Coup d’œil sur le monde
L’Église à une heure “de tempête et de transition”
Dans sa dernière allocution avant son départ pour sa résidence d’été, le pape, dans une analyse des cinq années postconciliaires, déclara : “L’heure actuelle est une heure de tempête et de transition.” Parlant des nombreuses agitations, tensions, nouveautés et transformations qui caractérisent l’état actuel de l’Église, il ajouta : “Les uns regrettent la tranquillité antérieure ; les autres sont heureux des changements en cours. Certains parlent d’une désintégration de l’Église. D’autres rêvent de la naissance d’une Église nouvelle. Les uns trouvent que les innovations sont trop nombreuses et trop brusques et qu’elles défigurent le visage de l’Église authentique ; d’autres jugent que les réformes commencées sont d’une lenteur et d’une paresse sans doute réactionnaires. D’aucuns, désireux de redonner à l’Église son visage primitif, contestent la légitimité de son développement ; d’autres, au contraire, voudraient pousser cette évolution jusqu’aux formes profanes de la vie courante, en vue de désacraliser et de séculariser l’Église. (...) Le concile ne nous a pas donné jusqu’à présent, dans de nombreux domaines, la tranquillité que l’on souhaitait : il a plutôt suscité des troubles et des problèmes. Il s’agit d’un moment d’épreuve.”
Le clergé renie la Bible
Sur 10 000 pasteurs protestants américains interrogés dernièrement au sujet de leurs croyances, 7 400 ont fourni des réponses aux questions posées. On leur demanda entre autres : “Croyez-vous que la résurrection de Jésus est un fait historique ?” Cinquante et un pour cent des pasteurs méthodistes répondirent : “Non.” Trente pour cent des pasteurs épiscopaliens répondirent également par la négative ainsi que trente-cinq pour cent des presbytériens, trente-trois pour cent des baptistes et vingt pour cent des luthériens.
À la question de savoir s’ils considéraient la naissance virginale comme un miracle biologique, soixante pour cent des pasteurs méthodistes répondirent catégoriquement “non”, de même que quarante-quatre pour cent des épiscopaliens et quarante-neuf pour cent des luthériens.
En ce qui concerne la Bible elle-même, quatre-vingt-deux pour cent des pasteurs méthodistes déclarèrent qu’ils ne croyaient pas qu’elle est la Parole inspirée de Dieu. La même réponse fut donnée par quatre-vingt-un pour cent du clergé presbytérien, cinquante-sept pour cent du clergé baptiste et cinquante-sept pour cent du clergé luthérien.
Que ceux qui s’étonnent de l’accroissement de l’incrédulité considèrent l’exemple donné par le clergé. Le disciple Jacques écrivit : “Mes frères, un figuier ne peut donner des olives ou une vigne des figues, n’est-ce pas ?” (Jacq. 3:12). De même, des hommes sans foi ne peuvent édifier la foi.
“Les Églises sont parvenues à une crise”
Lors d’une conférence de presse des grands théologiens catholiques, tenue à Bruxelles, Edouard Schillebeeckx reconnut que “certains laïcs ont aujourd’hui l’impression que les théologiens vendent des vessies pour des lanternes”. “Les Églises, ajouta-t-il, sont parvenues à une crise. L’esprit critique qui naguère s’attaquait aux Églises du dehors, s’est introduit aujourd’hui à l’intérieur. Les doutes concernant la religion et le christianisme sont devenus les doutes des Églises, tandis que les problèmes du monde devenaient en même temps ceux des Églises.” Lors de la même conférence de presse, Karl Rahner demanda : “Pourquoi les évêques, alors qu’ils sont parfois riches, donnent-ils si peu d’argent aux entreprises théologiques importantes ?” Ce théologien constata avec regret que la théologie donne souvent une “impression de lassitude, de découragement et de défaitisme”.
“La religion est-elle passée de mode ?”
Robert Larson, pasteur presbytérien de trente-neuf ans, a quitté sa chaire de Pittsburg pour un poste de directeur à la télévision. Il se sert du petit écran pour débattre cette question : “La religion est-elle passée de mode ?” Larson se préoccupe de voir les jeunes fréquenter de moins en moins l’église. Selon lui, ils reprochent entre autres aux Églises l’hypocrisie de leur structure traditionnelle. “Vous ne pouvez berner les jeunes, dit-il. Ils voient bien si une Église s’intéresse sincèrement aux problèmes de la société ou si elle se contente d’administrer pieusement un réconfort spirituel aux gens aisés d’un certain âge.
Voici à titre d’exemple la remarque d’une jeune fille de Harrisburg : “Toutes les Églises se préoccupent principalement de trouver le plus de membres possible, de garder ceux qu’ils ont et d’obtenir leur argent. Tous leurs actes sont destinés surtout à les aider à subsister. Elles ne se préoccupent guère des principes que la religion est censée soutenir.” Paul Gehris, pasteur baptiste, déclara : “Ce n’est pas la religion qui est passée de mode, mais ces riches sociétés commerciales que sont les Églises.”
Le manque de vocations
À l’occasion de la journée mondiale des vocations, le pape prononça un discours devant environ 10 000 pèlerins rassemblés sur la place Saint-Pierre. “Le manque de vocations est très grave pour l’Église”, a-t-il déclaré en lançant un appel aux “hommes généreux”. Selon l’Office central de statistiques de l’Église, entre 1964 et 1968, pour l’ensemble du monde, 3 568 prêtres diocésains sur 260 051 ont demandé à être relevés de leurs vœux. En ce qui concerne les pays d’où proviennent ces demandes, les Pays-Bas sont en tête de liste, suivis de l’Amérique latine, du Portugal, de l’Afrique, de l’Espagne, de l’Australie et de la France. Cependant, au dire de la revue Time, le chiffre réel dépasserait largement celui que nous venons de citer. En ce qui concerne la baisse de vocations, Civiltà cattolica, revue des jésuites italiens, reconnaît que le nombre global de séminaristes dans le monde a diminué de 20 000 en quatre ans.
La science, l’Église et la pilule
Jeffrey Baker, professeur de biologie d’une université méthodiste américaine, critiqua dernièrement l’incapacité de l’Église catholique de résoudre les conflits entre la science et le dogme du Vatican. Dans un article intitulé “La science, la régulation des naissances et l’Église catholique”, publié dans la revue BioScience, le professeur Baker analyse l’encyclique pontificale Humanæ Vitæ et la met en contraste avec les conclusions de la commission de vingt membres nommée par le pape pour étudier la question dont traite cette encyclique. Cette commission recommanda toutes les méthodes de régulation des naissances à l’exception de l’avortement.
Selon le professeur Baker, “des sondages récents indiquent que près de 80 pour cent des catholiques des États-Unis recourent à des procédés anticonceptionnels interdits par l’Église”. Il ajoute que l’on compte “plus de 900 000 avortements par an en Italie, où les contraceptifs sont interdits”, et qu’“en Autriche, en Belgique et en France, on estime qu’il y a un avortement pour une naissance”, tandis qu’“en Uruguay la proportion est de trois avortements pour une naissance”.
Des évêques africains désirent ordonner des hommes mariés
Les évêques de quatre pays de l’Afrique centrale ont demandé dernièrement au pape la permission d’ordonner prêtres des hommes mariés. Dans leur lettre à Paul VI ces évêques confirment leur soutien du célibat sacerdotal, mais devant la régression constante du nombre de vocations dans leurs territoires, ils ne voient d’autre solution que l’ordination d’hommes mariés.