Coup d’œil sur le monde
La crise de l’Église au Canada
● À l’occasion de la visite du pape Jean-Paul II au Canada, l’hebdomadaire français Valeurs Actuelles dressait un tableau des problèmes qu’il allait affronter en parlant du “mal dont souffre l’Église canadienne. Un mal qui n’est pas inconnu du pape: c’est une épidémie nommée ‘sécularisation’ qui a frappé tous les pays occidentaux et quelques autres. Mais au Canada, les 11 millions de catholiques (43 % de la population) — et spécialement les quelque 5 millions et demi de catholiques québécois — ont contracté cette maladie spirituelle sous une forme foudroyante.
“Il y a vingt-cinq ans, 90 % d’entre eux étaient des pratiquants réguliers. Aujourd’hui, ils sont moins de 25 % à assister à la messe dominicale. Selon un sondage récent de l’université de Montréal (qui porte, lui, sur l’ensemble de la population), 90 % des personnes interrogées affirment encore leur attachement à la religion chrétienne, mais ses dogmes n’entraînent plus que 20 % d’adhésions. Et il n’y aurait plus que trois Canadiens sur dix pour estimer que la religion chrétienne aura un rôle à jouer dans la société de demain”. La fin de l’article explique que la conférence épiscopale canadienne a adressé “un ‘message pastoral’ à tous les catholiques du pays pour leur annoncer la venue du pape. (...) Suivait l’énumération des thèmes sur lesquels le pape viendrait ‘échanger’ avec les fidèles. La liste, pourtant longue, éludait curieusement les principaux leitmotive de Jean-Paul II: la fidélité à la tradition de l’Église et à la pratique des sacrements, la morale conjugale, le respect de la vie dès la conception, le maintien d’un enseignement religieux dans les écoles”.
Le monde a faim
● “C’est une situation horrible et complètement folle, déclare M. Georges Ignatieff, ambassadeur du Canada auprès des Nations unies et de l’OTAN. Chaque minute, des centaines d’enfants meurent de faim. Pourtant, au lieu de leur donner ce qui leur serait nécessaire, nous dépensons dans le même temps plus d’un million de dollars [9 millions de francs français] en armements. Tout ce que cela nous apporte, c’est plus d’insécurité et d’instabilité.” Selon l’Agence américaine pour le désarmement et pour le contrôle des armes, les dépenses militaires mondiales pour 1985 devraient tourner autour de 1 000 milliards de dollars (9 000 milliards de francs français). Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, organisme spécialisé des Nations unies, de 10 à 15 pour cent de cette somme suffirait à régler le problème de la faim dans le monde entier.
Les Français et le monde de la politique
● Un sondage, réalisé pour le journal Le Monde au cours de l’été dernier, demandait aux Français ce qu’ils pensaient de la politique. Que les politiciens n’aient pas la cote, Le Monde l’explique en ces termes: “Ils ne traitent pas les grands sujets qui concernent la vie des Français (62 %); ils ne disent pas la vérité (82 %); ils gagnent trop d’argent (55 %): s’il fallait une justification à notre enquête sur le rejet de la politique, ces chiffres y suffiraient amplement.” Les spécialistes qui ont réalisé ce sondage ont aussi été surpris par le fait que ce rejet ne se manifeste pas seulement dans une couche particulière de la population. Parmi les grandes questions auxquelles les Français aimeraient voir les hommes politiques accorder plus d’importance, on trouve en premier lieu le chômage (63 %), suivi de la délinquance (45 %), de l’avenir de l’industrie (42 %) et des risques de guerre (30 %).
Une nouvelle drogue
● Selon un rapport du Journal de Toronto (Canada), “une nouvelle forme de drogue se répand de façon endémique au Pérou et en Bolivie: la pâte de coca à fumer, premier produit d’extraction de la feuille de cet arbrisseau. Cette nouvelle drogue se répand dans tout le continent”, et les experts craignent que l’invasion touche bientôt l’Amérique du Nord. Pour le docteur Nils Noya, un expert bolivien dans le domaine de la cocaïne, “les gens du Canada et des États-Unis doivent comprendre que le sulfate de cocaïne (cette pâte de coca) est beaucoup plus dangereux que le chlorhydrate du même produit [la poudre blanche purifiée] et qu’on en devient beaucoup plus vite dépendant”. M. Noya cite ensuite le cas de personnes qui ont réussi à limiter leur consommation de cocaïne sous forme de poudre et ajoute: “Avec la pâte, rien de tel. Dès qu’on est pris, plus possible de s’en défaire, à moins d’avoir une très forte personnalité. L’accoutumance vient au bout de deux semaines, parfois même seulement au bout de trois ou quatre jours. Jeunes ou âgés, ces nouveaux drogués perdent l’appétit et prennent un aspect cadavérique.” Pour aggraver le tout, “la pâte de coca est d’un prix dérisoire: une dose ne coûte que 20 cents [1,80 franc français]”.
Les déserts s’étendent
● En 1977, une conférence spéciale des Nations unies avait lancé un programme visant à stopper la progression des déserts d’ici l’an 2000. Sept ans après, on constate que peu de progrès ont été réalisés dans ce domaine. Selon un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement, “bien peu de pays ont réussi à lancer des projets nationaux”; de plus, beaucoup de ceux qui étaient prévus “ont échoué par manque de coopération et de soutien de la part des populations”. Le problème se complique du fait que “l’accent est mis plus sur la façon d’augmenter la production agricole que sur les moyens de lutter contre l’extension des déserts”. À l’heure actuelle, les déserts menacent 35 pour cent de la surface du globe et le cinquième de sa population. Chaque année, 21 millions d’hectares de terre arable sont envahis, et ce chiffre augmente régulièrement. Cent trente-cinq millions de personnes habitent les zones les plus menacées, en Afrique, en Inde et en Amérique du Sud.
Un remède de vingt sous
● “Sans doute la découverte médicale la plus importante du siècle!” C’est ainsi que The Lancet, quotidien médical britannique, salue l’apparition d’un nouveau médicament destiné à lutter contre la diarrhée, fléau qui emporte chaque année cinq millions d’enfants du tiers monde. Ce nouveau traitement, appelé thérapeutique de réhydratation orale (TRO), consiste à faire absorber à l’enfant malade une solution de sel, de sucre, de bicarbonate de soude et de potassium. Le rétablissement est très rapide. Bien qu’une dose de TRO ne coûte qu’environ 1 franc, peu de parents du tiers monde utilisent ce médicament. Selon Gail Smith, fonctionnaire de l’UNESCO au Canada, “on a constaté qu’aucun remède ne marche sans une certaine formation du public. Les gouvernements concernés doivent s’engager dans une campagne massive de publicité pour assurer la promotion du TRO, comme on le ferait pour une nouvelle boisson. Il faut des affiches, des stars de cinéma et des refrains accrocheurs à la radio. C’est comme cela qu’on obtient les meilleurs résultats”!
De piètres conjoints
● Les jeunes qui décident de faire vie commune avant le mariage, qui vont moins souvent à l’office et qui n’adhèrent pas fermement aux valeurs traditionnelles familiales ont moins de chances d’avoir des relations conjugales stables. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés deux sociologues, M. Alfred De-Maris, de l’Université Auburn, et M. Gerald Leslie, de l’université de Floride, après avoir interrogé 544 couples de jeunes mariés. La revue Psychology Today résume les conclusions de ces deux chercheurs en expliquant que “ceux qui cohabitent [avant leur mariage ] sont probablement ceux qui sont les moins susceptibles de se conformer au modèle traditionnel du mariage, de plus, ils seront aussi probablement les moins satisfaits de leur union”.
Poubelles de l’espace
● Selon le commandement de la défense aérienne nord-américaine (NORAD), environ 3 800 objets inutiles d’origine humaine se promènent dans l’espace, en orbite autour de la terre. Ce sont des fusées de lancement abandonnées, des panneaux solaires cassés, des cylindres à oxygène vides, des satellites ou des sondes hors d’usage, etc. Les deux tiers de ces objets sont à 36 000 kilomètres de la terre et devraient donc tourner indéfiniment. Ceux qui constituent le dernier tiers sont en orbite basse (de 200 à 500 kilomètres de la terre) et continueront à tourner jusqu’à ce qu’ils soient attirés par la gravitation terrestre. La plupart de ces derniers se consumeront lors de leur rentrée dans l’atmosphère. On ne connaît pas avec précision le nombre de ceux qui arrivent jusqu’au sol. D’après le périodique Time, “la probabilité d’être atteint par un déchet venu de l’espace est si faible que la Lloyd’s de Londres considère qu’il est impossible d’évaluer ce risque”. Malgré cela, en 1969, cinq pêcheurs japonais auraient été touchés et sérieusement blessés par les débris d’un vaisseau spatial soviétique. Les scientifiques envisagent à l’heure actuelle plusieurs méthodes pour “ramasser ces ordures” et les rassembler dans une décharge spéciale où ils ne pourront plus endommager ni les satellites ni les vaisseaux spatiaux.
Le temps de lire
● Combien de publications scientifiques sont publiées chaque année? Selon le SCI (Index des citations scientifiques) de l’Institut [américain] de l’information scientifique, 540 000 articles ou résumés ont été publiés dans cette branche au cours de l’année 1982. Si chacun d’eux avait en moyenne cinq pages, le total se monterait à 2,7 millions de pages, et encore le SCI n’enregistre-t-il que les articles scientifiques les plus importants. Si on recensait un cinquième de ce qui parait annuellement dans le monde, on pourrait remplir 1 000 mètres d’étagères avec 13,5 millions de pages produites. Le périodique Helsingin Sanomat explique ce que cela représente: “Si vous vous mettez à lire aujourd’hui ce qui est paru dans le domaine scientifique l’an dernier et si vous parcourez 20 pages par heure, jour et nuit, vous n’arriverez au bout de vos peines qu’en l’an 2 050.”
Hommes ou machines?
● Après dix ans d’études, des experts en travaux publics sont arrivés à la conclusion que, dans les pays du tiers monde, des équipes de travailleurs manuels valent les flottes de niveleuses, de cylindres et de bouteurs, pour construire des routes empierrées. L’article du New Scientist qui examine cette question cite le docteur Geoff Edmonds, du BIT (Bureau international du travail). Il explique que “ces méthodes sont tout à fait rentables du point de vue économique lorsque le salaire journalier d’un ouvrier ne dépasse pas les 4 dollars [36 francs français] par jour, ce qui est le cas dans plus de 80 pour cent des pays en voie de développement”. Bien que la plupart des ingénieurs considèrent comme un retour en arrière, sur le plan technologique, l’emploi de travailleurs manuels, cet expert affirme que la pelle et la pioche permettent de créer des emplois et de réduire le poids des importations dans l’équilibre commercial de ces pays en voie de développement, ce qui leur donne une plus grande autonomie.
Un melon à point
● Pour les amateurs, le choix d’un melon est toujours une opération délicate. Il devrait être facilité par une nouvelle machine qui, selon le magazine français Science et Vie, “prélève un peu de jus du melon au moyen d’une aiguille très fine, puis analyse la teneur en sucre. Les melons qui n’atteignent pas la teneur en sucre requise partent au rebut, ceux qui l’atteignent sont classés et étiquetés ‘standard’, ceux qui la dépassent sont étiquetés ‘qualité gustative’”. Le principal exportateur français de melons est, pour l’instant, le seul à être équipé de cette machine qui “mesure 25 mètres de long et peut analyser et ventiler 8 tonnes/h, soit 16 000 melons”.