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Usons sagement des parcs touristiquesRéveillez-vous ! 1979 | 8 janvier
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personnes par nuit. Les groupes ne peuvent comprendre plus de dix randonneurs et ne sont pas autorisés à passer plus de quatre nuits en forêt à chaque sortie. Les permis d’escalade ne sont jamais délivrés plus de trente jours à l’avance. Dans certains endroits, on ne peut camper plus d’une nuit.
Ces restrictions vous semblent-elles trop sévères? Mais avez-vous pensé que soixante-deux millions de personnes vivent à proximité de cette forêt, dans un périmètre de huit cents kilomètres? Si sa fréquentation n’était pas réglementée, le piétinement risquerait d’y détruire toute vie végétale.
Quelques précautions à prendre
Au cours des quatre-vingts dernières années quarante-trois personnes ont perdu la vie dans la région du mont Washington. Les touristes qui désirent visiter ce site ou d’autres endroits similaires sont donc invités à s’entourer de toutes les précautions nécessaires, et donc à bien préparer leur expédition.
Consultez un guide à jour et une carte forestière avant de partir, et relevez les différents itinéraires. Renseignez-vous sur les conditions atmosphériques. Par exemple, la région du mont Washington est sujette à de brutales vagues de froid et à des tempêtes qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Il est important de prévoir des vêtements supplémentaires pour l’altitude. Emportez un anorak, un bonnet et des gants, ainsi que des aliments riches en calories et une petite trousse à pharmacie. N’oubliez pas non plus que les jours raccourcissent en automne et en hiver.
Avant de partir, dites où vous allez. Remettez un double de votre itinéraire à un membre de votre famille ou à un ami. Ne partez pas seul, mais plutôt en groupe de trois ou quatre randonneurs.
Veillez également à laisser les aires de campement en bon état pour ceux qui viendront derrière vous. Le slogan lancé par les Eaux et Forêts est: “Ne prenez que des photos; ne laissez que des traces de pas.” Si vous faites un feu, ne coupez pas les branches vives des arbres, mais utilisez les branches sèches ou ramassez du bois mort. Veillez à recueillir vos détritus au lieu de les laisser sur place, et enterrez les déchets humains loin des sources d’eau.
Les parcs touristiques boisés offrent de nombreux avantages. Une excursion dans la nature non polluée constitue un exercice très sain. Elle accélère la circulation d’un sang purifié par le grand air. Elle fait travailler et tonifie certains muscles peu sollicités en temps ordinaire. Enfin, et c’est peut-être en cela qu’elle nous est le plus bénéfique, elle nous permet d’améliorer notre vision des choses. Un cadre paisible contribue en effet à dissiper les angoisses et l’énervement engendrés par le tumulte, les promiscuités et l’agitation de la vie urbaine.
Les gens apprécient de plus en plus de partir en randonnée ou en camping, d’aller à la pêche, de faire du ski ou simplement de s’échapper de temps en temps pour parcourir en voiture les belles forêts domaniales. Envisagez-vous pour bientôt une sortie de ce genre? Si oui, nous espérons que ces quelques précisions vous aideront à profiter sagement des parcs naturels ouverts aux touristes.
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Regard neuf sur les transfusions de sangRéveillez-vous ! 1979 | 8 janvier
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Regard neuf sur les transfusions de sang
“CAMPAGNE D’INFORMATION SUR LA TRANSFUSION”. Sous ce titre, la revue Nouvelles du monde de la médecine (angl.) a publié le 28 novembre 1977 le communiqué suivant, à l’adresse des milliers de membres du corps médical des États-Unis:
“Ce mois-ci, 370 000 médecins et directeurs d’hôpital des États-Unis vont recevoir en main propre une plaquette de 64 pages intitulée Les Témoins de Jéhovah et la question du sang. Cette brochure sera également remise directement à un million d’infirmières diplômées et à 320 000 juges et avocats.”
Il n’y a pas qu’aux États-Unis que les membres de ces professions libérales ont été touchés. Une campagne d’information identique s’est effectuée en Allemagne, au Canada, en Finlande, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, au Japon, en Suède et dans bien d’autres pays.
Nous nous intéressons tous à notre santé, à notre liberté de conscience et à nos droits inaliénables. Alors, pourquoi cette campagne a-t-elle été entreprise? Quelle importance revêtait-elle? Quelle fut la réaction du monde médical et des milieux juridiques? À quels résultats cette campagne d’information a-t-elle abouti?
Comme l’annonçait la revue citée au début de cet article, la campagne spéciale consistait à remettre une nouvelle brochure (ainsi qu’un dépliant de quatre pages à verser au dossier médical de chaque patient Témoin de Jéhovah) qui explique pourquoi, dans le monde entier, des millions de chrétiens refusent les transfusions de sang. La documentation présentait également les sérieuses implications morales et déontologiques de ce problème, aussi bien du point de vue du malade que de celui du médecin, et elle donnait des preuves incontestables que l’on peut opter avec des arguments médicaux très solides pour un autre choix thérapeutique que la transfusion de sang.
Un accueil enthousiaste
Après avoir lu la brochure, un spécialiste de pathologie interne de Berlin déclara: “Je considère que de telles explications revêtent une importance considérable pour tout médecin. C’est la première fois que je comprends votre attitude et que je suis en mesure de l’apprécier et de la respecter.”
Dans le nord de l’Indiana (États-Unis), le directeur d’une clinique médicale écrivit au Témoin qui lui avait remis la brochure: “Les renseignements qui s’y trouvent sont formidables.” D’ailleurs, il invita les médecins de son équipe à la lire. Quelques semaines plus tard, un autre Témoin dut subir une intervention. Son chirurgien faisait justement partie de cette équipe. Quelle serait sa réaction, une fois mis au courant des conditions posées par son patient? “Il n’y aura aucun problème”, répondit-il, avant de préciser que le directeur de la clinique avait organisé une étude en commun de la brochure avec toute son équipe chirurgicale. Comment se déroula l’intervention? Effectivement sans problème.
L’un des plus célèbres chirurgiens de Curaçao, aux Antilles néerlandaises, déclara à un Témoin de Jéhovah: “J’ai déjà reçu un exemplaire de votre brochure et je l’ai parcouru. Vous avez raison; le sang est dangereux.” Il ajouta qu’ayant été lui-même opéré par le docteur Denton Cooley, il avait lu avec intérêt son récent rapport sur les centaines d’opérations à cœur ouvert qu’il avait réussies sans transfusion de sang. Ce chirurgien offrit spontanément une contribution généreuse pour l’œuvre des Témoins.
Naturellement il y a eu d’autres réactions. Beaucoup de médecins, d’avocats et de juges se sont contentés d’accepter poliment la documentation et de promettre de la lire. Il y a même eu quelques réactions hostiles, peu nombreuses, provenant par exemple de gens qui se disaient adeptes fervents de telle ou telle Église, et qui refusaient de lire le moindre document émanant d’une autre religion. Ou bien ce réflexe furibond d’un médecin américain de Seattle: “Je gagne ma vie à faire des transfusions de sang; il n’est absolument pas question que je lise ça!”
Mais ce genre d’accueil est demeuré l’exception, car les personnes contactées ont en règle générale immédiatement perçu l’intérêt de la documentation qui leur était remise. Rien qu’en voyant son titre, un professeur de pédiatrie à l’université du Nouveau-Mexique applaudit à cette parution et s’exclama:
“Au moins, voilà quelque chose que j’apprécie! Nous nous sommes efforcés d’inculquer à nos médecins une attitude plus libérale avec les Témoins de Jéhovah; mais je vous avoue honnêtement que nous n’étions pas sûrs de l’attitude à adopter. Il nous fallait justement un document comme celui-là.”
Certains médecins ont tellement apprécié la brochure Les Témoins de Jéhovah et la question du sang qu’ils en ont parlé autour d’eux. À Los Angeles, un médecin reçut une brochure, puis, deux semaines plus tard, l’un de ses associés fut contacté à son tour. En voyant la brochure, celui-ci déclara: “J’étais contrarié que vous m’ayez oublié. J’ai tellement entendu parler de cette brochure que je l’attendais. Je vais la lire tout de suite et je la rangerai ensuite dans ma bibliothèque pour pouvoir m’y référer plus tard.”
L’avantage d’une presse favorable
Nombre de revues médicales ont pris note de cette campagne d’information. Par exemple, la revue Patient Care a joint à un article sur les utilisations du sang un entrefilet intitulé “Refus de transfusion par motif religieux”. Après avoir mentionné que les Témoins de Jéhovah refusent le sang, l’entrefilet expliquait que cette attitude est dictée par des motifs purement religieux, et que les patients sont prêts à signer tout formulaire accepté par les médecins pour dégager la responsabilité de l’hôpital et celle du personnel médical. La revue invitait expressément ses lecteurs à se procurer un exemplaire de cette nouvelle brochure auprès des éditeurs. Quant au Journal de la Société de médecine du New Jersey (angl.), il a reproduit mot pour mot le texte du dépliant de quatre pages que les Témoins remettent à leur médecin traitant pour qu’il soit classé dans leur dossier médical.
Lorsqu’un médecin de San Antonio, au Texas, entendit sa visiteuse lui parler du sang, il demanda: “Je suis le directeur de la banque du sang locale. Que puis-je pour vous?” Dès que la femme se présenta en tant que Témoin de Jéhovah, il eut l’air ravi et l’interrompit: “Je me demandais quand vous alliez venir! Le journal Texas Medicine a annoncé que vous passeriez avec une documentation et j’étais impatient de la recevoir. J’ai déjà eu l’occasion de la parcourir, mais je voudrais une brochure pour mon usage personnel. Ce qui m’intéresse surtout, c’est l’aspect historique. J’espère que tout le monde pourra en obtenir un exemplaire.”
Des médecins, des juristes, des bibliothécaires et beaucoup de particuliers se sont adressés au siège des Témoins de Jéhovah pour se procurer plusieurs exemplaires de la plaquette. Par exemple, un assistant qui enseigne la philosophie à l’université de Pittsburgh (États-Unis) écrivit:
“Je donne un cours de déontologie médicale, et j’aimerais beaucoup exposer à mes élèves les problèmes que rencontrent les Témoins de Jéhovah à cause de leur refus des transfusions de sang. Il me serait très agréable de recevoir un exemplaire de votre plaquette.”
D’autres lettres nous sont parvenues de gens qui avaient déjà lu la brochure, par exemple celle du docteur L. Cohn, qui opère à la faculté de médecine de Harvard:
“Messieurs,
J’ai reçu dernièrement une documentation médicale au sujet des Témoins de Jéhovah et de la question des transfusions de sang. J’ai beaucoup apprécié tous les renseignements. Ils s’avéreront particulièrement utiles dans les interventions qui exigent une chirurgie à cœur ouvert. Nous avons déjà réalisé pas mal d’opérations à cœur ouvert sans transfusion. Bien que nous ayons eu plusieurs de vos adeptes, beaucoup de ces opérés n’étaient pas Témoins de Jéhovah. Encore une fois merci.”
Voici également une lettre du docteur Roelofs, professeur agrégé de déontologie médicale au centre hospitalier Montefiore:
“J’ai lu avec énormément d’intérêt votre dernière publication (...). Les problèmes et les arguments que vous soulevez concernent non seulement le corps médical, mais aussi l’administration hospitalière, les juristes et les philosophes qui s’occupent de déontologie médicale. Si je pouvais recevoir 25 brochures de plus, elles me seraient très utiles.”
Beaucoup d’autres hôpitaux ainsi que des médecins particuliers ont pris directement contact avec la congrégation locale des Témoins de Jéhovah, d’une part pour exprimer leurs remerciements, mais aussi pour donner l’assurance qu’ils étaient disposés à coopérer. Cela s’est même produit avec des médecins que les Témoins n’avaient pas réussi à contacter personnellement et qui avaient reçu la documentation par l’intermédiaire d’une infirmière ou de la réceptionniste.
Certains praticiens ont évoqué les résultats remarquables qu’ils ont obtenus en traitant des Témoins de Jéhovah. Voici par exemple ce que relate un gynécologue-accoucheur du Delaware (États-Unis):
“Pendant mon service à l’hôpital on a amené dans la salle des urgences une femme enceinte Témoin de Jéhovah. Elle faisait une hémorragie, vraisemblablement à cause d’un placenta praevia. Le personnel avait déjà fait les épreuves de compatibilité sanguine pour la transfuser, mais j’ai respecté ses convictions et je me suis occupé de son état de choc. Quand les examens montrèrent qu’il fallait entreprendre une césarienne de toute urgence, je m’en suis chargé. Lorsque son taux d’hémoglobine tomba à 3 grammes, le personnel appela un juge et obtint par téléphone une injonction du tribunal ordonnant d’administrer du sang. J’ai quand même refusé, à cause des convictions religieuses de ma patiente, et on m’a menacé de me faire arrêter pour outrage à magistrat. Toutefois, l’état de la malade s’améliora avec des perfusions de Dextran et des piqûres de fer, son taux d’hémoglobine remonta, et la maman put quitter l’hôpital en bonne santé avec un bébé bien portant.”
Après avoir remercié les Témoins pour la brochure, un chirurgien de la faculté de médecine de l’université de Californie raconta le fait suivant:
“L’an dernier, l’un des plus célèbres chirurgiens du monde a réussi dans notre service une opération d’un cancer de l’ampoule de Vater sans faire de transfusion, conformément aux vœux du patient, et ce malgré une technique extrêmement difficile, la méthode de Whipple. Je suis heureux de vous faire savoir que le malade s’est très bien remis.”
Cette intervention était “extrêmement difficile” parce que la technique employée implique des résections considérables et la reconstruction des organes internes. Le chirurgien nous écrit que cela n’a pas empêché qu’elle réussisse, ce qui confirme “que l’on peut très bien opérer les Témoins sans transfusion, ‘à condition de savoir rester calme, de faire très attention, d’avoir une certaine dextérité, et qu’il y ait une bonne entente entre le chirurgien et l’anesthésiste’”.
Le corps médical propose son aide
Beaucoup de membres du corps médical ont tellement apprécié la brochure qu’ils ont offert leur concours aux Témoins de Jéhovah pour les aider à mener à bien leur campagne d’information.
Un hôpital de Terre-Neuve prit contact avec notre bureau pour demander “300 brochures qui seront remises aux infirmières de l’hôpital”. Un médecin de l’Université Memorial de Terre-Neuve réclama 65 exemplaires de plus pour les remettre à tous ses étudiants en médecine. À Auburn (États-Unis), une élève infirmière qui terminait ses études fut si enthousiasmée par les renseignements qu’elle avait lus et si désireuse de les communiquer aux autres que, selon un rapport qui nous est parvenu, “elle apporta la brochure à la faculté et la fit ronéotyper. Ensuite, elle la placarda sur le tableau d’affichage, à l’intention des autres élèves infirmières”.
En Californie, on demanda à un représentant de l’hôpital universitaire de San Diego combien de brochures il désirait recevoir. Il répondit: 300, “pour faire parvenir ces renseignements à tous les chefs de service et à tous ceux qui en ont besoin”. Comme le Témoin qui effectuait cette visite n’avait que 50 brochures sur lui, il dut repasser porter les 250 autres. À Ann Arbor (États-Unis), un directeur d’hôpital réclama 66 exemplaires de la brochure et du dépliant. Il envoya ensuite une note à tous ses collègues pour les informer de la visite qu’ils allaient recevoir. Voici ce que nous rapporte le Témoin chargé de cette activité: “J’ai reçu un accueil aimable et chaleureux. Tous m’ont pris entre 30 et 40 brochures, et ils m’ont dit qu’ils allaient en discuter au cours des prochains staffs.”
Un grand hôpital de Los Angeles réclama 800 brochures pour les remettre à chaque membre du personnel avec sa paye. Un directeur de l’hôpital général Harbor évoqua le cas d’un Témoin qu’il avait connu au stade terminal de sa maladie. Lors de chacune de ses quatre opérations “cette femme avait maintenu avec dignité sa position sur le sang, tout en exposant les raisons bibliques qui la motivaient”. Il admirait tant son courage et sa détermination qu’après son décès il se rendit à l’enterrement, ce qu’il n’avait jamais fait pour aucun malade. Cet homme demanda 50 brochures pour les remettre à tous les chefs de service et à leurs assistants.
Les infirmières n’ont pas été oubliées non plus. Un directeur d’hôpital du Missouri ne se contenta pas d’écouter pendant quelques minutes la présentation de la brochure, mais il consacra une heure et demie au Témoin qui lui avait rendu visite. Exprimant sa gratitude pour ces “éclaircissements nécessaires”, il prit des dispositions pour que toutes les infirmières reçoivent une brochure et il invita trois Témoins “à parler une demi-heure chacun aux trois équipes d’infirmières de l’hôpital. Le temps qu’elles écoutèrent chaque conférence leur fut même payé”.
La responsable d’une association d’infirmières de l’Arizona offrit également son concours, mais sous une forme différente. “Très impressionnée” par la documentation, elle remit 555 étiquettes d’adresses qui allaient permettre d’envoyer leur exemplaire à chacune des infirmières membres de l’association.
Revirements dans le corps médical
La distribution de cette brochure avait surtout pour but d’informer les professionnels concernés. Pourtant, elle a aussi aidé certains membres du corps médical à réviser leur jugement.
Par exemple, un mois après avoir remis la brochure à son pédiatre, B. Perrin lui amena sa fillette de cinq ans pour un bilan de santé. Le pédiatre lui dit alors: “Vous savez, je ne puis m’empêcher de penser que ceux qui ont rédigé cette documentation devraient être ambassadeurs, tant tout est dit avec élégance, surtout sur un sujet aussi brûlant. Une fois qu’on l’a lue, on se laisse convaincre sans difficulté.”
Un autre Témoin devait subir une grave intervention. Elle se rendit auprès d’un chirurgien de Philadelphie (États-Unis), qui lui annonça sans ménagement qu’il refusait de toucher à un Témoin de Jéhovah. Il consentit toutefois à chercher un autre chirurgien et il accepta la brochure sur le sang. Quelques semaines plus tard il revit sa patiente; il lui déclara alors qu’il n’avait pas cherché d’autre chirurgien et l’informa qu’il opérerait lui-même. Pourquoi un tel revirement? “J’ai lu votre brochure, expliqua-t-il, et j’ai saisi votre idée que pour opérer sans transfusion je devrais compter uniquement sur mon habileté de chirurgien.” L’intervention eut lieu sans problème et la patiente se rétablit en très peu de temps.
En Arizona, la question du sang fut soulevée à propos d’une prématurée qui pesait à peine deux kilos et présentait des troubles hépatiques. Ses parents expliquèrent leur point de vue au médecin, mais celui-ci répondit qu’il n’était pas d’accord avec eux et il les menaça de leur faire retirer la garde de l’enfant par une injonction du tribunal. Toutefois, il accepta de surseoir à sa décision et de lire la brochure. Particulièrement frappé par ce qu’il avait lu, il adopta ensuite une attitude radicalement différente et grâce à ses soins experts, le bébé est aujourd’hui guéri et il respire la santé. Et le médecin? Il a déclaré aux parents que si la question du sang se reposait il serait parfaitement disposé à traiter l’enfant.
À Pittstown (États-Unis), une femme qui devait subir une hystérectomie expliqua à son gynécologue qu’elle ne pouvait pas accepter de sang. Mécontent, il répliqua: “Après tout, ça ne fait jamais qu’un risque de plus!” Il consentit néanmoins à opérer et il voulut bien lire la brochure. Laissons le Témoin raconter la suite:
“Quand le chirurgien entra en salle d’opération et qu’il vit les flacons de sang déjà préparés, il s’exclama: ‘Qu’est-ce que ça fait ici? Madame est Témoin de Jéhovah et elle a le droit de ne pas vouloir de sang. En conséquence, il ne devrait même pas y avoir de sang dans cette salle. Je ne vous ai rien commandé; alors, sortez-moi tout ça!”
La malade se rétablit et rentra chez elle. Deux semaines plus tard, elle dut se rendre chez un spécialiste pour faire enlever les amygdales de sa fille. Dès qu’il entendit parler de sang, le médecin se fâcha et décréta qu’il n’était “pas question d’opérer avec les mains liées”. Lorsque la mère eut fait mention de ce que son gynécologue venait de l’opérer sans transfusion, le ton du médecin changea du tout au tout, et d’ailleurs, quelque temps plus tard, il pratiqua l’amygdalectomie. Sur ce, la mère retourna chez son gynécologue pour une visite de contrôle, et ce dernier lui demanda comment s’était passée l’opération de sa fille. Mais au fait, comment était-il au courant? Il répondit:
“Quand vous avez téléphoné à votre oto-rhino pour lui dire que j’avais pratiqué une hystérectomie sans transfusion, vous avez failli le faire étouffer. Il est venu ici même, complètement bouleversé. Je l’ai mis au courant et je lui ai donné votre brochure en lui disant qu’il n’avait pas le droit de vous contraindre à accepter ses principes.”
En somme, c’est le premier chirurgien, sa conviction établie, qui se chargea de faire changer son confrère d’avis.
Quelques mois avant la diffusion de la brochure une malade avait expliqué sa position à un médecin de Geneva (États-Unis). Convaincu que sa conscience de médecin ne l’autoriserait pas à tenir compte des scrupules de sa patiente, il l’invita à chercher un autre chirurgien. Dès que la brochure fut disponible, la malade la remit à son médecin. Voici la suite:
“Le lendemain matin, j’ai reçu un coup de téléphone de l’infirmière qui me disait: ‘Le docteur a demandé que vous passiez chercher la brochure. Il est tout à fait convaincu qu’il va pouvoir s’entendre avec vous après ce qu’il a lu.”
En Suède, une semaine après que 100 brochures eurent été remises aux étudiants en médecine de Göteborg et à leurs chefs de clinique, deux Témoins furent invités à une discussion. Certains étudiants émirent de violentes critiques, particulièrement sur le droit des parents de décider pour un mineur. C’est alors qu’un professeur de chirurgie se leva pour déclarer qu’il ne fallait pas exagérer et que tout un groupe de chirurgiens et de chefs de clinique reconnaissaient que les transfusions de sang sont rarement nécessaires, y compris dans les cas où l’on avait transfusé de force un patient. Il conclut par ces mots: “Le temps donne raison aux Témoins de Jéhovah.”
Un vide spirituel est comblé
Après lecture de la documentation, particulièrement des arguments tirés de la Bible, un certain nombre de médecins et d’avocats ont montré un intérêt accru pour les questions spirituelles.
Depuis la diffusion de la brochure sur le sang en Italie, un Témoin de Jéhovah discute régulièrement de la Bible avec un neurochirurgien qui lui a fait cette réflexion: “Après une longue journée d’un dur travail où je m’occupe uniquement de corps de chair, j’éprouve le besoin de m’intéresser à des sujets d’ordre spirituel.” Toujours en Italie, à Avellino, un Témoin a écrit: “J’ai commencé à étudier régulièrement la Bible avec un médecin [qui avait lu la brochure]. Cet homme extrêmement pieux m’a dit: ‘J’aimerais être comme vous, complètement voué à Dieu et à son œuvre.’”
Un Témoin présenta la brochure à un avocat de Las Vegas. Comme celui-ci l’avait déjà lue, il répondit:
“Quand on étudie le droit et qu’on a passé ses examens, on ne connaît pas encore tout ce qu’il faut savoir dans le domaine juridique. De même, je pense que les médecins ne connaissent pas tout ce qu’il faut savoir sur le sang. Le sang de chaque être humain est unique, et c’est seulement maintenant que je commence à me rendre compte de la façon dont Dieu le considère.”
À la suite des commentaires de ce juriste sur la situation mondiale, la conversation tourna sur le rapport qui existe entre notre époque et les “derniers jours” décrits dans la Bible. Le Témoin lui laissa le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Invité à revenir quelque temps après chez l’avocat, celui-ci lui dit:
“Je n’ai pas la moindre objection sur tout ce que j’ai lu dans ce petit livre. Certes, je trouve certaines conceptions très différentes des croyances religieuses dans lesquelles j’ai été élevé, mais j’ai dit à ma femme que je voulais devenir Témoin de Jéhovah. J’ai passé presque toute ma vie à étudier ces livres de droit que vous voyez dans ma bibliothèque et j’ai décidé qu’il n’est pas trop tard pour me mettre à l’étude de la Bible.”
Quand son visiteur lui expliqua que les Témoins de Jéhovah offrent d’enseigner gratuitement la Bible, l’avocat répondit que sa femme était intéressée, elle aussi, et il invita les Témoins à venir chez lui leur enseigner la Bible.
Réaction des avocats et des juges
Beaucoup d’autres juristes ont réagi favorablement à cette campagne d’information avec la brochure sur le sang.
G. King, curateur attaché à la Cour suprême de l’État de New York, est Témoin de Jéhovah. Lorsqu’il remit une brochure à l’un des juges de cette cour, ce dernier l’interrogea longuement sur le sang. Finalement, le juge exprima son étonnement et avoua qu’il ignorait que les Témoins acceptent sans difficulté tous les traitements autres que le sang. Il reconnut s’être trompé en croyant que les Témoins de Jéhovah voulaient défendre une sorte de “droit de mourir”. Ce juge ajouta qu’au tribunal il n’entendait souvent qu’un son de cloche sur ce problème. Aussi, pensant que d’autres juges aimeraient eux aussi entendre le point de vue des Témoins, il donna l’autorisation d’utiliser le système de distribution réservé à l’appareil judiciaire, ce qui permit d’atteindre tous les juges.
Cette situation se reproduisit en Californie, à Pasadena. Après avoir entendu l’exposé du contenu de la brochure, un juge déclara: “Je me suis toujours demandé pourquoi les Témoins de Jéhovah refusent les transfusions. À présent je sens que je vais enfin comprendre.” Le Témoin ne voulait pas lui prendre plus de deux minutes, mais le juge voulut discuter plus d’une heure sur cette question. Finalement, il prit des dispositions pour que la brochure parvienne à tous les juges qu’il avait sous sa juridiction.
Après avoir laissé une brochure à un avocat d’un riche faubourg de Washington, un autre Témoin reçut cette lettre:
“J’ai lu avec un vif intérêt la brochure que vous m’avez laissée au sujet des raisons pour lesquelles les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas de transfusion de sang. J’ai trouvé les arguments très intéressants et l’argumentation très convaincante.”
Reproduisons également cette lettre d’un avocat qui exerce dans un cabinet juridique:
“J’ai lu avec beaucoup d’enthousiasme la plaquette que vous m’avez fait parvenir le vendredi 7 octobre 1977. Le débat médico-légal que vous soulevez et la solution que vous donnez dans votre brochure m’ont convaincu qu’il faut laisser aux Témoins de Jéhovah la décision finale à chaque fois qu’il est question d’administrer une transfusion à l’un de leurs membres. Il s’agit là à mon avis d’une prérogative fondamentale accordée par la constitution.”
Un juge des enfants qui siège au tribunal d’Orlando, en Floride, nous a fait part de ses réflexions: “Je crois de toute mon âme à la liberté de culte, et je suis convaincu que cette brochure ne contribuera pas peu à m’éclairer sur votre attitude envers les transfusions de sang.” Dans la même ville, un autre juge a dit: “Je suis très heureux que vous veniez me voir avec cette brochure parce que je me suis souvent demandé pourquoi les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas de sang. J’ai même interrogé mon prêtre à ce sujet, mais il s’est avoué incapable de me montrer vos raisons dans la Bible.”
Un juge de Californie a déclaré ce qui suit au Témoin qui lui rendait visite:
“Je n’avais jamais compris pourquoi les Témoins de Jéhovah refusent le sang. Il a fallu que je lise votre brochure et que je vérifie dans ma Bible les versets que vous citez pour comprendre que vos raisons sont purement et uniquement religieuses. Puisque vous me demandez si j’ordonnerais une transfusion de force, je réponds qu’il n’en est pas question. Ce problème ne relève pas du tribunal. C’est une question religieuse et la justice n’a pas à s’en mêler. Vous me demandez également ce que je ferais dans le cas d’un mineur. Eh bien, je réponds que ma situation serait plus difficile, mais la lecture de la brochure m’a amené à juger, là aussi, que c’est aux parents qu’incombe la responsabilité corporelle et spirituelle de leurs enfants. J’ai d’ailleurs classé votre brochure dans mes dossiers. En fait, ce qui m’a le plus frappé, c’est que la question du sang est avant tout une affaire religieuse et non un problème médical.”
Un excellent manuel d’étude
Beaucoup d’universités vont incorporer la brochure sur le sang dans les cours destinés aux étudiants en droit ou en médecine.
Un Témoin remit deux brochures au médecin-chef de l’école d’infirmières de la Faculté Towson de Baltimore (États-Unis). Lorsqu’il le revit la semaine suivante, ce médecin lui apprit que tout son service avait parcouru la documentation et qu’il lui en fallait 175 exemplaires, un par élève infirmière et un pour chaque moniteur. Il ajouta cette précision: “Chaque étudiant utilisera cette brochure comme complément à un cours sur l’influence des croyances religieuses sur le traitement.”
Où en est la situation du côté des facultés de médecine et de droit? À l’université de Lubbock (États-Unis), le chef de clinique de la faculté de médecine demanda une brochure à un Témoin de Jéhovah, juste à titre documentaire. Quand le Témoin repassa, le médecin avait examiné la brochure avec le doyen de la faculté, et tous deux avaient décidé d’un commun accord que les étudiants en médecine devraient examiner la brochure chaque année. Aussi en commandèrent-ils 185 exemplaires pour commencer, et ils prirent le nom d’un représentant local des Témoins de Jéhovah pour qu’il vienne expliquer le point de vue biblique sur le sang aux futurs médecins. Le même Témoin rencontra également le doyen de la faculté de droit, qui lui dit: “Si vous nous fournissez les brochures, nous les incorporerons au cours. Il nous en faudra 465.”
Coordonnant localement la diffusion de la brochure, un Témoin de San Antonio (États-Unis) tira de cette campagne la leçon suivante: “Depuis 60 ans que je fréquente les Témoins de Jéhovah, cette vaste entreprise a donné lieu à la plus belle démonstration de zèle et de coopération que j’aie jamais vue.”
Quel est le sentiment qui domine parmi les juristes et dans le corps médical après la diffusion d’une documentation aussi précieuse sur le sang? Il est très bien résumé par cette lettre d’un médecin new-yorkais:
“Le corps médical est pleinement conscient de l’ampleur de l’œuvre accomplie par les Témoins de Jéhovah pour propager leurs idées. Ils ont exercé une influence profonde sur la conception de la médecine.”
Effectivement, nombreux sont les secteurs dans lesquels le bilan de cette campagne mondiale d’information s’est avéré positif.
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Une consultation pas comme les autresRéveillez-vous ! 1979 | 8 janvier
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Une consultation pas comme les autres
De notre correspondant en France
AU MOIS de juin dernier, les Témoins de Jéhovah ont distribué en France la brochure intitulée “Les Témoins de Jéhovah et la question du sang”. Cette entreprise passionnante s’est effectuée auprès du corps médical et dans les milieux juridiques. Le projet était d’envergure, puisqu’il y a dans ce pays environ 80 000 médecins et environ 200 000 infirmières.
Ces visites ont suscité toutes sortes de réactions, mais laissez-moi vous faire part de l’intéressant entretien que mon médecin de famille a bien voulu m’accorder. Participant moi-même à cette diffusion, je me rendis en premier lieu au cabinet de ce médecin, situé non loin de mon domicile. Tout au long du chemin, je ne cessais de réfléchir aux termes qu’il me faudrait utiliser pour présenter efficacement la brochure et le dépliant qui l’accompagnait. J’étais si absorbé dans mes pensées que je ne me rendis même pas compte que j’avais déjà gravi les deux étages de l’immeuble où je devais me rendre. Je fus introduit dans la salle d’attente, et, quelques instants plus tard, je me trouvais en face de mon interlocuteur. Nous nous connaissions depuis des années, car ce médecin m’avait soigné depuis mon enfance.
Après lui avoir remis brièvement la brochure et le dépliant, le docteur m’invita à m’asseoir et me déclara aimablement:
“Vous savez, ce n’est pas la première fois que nous abordons ensemble ce délicat problème, et je suis le premier à admettre que les transfusions sanguines ne sont pas sans risques, mais vous avouerez que vous ne facilitez pas la tâche des médecins.”
“J’apprécie votre franchise, lui répondis-je, mais puisque vous avez la gentillesse de me recevoir quelques instants, j’aimerais vous demander votre avis sur certaines questions, si vous me le permettez.”
“Je veux bien, dit-il en regardant sa montre, puisque mon prochain consultant est en retard.”
“D’abord, pourriez-vous me préciser à quelles obligations un médecin est tenu à l’égard de son malade?”
“Vous abordez là un sujet qui m’a toujours passionné”, répondit mon interlocuteur qui, après un instant de réflexion, pivota sur son fauteuil, allongea le bras et sortit un ouvrage de sa bibliothèque de travail.
“Tenez! Voici le Code de déontologie. Il définit en quelque sorte la morale de notre profession médicale.” Feuilletant avec précision l’ouvrage, il me dit: “Les articles 2 et 3 répondent clairement à votre question: ‘Le respect de la vie et de la personne humaine constitue en toute circonstance le devoir primordial du médecin.’ ‘Le médecin doit soigner avec la même conscience tous ses malades, quels que soient leur condition, leur nationalité, leur religion, leur réputation et les sentiments qu’ils lui inspirent.’”
Heureux de pouvoir obtenir ces renseignements, je m’empressai de demander: “À votre avis, quels liens unissent le malade à son médecin? Est-il exagéré de parler de ‘contrat médical’?”
Pensif, il me dit: “À l’époque où je faisais mes études de médecine, un célèbre arrêt de la Cour de cassation du 20 mai 1936 a défini ce qu’il est convenu d’appeler le ‘contrat médical’. J’ai d’ailleurs conservé ce texte dans mes dossiers.” Mon médecin tira alors un classeur de son secrétaire, et me fit cette lecture: “Il se forme entre le médecin et son malade un véritable contrat comportant pour le praticien l’engagement, sinon bien évidemment de guérir le malade, du moins de lui donner les soins consciencieux, attentifs et, réserves faites de circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la science.”
“Dans un tel contrat, enchaînai-je, le patient peut-il refuser tel ou tel traitement médical ou certains soins?”
“En guise de réponse, je vous dirai que j’ai assisté en 1935 au premier Congrès international de Morale. Je me rappelle encore très bien les interventions de J. Vidal et de J.-P. Carlotti qui pensaient exactement ceci: ‘Il peut arriver que le malade refuse l’acte thérapeutique. La conduite du médecin est alors toute tracée; il ne peut pas passer outre, même si l’abstention thérapeutique doit conduire à un désastre.’ Néanmoins, je vous précise, ajouta mon médecin en feuilletant un autre ouvrage, que l’article 32 du Code de déontologie du 28 novembre 1955 impose au médecin de solliciter cet accord, de s’efforcer de l’obtenir en convainquant les parents si besoin est.”
“Alors, le médecin se trouve finalement devant un dilemme, lorsqu’un malade refuse de donner son consentement à un traitement particulier!”
“Effectivement! Selon le professeur M. Merger, de l’Académie Nationale de Médecine, ‘si le Code de déontologie médicale stipule que le respect de la vie et de la personne est le devoir primordial, on peut se demander jusqu’à quel point on peut admettre que cette conservation coûte que coûte se fasse au détriment de la seule chose dont puisse jouir un homme: la liberté individuelle. Le respect de cette liberté individuelle s’impose à tout médecin digne de ce nom, qui se doit de respecter la libre décision prise dans une conscience claire’.”
“À votre avis, quelles sont les limites de ce qu’on appelle le ‘droit de guérir’?”
“Certains juristes, me répondit-il, vont très loin et pensent que le médecin doit toujours intervenir. Ils parlent du ‘droit’ et même du ‘devoir’ de guérir. Voici par exemple une citation du professeur Huguenet, reproduite par le Conseil National de l’Ordre des médecins dans le Bulletin du 1er mars 1952: ‘Que le droit de guérir (...) ne soit pas inscrit dans la loi, c’est vrai, et je crois même qu’il serait dangereux de l’y inscrire, mais qu’importe que la loi ne l’ait pas expressément consacré, l’essentiel c’est qu’elle le tolère dans les hypothèses où l’humanité le réclame (...). Pour sauver la vie ou même la santé d’un homme, un médecin a donc le droit de sacrifier ce que j’appellerais des biens inférieurs, de porter atteinte à sa liberté.’”
“Mais pensez-vous que cette conception fasse l’unanimité parmi les médecins et les juristes?”
“Non, bien sûr. D’ailleurs, le doyen R. Savatier n’était pas du tout d’accord lorsqu’il a déclaré: ‘Cette conception est absolument contraire à la règle juridique fondamentale de l’indisponibilité de la personne humaine, et si ces médecins parlent du devoir de guérir, ils ne disent pas qui répondrait de l’échec.’ J’ajouterai à cette opinion celle du Conseil National de l’Ordre qui, citant N. Kornprobst, écrivit en 1972: ‘La liberté du malade ici encore doit être un principe absolu. Aucun individu ne peut être contraint à subir un traitement. Il n’y a pas de “droit de guérir” qui permettrait de porter atteinte à la liberté, à la tranquillité, à l’intégrité physique de quelqu’un pour sauver sa vie.’”
“Je vous remercie, docteur, de toutes ces précisions, mais j’ai encore une question: À votre avis, le médecin peut-il respecter sans problème les convictions religieuses de son patient, et éventuellement son refus d’un traitement particulier?”
“C’est là tout le problème, reconnut mon médecin. Aujourd’hui, bien qu’aucune solution ne fasse encore l’unanimité, une tendance semble néanmoins se dégager en faveur du respect des convictions religieuses. J’ai d’ailleurs toute une documentation à ce sujet.” Consultant un autre ouvrage à portée de sa main, il poursuivit: “À propos de la question des transfusions sanguines, le professeur G. Arnulf, pour ne citer que lui, déclara: ‘D’une façon formelle, je n’accepterai jamais de faire en cachette des transfusions à des gens qui ne le veulent pas; il n’y a d’ailleurs pas que les Témoins de Jéhovah qui les refusent. Donc, [il ne faut] jamais tromper ni le malade, ni la famille, ce serait, à mon avis, la pire des solutions.’ Puisque vous êtes intéressé par cet aspect du problème, voici une autre opinion, celle de Monsieur Y. Thepaut, journaliste, qui a émis la réserve suivante: ‘Il faut tout de même que les objections présentées par le malade, quant à l’emploi d’un traitement ou la nécessité d’une intervention déterminée, présentent un caractère sérieux et ne soient pas le résultat d’un simple caprice ou d’une vague crainte que le praticien serait tenté de négliger.’ Le 15 octobre 1972, à l’occasion du onzième congrès des médecins catholiques, j’ai entendu le professeur Marin affirmer que ‘le malade qui, informé de la gravité de son état, refuse une transfusion sanguine dont on lui a suffisamment expliqué qu’elle constituait la seule ressource thérapeutique dans son cas, nous paraît parfaitement digne d’être écouté. Rien n’autorise le médecin à passer outre sa décision, tout au moins tant que le malade est conscient et capable de discernement’. Cette sage attitude a d’ailleurs reçu l’appui de juristes éminents. Par exemple, M. Kornprobst a exprimé le point de vue suivant: ‘C’est le malade qui doit consentir évidemment et lui seul (...). Devant un refus délibéré le médecin doit s’abstenir; même si le malade retire son consentement au dernier moment, le médecin a, croyons-nous, le devoir de s’abstenir.’”
“Mais, demandai-je, s’il se conforme à la volonté du malade, le médecin ne s’expose-t-il pas à l’application de l’article 63 du Code pénal pour ‘défaut d’assistance à personne en péril’?”
“Votre question est très pertinente. Pour B. Chenot, président du Conseil d’État, l’article 63 parle d’abstention volontaire de porter secours. Or, ce n’est pas volontairement que le médecin s’abstient. Au contraire, il est prêt à intervenir. On retrouve cette opinion sous la plume d’Y. Thepaut: ‘Si le praticien se refuse, en définitive, à procéder à un traitement déterminé, ce refus n’aura pas un caractère volontaire puisqu’il sera la conséquence de l’attitude adoptée par le malade lui-même, ou par le parent présent.’ Enfin, il a été jugé ‘que le malade devant concourir à la sauvegarde de sa santé, son refus, sa mauvaise volonté ou ses négligences peuvent, selon le cas, faire écarter la responsabilité du médecin’.”
“Docteur, je ne voudrais pas abuser de votre temps, mais une dernière question me préoccupe: Le malade a-t-il le droit d’être informé sur un traitement particulier et sur les risques éventuels qu’il comporte?”
“C’est exact! La jurisprudence admet que ‘le médecin ou le chirurgien doit renseigner le malade sur son état et les dangers qui peuvent en résulter, et obtenir son consentement pour tout examen, traitement ou opération pouvant entraîner des dangers pour son intégrité corporelle après l’avoir averti de ces dangers’. Néanmoins, je tiens à préciser qu’il s’avère pratiquement très délicat de délimiter l’exercice du devoir de renseigner par rapport au devoir d’obtenir le consentement du malade. Dans un exposé sur le consentement du malade, prononcé devant l’Académie des Sciences morales et politiques, le professeur Portes affirmait avec justesse que ‘tout acte médical normal n’est, ne peut être et ne doit être qu’une confiance qui rejoint librement une conscience’.”
“Docteur, je suis conscient que ma décision d’obéir à Dieu en n’acceptant pas de sang peut poser certains problèmes. Mais avant de vous quitter, j’aimerais vous dire combien je serais heureux que vous puissiez examiner cette brochure Les Témoins de Jéhovah et la question du sang. Elle présente de manière détaillée les raisons bibliques de mon attitude, et les principes religieux et médicaux que nous sommes tous deux tenus de respecter. Cette brochure fournit aussi des renseignements précieux sur la façon dont certains chirurgiens ont réussi sur des Témoins de Jéhovah des opérations aussi délicates que des interventions à cœur ouvert, sans transfusion. Mais avant de prendre congé, je tiens à vous remercier, docteur, de m’avoir mieux fait comprendre l’équilibre délicat de la liberté du malade et de la conscience du médecin.”
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