Coup d’œil sur le monde
La “drogue du pouvoir”
Dans une critique du livre “Ces malades qui nous gouvernent” de Pierre Accoce et du docteur Pierre Rentchnick, Le Monde a écrit : “La ‘drogue du pouvoir’, la puissance de son attrait, l’impossibilité d’exercer vis-à-vis de soi-même un jugement serein permettant d’y renoncer lorsque viennent les délabrements de l’âge ou ceux de la maladie, tout cela qu’illustre de manière frappante ce livre, même au prix d’un certain nombre de racontars et d’erreurs gênants, semble appeler l’instauration de mesures de cet ordre [une vérification périodique des aptitudes des hommes d’État, au même titre que pour les responsables de l’enseignement, de l’armée ou pour les pilotes d’avion] (...). L’élément essentiel qu’apportent les sinistres récits de l’ouvrage n’est, cependant, pas d’ordre strictement médical ; les trois quarts des délabrements évoqués relèvent en effet non de la maladie mais du vieillissement. Quelle qu’ait été l’exceptionnelle vigueur ou longévité d’hommes comme Churchill, Salazar, Franco, Adenauer, de Gaulle, Pie XII ou Mao Tse-toung, la sénescence (...) faisait chez eux son œuvre inéluctable, comme elle la fait chez tous ceux que frappe, pour ce motif et à tous les postes de responsabilité, l’utile couperet de la retraite. Le vrai problème que posent les gouvernants est celui de la gérontocratie [gouvernement de vieillards], et il n’appartient pas aux médecins mais au législateur de le résoudre au plus vite au nom du bien commun.”
Soixante mille morts au Liban
Selon M. Ghassan Tueni, ministre libanais des Affaires sociales et de l’Information, en dix-huit mois la guerre civile au Liban a fait 60 000 morts, 20 000 blessés et 1 700 000 sinistrés. M. Saouma, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a annoncé un vaste plan d’urgence pour le Liban, destiné à secourir pendant quatre mois les victimes de la guerre civile. Une aide provisoire d’une valeur de 4 700 000 dollars a été prélevée sur les ressources d’urgence du programme alimentaire mondial de l’ONU. Mais le gouvernement libanais estime que pour satisfaire les besoins alimentaires d’urgence pour ne serait-ce que quatre mois, il faudra 27 000 000 de dollars.
L’Église persécutée au nom de la “sécurité nationale”
Dans un long document qu’ils ont publié dernièrement, les évêques de l’Église catholique du Brésil déclarent : “L’idéologie de la sécurité nationale placée au-dessus de la sécurité des personnes se répand dans tout le continent latino-américain, comme elle l’a fait dans les pays sous domination soviétique. Forts de cette doctrine, les régimes de force, au nom du développement économique et de la lutte contre le communisme, déclarent la guerre à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leur vision autoritaire de la société. Une pareille guerre conduit à l’abrutissement croissant de ses agents et provoque un nouveau type de fanatisme, crée un climat de violence et de peur. La liberté d’expression et la liberté de la presse sont sacrifiées, les garanties individuelles supprimées.” Les évêques brésiliens ont notamment cité le cas du meurtre cette année de deux missionnaires au Mato-Grosso et l’enlèvement de l’évêque de Nova-Iguaçu par l’Alliance anticommuniste brésilienne. Après avoir été malmené pendant deux heures, ce prélat a été relâché en pleine nuit, tout nu, le corps recouvert de mercurochrome. Ses ravisseurs ont déclaré qu’ils l’avaient puni parce qu’il appartenait au “groupe communiste” de l’Église catholique. Ils ont également menacé de punir pareillement l’évêque de Volta-Redonda, près de Rio.
La Turquie éprouvée par des séismes
Une grande faille, que les géologues appellent la “cicatrice anatolienne”, traverse toute la Turquie depuis la mer Égée jusqu’au lac de Van. De ce fait, la Turquie est particulièrement sujette à de violents tremblements de terre. Selon un document publié par l’UNESCO, les zones sismiques couvrent 91,4 pour cent de tout le territoire turc ; 95 pour cent des habitants vivent dans ces zones, où se trouvent également 98,3 pour cent des grands centres industriels et 91,6 pour cent des barrages. De 1925 à 1975, il y a eu une cinquantaine de tremblements de terre en Turquie, qui ont provoqué la mort de plus de 60 000 personnes. Au mois de novembre dernier, la province de Van, non loin de la frontière iranienne, a été particulièrement éprouvée par un violent séisme qui a détruit quatre-vingts localités, dont beaucoup se trouvent isolées dans les montagnes. Des milliers de sinistrés ont passé plusieurs nuits dehors par une température de moins 10. Le nombre des morts a été estimé entre trois mille cinq cents et six mille. C’est le séisme le plus meurtrier en Turquie depuis 1939.
Une honnêteté hors du commun
Que feriez-vous si vous trouviez 25 000 dollars en argent liquide dans la rue ? Un livreur de Brooklyn a trouvé un sac de toile avec une étiquette qui portait ce montant. Le sac était tombé d’un camion blindé au cours d’un accident. Le New York Post raconte que le livreur, un homme de 27 ans, “était Témoin de Jéhovah et père de trois enfants. Il avait modifié son itinéraire et avait rapporté le sac, qui contenait 25 000 dollars en coupures de 20 dollars, au poste de police d’Elmhurst, dans le Queens [quartier de New York]”. L’inspecteur qui l’a reçu fut abasourdi. Il déclara : “Cela fait 18 ans que je travaille ici, et je n’ai jamais vu ça. D’ailleurs, même si je dois y rester encore 18 ans, je ne le reverrai jamais.” Quant à la femme du livreur, elle déclara au journal : “La décision n’a pas été difficile à prendre. D’après la Bible, c’était la seule chose à faire.”
L’écart le plus grand entre riches et pauvres
D’après une enquête publiée à Paris par l’Organisation pour la coopération et le développement économique, parmi les nations occidentales, c’est en France que l’on trouve la plus grande différence de pouvoir d’achat entre les riches et les pauvres. L’étude démontre qu’un dixième de la population est 22 fois plus riche que le dixième le plus pauvre. À titre de comparaison, aux Pays-Bas et en Suède, les gens les plus riches gagnent environ 7 fois plus que les plus pauvres. En Norvège, en Allemagne de l’Ouest, en Grande-Bretagne et au Japon, l’écart est de 10 fois, alors qu’au Canada, en Australie et aux États-Unis, il est de 15 fois. Seule l’Espagne s’approche de la France, avec un pouvoir d’achat des riches 19 fois supérieur à celui des pauvres.
La langue du peuple
L’année dernière la Grèce a utilisé pour la première fois le démotiki, la langue du peuple, dans la rédaction des livres d’école et des lois votées au Parlement. Jusqu’alors, ces textes étaient rédigés en katharevusa, langue artificielle conçue à partir du grec ancien. Elle avait été mise au point après la formation de la Grèce moderne, à partir de 1830, parce que l’on considérait que la langue du peuple était trop dégénérée pour représenter convenablement ‘la réincarnation de la Grèce antique’. “C’était une idée sotte et romanesque, déclara le professeur et écrivain grec Harry Hionidès. L’Europe nous a appris que nous étions les héritiers de la Grèce antique, et nous l’avons crue.” Le New York Times a écrit que la katharevusa “est devenue la marque distinctive de l’élite et une source de profit et de pouvoir considérable du fait que les gens du peuple ne savaient pas lire les journaux, les lois ni même le mode d’emploi d’un médicament”.
Du tricot contre des roubles
D’après le journal soviétique La Pravda, quantité de robustes montagnards du Caucase “quittent leur travail et s’adonnent au tricot avec une passion incroyable. Ils tricotent à une vitesse remarquable aussi bien à la maison que dans la rue, au cinéma, dans les clubs et les magasins, bref partout”. Pourquoi tant d’intérêt pour le tricot ? Est-ce une nouvelle mode qui s’installe ? Non. Il semble que le besoin de gilets chauds, de châles, de bas et de bonnets de laine soit suffisant dans le Nord pour que des Soviétiques entreprenants en tirent profit. “Il fut un temps où c’était le privilège des grands-mères de tricoter, mais il semble qu’elles aient perdu leur monopole”, ajoute La Pravda.
Du travail en échange de vivres
En 1975, le Bangladesh commença un programme de “travail en échange de vivres”. L’État offrait trois kilos de blé par tonne de terre déplacée par les ouvriers au cours d’un projet d’endiguement des eaux. Environ deux millions d’entre les sept millions de chômeurs ont curé les canaux et édifié des digues qui aideront à contenir les crues qui accompagnent chaque année la mousson. Il paraît qu’ils ont déjà achevé plus de 2 400 kilomètres de canaux et 3 000 kilomètres de berges. “Ils ont remué plus de terre pour les canaux et les berges que pendant la construction du canal de Panama”, a déclaré un conseiller de l’ONU qui se trouvait sur les lieux. D’après cet expert, la terre très fertile de ce pays pourrait produire beaucoup plus si l’on contrôlait les crues, mais il pense qu’au taux actuel d’accroissement il faudra encore cinq ans avant que le Bangladesh ne couvre ses besoins.
Une rivale de la tour de Pise
La tour penchée de Pise, en Italie, a désormais une rivale en Inde. La tour Qutab, près de New Delhi, est inclinée de 94 centimètres par rapport à la verticale. Cette colonne de 71 mètres, vieille de 775 ans, s’est déplacée de 30 centimètres au cours des 12 dernières années. Elle est cependant encore loin de rejoindre le record de la tour italienne vieille de 600 ans. La tour de Pise, d’une hauteur de 54 mètres, s’écarte de 5,20 m par rapport à la verticale.