Jésus et de Jean, ainsi que dans le mot “Alléluia”. Mais pourquoi ne le rencontre-t-on pas plus souvent? Nous répondrons à cette question fondamentale dans l’article suivant.
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Le nom divin dans les Écritures grecques chrétiennesLa Tour de Garde 1984 | 1er mars
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Le nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes
QUAND Jésus présentait Dieu comme son Père, ses auditeurs juifs savaient très bien de qui il parlait. En effet, ils étaient habitués à voir le nom divin dans les rouleaux des Écritures hébraïques qu’ils pouvaient consulter dans leurs synagogues. C’est dans un lieu de réunion de ce genre à Nazareth, la ville où il avait grandi, qu’on remit un jour l’un de ces rouleaux à Jésus. Celui-ci l’ouvrit pour lire un passage d’Ésaïe où il rencontra deux fois le nom de Jéhovah. — Luc 4:16-21.
Les premiers disciples du Christ trouvaient aussi le nom de Dieu dans la Septante, la version grecque de la Bible à laquelle ils faisaient référence dans leur enseignement et dans leurs écrits. Naguère, il est vrai, on pensait que ce nom ne figurait pas dans cette traduction. Toutefois, il est maintenant bien établi que le Tétragramme (mot par lequel les biblistes désignent les quatre lettres qui forment le nom divin en hébreu) était copié dans le texte grec en caractères hébraïques, tant il était respecté.
Aquila reproduisit encore le nom de Dieu en hébreu dans sa version grecque du IIe siècle. Au IIIe siècle, Origène disait: “Dans les manuscrits les plus fidèles, LE NOM est écrit en lettres hébraïques.” Au IVe siècle, Jérôme, traducteur de la Bible, faisait cette observation: “À ce jour, on rencontre toujours le nom quadrilitère de Dieu (יהוה) en caractères archaïques dans certains rouleaux grecs.”
À ce sujet, Paul Kahle déclare: “Nous savons à présent que, tant qu’il a été écrit par des Juifs et à l’intention des Juifs, le texte de la Bible grecque [la Septante] ne rendait pas le nom divin par kurios [Seigneur]; le Tétragramme était plutôt inscrit en caractères hébreux ou grecs dans les MSS [manuscrits].” — The Cairo Geniza, pages 222, 224.
Que faut-il en déduire? Ceci: Qu’ils fussent d’expression grecque ou hébraïque, les auditeurs de Jésus retrouvaient le nom de Dieu quand ils lisaient les Écritures. Par conséquent, tout porte à croire que lorsqu’ils les citaient ils suivaient la coutume qu’ils avaient observée jusque-là, et qu’ils ont ainsi introduit les quatre lettres hébraïques composant le nom de Jéhovah dans les Écritures grecques chrétiennes.
Dans la Revue de littérature biblique (angl.), George Howard, maître de conférences en théologie à l’université de Géorgie, faisait cette remarque: “Étant donné qu’on trouvait encore le Tétragramme dans les copies de la Bible grecque auxquelles l’Église primitive faisait référence, il est raisonnable de penser que les rédacteurs du N[ouveau] T[estament] l’ont également maintenu dans le texte biblique quand ils ont cité les Écritures.” — 1977, volume 96, No 1, page 77.
La disparition du nom de Dieu
Il semble que plus tard le nom divin a été écarté tant de la Septante que du “Nouveau Testament” parce que les chrétiens non juifs ne savaient plus déchiffrer les lettres hébraïques. “Ce sont les chrétiens, dit Paul Kahle, qui ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios [Seigneur] lorsque le nom divin écrit en caractères hébreux en est venu à ne plus être compris.” — The Cairo Geniza, page 224.
La perte était-elle grave? Dans l’article précité, le professeur Howard répond: “D’après nous, la suppression du Tétragramme a jeté la confusion dans l’esprit des premiers chrétiens de la gentilité au sujet du rapport qui existe entre le ‘Seigneur Dieu’ et le ‘Seigneur Christ’.” — Page 63.
Par exemple, en Psaume 110:1 nous lisons: “La déclaration de Jéhovah à mon Seigneur.” Ce passage est cité en Matthieu 22:44 qui, en raison de l’omission du nom divin, est rendu comme suit par la plupart des versions modernes: “Le Seigneur a dit à mon Seigneur.” Ainsi donc, pour les membres des Églises de la chrétienté, la distinction jadis si nette entre Jéhovah (“le Seigneur”) et Jésus (“mon Seigneur”) est bel et bien perdue.
Nous avons d’excellentes raisons de suivre l’exemple que les rédacteurs de la Bible nous ont laissé en utilisant le nom de Dieu. 1) Cette pratique nous aide à considérer Dieu, non pas comme une force abstraite, mais comme une personne. 2) Elle nous incite à nous approcher de lui, et 3) elle dissipe toute confusion dans notre esprit en affinant notre conception de l’Être suprême et en harmonisant celle-ci avec les enseignements de la Bible.
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