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Comment devient-on alcoolique?Réveillez-vous ! 1978 | 22 avril
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Mais quand on se réfugie dans la boisson pour résoudre ses problèmes, calmer ses angoisses ou surmonter sa tristesse, on s’aperçoit régulièrement qu’au bout du compte les problèmes, l’angoisse et la tristesse sont pires qu’auparavant. Telles sont les conséquences implacables de l’alcoolisme.
Les jeunes et l’alcool
Dans une lettre adressée au New York Times, un groupe de médecins déclaraient: “L’un des plus graves problèmes de notre temps est l’augmentation alarmante de la consommation d’alcool chez les jeunes, particulièrement quand on voit combien se multiplient les excès de boisson et de quelle façon l’alcoolisme et la drogue sous toutes ses formes se répandent.”
Aux États-Unis, le principal problème de santé publique est l’alcoolisme chez les jeunes. Il se classe bien avant d’autres fléaux, telle l’héroïnomanie, ce qui amena un fonctionnaire d’État à dire que ce “problème fait des ravages (...) et a atteint des proportions épidémiques”.
D’après une enquête, un tiers des élèves des classes secondaires américaines s’adonnent à la boisson, et il y a même des alcooliques dans les classes primaires.
Selon des chercheurs de l’université de Kiel (RFA), “l’alcoolisme attend” un sixième des jeunes gens âgés de 10 à 18 ans. Dans d’autres pays où l’on assiste à une recrudescence de l’alcoolisme, de plus en plus de jeunes sont touchés par ce fléau.
Voici, selon le Sunday Globe de Boston, une conséquence immédiate de ce phénomène: “Depuis qu’on a abaissé la limite d’âge de l’interdiction des boissons alcooliques, les accidents de la route survenus chez les moins de vingt ans ont triplé.”
Pourquoi de plus en plus de jeunes boivent-ils? Entre autres raisons il faut invoquer “la pression de l’entourage” exercée par leurs amis. “Tous mes amis boivent”, déclara un jeune homme, dans une réponse typique que complète celle-ci: “Je voulais avoir l’air ‘dans le vent’, alors je me suis mis à boire.”
Beaucoup de jeunes boivent pour les mêmes raisons que les adultes, comme l’indique cette déclaration: “Quand je bois, je me sens bien et je m’amuse.” On peut faire intervenir également d’autres facteurs, tels que la lassitude de la vie, les problèmes rencontrés à l’école ou au foyer, ou encore l’angoisse des jeunes face à l’avenir incertain que leur réserve ce monde impitoyable.
Toutefois, la raison la plus courante qu’invoquent les jeunes pour se justifier est l’influence des parents et du milieu adulte en général. Dans le livre L’alcoolisme chez les moins de vingt ans (angl.), on lit ceci: “Même si l’alcoolisme s’explique en partie par l’influence de l’entourage, le rôle le plus important reste celui des parents.” Comme cela a été démontré en Allemagne, si le père boit beaucoup, les enfants sont plus enclins à l’imiter.
Pourtant, nombreux sont les parents qui n’abusent pas de l’alcool et qui veillent à ce que leurs enfants n’en boivent pas avant d’avoir atteint un âge raisonnable. Diverses études comparatives entre ces familles et celles où les parents boivent ont montré que dans les premières deux fois moins de jeunes se tournent vers l’alcool.
Dans une société où les adultes ont coutume de boire, les jeunes veulent généralement les imiter. Ainsi, un jeune téléspectateur amateur de westerns déclara: “Dans les films, les hommes boivent du whisky. Je me suis mis au whisky pour être fort comme eux.”
Qui sème le vent récolte la tempête. Lorsqu’une société tolère les abus de boisson et quand des millions d’adultes sont alcooliques, il est fatal que de plus en plus de jeunes le deviennent à leur tour.
Néanmoins, même si l’alcoolisme s’explique par de multiples facteurs, qu’est-ce qui peut bien se passer dans l’organisme d’un alcoolique pour le rendre tel? Quelles conséquences ces modifications entraînent-elles?
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Les conséquences de l’alcoolismeRéveillez-vous ! 1978 | 22 avril
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Les conséquences de l’alcoolisme
LE BUVEUR occasionnel qui n’absorbe que de petites quantités d’alcool en devient rarement esclave, sauf dans quelques rares cas où les individus ne le supportent pas du tout.
Presque tous les alcooliques sont des gens qui boivent à l’excès pendant une longue période de temps. D’ailleurs, il va de soi que plus on boit, plus on risque de devenir alcoolique.
Les deux formes d’éthylisme
L’éthylisme apparaît quand on est intoxiqué par l’alcool. Il se manifeste, entre autres signes, par une dépendance psychologique, c’est-à-dire une forme d’esclavage mental ou émotionnel.
Dans cette forme à manifestation psychologique, le sujet éprouve un besoin irrésistible de boire de l’alcool pour calmer son désarroi affectif. L’effet de l’alcool lui tient lieu de béquille psychologique pour affronter les problèmes de la vie. Par contre, du point de vue physique, son corps pourrait s’en passer.
Malheureusement, cette forme de dépendance psychologique aboutit souvent à une véritable intoxication de l’organisme. Cette fois, l’alcool ne correspond plus seulement à un besoin intellectuel ou affectif, c’est l’organisme qui le réclame.
Après un usage prolongé d’alcool, le métabolisme se modifie à l’intérieur du corps. Les cellules et les tissus deviennent littéralement avides d’alcool et finissent par ne plus pouvoir s’en passer. Après ce changement, toute maîtrise de soi a disparu et l’alcoolique s’enfonce dans son vice.
Croyant satisfaire un besoin de son organisme à chaque fois qu’il boit, l’alcoolique se ruine seulement un peu plus. S’il continue, l’éthylisme va entraîner tôt ou tard des lésions organiques et abréger sa vie.
On ne sait pas très bien pourquoi l’organisme devient esclave de l’alcool, mais on a pu invoquer, entre autres, une allergie à l’alcool, un trouble du métabolisme des glucides; une déficience thyroïdienne, hypophysaire ou surrénalienne; une carence d’origine alimentaire ou métabolique en vitamines, sels minéraux, diastases, etc.; des troubles hépatiques ou encore un mauvais fonctionnement de l’hypothalamus, responsable de la soif insatiable d’alcool.
En combien de temps quelqu’un qui boit à l’excès devient-il esclave de l’alcool? En règle générale, il faut compter plusieurs années: vingt ou trente ans pour certains, dix ans pour d’autres, mais parfois trois à cinq années suffisent
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