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Un trésor biblique à LeningradLa Tour de Garde 1981 | 15 août
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Un trésor biblique à Leningrad
À LENINGRAD, le visiteur finlandais et sa femme, qui faisaient une simple visite touristique, n’avaient pas le ferme espoir d’y découvrir quelque chose de particulier concernant les Saintes Écritures, car la brochure de l’agence de voyage stipulait ceci: “L’introduction d’écrits religieux dans le pays est interdite.” Pourtant, ce fut dans cette ville que le visiteur ressentit la plus vive émotion de sa vie à propos d’une Bible.
Il y a de nombreuses églises à Leningrad, mais seulement quelques-unes servent au culte. Beaucoup ont été transformées en musées. C’est le cas de la cathédrale Saint-Isaac dont la hauteur est imposante et qui rappelle la basilique Saint-Pierre de Rome.
On découvre à Notre-Dame-de-Kazan, dans la principale avenue de Leningrad (la Perspective Nevski), la manifestation la plus éloquente de l’attitude officielle à l’égard de la religion. Cette majestueuse cathédrale a été convertie en musée de l’Histoire de la religion et de l’athéisme. Au sous-sol, l’histoire de la religion est retracée chronologiquement jusqu’à nos jours. On peut voir les instruments de torture utilisés au temps de l’Inquisition. La reconstitution d’un jugement inquisitorial, avec des figures de cire, est particulièrement impressionnante. La malheureuse victime enchaînée est à genoux devant ses accusateurs et devant les moines vêtus de robes noires. Le bourreau se tient là, prêt à l’action.
Face à Notre-Dame-de-Kazan, de l’autre côté de la Perspective Nevski, se trouve la plus grande librairie de la ville. Les visiteurs finlandais virent au premier étage un grand nombre d’images et de slogans dont l’objet était apparemment d’encourager le lecteur à rejeter la religion. Sur une affiche, de vieilles femmes étaient caricaturées en poissons avec un fichu autour de la tête; elles étaient appâtées par le “billet pour le Royaume du ciel” accroché à un hameçon identifiable par la légende “Sectes”.
En descendant la Perspective Nevski vers l’est et en tournant à droite juste avant la statue de Catherine II, le couple se retrouva devant la célèbre bibliothèque publique Saltykov-Shchedrin. Cette bibliothèque est la seconde d’Union soviétique en importance et une des premières du monde avec 17 millions de documents. Quand le visiteur demanda à consulter le manuscrit, un employé posa poliment une suite de questions précises. Puis il disparut pour revenir peu après avec une boîte brun rougeâtre. Il la déposa sur la table et souleva le couvercle. Il était là — le codex de Leningrad datant de 1008 (ou 1009). Mais qu’est-ce donc que ce manuscrit, et pourquoi est-il si précieux?
LE CODEX DE LENINGRAD
Aimeriez-vous avoir entre les mains un manuscrit des Écritures hébraïques qui sert de texte de base pour les traductions de la Bible? Le codex de Leningrad en est un.
Mais vous vous demandez peut-être: La rédaction des Écritures hébraïques n’était-elle pas achevée avant la venue du Christ? Comment ce texte pourrait-il dater seulement de 1008? Pour mieux comprendre cela, nous avons besoin d’en savoir un peu plus sur les massorètes.
Les massorètes (en hébreu, Baalei Hamasorah, “Seigneurs de la tradition”), qui vécurent dans les premiers siècles de notre ère, étaient des copistes extrêmement minutieux des Écritures hébraïques. Lorsqu’ils remarquaient que des changements avaient été apportés par les scribes précédents, au lieu de modifier le texte, ils les indiquaient en marge du texte hébreu. Ils inventèrent en plus un système de points-voyelles et d’accents pour aider le lecteur à prononcer correctement les mots. Vu l’extrême précaution des massorètes, il est certainement approprié de se servir de leur texte pour la traduction de la Bible, même si plus de mille ans le séparent de l’original. Une comparaison avec des textes beaucoup plus anciens, comme les rouleaux de la mer Morte, confirme l’exactitude du texte massorétique.
Toutefois, aucun manuscrit n’est entièrement sûr, car les copistes faisaient quand même des erreurs. C’est pourquoi on commença à faire paraître des éditions en hébreu basées sur une confrontation des différents manuscrits. En 1906, par exemple, le bibliste allemand Rudolph Kittel publia sa célèbre Biblia hebraica, ou “Bible hébraïque”. Il utilisa le texte massorétique de Jacob ben Chayim comme texte de base. En plus, dans ses notes en bas de page, il comparait de nombreux autres manuscrits.
Le texte de ben Chayim ne remontait qu’à 1524-1525. Kittel, en collaboration avec son successeur, le professeur allemand Paul Kahle, cherchait sans relâche à obtenir des textes massorétiques plus anciens. Il y en avait un excellent dans la synagogue des Sefardim à Alep, en Syrie. Sa compilation par la célèbre famille Ben-Ashêr avait été achevée vers 930. Mais ce manuscrit ne pouvait être utilisé parce que, selon le professeur Kahle, “les possesseurs du codex ne voulaient pas entendre parler d’une copie photographique”, de peur qu’il soit profané et eux maudits.
Cependant, il existait un autre texte massorétique reposant sur le travail de la famille Ben-Ashêr. C’était une version intégrale des Écritures hébraïques, et, en fait, la décision avait été prise de l’utiliser comme base de la troisième édition de la Biblia hebraica. Cette copie avait été faite au Vieux Caire en 1008 (ou 1009), à partir des livres dignes de foi, corrigés et révisés par le maître Aaron-Ben-Moshéh-Ben-Ashêr, ainsi que le mentionne le copiste Samuel Ben Jacob lui-même. Ses possesseurs n’avaient pas ‘peur d’être maudits’ pour avoir laissé copier la Bible, comme le craignaient ceux du codex d’Alep. Ils prêtèrent leur manuscrit à Kittel et Kahle pour une période de deux ans. Ce manuscrit n’est autre que le codex B 19-A qui est conservé aujourd’hui à la bibliothèque de Leningrad.
PUIS-JE LE PHOTOGRAPHIER?
Le Codex de Leningrad (le codex est un manuscrit qui se présente comme un livre) est maintenant en feuilles séparées. La reliure est défaite parce qu’il a été microfilmé. Les feuilles sont approximativement du format in-quarto, mais plus larges, et semblent être de papier épais ou de carton mince. Le bord de certaines pages est usé, mais le texte lui-même, écrit sur trois colonnes, est clair et net.
“Puis-je photographier ce manuscrit?”, demanda le visiteur. L’employé de la bibliothèque disparut de nouveau dans une pièce retirée et revint avec une réponse affirmative. Le visiteur prit quelques gros volumes sur le premier rayon à sa portée, les empila devant la fenêtre la plus proche, plaça son appareil sur un trépied de poche et choisit la deuxième feuille du manuscrit pour la photo.
Il nota avec intérêt que le nom de Dieu, le Tétragramme (Jéhovah ou Yahweh), apparaissait plusieurs fois sur cette feuille, tout d’abord dans ce qui est aujourd’hui Genèse 2:4. Le nom divin figure 6960 fois dans les Écritures hébraïques. De quoi faire honte aux traducteurs de la Bible qui lui substituent le terme “Seigneur”.
À la fin de la visite, l’employé montra au couple quelques manuscrits rares dans des vitrines. Parmi ceux-là, le célèbre Évangile d’Ostromir écrit en slavon, le plus vieux manuscrit de Russie daté (1056).
C’est certainement une agréable surprise de découvrir qu’un document aussi précieux que le codex de Leningrad est soigneusement conservé dans un pays qui interdit la libre importation de Bibles. Ce texte n’est pas n’importe lequel, mais c’est bien celui qui a servi de base pour un grand nombre de traductions modernes des Écritures hébraïques, dont la Traduction du monde nouveau publiée par la Société Watch Tower.
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À la sortie de la messeLa Tour de Garde 1981 | 15 août
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À la sortie de la messe
Clarence Walker publia dans une revue catholique américaine [“National Catholic Reporter”] les résultats d’un petit sondage qu’il avait fait à la porte de différentes églises auprès de 300 catholiques qui sortaient de la messe. Ayant remarqué l’indolence des gens pendant l’office, il leur posa les questions suivantes:
“Trouvez-vous que le prêtre a fait un bon sermon aujourd’hui?” La réponse fut oui à 100 pour cent. “Pourriez-vous nous dire de quoi parlait ce sermon?” La plupart (82 pour cent) en étaient incapables.
“De quoi était-il question dans les première et seconde lectures?” Personne ne le savait.
“Vous rappelez-vous ce qu’on a lu dans l’Évangile?” Ils étaient 80 pour cent à ne pas s’en souvenir.
“Avez-vous rencontré dans l’église quelqu’un que vous connaissiez suffisamment bien pour l’aborder?” Pour 98 pour cent des gens, ce n’était pas le cas.
“Lisez-vous la Bible régulièrement?” Toutes les réponses furent négatives. “Aimeriez-vous mieux la connaître?” Ce fut un oui presque unanime (98 pour cent). “Si l’on donnait un cours biblique avant la messe ou en soirée, y assisteriez-vous?” Là, il y eut 94 pour cent de non.
En conclusion, le rédacteur dit à l’adresse de ses coreligionnaires: “Nous nous retrouverons dimanche prochain à l’église, pour 45 minutes. À moins que, d’ici là, vous soyez devenu membre d’un groupement qui aura su vous intégrer.”
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