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La recrudescence de la violence et de la criminalitéRéveillez-vous ! 1980 | 8 février
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Une tendance inquiétante
Ce n’est pas d’hier que la criminalité sévit, mais elle a pris ces derniers temps une ampleur nouvelle. Devant la marée montante de la violence et de la criminalité dans le monde entier, les forces de l’ordre ainsi que le public en général sont amenés à revoir le problème de la criminalité et les moyens d’enrayer efficacement ce fléau.
Il se commet de plus en plus de crimes “gratuits”, c’est-à-dire de délits qui ne reposent sur aucun mobile. Dans cette rubrique entrent les graffiti qui couvrent les édifices publics et le vandalisme commis dans les cabines téléphoniques.
Mais, trop souvent, les crimes “gratuits” dépassent le stade du simple vandalisme et montrent une violence sans aucune commune mesure avec leur objet. Par exemple, deux jeunes Allemands de 17 ans ont agressé un homme de 33 ans dans les faubourgs d’une ville et ils l’ont poignardé à tour de rôle. La police révéla que le corps de la victime portait plus de 80 coups de couteau. Quand on leur demanda la raison de leur acte, les deux jeunes gens eurent cette réponse: “On avait envie de faire son affaire à quelqu’un.” Dans un autre cas, un groupe de jeunes Français à peine plus âgés que les précédents s’en prirent à un notaire de Cherbourg qu’ils rouèrent si sauvagement de coups que celui-ci perdit conscience et mourut trois jours après. Interrogés sur les mobiles de leur geste, ils répondirent que “c’était juste pour s’amuser”.
Une autre tendance inquiétante est l’accroissement de la délinquance chez les femmes. En Allemagne, par exemple, le terrorisme présente cette particularité remarquable qu’une forte proportion des terroristes connus sont des femmes. Il y a tout juste un an, 12 des 16 personnes suspectes de terrorisme recherchées en priorité par la police étaient des femmes.
Toutefois, ce qui inquiète le plus les autorités judiciaires et le corps législatif, c’est probablement la brusque flambée de la criminalité juvénile. Dressant le bilan de ce problème aux États-Unis, la revue Time écrit: “On s’est toujours plaint que les jeunes assassins s’en tiraient impunément. Malheureusement, cela n’est devenu que trop vrai. Dans tous les USA, la criminalité se présente sous une forme qui laisse à la fois perplexe et glacé d’horreur. Il apparaît en effet que de nombreux jeunes volent, violent, agressent et tuent avec autant de désinvolture que s’ils allaient au cinéma ou se joignaient à une partie de base-ball.”
Cette tendance observée chez les jeunes ne laisse rien présager de bon quant à l’avenir. En ce qui concerne la situation en Allemagne, le journal Hamburger Abendblatt fit ce commentaire: “D’après les plus récentes statistiques criminelles, depuis 1975, le nombre des interpellations de jeunes âgés de 14 à 18 ans s’est accru de 25,1 pour cent. Dans la tranche d’âge inférieure à 14 ans, l’augmentation est de 30,8 pour cent (...), et rien ne laisse entrevoir un revirement de cette tendance. Il faut au contraire s’attendre à une recrudescence de la délinquance chez les adolescents et chez les enfants.”
Il ne fait aucun doute que la criminalité constitue un problème qui mérite d’être pris très au sérieux. Le gouvernement français l’a jugé si sérieux qu’il a nommé une commission de 11 membres chargés d’enquêter sur ce sujet. Ceux-ci ont délibéré pendant 16 mois avant de présenter un rapport de 700 pages qui offrait 103 propositions concrètes pour tenter de résoudre le problème.
De son côté, l’Organisation des Nations unies a également jugé ce problème suffisamment sérieux pour justifier la constitution d’un comité de 15 membres, comité chargé de la prévention et de la lutte contre la criminalité et sous l’égide duquel se tient tous les cinq ans un congrès mondial qui permet de faire le point sur les méthodes efficaces de lutte contre la criminalité sur le plan international. En 1975, les débats étaient placés sous le thème suivant: “Un défi pour ce dernier quart de siècle: prévenir et enrayer la criminalité.” Un sixième congrès se tiendra cette année en Australie, à Sydney.
Que signifie cet accroissement constant de la criminalité et de la violence qui s’observe à l’heure actuelle? Va-t-il se poursuivre jusqu’au point de non retour? Ou bien a-t-on exagérément grossi ce problème? A-t-il atteint des proportions vraiment si graves? Quelle est votre opinion à ce sujet?
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Le problème de la criminalité est-il aussi grave qu’on le dit?Réveillez-vous ! 1980 | 8 février
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Le problème de la criminalité est-il aussi grave qu’on le dit?
IL Y A des gens qui sont nés optimistes. Quelque gravité que présente une situation, ils trouvent toujours le moyen d’affirmer avec le sourire que les choses pourraient être pires. Beaucoup d’arguments plaident en faveur de l’optimisme, mais il ne faudrait pas lui permettre de nous aveugler au point de nous empêcher d’être réalistes. La politique de l’autruche ne résout aucun problème. Au contraire, on risque encore plus de devenir une victime.
Pour en revenir à notre thème de la violence et de la criminalité, ces deux fléaux sont-ils aussi graves qu’on le dit?
Ceux qui répondent par la négative ne manqueront pas de souligner que ce problème n’a rien de neuf et que le plus vieux livre d’histoire connu, la Bible, raconte que la toute première famille humaine a souffert de la violence sous sa forme la plus aiguë, car il est écrit: “Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua.” Quant aux conditions qui régnaient il y a plus de 4 000 ans, aux jours de Noé, la Bible ne dit-elle pas que ‘la terre devint remplie de violence’? — Gen. 4:8; 6:11.
Certes, la criminalité n’est pas un phénomène nouveau. Néanmoins, les statistiques prouvent qu’elle empire. À propos de statistiques, on pourrait penser à ce mot lâché au siècle dernier par le célèbre dramaturge irlandais Oscar Wilde: “Il y a trois sortes de mensonges: les mensonges ordinaires, les pieux mensonges et les statistiques.” Ceci pour dire qu’il peut être trompeur de se fier exagérément aux statistiques, car on peut les interpréter différemment, voire de façon contradictoire. Toujours est-il que ce n’est pas parce qu’on les emploie souvent mal qu’il faut les rejeter catégoriquement.
Pour notre gouverne, arrêtons-nous sur certains des arguments opposés par les gens qui trouvent que la situation n’est pas “aussi grave qu’on le dit”. Ensuite, chacun pourra juger par soi-même.
Rares sont les gens qui doutent que nous assistons depuis quelques dizaines d’années à une explosion démographique. Alors qu’il a fallu 4 200 ans, du déluge de Noé jusqu’à 1830, pour que la population du monde atteigne le milliard, il n’a fallu que 100 ans pour atteindre le second milliard, en 1930. En 1960, soit 30 ans après, les humains étaient 3 milliards; et, en 1975, soit 15 ans après, l’humanité avait atteint
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