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Que deviennent les villes ?Réveillez-vous ! 1976 | 8 mai
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Que deviennent les villes ?
EN GRÈVE, en grève, en grève ! ” Ces cris, qui retentissaient devant le Parlement de San Francisco, étaient poussés par des policiers. San Francisco connaissait la première grève policière de son histoire.
Avant que ne pointe l’aube de ce lundi d’août 1975, deux policiers étaient renversés par un automobiliste en colère, un autre se faisait assommer à coup de batte de base-ball, tandis que d’autres essuyaient des coups de feu. Pour être moins visibles, les agents se sont alors mis à tirer dans les réverbères. Profitant de la grève de la police, les gens se livrèrent à toutes sortes de méfaits, depuis les infractions concernant le stationnement jusqu’au meurtre.
À l’origine de cette grève et de celle, également dangereuse, des pompiers, il y avait un grave désaccord entre le maire, les conseillers municipaux, les policiers et les pompiers. Ce désaccord se résumait comme suit : Quelle serait leur part respective du budget des salaires en augmentation constante, et avaient-ils le droit de se mettre en grève à propos de cette question ?
“Toute une ville kidnappée pour une rançon”, tel fut le commentaire de William Safire dans le New York Times. Il ajouta : “La rançon a été payée et maintenant les extorqueurs patrouillent dans les rues de la ville pour s’assurer que personne d’autre n’enfreint la loi.”
En revanche, si l’on en croit les syndicats des services publics d’un nombre croissant de villes, ils n’ont malheureusement pas d’autre moyen d’obtenir ce qu’ils estiment être juste. Aussi, bien qu’illégales dans beaucoup d’endroits, les grèves des services publics sont de plus en plus courantes.
Les pressions financières
Ce ne sont là que des symptômes visibles de problèmes bien plus graves. Beaucoup de grandes villes, aux États-Unis et ailleurs, sont prises dans ce qu’on a appelé un “étau financier”. Il y a, d’une part, les demandes d’augmentation de salaire d’un personnel très bien organisé et la montée en flèche des prix de toutes les marchandises que la ville doit acheter, et, d’autre part, un nombre croissant de pauvres qui ont besoin d’aide, même si les revenus municipaux diminuent.
Au début de l’année dernière, cet “étau financier” s’est resserré en une étreinte mortelle sur la ville de New York, la prétendue “capitale financière du monde”. Les dépenses de la ville avaient plus que triplé en dix ans. Même après qu’un Conseil d’assistance municipale, hâtivement formé, eut supprimé des milliers d’activités et d’emplois coûteux, la ville demeurait sous la menace constante d’un effondrement financier. L’État de New York lui accorda son aide, mais sa propre situation financière s’en trouva immédiatement compromise.
Les secousses économiques se sont rapidement propagées. Le journal financier Business Week a déclaré :
“Les problèmes de la ville de New York ont des répercussions sur tout le monde. (...) Déjà des États et des villes, même ceux qui n’ont pas de difficultés financières, ont du mal à obtenir des emprunts et doivent payer cher ceux qui leur sont accordés. (...) Beaucoup d’États et de villes se rendent peut-être compte qu’ils se trouveront inexorablement devant le même dilemme que celui que connaît la ville de New York : ou bien diminuer leurs dépenses et les services municipaux (...) ou bien voir s’écrouler leur échafaudage financier de plus en plus branlant.”
Les appels angoissés à l’aide fédérale soulèvent cette question dans un autre journal financier : “L’Oncle Sam peut cautionner la ville de New York, mais qui cautionnera l’Oncle Sam ?” (Revue Forbes du 1er juillet 1975, p. 42). Le gouvernement fédéral doit déjà à ses créditeurs presque deux fois ce que les impôts lui rapportent par an, alors que la ville de New York doit un peu plus d’un an de revenus !
En outre, la majeure partie du système économique mondial est, elle aussi, basée sur le crédit. D’après beaucoup d’analystes, la situation de New York ne fait que refléter la situation du monde. “Le crédit repose sur la confiance, dit un fonctionnaire new-yorkais, et la confiance repose sur les possibilités de l’emprunteur de rembourser. Si un gros emprunteur comme New York ne rembourse pas, les transactions de crédit en sont affectées partout ailleurs.”
À la base de ce dilemme financier à grande portée se trouvent quantité de graves problèmes impossibles à résoudre. L’avance des “ghettos” urbains hâte l’exode de la “classe moyenne” vers les banlieues ; le personnel des services publics milite de plus en plus ; les listes de l’aide sociale s’allongent ; les maisons se délabrent ; la pollution empire ; le crime et la violence augmentent. Dans les grandes villes, ces problèmes tendent à prendre une ampleur que la densité de la population n’explique pas à elle seule. Et dans beaucoup d’entre elles ils s’aggravent inexorablement.
Une maladie universelle
“New York est frappée la première”, déclara M. Henry Maier, maire de Milwaukee, qui ajouta : “Toutes les grandes villes sont menacées de connaître le même sort que New York. C’est une question de temps.” Le phénomène n’est pas uniquement américain. Le journal japonais Daily Yomiuri, par exemple, rapporte qu’au Japon des centaines de villes “sont au bord de la ‘faillite’ à cause de dépenses qui font boule de neige”. — 5 octobre 1975, p. 2.
On peut se faire une idée de la gravité du problème en considérant que dans le monde entier 116 villes ont atteint le million d’habitants au cours des vingt-cinq dernières années, alors que tous les siècles précédents ont été nécessaires pour créer soixante-quinze villes de cette importance. C’est dans les pays du tiers-monde, qui ont le moins de moyens, que ces métropoles grandissent le plus vite. Beaucoup d’entre elles doivent faire face non seulement aux problèmes que rencontrent les villes occidentales, mais encore à des difficultés qui leur sont propres.
Le Journal de Milwaukee rapporte ce qui suit : “Déjà un tiers des gens qui vivent à Manille, à Caracas, à Kinshasa et au Caire ne sont pas des citadins, mais des squatters qui logent sous la tente ou dans des bidonvilles sans eau ni égout. Les experts n’envisagent pas avant 1980 le remplacement de ces taudis et baraquements, qui sont devenus la principale forme de vie citadine dans de nombreux pays.”
En regardant en arrière on se rend compte que la vie urbaine était très différente autrefois. Kunle Akinsemoyin écrivit ce qui suit dans le Sunday Times de Lagos, au Nigeria : “Je me rappelle bien le temps où l’île de Lagos était l’orgueil du Nigeria. C’était dans mon enfance, il y a une quarantaine d’années. (...) Les gens étaient aimables, serviables, bien élevés et hospitaliers. Maintenant, dit-il tristement, Lagos est en train d’acquérir rapidement la réputation d’être une des capitales les plus sales du monde.”
Beaucoup de citadins d’un certain âge pensent sans doute comme Monsieur Akinsemoyin. Pourquoi tant de grands centres urbains autrefois animés sont-ils en pleine décadence ? Y a-t-il quelque chose de fondamentalement mauvais dans les grandes villes ?
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Le déclin des grandes villesRéveillez-vous ! 1976 | 8 mai
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Le déclin des grandes villes
EN 1913, le sociologue anglais Patrick Geddes estimait que les grandes villes passaient par cinq stades :
1. Polis — la ville initiale.
2. Metropolis — une ville grande mais salubre.
3. Megalopolis — une ville très grande et insalubre.
4. Parasitopolis — une ville parasite qui épuise la nation.
5. Pathopolis — une ville malade, rongée et prête à mourir.
Pour beaucoup de gens, des villes comme New York manifestent les symptômes du quatrième stade, car elles ont déjà commencé à aspirer les forces de la nation. D’autres craignent déjà de voir apparaître les signes du cinquième stade. Une sorte de chancre est en train de ronger le cœur de nombreuses villes américaines, car les familles aux revenus moyens et élevés s’en vont vers les banlieues.
Dans certaines grandes villes américaines, le nombre des contribuables diminue au point d’être “le plus bas du siècle”, selon un récent recensement. “La population des villes de Boston, de Pittsburgh et de Jersey City n’a jamais été aussi faible depuis 1900 (...). Celle de New York est presque descendue au niveau de 1940.” — U.S.News & World Report du 1er septembre 1975, p. 64.
Poussés par un dégoût croissant pour la vie citadine, les travailleurs imposables, les commerçants et les industriels s’en vont vers les banlieues et même au-delà. Par exemple, concernant la grève de la police de San Francisco, plus de la moitié de ceux qui réclamaient un salaire plus élevé n’appartenaient pas à la population imposable. Et bien qu’à New York celle-ci soit descendue au-dessous de huit millions, certains estiment que dix millions de gens vivant hors de la ville tirent d’elle un profit quelconque.
Un cercle vicieux
Ainsi s’est formé un cercle vicieux : l’exode des contribuables a entraîné des impôts plus élevés, lesquels ont incité un nombre plus important encore de gens à partir, et ainsi de suite. Quand les familles les plus prospères et les industries s’en vont, l’argent qui provient de leurs impôts et les emplois disparaissent en même temps. Restent alors les pauvres, les chômeurs, les personnes âgées, les minorités, tous ceux qui sont le moins imposables. M. Maier, maire de Milwaukee, déclara : “Notre ville, ainsi que d’autres, accuse une tendance qui s’accentue : (...) une concentration croissante des pauvres dans les centres urbains.”
Entre-temps, les services municipaux, de même que les programmes d’aide en faveur des pauvres et des chômeurs, toujours plus nombreux, coûtent de plus en plus cher. C’est ainsi que les diverses dépenses de la ville de New York ont triplé au cours des dix dernières années, tandis que les charges qu’entraîne l’aide sociale se sont accrues presque deux fois plus vite !
Pour compenser tout cela, les villes augmentent les impôts, ce qui incite les propriétaires, les commerçants et les industriels qui restent à partir, eux aussi. Depuis 1950, San Francisco a été obligée de quadrupler les impôts sur les biens immobiliers, alors que le coût de la vie a seulement doublé.
À ce compte-là, certains n’ont plus les moyens d’entretenir un immeuble, et cela contribue aussi au délabrement de la ville. On estime qu’en 1976, à New York, 50 000 personnes abandonneront l’appartement dont elles sont propriétaires. Ces derniers temps, 35 000 logements ont été abandonnés chaque année. Non seulement l’argent provenant des impôts sur ces biens est perdu pour la ville, mais des pâtés entiers de maisons se vident l’un après l’autre et tombent en ruine.
Quand des commerçants et des industriels fortement imposés choisissent de s’en aller, cela ne représente pas seulement une perte financière. On dit que depuis 1969, par exemple, la ville de New York a vu disparaître un demi-million d’emplois dans l’industrie et par là même autant de contribuables. Mais si on n’augmente pas les impôts, disent les fonctionnaires municipaux, il faut réduire les services publics. En agissant ainsi on rend les grandes villes encore moins agréables et on accélère l’exode des contribuables.
Les problèmes des grandes villes tendent donc à prendre de l’ampleur, mais le fait qu’elles soient très peuplées n’explique pas tout. Il y a d’autres facteurs, et, parmi ceux-ci...
... Les minorités
Dans les grandes métropoles, les minorités et les personnes économiquement faibles sont souvent entassées dans des bâtiments vieux et délabrés et dans des habitations à bon marché. Dans certains endroits, elles habitent même des bidonvilles de leur propre fabrication. Les effets de ces concentrations de minorités sont bien connus. Un rapport provenant de Suède, par exemple, montre que les environs des grandes villes sont “traditionnellement des zones de taudis où vivent les gens défavorisés socialement et économiquement, ainsi que les nouveaux immigrants. Ces zones deviennent des repaires d’alcooliques et de toxicomanes”. De plus, elles épuisent les ressources du pays.
Le développement des communautés noires et autres dans les villes américaines a créé des problèmes de logement insolubles. Des préjugés tenaces et la crainte accélèrent l’exode des Blancs vers les banlieues, ce qui crée un autre problème : une ségrégation de facto. Des efforts bien intentionnés visant à donner aux Noirs la possibilité de s’instruire avec les Blancs n’ont rencontré que peu de succès. De nombreux Blancs se sont éloignés davantage encore du centre des villes.
... Le crime
Les logements misérables, et la promiscuité des grandes villes engendrent le crime. En Allemagne de l’Ouest, par exemple, il y a en moyenne près de deux fois plus de criminels dans les régions fortement peuplées que dans le pays en général. Pourtant, dans ces régions, les forces de police sont trois fois plus nombreuses qu’ailleurs. On comprend pourquoi beaucoup de gens préfèrent fuir les grosses agglomérations.
Les tribunaux des grandes villes sont débordés, ce qui encourage encore les criminels. Les délits sont si nombreux que le procédé du “marchandage judiciaire” est considéré comme une nécessité absolue dans beaucoup de villes américaines. Les malfaiteurs peuvent plaider coupables pour un crime moins grave que celui dont ils sont initialement accusés, de sorte qu’on évite ainsi quantité de longs procès. Par conséquent, des criminels, même des meurtriers, sont souvent relâchés rapidement.
... Un personnel militant
Quand le crime augmente et que les villes se délabrent, il faut plus de policiers et de pompiers, et aussi plus d’employés pour s’occuper des services sociaux et autres. Avant les récentes restrictions, le nombre des employés municipaux de New York était passé de 200 000 à 300 000 en quinze ans. Cependant, la population n’avait guère changé.
En raison de la montée des prix et aussi pour compenser les dangers qu’il court, le personnel affecté aux services publics, comme les policiers, les pompiers et même les éboueurs, joue sur l’absolue nécessité de ses services pour obtenir des salaires plus élevés. Grâce à ce chantage, les travailleurs de ces secteurs ont vu leurs salaires augmenter beaucoup plus rapidement que les autres. Alors que le coût de la vie a un peu plus que doublé depuis 1950, les salaires et les gratifications des policiers et des pompiers de San Francisco se sont multipliés par sept. Beaucoup d’autres villes ont été aussi généreuses. Mais quelqu’un doit payer la note.
... La pollution
Ceux qui ont fui vers les banlieues pour échapper à la pollution et aux autres inconvénients urbains n’ont fait qu’accroître les problèmes des villes. Un rapport récent provenant de Suède déclare que dans les grandes villes la circulation aux heures de pointe devient “de plus en plus dense et de plus en plus lente”. Cela se voit dans de nombreuses villes. Les transports en commun n’ont guère réussi à réduire la pollution. “Les embouteillages persistants font échec à ce rêve des urbanistes : des transports rapides qui ‘éviteraient aux gens de devoir prendre leurs voitures et qui libéreraient les autoroutes’.” — New York Times Magazine du 19 octobre 1975, p. 84.
D’après un rapport de l’Académie américaine des Sciences, bien que la pollution ait diminué par suite de l’application des règlements fédéraux, l’air de la campagne est toujours ‘de loin supérieur à l’air de la plupart des villes’. La concentration des industries augmente la pollution dans nombre de grandes villes, mais celles-ci ont besoin des industries, qui procurent des emplois et des revenus. Pour survivre, beaucoup d’entreprises frappées par la récession cherchent à contourner les règlements sur la pollution de l’air, car leur application est coûteuse. Ainsi, le problème demeure et contribue au déclin des grandes villes.
... La déshumanisation
La promiscuité semble souvent accentuer les plus mauvais penchants de la nature humaine. Au lieu de favoriser des relations cordiales entre des gens qui se côtoient si étroitement, c’est généralement l’inverse qui se produit. Un rapport provenant de Londres parle de “gens malades et âgés qui étaient morts, seuls, dans leur appartement et qu’on n’avait trouvés que des semaines plus tard, parce que personne n’allait jamais les voir”. Le rapport ajoutait : “Cela aurait été absolument impossible il y a vingt ans.” Comme on le sait, ces faits ne se passent pas uniquement à Londres.
À l’étroit dans des appartements exigus et des rues resserrées, les enfants aussi souffrent. Ils sont privés des joies du grand air, des découvertes de la nature et de son action salutaire, et des bienfaits qu’offrent la plupart des milieux ruraux. C’est pourquoi détruire, écraser et casser devient souvent pour eux le seul exutoire. C’est ainsi que le vandalisme prolifère, que les graffiti se multiplient, contribuant à la détérioration des villes, et que les graines du crime sont plantées.
La plupart des grandes villes du monde sont donc enfermées dans un cercle vicieux de forces destructrices qui semblent trouver leur aliment en elles-mêmes et qui s’aggravent sans cesse. Mais les administrations municipales ne s’efforcent-elles pas d’améliorer la situation ?
Les administrations
“Actuellement, aucune grande ville américaine n’est bien administrée”, affirme Milton Rakove, professeur de sciences politiques à l’université de l’Illinois. “Il est peu probable qu’aucune puisse l’être, dit-il encore, étant donné le genre de problème que rencontrent nos villes, ce qu’on exige de leurs systèmes politiques et administratifs, et l’incapacité de ces systèmes à faire face à ces exigences.” — New York Times du 23 octobre 1975, p. 39.
L’administration de nombreuses villes est entravée par un manque de direction stable. À propos d’une ville en mauvaise posture, Business Week a écrit : “Elle est dirigée par des fonctionnaires élus qui, à cause de la nature de la politique, ont souvent une philosophie administrative qui se résume par les mots ‘ici aujourd’hui, ailleurs demain’.”
Une direction aussi transitoire peut même avoir un effet néfaste sur le personnel municipal dont le rendement est, dit-on, plus bas que celui des autres travailleurs. Il faut donc plus d’employés, ce qui épuise encore les finances de la ville. Le représentant d’un des plus grands syndicats des services publics des États-Unis explique la situation comme suit : “Quand les employés municipaux se rendent compte que la ville ne s’intéresse pas à la manière dont ils font leur travail, eux aussi s’en désintéressent. (...) Nous voulons sentir que nous sommes disciplinés. La discipline signifie que quelqu’un se soucie de nous. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une direction.”
Au lieu d’examiner les problèmes à fond, beaucoup de fonctionnaires aux motivations politiques espèrent les faire disparaître à coups de billets de banque. Leur action superficielle ne réussit souvent qu’à amplifier les difficultés et à épuiser les ressources de la ville. Dans bon nombre de grandes villes du monde, les résultats de cette politique désastreuse sont manifestes.
Malgré cela, la plupart des gouvernements sont prêts à “cautionner” les villes en difficulté, mais le pays entier en subit le contrecoup. Il serait donc exagéré de dire que toutes les grandes villes sont menacées dans l’immédiat d’un effondrement financier. Certaines semblent même fort bien faire face à la situation. Mais le temps ne travaille pas en leur faveur.
Le rapport suivant, qui parle de la condition des grandes villes en Angleterre, donne une idée de la situation que connaissent aujourd’hui de nombreuses grosses agglomérations du monde. Nous lisons :
“Leur structure est branlante. On a réduit la portée et l’efficacité des services publics dans leur ensemble, à une époque où on en a le plus besoin. Il est peu probable que le gouvernement refusera de ‘cautionner’ des villes aussi endettées que New York. Les villes continueront sans doute à lutter avec des services municipaux toujours moins efficaces et toujours plus chers. Le niveau de vie continuera à baisser, de même que la valeur qu’on lui accorde. Tout comme la circulation, la vie dans les villes se ralentira toujours davantage.”
Cela signifie-t-il que les métropoles d’aujourd’hui arriveront inexorablement au stade de la pathopolis, selon la théorie de Patrick Geddes — une ville malade, rongée et prête à mourir ? N’y a-t-il aucune solution ?
[Illustration, page 6]
Chaque année, des milliers d’appartements sont abandonnés par leurs propriétaires à cause des impôts élevés.
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Le seul remède pour les villes en difficultéRéveillez-vous ! 1976 | 8 mai
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Le seul remède pour les villes en difficulté
L’ARGENT et les programmes d’aide sociale ne constituent pas le remède pour les villes en difficulté. Ces programmes d’“aide” ne font que précipiter leur ruine. Ils n’atteignent pas la cause profonde du mal. Trop souvent, les dirigeants municipaux “considèrent le ghetto comme une sorte d’enclave où il suffit de jeter un peu d’argent pour le faire tenir tranquille. Cette conception ne peut conduire qu’au désastre”. C’est ce qu’écrivait Sol Linowitz, président du Conseil municipal fédéral d’Amérique.
Quel est alors le remède ? D’après les experts, il faudrait des changements fondamentaux. “Des bons [de crédit municipal] peuvent nous aider à éviter un désastre financier, dit M. Linowitz, mais les vrais problèmes de nos villes ne seront pas résolus tant que les gens n’auront pas appris (...) la confiance et le respect mutuels.” — New York Times du 25 octobre 1975.
En outre, au cours d’une conférence qui a réuni plusieurs centaines d’éminents hommes de science et qui s’est tenue récemment à Houston, au Texas, il a été suggéré un autre changement fondamental. D’après nombre d’experts, pour éviter de connaître “un avenir sombre, catastrophique, (...) il faudrait donner aux gens le désir de quitter les grands centres urbains, de retourner dans les régions rurales et d’accepter des tâches plus humbles et plus dures”. — U.S.News World Report du 3 novembre 1975, p. 88.
Mais comment, à votre avis, la plupart des habitants des villes apprendront-ils “la confiance et le respect mutuels” ? Pouvez-vous imaginer que la majorité d’entre ceux qui sont employés dans le commerce, l’industrie et l’administration, accepteraient de revenir à un mode de vie moins axé sur la production et les commodités ? Même si des dirigeants politiques tentaient pareille innovation, ils seraient immédiatement contrecarrés. Ne peut-on trouver une administration suffisamment clairvoyante et puissante pour pouvoir procéder aux modifications indispensables ?
Une direction supérieure est nécessaire
Considérons la Source des cycles terrestres si merveilleusement équilibrés et complexes. Ces cycles fonctionnent parfaitement quand les hommes n’y touchent pas. La puissance intelligente qui y préside ne serait-elle pas la direction dont les hommes et leurs villes auraient grandement besoin ? La Bible en parle comme de “celui qui a formé la terre et qui l’a faite (...) qui ne l’a pas créée pour rien, qui l’a formée pour être habitée”. — És. 45:18.
Il ne fait aucun doute que le Créateur de la terre a fait en sorte qu’elle soit une demeure agréable pour ses habitants. Ceux-ci, cependant, ont rejeté les principes de Dieu et se sont détournés du mode de vie qui s’harmonise avec les cycles naturels de la création, pour mener une existence de plus en plus artificielle. Comment pourra-t-on renverser cette situation ?
Le mode de vie des grandes villes fait partie d’un système de choses qui, manifestement, ne donne pas satisfaction. Le seul remède serait donc de remplacer ce système par un autre qui, lui, procurerait le bonheur à tous les humains. C’est effectivement ce que le Créateur de l’homme se propose de faire. Il a également prévu une direction clairvoyante et puissante qui assurera le succès de ce nouveau système de choses. La Bible l’appelle “le royaume de Dieu”, et ce Royaume doit être dirigé par Jésus Christ, le Fils de Dieu. — Marc 1:15.
Cette direction des affaires terrestres depuis les cieux ne plaira évidemment pas aux chefs d’État avides de pouvoir ni aux orgueilleuses administrations municipales. C’est pourquoi la Bible dit que ce Royaume, pour lequel nous prions, “ne passera à aucun autre peuple”. Au contraire, “il écrasera et mettra fin à tous ces royaumes” avant de prendre en mains les affaires de la planète. — Dan. 2:44.
Un nouveau mode de vie
Ainsi, le Royaume de Dieu balaiera tous les vestiges du présent système de choses branlant. La terre sera administrée d’une manière tellement différente que les prophéties bibliques dépeignent la société humaine d’alors comme une “nouvelle terre”. Il est dit que “la mort ne sera plus ; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu”. — II Pierre 3:7, 13 ; Rév. 21:1-5.
Nous pouvons être sûrs que parmi les choses qui causent le plus de cris et de douleurs, et qui disparaîtront, il y a les métropoles géantes dans lesquelles les gens sont entassés les uns sur les autres dans des complexes de béton, où ils sont privés de soleil, d’air et d’intimité, et entourés de bruit et d’agitation. Nous ne savons pas dans quelle mesure la vie en communauté prévaudra dans la “nouvelle terre”, mais nous savons qu’elle ne sera plus jamais une source d’oppression. C’est ce qu’indiquent les relations de Dieu avec les hommes des temps passés.
Après avoir purifié la terre par le déluge aux jours de Noé, Dieu répéta son dessein originel à l’égard des humains, disant : “Soyez féconds et devenez nombreux, et remplissez la terre.” Plus tard, des hommes désobéirent à cet ordre et voulurent se concentrer dans une grande ville. “Bâtissons-nous une ville, dirent-ils, (...) et faisons-nous un nom célèbre, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la surface de la terre.” Dieu témoigna son désaccord avec cette façon d’agir en dispersant les bâtisseurs “sur toute la surface de la terre”. — Gen. 9:1 ; 11:4, 8.
En outre, la loi inspirée qui, plus tard, gouverna la nation d’Israël, n’encourageait pas la vie dans les grandes villes. Toute personne qui vivait dans un petit village non muré et qui devait vendre sa maison, peut-être à cause d’un revers de fortune, conservait le droit de la racheter. Si elle était incapable de la racheter, sa maison était rendue de toute façon à sa famille l’année du Jubilé, année qui revenait tous les cinquante ans. En revanche, ceux qui vivaient dans une ville murée ne conservaient le droit de rachat que pendant un an seulement. Ensuite, la maison restait la propriété de son acquéreur. Les régions rurales étaient donc avantagées. — Lév. 25:29-34.
Étant donné ces témoignages de la pensée de Dieu, il ne fait pas de doute que dans la “nouvelle terre” le mode de vie agricole prévaudra. Les prophéties bibliques nous dépeignent en ces termes l’existence que Dieu nous prépare :
“Assurément ils bâtiront des maisons et les occuperont ; et assurément ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. (...) Mes élus utiliseront jusqu’au bout l’œuvre de leurs mains.” — És. 65:17, 21, 22.
De plus, même l’attitude des gens sera influencée par leur nouvel environnement et par le gouvernement juste de Dieu, qui fera “toutes choses nouvelles”. La confiance et le respect mutuels régneront, “car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Jéhovah comme les eaux recouvrent la mer”. Voilà le seul vrai remède qui s’offre aujourd’hui aux villes en difficulté. — Rév. 21:5 ; Hab. 2:14.
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