Les rites de deuil: qu’en pensez-vous?
DEPUIS la nuit des temps, le genre humain est en contact avec la mort. Pourtant, cette longue expérience n’a en rien diminué l’effet accablant que le décès d’un homme ou d’une femme a sur ceux qui lui survivent. Presque invariablement le départ d’un être qui faisait partie de notre existence nous cause un chagrin profond et durable, une pénible sensation de vide.
Logiquement, la religion devrait apaiser la douleur qui résulte de la mort, mais en réalité elle ne fait souvent que l’exacerber. Ainsi, la tristesse des personnes endeuillées se change en terreur quand celles-ci croient que leurs parents défunts se sont transformés en esprits vengeurs et qu’ils les harcèleront si elles ne les apaisent pas par des rites de deuil. En outre, lorsqu’une famille chrétienne perd l’un de ses membres, il lui faut parfois prendre des décisions en rapport avec les coutumes locales, comme le port de vêtements de deuil ou d’autres coutumes que leur entourage s’attend à les voir suivre.
Jéhovah a promis d’affranchir la famille humaine de ce fléau qu’est la mort (Révélation 21:4). Dans l’intervalle, il nous a donné sa Parole, la Bible, comme ‘lumière pour notre route’. (Psaume 119:105.) Chaque fois que nous sommes dans l’incertitude quant à ce qu’il convient de faire, les Écritures nous indiquent la voie que Dieu désire nous voir prendre (Ésaïe 30:21). Examinons donc les conseils qu’elles nous donnent en vue du jour funeste où l’un de nos proches disparaît.
Le deuil: une réaction normale
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, il est naturel d’éprouver un profond chagrin quand une personne qui nous est chère s’en va. Toutefois, les chrétiens savent qu’il y aura une résurrection. De ce fait, ils ne sont pas accablés par la douleur éperdue qui s’empare généralement, dans ces cas-là, de ceux qui n’ont pas d’espérance (I Thessaloniciens 4:13). La mort n’est pas nécessairement un adieu. Malgré tout, c’est quand même un au revoir.
Voilà pourquoi Abraham ‘a pleuré Sara et s’est lamenté sur elle’ lorsqu’elle est morte (Genèse 23:2). Isaac, son fils, a aussi eu besoin d’être ‘consolé après la perte de sa mère’. (Genèse 24:67.) La tristesse des amis et des parents de Lazare était telle que Jésus lui-même “se laissa aller aux larmes”. (Jean 11:35.) C’est une marque d’amour que de rendre visite à la famille du défunt pour la réconforter dans cette épreuve. — Jean 11:31.
Vous remarquerez toutefois que dans les récits bibliques qui parlent du deuil et de la consolation apportée aux survivants il n’est jamais question d’apaiser les morts. Les serviteurs de Dieu savaient que les morts étaient inconscients, qu’ils dormaient en quelque sorte (Jean 11:11-14; Ecclésiaste 9:5, 10). Les morts ne souffrent pas dans un quelconque au-delà, pas plus qu’ils ne se transforment en esprits maléfiques et vindicatifs (Psaume 146:3, 4). C’est pourquoi le peuple de Jéhovah ne devait pas imiter les nations qui l’entouraient dans les coutumes qui trahissaient un point de vue erroné sur la condition des morts. — Deutéronome 14:1; 18:10-12.
Aujourd’hui aussi, lorsque nous examinons les coutumes liées au ‘respect pour les morts’ il nous faut déterminer quelle en est la signification actuelle. Ces pratiques se rattachent-elles à une superstition ou à une doctrine erronée? Si oui, un chrétien devrait-il les suivre? — Romains 13:12-14.
Les rites de deuil
Chez divers peuples, veufs et veuves sont censés porter des vêtements spéciaux et garder pendant une année un “deuil” qui leur impose de nombreuses contraintes. Cette tradition est-elle compatible avec la foi chrétienne?
On comprend que la tristesse d’un chrétien qui vient de perdre un être cher transparaisse un certain temps dans son habillement et dans son comportement (voir II Samuel 13:19; II Rois 6:30). Toutefois, cela ne l’autorise pas à porter, sur une longue période, des vêtements que les gens de la région associent à leurs croyances non bibliques relatives aux morts. Lorsque des veuves chrétiennes ont refusé de suivre pareilles coutumes, leurs parents et leurs voisins ont parfois affirmé que le “mauvais sort” s’abattrait sur elles ou que l’“esprit” de leur mari décédé en serait irrité et qu’il les punirait. Dans certains cas, ces gens superstitieux imaginaient aussi que l’attitude des chrétiens allait provoquer la sécheresse ou de mauvaises récoltes.
Une veuve qui n’avait pas voulu se plier à la coutume a entendu son fils lui dire: “L’esprit de mon père ne reposera pas en paix.” Un chef de tribu a menacé de bannir tous les serviteurs de Jéhovah de son territoire. Dans un village, les gens étaient tellement irrités par la prise de position des chrétiens qu’ils ont saccagé leur lieu de réunion à coups de haches et de barres de fer. Dans une autre région, une veuve a été dévêtue et battue cruellement à coups de sjambok (une sorte de fouet) par la police tribale.
Pourquoi ces veuves chrétiennes ont-elles refusé de satisfaire aux exigences de leur entourage? Peut-être pensez-vous personnellement qu’il n’y a pas de mal à suivre les coutumes locales par respect des “convenances”. C’est sans doute vrai de certaines coutumes. Toutefois, comment devrait-on considérer un chrétien qui prendrait part à des rites destinés à apaiser “les esprits des ancêtres”? Souvenez-vous que ceux qui se livraient à de telles pratiques n’étaient admis ni au sein de la communauté israélite ni dans la congrégation des premiers chrétiens. — Deutéronome 13:12-15; 18:9-13; II Corinthiens 6:14-18; II Jean 9, 10.
Voyons-en quelques raisons. Tout d’abord, celui qui participe d’une manière ou d’une autre à ces rites cautionne et encourage par ses actes une religion non chrétienne. Il révèle ainsi que dans son cœur il ne s’est pas vraiment détaché de la fausse religion. — Révélation 18:4.
Dans le monde entier, les Témoins de Jéhovah sont bien connus pour enseigner les Écritures. Or, entre autres vérités bibliques, ils expliquent souvent que les morts sont inconscients et que, partant, ils ne souffrent pas en enfer, ni n’errent sur la terre pour faire du mal à leurs descendants. La Bible déclare: “Quant aux morts, ils ne se rendent compte de rien du tout.” (Ecclésiaste 9:5). Cet enseignement a d’ores et déjà réconforté des centaines de milliers de personnes. Par conséquent, dans la plupart des régions du globe les gens ne s’attendent pas à ce que ces chrétiens sacrifient à des rites conçus pour apaiser les morts.
Qu’arriverait-il si, par suite des pressions de leurs parents ou de leurs voisins, des vrais chrétiens consentaient à se conformer à des coutumes de deuil non chrétiennes? Ceux qui les verraient n’en concluraient-ils pas qu’au fond les Témoins ne croient pas à ce qu’ils enseignent et qu’il sera dès lors possible de leur faire faire d’autres compromissions? Sans aucun doute. Cela aurait pour effet de réduire beaucoup de bon travail à néant et de faire trébucher des gens. — Matthieu 18:6; II Corinthiens 6:3.
C’est pourquoi les Témoins de Jéhovah, et notamment les anciens, soutiennent autant que faire se peut ceux des leurs qui viennent de perdre un être cher. Ils leur prodiguent toute l’aide dont ils ont besoin pour rester fermement attachés à la vérité malgré les pressions qui les incitent à prendre part à des coutumes non chrétiennes. — Voir II Corinthiens 1:3, 4.
Mais que faire si en dépit d’une telle aide un chrétien s’engage dans des rites de deuil païens? Les anciens agiront avec bonté à son égard. L’apôtre Paul a donné ce conseil: “Frères, même si un homme fait un faux pas avant qu’il s’en soit aperçu, vous qui avez les qualités spirituelles requises, essayez de redresser un tel homme dans un esprit de douceur.” (Galates 6:1). Dans le même ordre d’idées, le disciple Jacques écrivait: “Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre le ramène, sachez que celui qui ramène un pécheur de l’erreur de sa voie sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés.” — Jacques 5:19, 20.
Il est bien de se rappeler que Dieu lui-même “ne veut pas que quelqu’un soit détruit, mais il veut que tous parviennent à la repentance”. (II Pierre 3:9.) Les anciens feront donc tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener celui qui s’est égaré. Dans la plupart des cas, ils se rendront compte que c’est le chagrin et la crainte de l’homme qui ont amené la personne endeuillée à faire un mauvais choix. On peut donc espérer que leur aide bienveillante et compatissante l’aidera à ‘faire des sentiers droits pour ses pieds, afin que ce qui est boiteux ne se disloque pas, mais plutôt guérisse’. — Hébreux 12:13.
Si cependant un chrétien prend part à des rites de deuil païens et que, refusant l’aide de ses frères, il persiste dans sa voie contraire au christianisme, alors les anciens devront agir de façon que son attitude ne jette pas la confusion chez ceux qui en sont témoins et n’introduise pas le mal dans la congrégation. Quiconque adore ses ancêtres n’est plus un vrai chrétien, et des mesures doivent être prises pour que tout le monde en soit pleinement conscient. — I Corinthiens 5:13.
Les bienfaits qui résultent de la fidélité
De nombreux chrétiens ont pu constater que, dans ce domaine, la fidélité produit de bons fruits. Edwina Apason, une chrétienne du Surinam, nous fait part de son expérience en ces termes: “Un jour, alors que j’aidais une personne à étudier la Bible, j’ai reçu une nouvelle terrible. Mon fils aîné, qui n’était pas Témoin, avait été abattu au cours d’une manifestation. Cette perte cruelle devait être suivie d’autres épreuves, car ma famille a décrété: ‘Si tu n’accomplis pas les rites de deuil, c’est que tu n’aimes pas ton fils.’ Or la coutume voulait que je me coupe les cheveux, que je m’enveloppe la tête d’un foulard blanc et que je porte le deuil pendant des mois en marchant d’une manière anormalement lente, en parlant tout doucement et en étouffant ma voix, tout cela pour montrer aux autres et à l’‘esprit du mort’ que j’étais vraiment triste. Si j’avais agi ainsi, ma prédication aurait été vaine et je n’aurais pu garder une bonne conscience au regard de Dieu.” Aussi Edwina n’a-t-elle fait aucune compromission.
Un homme a expliqué que sa tante décédée lui apparaissait régulièrement la nuit. D’après lui, que voulait-elle? “Qu’un sacrifice lui soit offert au bord de la rivière.” Et qu’arriverait-il si l’on n’accédait pas à sa requête? Il y avait péril de mort. Quand elle était en vie, cette femme était pourtant une personne très affectueuse. Et voilà que sa mort l’avait apparemment transformée en un véritable tyran qui proférait de terribles menaces. Pouvait-il vraiment s’agir de la même personne? Grâce à la logique et aux Écritures, cet homme et bien d’autres ont été libérés de la crainte des morts. Ils ont appris que les visions, les voix et les apparitions de ce genre sont l’œuvre d’anges déchus, les démons. — Voir II Corinthiens 11:3, 14; Éphésiens 6:12.
Jéhovah a tracé à ses serviteurs fidèles un chemin qui les conduira finalement à la vie éternelle si toutefois ils y restent (Ésaïe 30:21). Satan use sans cesse des ruses les plus sournoises pour essayer de les faire trébucher et de les détourner de cette voie (I Pierre 5:8, 9). Il sait qu’ils sont particulièrement vulnérables quand ils pleurent la mort d’un être cher. Toutefois, les chrétiens sont résolus à rester fidèles à Jéhovah en toutes choses, quelles que soient les pressions dont ils seront la cible. En cela comme dans d’autres domaines, ils doivent “obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes”. (Actes 5:29.) Ce faisant, ils démontrent à quel point ils sont attachés à Jéhovah, ce qui leur permet d’attendre avec confiance la récompense qu’il leur a promise: la vie dans un nouveau système où la mort et le deuil “ne seront plus”. — Révélation 21:4.