Coup d’œil sur le monde
Quand Jésus est-il né?
● Dans son numéro du 26 décembre 1982, Le Pèlerin, hebdomadaire catholique français de large diffusion, répondait à la question suivante posée par un de ses lecteurs: “J’ai entendu dire que la fête de Noël aurait remplacé une fête païenne en l’honneur du soleil. Jésus ne serait-il donc pas né le 25 décembre? Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet?” Voici les explications fournies par ce magazine: “Tous les historiens sont d’accord pour dire que la date exacte de la naissance de Jésus nous est inconnue. (...) Pendant au moins deux siècles, la date de la naissance de Jésus n’a pas fait problème dans l’Église. Celle-ci était presque entièrement concentrée autour de l’événement capital de la vie du Christ, sa Mort et sa Résurrection, et ne se souciait guère du jour de sa naissance. (...)
“La fête de Noël a été introduite, d’abord à Rome, vers le milieu du IVe siècle. On la célébrait dès l’an 336. Avec toute probabilité, elle est venue ‘baptiser’, en quelque sorte, un jour consacré au culte du soleil et du dieu païen Mithra, divinité antique. Cela s’était produit également pour d’autres fêtes en usage dans le culte païen: dans l’impossibilité de les extirper de la tradition populaire, on leur avait substitué une fête ou un usage chrétien. Ainsi, il apparut tout à fait logique de dédier le jour du 25 décembre, où l’on fêtait la naissance du soleil-lumière, et de Mithra, Natalis Invicti (Invicti, c’était le nom donné à Mithra et qui signifiait Soleil triomphant), à la naissance du Christ ‘Lumière des nations’ (dans l’expression employée par le vieillard Siméon).” Ces précisions intéressantes montrent en tout cas que la fête de Noël ne tire son origine ni des Écritures ni des traditions reçues des tout premiers chrétiens.
La crise de l’Église
● En Autriche. Selon le Schwäbische Zeitung, journal allemand, “dans une quinzaine ou dans une vingtaine d’années, une paroisse sur deux de la très catholique Autriche n’aura plus de curé”. À l’heure actuelle, un cinquième des paroisses de ce pays n’a déjà plus de “prêtre titulaire”. L’article paru dans ce journal attire aussi l’attention des lecteurs sur le fait qu’un grand nombre de prêtres vieillissent et ne sont pas remplacés.
● En France. Au début de l’automne 1983, s’est tenu à Rome un synode (assemblée des évêques) sur le thème de la Réconciliation, terme moderne utilisé dans l’Église pour désigner la pratique de la confession ou de la pénitence. Le quotidien catholique La Croix en profite pour analyser l’attitude des Français vis-à-vis de la confession: “Quand cela a-t-il commencé? Les avis divergent. (...) En revanche, sur le constat, peu de désaccords. Les Français ne se confessent plus. Sous la forme individuelle, s’entend. Les témoignages sont accablants. Joseph Gomez, 65 ans, curé d’une paroisse bretonne mi-rurale, mi-urbaine: ‘Je passe environ soixante heures par an devant mon confessionnal. Personne n’y vient plus, à l’exception de six ou sept fidèles ou de quelques familles, la veille des fêtes.’” Cet article cite également divers témoignages, non seulement de prêtres et de religieux qui constatent que les Français ne se confessent plus, mais encore de catholiques qui jugent cette formalité dépassée ou qui n’en voient plus guère l’utilité. “Pour Pierre Vollaire, un prêtre parisien de 58 ans, (...) les raisons [de cette désaffection] en sont claires: la perte du sens du péché. (...) ‘Beaucoup de gens estiment qu’ils n’ont de compte à rendre à personne, qu’ils sont maîtres et juges de leur moralité. Le clergé lui-même néglige le péché individuel au profit du péché social et collectif.’”
Les archives du Sinaï
● En 1975, la découverte de manuscrits grecs bibliques dans le monastère Sainte-Catherine situé au pied du mont Sinaï avait suscité une légitime émotion. Deux professeurs de théologie allemands, Barbara et Kurt Aland, de l’Institut de critique textuelle du Nouveau Testament à Münster, ont finalement obtenu l’accord du monastère pour étudier et analyser ces textes. Ils ont ainsi pu photographier plus de 60 manuscrits grecs bibliques, inconnus jusque-là. Une étude comparative de ces manuscrits sera faite à l’Institut de Münster avec les 1 200 autres manuscrits déjà retrouvés dans ce même monastère. Selon le journal allemand Westfälische Nachrichten, cet accord, qui assurera à l’Institut l’exclusivité des recherches, a été négocié par l’intermédiaire des plus hautes autorités orthodoxes grecques.
L’économie soviétique
● Les économistes soviétiques ont remis aux dirigeants du Kremlin un mémorandum d’une trentaine de pages dans lequel ils recommandent “une profonde restructuration de l’encadrement économique du pays”, si l’on souhaite que l’Union soviétique arrête de s’enfoncer plus avant dans le marasme économique où elle est plongée depuis plus de dix ans. Ces économistes ainsi que les savants de l’Académie des sciences de Novossibirsk désignent comme principal responsable de ces problèmes une bureaucratie lourde et poussiéreuse. “Dans la structure du système actuel, (...) les personnes sont considérées comme de simples rouages de la machine économique. Elles se font à cette idée et agissent en conséquence en se contentant de suivre le mouvement, comme des robots ou de la matière première.” Mais pour cela, elles doivent étouffer leurs “impulsions créatrices”. Quels sont les résultats d’une telle attitude? Ce même rapport accuse les travailleurs soviétiques d’être “indifférents vis-à-vis de leur travail, de se contenter d’une besogne mal faite et de se livrer au chapardage à une grande échelle”.
Une liaison Europe-Afrique
● Une conférence tenue récemment à Madrid vient de donner le feu vert à un projet vieux de plus d’un siècle: une liaison entre l’Europe et l’Afrique. Elle se ferait par un tunnel de 14 kilomètres de long entre le Maroc et l’Espagne, sous le détroit de Gibraltar. La construction de cet ouvrage devrait durer cinq ans et coûter environ 2 milliards de dollars [15 milliards de francs français]. On espère mener cette réalisation à bon terme avant la fin des années 80.
La criminalité en Chine
● Bien que la criminalité ait légèrement régressé pendant trois ans, les Chinois ont encore “pas mal de problèmes” avec les délinquants, si l’on en croit tout au moins les déclarations du chef de la sécurité nationale, M. Liu Fuzhi. Dans le Quotidien du Peuple, il précise que, depuis 1981, “il n’y a pas eu de baisse sensible du nombre des délits les plus graves, meurtres, vols simples ou qualifiés, et viols”. Ce sont principalement les personnes qui appartiennent à la nouvelle classe moyenne qui sont la cible des criminels. En effet, le périodique The Age, de Melbourne (Australie), précise: “Le ministre [chinois] de la Sécurité a envoyé une circulaire à ses adjoints dans tout le pays, leur enjoignant ‘d’agir de toute urgence’ pour protéger les paysans aisés.” Pour le correspondant à Pékin de ce périodique australien, le problème est d’autant plus grave que “de nombreux paysans continuent à penser que ‘tous les biens devraient être redistribués équitablement’”.
La solitude des personnes âgées
● “Que deviendrez-vous quand vous serez vieux, si vous n’avez pas d’enfant?” C’est là une question qu’on pose souvent aux personnes sans enfant. Le périodique de langue anglaise Family Relations a récemment publié une étude de Pat Keith, de l’université de sociologie de l’Iowa (États-Unis). Ce chercheur s’est penché sur les problèmes suivants: Quel est le sort des personnes âgées sans enfant? Leur situation est-elle ou non moins enviable par rapport aux gens du même âge qui ont eu des enfants?” Les recherches du professeur Keith étaient basées sur une série d’interviews de personnes âgées d’au moins 72 ans. Il a constaté que “les enfants ne donnent pas forcément plus de sens à la vie de leurs parents âgés ni ne leur garantissent moins de solitude. [Ainsi,] la présence ou l’absence d’enfants ne semble pas avoir beaucoup d’influence sur la vie de ces personnes très âgées”.
L’avortement en Pologne
● Selon la revue American Medical News, le nombre des avortements pratiqués chaque année en Pologne dépasse celui des naissances. Les statistiques officielles donnent les chiffres suivants pour 1982: 702 000 naissances contre 800 000 à un million d’avortements. Comment expliquer de tels chiffres dans un pays de 36 millions d’habitants où la religion catholique exerce une si grande influence? Selon le journal médical précité, certains experts pensent que les principaux responsables sont “les pénuries alimentaires [ou] la grave crise du logement. (...) Pour d’autres spécialistes, l’avortement est considéré comme la seule méthode de contraception raisonnablement disponible pour de nombreux couples polonais”. Le rapport précise également que “le gouvernement polonais et l’appareil du parti communiste facilitent grandement ces avortements” en offrant la prise en charge totale par les hôpitaux.
Banalisation de l’avortement
● Un récent sondage effectué au Japon a montré que dans ce pays deux femmes mariées sur trois ont déjà eu recours au moins une fois à l’avortement. Pour les femmes de 50 à 54 ans, cette proportion montait à quatre sur cinq. Un gynécologue, M. Etsuko Negishi, a fait remarquer que, pour certaines personnes, “avorter, c’est comme se faire arracher une dent”.