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La vie au KalahariRéveillez-vous ! 1979 | 8 novembre
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règle consiste à utiliser des pneus sous-gonflés. Bien que ce traitement soit très mauvais pour les flancs des pneus, il permet de rouler dans n’importe quel sable sans s’y enfoncer.
Mais que faire en cas de crevaison? Il est pratiquement impossible de soulever la voiture avec un cric, car il ne ferait que s’enfoncer dans le sable. Il faut donc veiller à toujours emmener avec soi une planche épaisse qu’on peut glisser sous le cric. S’il l’a oubliée, le fermier du Kalahari ne se tient pas battu pour autant. Il prend un objet solide, comme une boîte à outils en fer, une grosse bûche ou une pierre, et le place sous l’essieu, près de la roue endommagée, puis il enlève le sable de dessous cette roue. Ainsi, il parvient à la retirer et la répare ou bien la remplace. Ensuite, il remet autant de sable que possible en dessous de la roue et enlève celui qui se trouve sous l’objet qui soutient l’essieu, afin que la voiture repose de nouveau sur ses roues.
Mais que faire si l’on n’a ni roue de rechange ni matériel de réparation? Après avoir ôté la chambre à air comme d’habitude, on saisit fermement l’endroit perforé entre le pouce et l’index, tout en maintenant le reste de la chambre à air dans l’autre main. On tire alors sur l’endroit perforé, afin qu’un aide le serre avec un morceau de ficelle ou de courroie. Il serrera fort, tournera autour de la chambre, et multipliera les nœuds. La partie nouée est ainsi parfaitement ligaturée. Bien sûr, on pourrait penser qu’il suffit de remplir avec du sable le pneu crevé, mais cette solution ne donne aucun résultat.
S’il vous reste encore des doutes sur l’ingéniosité des habitants du Kalahari, voyez comment ils procèdent quand leur véhicule a des ennuis de démarrage. Comme il est impossible de pousser un camion dans le sable pour le mettre en route, nos mécaniciens ingénieux soulèvent une des roues arrières par le même procédé qu’en cas de crevaison, puis ils mettent le contact et enclenchent une vitesse. Ensuite, il leur suffit d’agripper la roue libre et de la faire tourner vigoureusement pour que le moteur démarre.
L’art de lire les empreintes d’animaux
Ces habitants du désert ont acquis une incroyable habileté à lire les traces laissées par les animaux. Ainsi, un fermier qui s’était arrêté pour examiner des empreintes déclara à ses visiteurs qu’il s’agissait de traces de chacals. Après avoir approfondi son examen, il expliqua que deux animaux étaient passés par là, un mâle et une femelle gravide. Et les visiteurs de s’esclaffer. Le fermier leur tint alors ce petit raisonnement: “Regardez! Voici de grandes empreintes et d’autres plus petites. On est donc en droit de supposer qu’un mâle et une femelle couraient ensemble.” Les visiteurs lui concédèrent ce point. “Mais, poursuivit notre homme, si vous regardez de plus près, vous remarquerez que les petites empreintes s’enfoncent davantage dans le sable, ce qui signifie que le plus petit des animaux, vraisemblablement la femelle, est plus lourd, toutes proportions gardées, que le grand, ce qui est le cas si la femelle est pleine.” Et il avait parfaitement raison. Trois jours plus tard, le fermier découvrit la mère avec ses petits nouveau-nés.
Conseils pour survivre
Les fermiers du Kalahari ne manquent pas d’être étonnés quand on leur parle de quelqu’un qui s’est perdu et que l’on a retrouvé dans sa voiture en état de choc, sous l’effet de la chaleur intense et de la soif. “C’est bizarre, disent-ils, de mourir de soif à côté d’un radiateur plein d’eau.” Naturellement, il faut s’assurer qu’il n’y a pas d’antigel toxique dans l’eau.
Pour se protéger contre la chaleur du midi, le mieux consiste à se glisser sous la voiture plutôt qu’à s’installer à l’intérieur. Et pourquoi ne pas s’abriter à l’ombre d’un arbre s’il y en a un? Tout simplement parce qu’il risque de s’y trouver de petites tiques venimeuses dont la morsure cuisante est intolérable.
Il ne faut jamais marcher beaucoup dans la chaleur du jour. Le mieux est de dormir dans la journée et de marcher le soir et la nuit en se fixant sur une étoile brillante.
Quelques bons souvenirs
Rares sont ceux qui, après avoir vécu au Kalahari, n’en gardent pas la nostalgie. On n’oublie jamais ses contrastes saisissants: ses journées torrides et ses nuits froides, ses grandes étendues de dunes couvertes d’herbe, désolées en apparence, mais grouillantes de vie.
Quand la chaleur tombe et que l’astre du jour se cache à l’horizon, on éprouve un incomparable sentiment de paix. Les couchers de soleil sont absolument magnifiques; le rouge, l’orange et le pourpre se succèdent en un perpétuel changement. L’air est rempli des claquements émis par des milliers de geckos qui s’appellent et se répondent, claquements auxquels se mêlent en une curieuse symphonie les bêlements des moutons, les beuglements des vaches et les cris rauques de l’outarde qui se livre à des acrobaties aériennes.
Certes, la vie au Kalahari pose nombre de défis, mais elle n’en est pas moins abondamment enrichissante. Loin d’être une vaste étendue morte, ce désert regorge de vie.
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La foi est ébranléeRéveillez-vous ! 1979 | 8 novembre
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La foi est ébranlée
“Les anciennes croyances disparaissent, mais rien ne vient les remplacer”, déclarait un éditorial du “Wall Street Journal” paru le 30 novembre 1978. Il s’agissait d’un article de fond sur le suicide collectif survenu en Guyana. Il se poursuivait ainsi:
“Le déclin de la religion est parfaitement évident. L’attrait de ces cultes montre à quel point l’être humain veut croire, combien il aspire à la foi et à des certitudes. Or, les grandes religions sont le dernier endroit vers lequel il se tournera pour satisfaire cette aspiration. Ces religions n’ont que peu de temps à accorder à la foi, préoccupées qu’elles sont de questions telles que la politique à mener en Afrique du Sud. Même l’Église catholique, à qui des millénaires d’expérience devraient permettre de séparer le bon grain de l’ivraie dans l’élan religieux, perd elle aussi son pouvoir de toucher les âmes.”
Certains tournent leurs espoirs vers la science, mais tel n’était pas le cas de l’auteur de l’éditorial. Il poursuivait en effet: “Mais le déclin de la foi ne porte pas que sur la religion. Il atteint aussi la puissante foi du profane dans l’ère des lumières. Le pouvoir de la raison, celui de la science, la croyance au progrès, tout cela est de plus en plus remis en question. Et, aussi bien chez les laïcs que dans le monde religieux, ce sont les pontes qui mènent la danse.
“Les savants qui sont à l’origine de la bombe atomique ont également lancé un périodique sur la couverture duquel figure l’horloge du Jugement dernier. Il s’agit là d’un témoignage accablant de leur culpabilité, symbole tout aussi accablant de leurs doutes quant aux bienfaits apportés par la science. Aujourd’hui, on sent le monde scientifique ébranlé par les preuves qui s’accumulent pour attester que l’univers est bien né à la suite d’une explosion, ce qui soulève la question de savoir ce qui existait auparavant. Et la foi la plus fondamentale des savants est ébranlée, car elle se trouve confrontée à leur incapacité de répondre aux questions ultimes!”
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