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L’Union soviétique s’efforce de détruire la religionRéveillez-vous ! 1973 | 8 août
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cependant pas le cas pour tous les Russes. Pour un grand nombre d’entre eux, ce que les Églises subissaient n’était que la juste rétribution de leurs crimes.
Pour comprendre ces sentiments, il faut savoir que les Églises, surtout l’Église orthodoxe, étaient des éléments majeurs dans le régime tyrannique des tsars. Pendant des siècles, le clergé, voyant son propre avantage, avait soutenu les dirigeants, méconnu les besoins du peuple et tenu ce dernier dans l’ignorance. Les masses étaient virtuellement esclaves des classes dirigeantes et riches, et le clergé s’employait à maintenir cette situation. Beaucoup de prêtres étaient cupides, immoraux et avides de pouvoir.
Les historiens reconnaissent que l’Église orthodoxe en particulier était honteusement corrompue. Dans son livre La maison sans toit (angl.), Maurice Hindus écrit :
“Le batouchka [prêtre] du village était souvent lui-même un homme ignorant, adonné à la vodka et qui n’hésitait pas à séduire une jolie paroissienne (...).
“Le moujik [paysan] (...) en apprenait davantage concernant le bien et le mal en écoutant les récits et les ballades des mendiants ambulants et des pèlerins qu’auprès du prêtre de la paroisse (...).
“La faute capitale de l’Église russe réside dans sa soumission totale à l’État tsariste qui, selon les termes de Milioukov, ‘étouffait dans l’œuf tout essor religieux’.”
Cet auteur cite aussi le critique littéraire Vissarion Bielinsky, qui écrivit : “Aux yeux de tous les Russes, le prêtre n’est-il pas le symbole vivant de la gloutonnerie, de l’avarice, de l’égoïsme et de l’impudence ?”
Dans son livre L’origine du communisme russe, N. Berdiaev, philosophe russe, récemment décédé, parle de l’emploi, par l’Église orthodoxe, de la force armée des tsars pour favoriser ses propres intérêts. Nous lisons :
“Les prêtres peuvent-ils justifier cette ‘politique’ antichrétienne ? Pourquoi recourent-ils à la force plutôt qu’à l’amour ? (...) Nous remarquons avec stupéfaction l’union de l’Église et de l’État dans cette action odieuse. C’est cette subordination de l’Église à l’État qui est cause que tant de gens ont perdu la foi.”
Les chefs religieux eux-mêmes admettent que la religion a une grande responsabilité dans ce qui s’est passé en Russie. Dans un compte rendu paru dans le périodique Harper’s d’août 1960, un théologien d’un pays communiste s’exprime en ces termes :
“Je ne suis pas communiste, je suis chrétien. Mais je sais que c’est nous, nous seuls chrétiens, qui sommes responsables du communisme. Nous avions une tâche à accomplir dans le monde ; Jésus-Christ ne nous a pas laissés dans l’incertitude à cet égard. Nous avons échoué. Nous ‘avons dit, mais nous n’avons pas fait’. (...) Rappelez-vous que les communistes étaient autrefois chrétiens. S’ils ne croient pas à un Dieu juste, à qui la faute ?”
Il n’y a aucun doute, la corruption des Églises en Russie a détourné beaucoup de gens de Dieu, de la Bible et du christianisme. Leur raisonnement est le suivant : “Si c’est ça la religion de Dieu, alors nous préférons croire qu’il n’y a pas de Dieu.”
L’hostilité féroce des dirigeants soviétiques à l’égard de la religion avait certes des raisons. Malheureusement, ils n’ont pas fait de distinction entre la vraie foi en Dieu et la religion hypocrite. Dans leur amertume, ils ont rejeté toute religion.
Le clergé fait des compromis
Au début, une grande partie du clergé s’insurgea contre l’invasion de son domaine par les communistes. Mais bientôt, de plus en plus de prêtres acceptèrent de faire des compromis et de devenir des instruments du gouvernement soviétique. Cependant, comme ce dernier était en quelque sorte le fossoyeur de la religion, ce clergé sans dignité assistait en fait à ses propres funérailles.
Le patriarche Tikhon est un exemple frappant. Il n’imita pas Jésus-Christ, qui préféra la mort aux compromis. En 1923, après sa sortie de prison, il signa une déclaration promettant de ne s’engager dans aucune action qui pourrait nuire aux intérêts de l’État. Peu avant sa mort, en 1925, il invita tous les Russes “à soutenir sincèrement le pouvoir soviétique, à travailler pour la prospérité commune et à condamner toute agitation déclarée ou secrète contre le nouveau régime”.
Après la mort de Tikhon, l’Église ne fut pas autorisée à élire un nouveau patriarche, mais les autres hauts dignitaires de l’Église suivirent en général la même ligne de conduite que leur chef. Cela fut rendu manifeste en 1927 quand Serge, un métropolite (dignité immédiatement inférieure à celle de patriarche), publia une proclamation. Le livre Les cinquante premières années (angl.) dit que Serge “promit le soutien et la coopération politique de l’Église et de ses ouailles”. Il engagea les membres du clergé à donner une garantie écrite de leur loyauté envers le gouvernement soviétique s’ils ne voulaient pas être expulsés de l’Église.
Malgré tous ces compromis, les communistes poursuivirent leur campagne contre la religion. Durant les purges politiques de 1936 à 1938, les églises subirent des attaques particulièrement sauvages. Alors qu’en 1930, Serge avait proclamé le soutien loyal de 163 évêques, en 1939, il n’y en avait plus que 12. On dit que 40 évêques ont été fusillés et qu’environ 10 000 églises ont été fermées. Comme le fait remarquer le livre précité, “en 1939, l’Église était près de s’écrouler”.
Mais en 1939, un événement provoqua un changement. La Seconde Guerre mondiale éclata, et les rapports entre le gouvernement soviétique et la religion en furent affectés.
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La Seconde Guerre mondiale provoque un changementRéveillez-vous ! 1973 | 8 août
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La Seconde Guerre mondiale provoque un changement
LA SECONDE Guerre mondiale éclata en septembre 1939. En deux ans, les armées d’Hitler envahirent la Pologne occidentale, la France et plusieurs pays d’Europe, y compris la plus grande partie des Balkans. Ensuite, en 1941, les nazis victorieux tournèrent leur attention vers l’Est.
Au mois de juin de cette année-là, les armées allemandes déferlèrent sur l’Union soviétique. En décembre, elles s’étaient emparées de presque toute la partie occidentale du pays et avaient atteint les faubourgs de Moscou. L’existence même de la nation était en danger.
Cependant, le rude hiver et la résistance acharnée des troupes soviétiques et des partisans arrêtèrent la marée germanique à la fin de l’année. Mais il était évident qu’il fallait s’attendre à de nouveaux assauts au printemps. Le gouvernement soviétique se rendit compte qu’il devrait faire un maximum d’efforts pour stimuler le peuple.
La barbarie de l’envahisseur allemand rendait cette tâche plus facile. Ses prétentions à la supériorité raciale, son intention manifeste d’exterminer la plupart des Slaves, les dévastations et les massacres de millions de gens dont il se rendit coupable, provoquaient la fureur des Soviétiques.
Mais il fallait plus encore. Afin de rassembler toutes les ressources de la
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