Coup d’œil sur le monde
Un “nouvel ordre économique”
Parlant devant les élèves de l’École polytechnique, M. Valéry Giscard d’Estaing, président de la République française, a avoué que depuis quelques années l’économie mondiale “traverse une tempête”. Il a déclaré : “Il faut donc envisager un nouvel ordre économique mondial. (...) Je crois qu’on doit viser à (...) une organisation capable d’éviter en particulier les à-coups brutaux tels qu’ils se sont révélés au cours des dernières années. (...) Il faudrait viser quatre résultats, qui seraient, l’équilibrage des échanges, l’équilibrage des activités, l’équilibrage des monnaies, l’équilibrage des revenus.” Sur le premier de ces quatre points, M. Giscard d’Estaing préconise la régularisation des cours des matières premières ; sur le deuxième point, l’accès pour les pays en voie de développement aux technologies et à l’agriculture modernes ; sur le troisième point, le retour à des parités stabilisées, et, sur le quatrième point, un effort de solidarité financière internationale en vue de l’équilibrage des revenus. Il estime que les ressources des pays non industrialisés mais fournisseurs de matières premières doivent être “revalorisées”. Il a rappelé que la France déploie une action diplomatique en vue d’une conférence internationale sur les problèmes économiques mondiaux, notamment l’énergie, les matières premières, l’aide au développement et les problèmes financiers et monétaires. Pour lui, la coopération économique entre les nations doit se fonder sur deux principes : “Il faut respecter la libre détermination des nations. (...) Le second principe, c’est qu’un ordre mondial ne doit pas être une victoire de certains pays sur d’autres, en profitant d’un rapport de forces éphémère, mais doit être une victoire, je dirai, de l’humanité sur elle-même, car le problème est un problème d’organisation économique de l’humanité à l’échelle mondiale.”
La production de céréales
La production annuelle de céréales dans le monde dépasse le milliard de tonnes. La production moyenne de blé est de 360 millions de tonnes par an. C’est l’Union soviétique qui en produit le plus (27,4 pour cent), suivie des États-Unis (12,1 pour cent), de la Communauté économique européenne (11,3 pour cent), de la Chine (9,2 pour cent), de l’Europe de l’Est (8,5 pour cent) et du Canada (4,5 pour cent). La production mondiale de maïs est en moyenne de 304 millions de tonnes par an. Les producteurs en sont essentiellement les États-Unis (47,2 pour cent), l’Amérique du Sud (13,5 pour cent), la Chine (9,2 pour cent), l’Europe de l’Est (8,2 pour cent), la CEE (4,8 pour cent) et l’URSS (3 pour cent). La production mondiale de riz est en moyenne de 321 millions de tonnes, dont plus du tiers est produit par la Chine et environ 20 pour cent par l’Inde. Les principaux importateurs de céréales sont l’Inde, les États africains, les pays du Moyen-Orient, la plupart des pays d’Amérique du Sud, l’Union soviétique et les États d’Europe de l’Est. Les plus grands exportateurs de céréales sont les États-Unis (environ la moitié des ventes mondiales), le Canada, l’Australie et la CEE.
Céréales contre pétrole
Les États-Unis et l’Union soviétique ont annoncé dernièrement la conclusion de deux accords commerciaux sur les céréales et le pétrole. Aux termes de ces accords, entre le 1er octobre 1976 et le 30 septembre 1981, l’Union soviétique pourra acheter chaque année six millions de tonnes de céréales, avec une option sur 2 millions de tonnes supplémentaires, à condition que les stocks américains ne descendent pas au-dessous de 225 millions de tonnes. Ces céréales seront fournies par les Américains au prix du marché mondial. D’autre part, les États-Unis se sont engagés à acheter chaque année pendant cinq ans 10 millions de tonnes de pétrole soviétique. L’Union soviétique vendra son pétrole aux Américains à un prix sensiblement le même que celui pratiqué par l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Ainsi, les achats américains de pétrole soviétique au “prix fort” permettront à l’Union soviétique de payer au moins une partie du blé et du maïs qu’elle va importer des États-Unis (évalués à un milliard de dollars).
“Les riches d’abord...”
Sous ce titre, Le Monde a commenté en ces termes les accords soviéto-américains sur les céréales et le pétrole : “À la différence (...) des recommandations faites lors de la dernière session extraordinaire de l’Assemblée des Nations unies sur l’alimentation et l’agriculture, le nouvel accord lie deux grandes puissances dont les besoins alimentaires sont, pour l’essentiel, couverts. Pendant ce temps, une quarantaine de pays en voie de développement parmi les plus pauvres n’assurent à leur population qu’une ration permettant à peine la survie. (...) Une fois garantie la couverture de leur consommation intérieure, les États-Unis sont prêts à vendre l’excédent ‘au prix du marché’ : aux Soviétiques, notamment, qui peuvent payer en pétrole, par exemple. Priorité aux riches... À titre de comparaison, on peut rappeler que les 6 millions de tonnes de céréales inscrites au contrat représentent 12 pour cent des capacités d’exportation de blé et de maïs des États-Unis, et qu’il en manque deux fois plus au tiers-monde pour empêcher l’aggravation de la disette actuelle dont souffrent 600 millions d’hommes.”
Vénus réserve des surprises
Les expériences conduites actuellement par l’Union soviétique sur la planète Vénus ont quelque peu bouleversé l’idée que les scientifiques se faisaient de la surface de cette planète et des conditions atmosphériques qui y règnent. En effet, les photographies prises par les capsules soviétiques qui se sont posées en douceur sur Vénus ont révélé des paysages nettement différents de ceux que des spécialistes attendaient. Les savants avaient supposé que Vénus était couverte de sable, croyant que les conditions météorologiques auraient désagrégé les roches en fines particules. Or, la sonde Vénus-9 a photographié un paysage plutôt montagneux et des éboulis de pierres aux arêtes vives. Vénus-10, qui s’est posée à 2 200 kilomètres de la première capsule, a photographié un paysage plus plat, comportant des “galettes” plates et circulaires qui intriguent les savants soviétiques. D’autre part, une théorie généralement acceptée dans les milieux scientifiques voulait que la lumière solaire sur le sol de Vénus soit très faible, les rayons lumineux devant pénétrer l’atmosphère fort dense de la planète. Selon cette théorie, les rayons de lumière ne pourraient pénétrer que s’ils tombaient perpendiculairement aux couches atmosphériques, et ils seraient considérablement réfractés, si bien que l’horizon de Vénus devait apparaître comme une lentille concave. Or les photographies prises par les sondes soviétiques ont doublement démenti cette théorie, car elles ont montré une luminosité à la surface de Vénus largement suffisante pour prendre des photos et distinguer les détails des paysages, et elles ont révélé un horizon de courbure tout à fait normale. Enfin, alors que les savants pensaient que la surface de Vénus était balayée par des vents d’une extrême violence, les sondes soviétiques ont mesuré des vents qui ne soufflaient qu’à environ 12 kilomètres à l’heure. Commentant ces expériences, Gérard Bonnot a écrit dans L’Express : “Nul doute qu’il faille un certain temps aux astronomes, après cet exploit technique, pour réconcilier leurs théories avec la réalité. (...) Peut-être tout le mal vient-il de l’imagination de l’homme, qui s’obstine à chercher très loin le merveilleux qu’elle a sous la main. Car la conquête de l’espace, l’exploration du système solaire, jusqu’à présent, comportent surtout une leçon : la véritable énigme, c’est la Terre qui la pose, cette planète analogue aux autres, par ses origines, par sa composition, et qui, pourtant, seule, a donné naissance à la vie.”
La route tue et blesse
La revue Santé du monde, publiée par l’Organisation mondiale de la santé, a consacré dernièrement tout un numéro aux accidents de la route. Sous le titre “Une épidémie évitable”, un éditorial déclarait : “Pendant le temps qu’il vous aura fallu pour lire ce numéro, environ 450 hommes, femmes et enfants auront été tués ou blessés dans des accidents de la route.” Ce périodique a révélé que dans certains pays près de 10 pour cent des lits des grands hôpitaux sont occupés par les victimes des accidents de la route. Pour chaque personne tuée sur la route, on compte dix à quinze blessés graves et trente à quarante blessés légers. Dans les pays industrialisés les accidents de la route sont la cause de plus de 30 pour cent des décès survenus entre quinze et vingt-cinq ans. Dans ce groupe d’âge, les hommes sont beaucoup plus exposés à la mort sur les routes que les femmes. L’Organisation mondiale de la santé espère que le nombre des victimes des accidents de la route va baisser en raison de la hausse considérable du prix de l’essence, de l’augmentation des taxes de circulation, du resserrement de la surveillance policière et des amendes plus lourdes imposées en cas de dépassement des nouvelles limitations de vitesse. Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, chaque année la route tue 250 000 personnes dans le monde, et en blesse près de 2 millions. Dès lors, peut-on vraiment dire que les moyens de transport modernes sont un bienfait pour l’humanité ?