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Ces enfants qui feront le monde de demainRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Ces enfants qui feront le monde de demain
“LES ÉCOLIERS NE SONT ADMIS QU’UN SEUL À LA FOIS.” Tel était le texte de l’écriteau apposé sur la devanture d’une confiserie de Grande-Bretagne. Les vols commis par les enfants avaient atteint une telle ampleur que le commerçant devait tous les avoir à l’œil. Une dépêche poursuivait ainsi:
“Des écoles du voisinage, qui sont tout à fait caractéristiques, surgit chaque jour l’une des races d’enfants les plus rustres, les plus égoïstes et les plus grossiers jamais produite. Ils se poussent et se bousculent pour monter dans les autobus, crient des obscénités dans la rue et considèrent le chapardage comme un titre de gloire s’ils s’en tirent impunément.”
Toujours en Angleterre, un professeur d’une école de l’enseignement rénové dite “à classes ouvertes” accusa le directeur en ces termes:
“Vous avez instauré une atmosphère de licence, de sybaritisme total où chacun fait ce qui lui plaît. C’est le règne du chaos et de l’anarchie. La discipline passe pour démodée et les enfants sont incités à se conduire d’une façon qui est non seulement préjudiciable à leurs études, mais qui favorise aussi l’acquisition d’un comportement antisocial. Ils grandissent dans l’ignorance, l’égoïsme, la grossièreté (...), la paresse et l’apathie.”
Ces rapports ont respectivement quatre et cinq ans. On n’observe aucun changement dans un rapport paru l’an dernier. Sous le titre “Les écoles d’Angleterre battues en brèche”, il déclarait qu’il est effrayant de voir le niveau lamentable des élèves au terme de leurs études. “Ils n’ont même pas acquis le niveau minimum de connaissances dans les matières fondamentales telles que la lecture, l’écriture, le calcul et la rédaction.” La méthode rénovée, avec son méli-mélo de sujets “à la mode”, était qualifiée de “dépotoir pédagogique”.
Au Canada, l’histoire des écoles se lit dans ces manchettes de journaux: “La lecture en déclin chez les étudiants.” “Personne n’échoue plus aux examens; les diplômes qui sanctionnent les études secondaires ne signifient plus rien.” “Si vous voulez être apprécié, faites-les passer en classe supérieure.” “Les enseignants dénoncent l’absence de principes moraux chez les étudiants.” “L’éducation se heurte au vandalisme et à la violence dans les écoles.”
Les rapports qui nous parviennent d’Australie reconnaissent que la discipline constitue un problème. C’est la raison pour laquelle des enseignants abandonnent la profession au profit d’éléments moins qualifiés. Le laxisme et les droits individuels font prime, peu importent les besoins de la société. Sous la pression de leurs condisciples, pression parfois accompagnée de violences, des centaines d’étudiants n’osent pas dire non aux boissons alcooliques et à la drogue.
En Union soviétique, la partialité règne dans les écoles. La qualité de l’enseignement est très variable, allant de médiocre dans les campagnes, à bonne dans les villes. Mais partout, le profil des étudiants est le même: “Le lycéen type ne croit en rien.” La corruption sévit dans les écoles les plus cotées, et le marché noir des livres est florissant.
En Chine, tout paraît remarquable. Le visiteur est frappé de la politesse et de la discipline des enfants. Il est accueilli dans les écoles par des chants et des danses. Les récitations l’impressionnent, et le problème de la drogue n’existe apparemment pas. Toutefois, les voyages en groupe des touristes sont parfaitement organisés et les participants soigneusement surveillés. Un journaliste qui avait réussi à s’écarter tomba sur des enfants rassemblés dans les toilettes. Un garçon s’approcha hardiment, se planta devant lui, et urina. Tous les autres regardèrent le visiteur en face et firent de même. À la suite de cet incident, le journaliste conclut: “On ne voit que ce qu’ils veulent bien montrer.”
Au Japon, les enseignants se plaignent de la médiocrité du niveau des élèves. La violence et le vandalisme sont monnaie courante. Citons l’exemple de ces trente élèves d’un lycée, et parmi lesquels se trouvaient cinq filles, qui ont battu six professeurs avec des bâtons et des cannes de bambou avant de briser des fenêtres et des portes en verre. Ceci dit, dans les écoles japonaises, le moment crucial est celui de l’examen. L’Éducation nationale requiert des étudiants qu’ils passent des examens de haut niveau pour entrer dans les lycées et les universités. Le choix de l’école dans laquelle entre l’élève dépend de ses résultats à l’examen. Pour être reçu dans une bonne école privée, la sélection commence dès l’entrée en maternelle. L’examen d’entrée à l’université dure plusieurs jours, et on le surnomme “l’enfer”. Chaque printemps s’accompagne d’ailleurs de plusieurs suicides.
Les examens universitaires les plus bizarres se déroulent en Inde. Les étudiants indiens prétendent avoir le droit de copier et de tricher. En juillet dernier, les examens de l’université de Meerut ont dégénéré en émeutes. Voici ce que déclare une dépêche:
“Hier, deux étudiants ont été tués et 40 personnes blessées, dont 30 policiers, lors d’une bataille rangée entre étudiants et forces de l’ordre dans les rues de Meerut et des villes universitaires voisines. Des policiers en armes étaient présents dans la salle d’examen pour aider les surveillants à empêcher les tricheries. Furieux d’être frustrés de leurs ‘droits’, les étudiants se sont déchaînés.
“La perturbation des examens actuels est consécutive aux sessions de février, qui ont été annulées parce que les étudiants avaient copié et triché sur une échelle gigantesque. À l’époque, les surveillants avaient été menacés avec des couteaux et des poignards pendant que les étudiants copiaient les réponses dans des livres et des notes. D’autres emportaient leurs questionnaires dans des maisons et des restaurants voisins, où des amis obligeants leur donnaient les réponses. À l’extérieur de la salle d’examen, un haut-parleur fournissait au rythme de la dictée les réponses aux questions.”
Il s’ensuit que les diplômes délivrés par la plupart de ces universités sont sans valeur et que les employeurs ainsi que les institutions d’enseignement supérieur n’en tiennent nul compte. Les diplômés illettrés vont alors grossir les rangs des chômeurs.
Une étude menée dans quelque 20 pays et portant sur 9 700 écoles et 250 000 étudiants a révélé une différence considérable entre les résultats obtenus par les étudiants des pays industrialisés et ceux des étudiants des pays en voie de développement. Si mauvais que soient les premiers, aussi bien en lecture, en écriture qu’en calcul, les seconds sont pires. Dans ces pays-là, l’analphabétisme reste élevé, et la moitié des enfants qui entrent à l’école la quittent dès la troisième année.
Quelle sorte d’adultes vont donner ces enfants? Dirigé par de tels adultes, que sera le monde de demain?
Pensez à ces questions en lisant l’article suivant, qui rapporte ce qui se passe dans les écoles de l’une des plus importantes nations du monde.
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Les écoles ont failli à leur missionRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Les écoles ont failli à leur mission
Aux États-Unis, la société a raté ses écoles. Quant aux écoles, elles ont raté leurs étudiants, et ceux-ci se sont eux-mêmes ratés. Les parents ne méritent pas non plus une bonne note.
“J’AI été dupé!”, s’exclama un bachelier qui venait seulement de s’en rendre compte alors qu’il devait quitter l’université au bout de deux ans. “Qu’est-ce qui n’allait pas? Pourquoi n’étais-je pas préparé?”, demandait-il. Il poursuivit ainsi:
“J’ai fréquenté le lycée aux beaux jours de l’enseignement rénové, quand les philosophes de la pédagogie parlaient de ‘classes joyeuses’. Tout le monde réclamait des cours ‘à la demande’ (quel que soit le sens de cette expression). À présent, quand je regarde en arrière, je me rends compte que les professeurs nous cédaient trop facilement. (...) Ils essayaient de nous procurer la ‘joie’ en fonction de nos demandes, mais ce dont nous avions réellement besoin, c’était d’étudier l’analyse logique et dans bien des cas de recevoir un bon coup de pied au derrière.”
Un journaliste rapporte cette plainte d’un autre lycéen:
“J’ai beau être en seconde, je suis nul en orthographe. Le lycée où je vais est censé être l’un des meilleurs de l’État. Je n’ai pas eu un seul cours d’orthographe depuis le cours élémentaire. Chaque année, notre professeur principal nous demande de dresser une liste des sujets que nous aimerions voir traités. J’ai inscrit ‘orthographe et grammaire’ cinq années de suite. Et qu’est-ce que j’ai eu? Des films ridicules prétendus ‘éducatifs’.”
Avec l’équivalent de 300 milliards de francs français par an, le budget américain de l’éducation bat tous les records. Pourtant, les établissements scolaires ont complètement failli à leur mission. Le niveau des examens d’entrée dans les universités baisse régulièrement depuis quinze ans.
Un niveau surfait dû au passage automatique en classe supérieure
Au terme de leur enquête, des experts ont rédigé le rapport suivant: Les méthodes d’enseignement rénové et les cours facultatifs choisis selon des critères dénués de sens ont évincé les matières fondamentales, c’est-à-dire la lecture, le calcul et l’écriture. Non seulement l’élève moyen ne sait pas lire, mais il ne sait pas non plus écrire, additionner ou soustraire. Les cours de langue ont cédé la place à la science-fiction et aux films. Les rédactions sont passées de mode. Les manuels exigent de moins en moins d’efforts. Ils comprennent plus d’images, des marges plus larges, un vocabulaire simplifié et des phrases plus courtes. Les devoirs à faire chez soi sont réduits de moitié. On tolère l’absentéisme, qui touche un élève sur quatre. Du fait que les élèves passent automatiquement en classe supérieure, cela ne signifie plus rien quant à leur niveau. Un diplôme de fin d’études secondaires indique que l’élève a suivi douze années de scolarité, mais il ne sanctionne pas un certain niveau.
Ces diplômes dénués de toute valeur ont donné lieu à des procès. Dans son édition du 9 mai 1978, le quotidien The Wall Street Journal a dit: “Quand une école remet un diplôme à un élève sans tenir compte de ce qu’il a appris, elle peut être poursuivie en justice. Une demi-douzaine de procès ont été intentés à des établissements scolaires américains. On les accusait principalement d’incurie pédagogique.” C’est pourquoi, dans de nombreux États, “l’étudiant doit prouver qu’il a appris un minimum d’éléments, généralement en passant un examen de lecture, de rédaction et de calcul. S’il échoue, on peut lui refuser le diplôme de fin d’études secondaires”.
Cependant, ces mêmes experts qui dénoncent l’échec du système scolaire ne limitent pas leurs blâmes à ce domaine. Ils mettent également en cause les foyers brisés, les foyers où il n’y a qu’un seul parent, ceux où les deux parents travaillent et les foyers permissifs. Les enfants qui vivent dans un tel cadre sont perturbés, indisciplinés et difficiles à enseigner.
Il y a aussi la télévision qui rend les esprits paresseux. “À l’âge de seize ans, la plupart des enfants ont passé de 10 000 à 15 000 heures devant le petit écran, soit plus de temps qu’ils n’en ont passé à l’école.” L’un des experts a dit: “La télévision se substitue aux parents et aux professeurs.”
Un autre éducateur ne mâcha pas ses mots. “Si vous vous trouvez devant un sérieux problème d’instruction et que vous vouliez des enfants moins ignares, déclara-t-il, éteignez la télévision et la radio, débranchez le téléphone et le dictaphone, donnez-leur des parents qui soient de gros lecteurs et qui aiment écrire, tout en jouissant d’une certaine aisance.”
Cette dernière citation met en lumière un autre facteur: la situation économique. “Votre avenir dépend de l’endroit où vous habitez”, disait une manchette du New York Daily News du 8 mars 1979. L’article poursuivait par cette explication:
“L’école communale 131 de Jamaïca Estates dans le Queens, est entourée de rues paisibles bordées de magnifiques pavillons en briques. Quand ils se croisent, les gens se sourient et se saluent. Ce sont les élèves de ce quartier qui ont eu les meilleures notes lors des examens de lecture organisés par la ville.
“L’école 75, rue Faile, dans le Bronx, est bâtie en plein dans les taudis. Quand les professeurs et les élèves quittent l’Établissement scolaire, ils doivent faire attention aux agresseurs et aux héroïnomanes. Ce sont les élèves de cette école qui ont obtenu les notes les plus basses à l’examen de lecture.
“Cela devrait faire comprendre, disait E. Leakey, dont le fils est en cours élémentaire à cette école, que l’on n’apprend pas grand-chose dans un tel établissement scolaire. Mais je n’ai pas les moyens de l’envoyer ailleurs.”
La responsabilité de la société
Willard Wirtz, ancien secrétaire au Travail et membre d’une commission d’enquête sur la baisse de niveau des examens, fit remarquer que les Noirs obtiennent des notes moins bonnes que les Blancs dans la mesure où ils sont plus désavantagés qu’eux sur les plans social et économique. “On ne peut rejeter la faute uniquement sur les écoles. C’est la société tout entière qui est à blâmer”, conclut-il.
Un étudiant qui arrive sur le marché du travail dépourvu des connaissances les plus élémentaires est forcément handicapé. Des hommes d’affaires qui avaient organisé un séminaire pour des enseignants ont fait ressortir les points suivants:
“Regardons les choses en face. S’ils ne savent pas faire le travail, nous ne pouvons les garder.”
“Sur 180 candidats que j’ai examinés, j’en ai écarté à peu près un sur cinq parce que je ne pouvais pas lire leur écriture.”
Près de 80 pour cent des employés congédiés l’ont été en raison de la fréquence de leurs absences ou de leurs retards.”
“Nous nous efforçons de ne pas nous laisser influencer par l’aspect extérieur des candidats, mais si vous pouviez voir certains d’entre eux, vous comprendriez que c’est difficile.”
Les hommes d’affaires dépensent l’équivalent de 160 milliards de francs français par an pour essayer de compenser l’échec du système scolaire. Un directeur de société se plaignit en ces termes:
“Nous réalisons ce que les enseignants auraient dû faire. Des gens qui ont un diplôme universitaire ne savent même pas rédiger un rapport. Ceux qui sortent du lycée ne savent ni lire, ni écrire correctement, ni rédiger; les dactylos ont une vitesse de frappe lamentable. Tous disposent d’un vocabulaire restreint. Douze ans à l’école, c’est beaucoup. Pourtant, quand ils en sortent, ils ignorent même le b a ba de l’éducation.”
Quand on pense que ce triste commentaire s’applique à la nation qui a réalisé la fission de l’atome, envoyé des hommes sur la lune et lancé vers Jupiter un vaisseau spatial qui a transmis des photos à la terre! Malgré tous ces exploits, cette nation n’a pas su apprendre à ses citoyens adultes à remplir une demande d’emploi ou à calculer la monnaie à la caisse d’un supermarché. Il doit bien y avoir un remède.
Mais lequel?
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Attaques contre les enseignantsRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Attaques contre les enseignants
Certains ne sont vraiment pas à la hauteur, tandis que d’autres servent de boucs émissaires. Mais tous s’exposent à des risques sérieux dans l’exercice de leur profession.
“RICHARD et Jeanne sont nuls en lecture, en calcul et en rédaction parce que leurs professeurs le sont aussi.” Telle était l’accusation publiée l’an dernier par The Wall Street Journal, qui citait des exemples à l’appui de ses dires. À La Nouvelle-Orléans, des enseignants en grève ont manifesté avec des banderoles qui portaient une magnifique faute d’orthographe. En Virginie, un manuel d’étude pour les enfants du cours élémentaire renfermait une énorme faute. Un professeur de l’Alabama a écrit à des parents une petite note au sujet de leur fils. Celle-ci comportait plusieurs fautes d’orthographe et de grammaire. Une fillette rentra en larmes chez elle parce qu’elle avait correctement écrit un mot dans sa dictée, et que le professeur l’avait “corrigé” par une faute d’orthographe.
Une telle incompétence n’est pas le fait de tous les enseignants, mais elle se retrouve dans tous les États-Unis. Aussi, dans de nombreux États, on exige des nouveaux professeurs qu’ils se soumettent à divers contrôles. Certains dirigeants de syndicats d’enseignants ont protesté, prétendant qu’on rendait les professeurs responsables de la baisse générale des résultats scolaires. Il y a du vrai dans cette protestation. Beaucoup de professeurs sont compétents, et les échecs des établissements scolaires sont à imputer à plusieurs facteurs. Mais il reste que certains enseignants sont incompétents et qu’il est donc légitime d’organiser des examens pour les écarter.
Toutefois, ces examens sont très faciles, même dans les matières fondamentales. “Un simple jeu d’enfant, titrait le New York Post. D’après une enquête, l’examen écrit de langue pour les candidats au poste de professeur dans notre ville est si facile, que des élèves du secondaire ont obtenu des résultats presque aussi bons que les postulants.”
Les risques du métier
Beaucoup de travailleurs de l’industrie s’exposent à des produits chimiques cancérigènes qui risquent de les tuer dans 20 ou 30 ans. Mais, pour nombre d’enseignants, les dangers sont immédiats, car ils risquent des blessures et parfois leur vie. L’Institut américain de l’éducation estime que chaque mois, 5 200 professeurs de second cycle sont attaqués et 6 000 dévalisés; 282 000 lycéens sont agressés, 112 000 sont dévalisés. Beaucoup de ces actes de violence sont commis par des gens de l’extérieur qui se sont introduits dans l’établissement.
La revue U.S.News & World Report du 21 mai 1979 dévoilait certaines de ces agressions. Nous lisons:
“Devant sa classe de cours élémentaire, un intrus a forcé une institutrice californienne à se déshabiller, puis, sous la menace de son revolver, il l’a violée. En partant, il a emporté ses vêtements et son argent. Les enfants ont couvert leur maîtresse de leurs chandails et de leurs vestes.
“À La Nouvelle-Orléans, une institutrice a regardé sans intervenir deux écoliers qui jetaient un petit enfant par le balcon du premier étage. Elle avait peur que ceux-ci ne s’en prennent ensuite à elle.
“Des lycéennes de Los Angeles, furieuses d’avoir reçu de mauvaises notes, ont lancé des allumettes enflammées sur leur professeur et mis le feu à ses cheveux. Le professeur en a fait une dépression nerveuse.
“À Alexandria, en Virginie, des vandales ont tailladé les pneus d’une voiture de police garée dans le parking du lycée. Ils ont peint sur les murs de la bibliothèque des graffiti en faveur de la drogue et ont arraché les portes du lycée. Ils ont également brisé des fenêtres, saccagé un tapis avec de la colle, fait détoner un explosif dans une permanence, découpé des trous béants dans le grillage de clôture de l’école, versé de l’huile de vidange dans le hall d’entrée, abattu la hampe du drapeau avec un coupe-tube et passé ce mât dans une fenêtre du bureau du proviseur. Plus tard, l’école a dû être fermée à la suite d’un incendie. On pense que le sinistre est d’origine criminelle.
“À Austin, au Texas, le fils de 13 ans de George Christian, ancien secrétaire de presse à la Maison Blanche, a tué son professeur d’anglais avec un fusil demi-automatique, sous les yeux de ses trente condisciples. Le professeur lui avait donné une mauvaise note.”
Durant plusieurs années, on a exhorté les enseignants à ne pas dénoncer les actes de violence, sous prétexte que cela nuisait au prestige de l’école et donc à ses administrateurs. Un membre des forces de l’ordre, chargé d’intervenir dans le New Jersey pour réprimer les crimes et délits, a déclaré: “Les administrateurs n’hésitent pas à intimider leur personnel pour qu’il passe sous silence les incidents.” Quand les élèves savent que la violence sera suivie de l’arrivée de la police, la situation s’améliore aussitôt.
Ils fuient la zone de combat
Beaucoup d’enseignants souffrent de commotion d’anxiété et de névrose, au même titre que les soldats d’une zone de combat. Certains gardent dans leur bureau des bombes lacrymogènes, des sifflets, voire des armes à feu. Mais la plupart sont plutôt passifs, idéalistes, peu faits pour ce genre de combat et peu disposés à l’engager. Alors ils s’en vont. Au cours de ces dernières années, les démissions et les retraites anticipées ont taillé des coupes sombres parmi les enseignants expérimentés et dévoués. Cette perte touche aussi bien les enfants que les parents, les établissements scolaires et la société. Mais les professeurs en portent aussi une certaine responsabilité. En fait, tout le monde y a une part.
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Le nécessaire ou le superflu — que doit-on enseigner?Réveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Le nécessaire ou le superflu — que doit-on enseigner?
Par une froide nuit, le bédouin laissa son chameau glisser sa tête dans la tente. Bientôt ce fut le cou; puis les épaules. Finalement, le chameau se retrouva dans la tente, et l’homme dehors, dans le froid. C’est en tout cas ce que raconte la fable. De même, quand les cours facultatifs se sont introduits dans les programmes scolaires, la lecture, le calcul et l’écriture ont dû céder le pas.
DANS les écoles américaines actuelles, les matières élémentaires font tristement défaut. “Ce n’est pas l’enthousiasme manifesté pour la peinture avec les doigts qui va constituer un substitut acceptable”, déclara une ancienne institutrice. Elle ajouta: “Les écoles ont entrepris un certain nombre d’activités que nous ne réclamions pas. On se soucie des besoins psychologiques des élèves, de leurs besoins sociaux et, seulement en dernier lieu, de leurs besoins éducatifs. La plupart du temps, les discussions sur la vie de famille sont un euphémisme pour désigner la pornographie en classe.”
En accord avec cette accusation, le New York Post du 19 juin dernier portait cette manchette en première page: “Leçons sexuelles classées X pour les écoliers.” L’article fournissait ensuite ces détails:
“Le ministère de l’Éducation nationale s’apprête à réviser son programme d’éducation sexuelle. Des sujets autrefois tabous seront discutés dès le cours moyen. Ces nouvelles matières ‘classées X’ comprendront l’avortement, l’homosexualité, la contraception et la masturbation. (...) Les autorités scolaires estiment nécessaire d’entreprendre précocement cette éducation sexuelle au vu de l’accroissement alarmant des grossesses non désirées chez les adolescentes ainsi que des maladies vénériennes. Elles proposent également de donner des informations sexuelles pratiques à la place des leçons actuelles qui mettent surtout l’accent sur les processus biologiques. Par exemple, dès le cours moyen, les élèves discuteront des différentes méthodes de contraception.”
Cela ne vous rappelle-t-il rien? N’est-ce pas exactement le même argument que l’on a fait valoir pour introduire l’éducation sexuelle dans les écoles? Autrement dit, on voulait déjà à l’époque réduire la débauche et le nombre des grossesses. En réalité, la seule chose qui a baissé, c’est le niveau des élèves en lecture, en calcul et en écriture.
L’anglais des Noirs
Il y a quelques années, une fillette du sous-prolétariat noir qui aurait parlé un anglais petit nègre aurait été corrigée par son institutrice. À présent, certains prétendent qu’il s’agit d’une langue non écrite, le “black English”, et que l’on devrait l’enseigner dans les écoles. Bon nombre de parents noirs s’y opposent, conscients que leurs enfants doivent savoir parler couramment l’anglais s’ils veulent trouver du travail.
Beaucoup de programmes scolaires sont encombrés de pareilles superfluités sans valeur qui permettent de faire des cours faciles. Certains enseignants inquiets y voient une menace pour les matières élémentaires, comme le montre cette déclaration d’un professeur d’éducation civique:
Le système des cours facultatifs qui s’est établi dans beaucoup d’écoles détruit les habitudes studieuses des élèves. Des écoliers de 15 ans sont devenus experts dans l’art de choisir les cours les plus commodes et qui demandent le moins d’efforts dans ce ‘supermarché’ qu’est devenu le programme d’études.”
Un retour aux matières élémentaires
La consternation devant la baisse du niveau des études classiques, de l’école primaire à l’université, a fait du mouvement de “retour aux matières élémentaires” l’une des forces les plus puissantes dans le domaine de l’éducation en Amérique. En 1977, un sondage effectué par l’Institut Gallup a révélé que plus de 83 pour cent des Américains interrogés désiraient que l’on insiste davantage sur les matières élémentaires: la lecture, le calcul et l’écriture. Les écoles libres, notamment les écoles religieuses, prospèrent du fait du mécontentement général devant la médiocrité des résultats obtenus dans l’enseignement public. Quand on interpella le commissaire à l’Éducation de la Floride, État qui possède 300 écoles religieuses, pour savoir pourquoi ces écoles n’étaient pas assujetties à certains critères de niveaux, il répondit:
“Nous ne pourrons parler des critères des autres que lorsque nous aurons balayé devant la porte de l’Éducation nationale. Pour l’instant c’est l’hôpital qui se moque de la Charité.”
On procéda à une enquête dans 34 lycées qui avaient maintenu ou amélioré leurs résultats aux examens d’entrée dans les universités. Ces lycées étaient répartis à travers tout le pays, situés dans des quartiers riches aussi bien que dans des quartiers ouvriers, et ils représentaient les différentes catégories sociales et économiques. Le point commun à ces écoles est qu’elles veillaient à l’expérience de leurs professeurs, qu’elles s’attachaient à la qualité et ne souscrivaient pas aux “marottes pédagogiques, telles que le relâchement pédagogique symbolisé par le concept des fameuses ‘classes ouvertes’”. Les élèves qui obtiennent de bons résultats “suivent plus de cours classiques, c’est-à-dire de mathématiques, de langues étrangères, d’anglais et de sciences exactes que les candidats qui provenaient des écoles où la baisse est sensible”. Les parents soutiennent énergiquement ce combat des professeurs.
Il n’y a pas de raccourci pédagogique
Un professeur qui enseigna l’anglais en Amérique pendant vingt-huit ans se rendit en 1974 au Botswana, en Afrique, également pour y enseigner cette langue. “J’enseigne l’anglais, dit-il, à des garçons et à des fillettes pour qui c’est une langue étrangère. Ils s’en sortent mieux que mes élèves américains.” Cet enseignant n’approuve pas le laisser-aller. Au Botswana, il observe un programme strict qui ne laisse aucune place aux fantaisies pédagogiques.
“On me dira que la méthode est passée de mode, qu’elle repose sur la répétition et qu’elle est ennuyeuse. C’est vrai, mais les exercices ennuyeux sont aussi nécessaires pour apprendre à parler et à écrire correctement que les gammes pour jouer d’un instrument.” En Amérique, les professeurs ont peur d’étouffer l’“individualité” et la “créativité” de leurs élèves s’ils corrigent leur anglais. Le professeur compara ensuite cette méthode d’enseignement à un court de tennis sans filet, puis il ajouta: “Il nous faut arrêter de jouer au tennis sans filet et apprendre aux étudiants à s’exercer dans leur langue au même titre qu’ils s’exercent en sport ou en musique.”
Ces pensées sont parues dans un article intitulé “Les Américains ne savent pas lire”, publié dans la revue Human Nature d’août 1978. L’article donnait à travers des extraits de devoirs des exemples concrets de ce qu’il avançait. Le premier avait été écrit par un élève de terminale d’un lycée new-yorkais. Il s’agissait d’un compte rendu sur le célèbre Journal d’Anne Frank. Voilà ce que cela donne, en respectant les fautes de style et d’orthographe:
“C’est une type de drame la raison est que Anne Frank a traversé une vit très dure. Sa famille et Anne sont Allemands et Hitler aime pas les allemands, alors Hitler a voté une loi pour qu’on arrête les allemands et qu’on les fasse travailler et peut-être même qu’on les tue.”
Quel contraste avec cet extrait d’une dissertation sur les préjugés, dont l’auteur est un jeune Africain de 15 ans, Mbuso:
“L’histoire des préjugés raciaux en Afrique du Sud remonte à plusieurs siècles. C’est là le fond du problème. Ce n’est qu’avec l’indépendance, il y a dix ans, que le Botswana a émergé de cette longue période. Pendant des siècles, les Sud-Africains blancs considéraient les Noirs comme des laquais et des inférieurs incapables de réfléchir et d’agir comme des êtres civilisés et cultivés.”
Il n’est pas étonnant qu’un professeur new-yorkais qui enseigne l’anglais ait déclaré: “Notre mètre étalon pédagogique n’est peut-être plus qu’un simple double-décimètre.” Pour qu’il reprenne son rôle d’étalon, il faut que les sujets superflus cèdent la place aux matières élémentaires.
[Illustration, page 10]
Certains universitaires présentent des lacunes dans l’a b c du savoir.
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Ces deux institutrices ont quitté l’enseignementRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Ces deux institutrices ont quitté l’enseignement
“Quand j’en suis arrivée à me rendre chaque jour en classe avec appréhension, j’ai compris qu’il était temps de m’en aller.”
VOICI plusieurs décennies que les enseignants s’efforcent de résoudre le problème suivant: Pourquoi l’élève américain moyen ne sait-il pas lire? Cet Américain, pendant tout ce temps, armé de son abécédaire, s’est attaqué à ce rude adversaire qu’est la page imprimée. Trop souvent, il était perdant dès le début, du fait que, dès sa première année, deux ou trois institutrices s’étaient succédé dans sa classe. À ce problème s’ajoutent encore ceux-ci: Pourquoi les enseignants s’en vont-ils et pourquoi leurs compétences pédagogiques sont-elles souvent nulles?
Qu’arrive-t-il à l’enseignement? Pourquoi des professeurs expérimentés et dévoués abandonnent-ils la profession pour d’autres carrières? C’est d’ailleurs là une question que l’on m’a également posée, puisque j’ai quitté l’enseignement plus de 10 ans avant l’âge de la retraite.
Le bon temps
Dans ma famille, tout le monde était enseignant. Encore enfant, quand je jouais à l’école avec mes poupées, je rêvais déjà du moment où cette rangée de poupées de chiffon, d’ours en peluche et de poupées en porcelaine laisseraient la place à de vrais enfants dans une salle de classe à moi. Finalement, je me suis retrouvée à la tête d’une classe de garçons de cours élémentaire.
Ma carrière d’enseignante commença trois mois après le début de l’année scolaire, et j’étais déjà la troisième institutrice de cette classe. C’est ce que les élèves m’annoncèrent triomphalement, tandis qu’une petite voix flûtée susurrait: “Nous avons chassé les deux autres.” J’ai fait comme si je n’entendais pas et j’ai invité les enfants à me parler d’eux-mêmes. Immédiatement, la conversation tourna autour de leurs animaux familiers. J’écoutais, tandis que les bouffonneries de chaque animal surpassaient celles du précédent. Finalement, j’ai demandé à un petit garçon: “Quand ton chien saute sur toi et veut jouer, alors que toi tu ne veux pas jouer, qu’est-ce que tu fais?”
“Oh! je le repousse, tout simplement.”
“Et si, après que tu l’as repoussé, il ne revenait plus?”
“Il ne fera jamais cela!”
“Et pourquoi pas?”
“Parce qu’il m’aime bien!”
Alors, doucement, j’ai lâché: “Eh bien, je vais vous dire quelque chose. Après vous avoir tous écoutés, je sais que je vais bien vous aimer, moi aussi. Je vais faire comme ce petit chien. De temps en temps, vous pourrez me repousser, mais comme je vous aime bien, je ne vous laisserai pas me chasser. D’accord?”
Dès ce moment, j’avais gagné la partie. Cela se passait durant les premières années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale.
Comme tous les instituteurs, j’avais mes sujets d’étude favoris. Mon préféré était “L’ascension et la chute des puissances mondiales”, cours que je donnais dans les classes d’éducation civique de sixième. J’étais stupéfaite de voir comment le manuel d’étude coïncidait avec l’histoire de la Bible. Même l’édition annotée à l’usage des professeurs de notre manuel La vie dans le monde antique (angl.) conseillait de faire lire aux élèves l’histoire du songe de Nébucadnezzar telle qu’elle est rapportée dans le livre de Daniel 2 au deuxième chapitre, et qui parle de l’ascension et de la chute des puissances mondiales.
C’était le bon temps. À l’époque, enseigner était une joie. Plus de dix ans s’étaient écoulés lorsque je quittai ma classe pour remplir mes nouveaux devoirs de mère.
Quand je repris l’enseignement, nous arrivions à la fin des années 60. La joie que j’éprouvais autrefois à enseigner aurait dû être plus grande encore, à présent que mon propre enfant allait à l’école. Mais les choses avaient changé.
L’ambiance actuelle
Le manque de respect à tous les niveaux était atterrant. Certes, les élèves n’avaient que peu de respect pour leurs professeurs, mais les jeunes professeurs avaient la même attitude envers les directeurs. Il était quasiment impossible de maintenir la discipline, ce qui était si facile autrefois. J’étais suffoquée d’entendre le vocabulaire ordurier que des élèves de 11 ans étaient capables de débiter. Quand j’en suis arrivée à me rendre chaque jour en classe avec appréhension, j’ai compris qu’il était temps de m’en aller.
J’ai décidé d’interroger d’anciens collègues et directeurs ainsi que d’anciens élèves dont beaucoup étaient à présent parents d’enfants en âge scolaire.
Parmi les sujets de plainte qui revenaient le plus figurait la discipline, ou plus exactement l’absence de discipline. Un instituteur me fit cette remarque: “On peut dire qu’on a gagné sa journée lorsqu’on a réussi à traverser d’un bout à l’autre le hall de l’école sans tomber dans une bagarre.”
Chacun donnait ses raisons au manque de discipline, mais tous citaient en premier “l’absence de respect devant l’autorité”. Un proviseur me fit cette remarque: “Beaucoup d’enfants ont appris, avant même d’entrer à l’école, que leurs parents ne respectent pas l’État et que bon nombre ne croient pas en Dieu. Pour l’enfant, les parents représentent donc l’autorité la plus élevée. Quand ils n’ont plus aucun respect pour leurs parents, qu’en est-il alors des professeurs?”
J’ai demandé à une enseignante qui avait plus de 25 ans d’expérience derrière elle quelle importance on pouvait accorder aux principes moraux. Elle fit remarquer qu’à cet égard, les jeunes professeurs n’ont plus le point de vue des anciens et que les enseignants expérimentés doivent marcher avec prudence sur ce terrain, de peur de toucher à l’aspect religieux de la question. Un autre professeur déclara: “Le jour où l’on a supprimé les prières en classe, nous autres enseignants n’avions plus qu’à faire notre dernière prière.”
Beaucoup partageaient le sentiment que la dégradation de la tenue vestimentaire a sonné le glas de la discipline dans les écoles. On me fit ce commentaire intéressant: “Ils se sont mis à penser de la même façon qu’ils s’habillaient. Quand nous pensions que les choses ne pourraient jamais être pires, ils se sont mis à s’habiller comme ils pensaient.” Presque tous les enseignants étaient d’accord pour dire que “le niveau d’un élève va de pair avec sa tenue”. Un professeur fit cette constatation, d’un ton rêveur: “Quand on les voit affalés sur leurs sièges, en blue-jean sales, débraillés, avec leurs chemises qui ne tiennent que par les boutons du bas, il faut reconnaître que ces visages qui vous regardent fixement ne reflètent pas un grand désir d’apprendre.”
Et l’avenir
Ces commentaires négatifs ne signifient pas que tous les élèves sont rebelles. Il y en a qui sont une joie pour leurs professeurs, et à ceux-là je dois dire: “C’est grâce à vous qu’il y a encore des enseignants. Vous êtes les victimes d’un monde en mutation.” Un ancien élève a résumé la situation comme suit: “Au début des années 60, le monde était comme une toupie qui aurait perdu son équilibre. Depuis lors, elle vacille, et l’on se demande si elle retrouvera un jour son équilibre.”
Cela m’a rappelé ma classe de sixième où, durant les cours d’éducation civique, j’enseignais la marche des puissances mondiales, leur ascension et leur chute, jusqu’à la puissance actuelle qui est indéniablement vacillante. Ce sera une bonne chose quand celle-ci cédera à son tour le pas à une autre puissance que ne mentionnent pas les livres d’histoire courants, mais qui est le Royaume de Dieu placé sous la direction de Jésus Christ. Cette puissance-là constitue pourtant le thème du plus ancien manuel qui soit, la Bible. Alors, enseigner redeviendra une joie. — D. B.
“Il était temps de cesser de lutter contre cette marée montante de parents indifférents, d’enseignants apathiques et d’enfants négligés.”
QUAND j’ai terminé mes études dans un lycée du sud du pays, au début des années 50, les élèves tenaient encore en haute estime leur proviseur et leurs enseignants. Une stricte discipline régnait encore dans les salles de classe, et le pire méfait que l’on pouvait rencontrer était de découvrir des garçons cachés derrière un buisson pour fumer une cigarette. Nous ignorions les problèmes qu’affrontait déjà la ville de New York, jusqu’au moment où parut le film “Graine de violence”. Ce film nous laissa à la fois abasourdis et incrédules. Jamais, pensions-nous, nous ne connaîtrions une telle violence et un tel manque de respect là où nous habitions.
Au fil des ans, j’ai lu quantité de rapports sur la rébellion grandissante des jeunes. J’étais si inquiète que lorsque mon premier enfant est entré à l’école, j’ai décidé d’y entrer également comme institutrice, ce qui me permettrait de tâter le pouls des événements et d’avoir mon mot à dire sur le système pédagogique.
Au cours de mes six années d’enseignement, j’ai constaté de nombreux changements décevants. Les directeurs étaient pour ainsi dire dépouillés de toute autorité et ne disposaient d’aucun moyen de contrôle sur le personnel. Ils étaient obligés d’accepter les professeurs que leur envoyait le ministère de l’Éducation nationale. Si l’un d’eux était incompétent, le directeur ne pouvait rien faire. Beaucoup d’enseignants de “la vieille école” prenaient leur retraite et leurs remplaçants étaient vraiment incroyables. Nombre d’entre eux parlaient un anglais lamentable, le langage des rues. Certains cherchaient ouvertement querelle à leurs collègues et montraient un esprit étroit dans les questions raciales et religieuses.
Les parents à temps partiel
Plus de 90 pour cent des mères des enfants qui fréquentaient notre école de la maternelle à la cinquième travaillaient au-dehors, et au moins la moitié d’entre elles élevaient seules leur enfant. Beaucoup le déposaient devant l’établissement une heure avant l’ouverture des portes afin d’arriver à l’heure à leur travail.
Je me suis également aperçue que mes élèves n’avaient jamais eu l’occasion de parler avec des adultes. Si leurs parents s’adressaient à eux ils ne conversaient pas avec eux. Apparemment j’étais le seul adulte qui les ait jamais écoutés et complimentés. Lorsque j’ai pu organiser des réunions de parents d’élèves, c’est-à-dire avec les quelques-uns qui sont venus, je les ai encouragés à passer au moins une demi-heure le soir à écouter leurs enfants et à leur demander comment leur journée s’était passée, ce qu’ils avaient appris à l’école, etc. Beaucoup de ces enfants ne voyaient leurs parents que deux heures le soir pendant la semaine. Comme certains parents travaillaient par équipe, leurs enfants ne les voyaient que deux jours par semaine, le week-end.
Les pitres proviennent de foyers brisés
Je me suis aperçue que les pitres, ceux qui sèment la pagaille dans les classes, provenaient de foyers brisés ou dont les parents étaient absents. Ces enfants avaient besoin d’affection et faisaient n’importe quoi pour attirer l’attention sur eux. Ils étaient d’une farouche loyauté envers leurs parents et racontaient un tas de vantardises à leur sujet. Je devinais que ce qu’ils voulaient dire, c’était: “Je veux que mes parents soient comme je les décris.”
Une autre découverte était qu’au foyer, les règles établies par les parents n’étaient jamais respectées. Les enfants n’accordaient donc guère d’importance aux règlements scolaires, se disant que l’école ne ferait pas plus respecter son règlement que leurs parents, ce qui était souvent le cas.
Je n’ai jamais essayé d’enseigner dans un lycée. J’avais entendu parler de coups de feu, de coups de couteau, de viols dans les lycées, et je savais qu’il s’y commettait chaque jour des vols et que l’on y vendait de la drogue. Dans la plupart des lycées, il fallait la présence des forces de l’ordre. Mais aussi bien les enseignants que la police fermaient les yeux sur la large diffusion de la marijuana. Certains élèves, beaucoup, pour être précis, étaient abrutis par la drogue d’un bout à l’autre de l’année scolaire.
Finalement, je me sentais chaque jour plus déçue et exaspérée de l’école et je rentrais contrariée à la maison. C’est là que j’ai compris qu’il était temps de cesser de lutter contre cette marée montante de parents indifférents, d’enseignants apathiques et d’enfants négligés. J’ai quitté l’enseignement pour consacrer ce temps libre à m’acquitter de mes tâches familiales. À présent, j’ai le temps d’enseigner un sujet plus enrichissant et satisfaisant, le nouveau système de choses que Dieu va instaurer, sous la direction de Jésus Christ, et qui constituera la réponse à tous les problèmes de l’humanité. — S. F.
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