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Retour à FundyRéveillez-vous ! 1974 | 8 février
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Soleil et de la Lune. C’est là une des raisons pour lesquelles les marées de Fundy sont particulièrement gigantesques lorsqu’elles se précipitent au fond de la baie.
Le mascaret
Le silence est soudain rompu par mon ami le pêcheur : “Si vous voulez voir le mascaret, vous feriez bien de vous dépêcher.” J’avais presque oublié ; il ne faut pas manquer le mascaret quand on visite Fundy. On vend même des horaires à l’intention de ceux qui désirent voir le phénomène.
Le mascaret se manifeste à l’embouchure d’un fleuve quand le courant de ce dernier rencontre le puissant flot marin. Il se produit une muraille d’eau qui refoule les eaux du fleuve en amont. Il faut noter que tous les fleuves ne présentent pas ce phénomène ; il est généralement associé à une profondeur relativement petite et à de soudaines dénivellations dans le lit du cours d’eau.
Plusieurs rivières de la baie de Fundy offrent ce spectacle. Certains mascarets n’ont qu’une dizaine de centimètres, mais d’autres sont beaucoup plus hauts. À Moncton, à une trentaine de kilomètres en amont de la baie de Chignecto, les touristes s’arrêtent régulièrement pour regarder le mascaret de 1 mètre à 1,20 m de hauteur sur la rivière Petitcodiac. Néanmoins, les mascarets de la baie de Fundy ne sont rien à côté de ceux de Fuchun, en Chine, ou de l’Amazone, en Amérique du Sud. Sur l’Amazone, on croirait voir une cataracte d’un kilomètre et demi de large et de près de cinq mètres de haut, remontant le fleuve à plus de vingt kilomètres à l’heure. En vérité, les marées sont des forces puissantes avec lesquelles il faut compter.
La vie et les marées
Depuis des siècles, la vie maritime est régie par “l’horloge des marées”. Les mouvements des flottilles de pêche en dépendent, de même que ceux des navires marchands et de la flotte de guerre. Les chantiers de construction de la Nouvelle-Écosse, parmi les plus prospères du monde au temps de la navigation à voiles, travaillaient selon les marées. Il en va de même de la marine du vingtième siècle.
Tout au long des côtes, les nombreux pêcheurs règlent leur activité sur le flux et le reflux. Ils utilisent notamment des “barrages”, c’est-à-dire des pièges formés de hautes perches garnies de filets. C’est la marée elle-même qui fait le travail. À marée haute, seul le haut des perches est visible au-dessus de l’eau. Quand la mer se retire, les poissons sont retenus dans les filets. À marée basse, le pêcheur amène rapidement son camion près du barrage et ramasse le poisson que les bandes de mouettes affamées sont toujours prêtes à lui disputer. Il y a cependant une raison plus impérieuse pour laquelle il ne faut pas perdre de temps. Pour la marée, qui est de nouveau montante, toutes les proies sont bonnes.
Depuis longtemps, on utilise la mer comme source d’énergie. À Londres, la première station de pompage de l’eau fonctionnait grâce à une roue à aubes actionnée par la marée et construite dans le Vieux Pont de Londres. Une installation marémotrice pour le pompage des eaux d’égouts était encore en opération en 1880, à Hambourg, en Allemagne. Dans la baie de Fundy également, la marée faisait marcher des moulins. Il y a vingt ans, dans le Maine, on pouvait encore voir fonctionner une scierie grâce à l’énergie de l’océan.
Mais employer la force motrice des marées de Fundy sur une grande échelle est une autre affaire. Au cours de ce siècle, on s’est livré à quantité d’études pour voir jusqu’à quel point cette force pouvait être exploitée. La tentative la plus étendue a eu lieu sur la baie de Passamaquoddy, à cheval sur la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine. Dans chaque cas, l’homme ne possédait pas ce qu’il fallait pour mettre en valeur le géant infatigable. La coopération ainsi que les moyens techniques et financiers faisaient défaut.
Retour à Fundy
Une fois de plus, Fundy est un centre d’intérêt. Pourquoi la baie retient-elle de nouveau l’attention ?
Grâce à des expériences techniques, l’exploitation de l’énergie des marées est passée du rêve à la réalité, bien que modeste. Les recherches internationales ont été intensifiées, et il existe à présent deux installations marémotrices. L’une est une petite station expérimentale sur la baie de Kislaya, à plus de 900 kilomètres au nord de Mourmansk, en URSS. L’autre est l’usine marémotrice construite sur l’estuaire de la Rance, en France, et qui produit annuellement 544 millions de kilowattheures. “On peut donc y arriver”, disent les ingénieurs, impatients de se mesurer avec le géant Fundy.
Il fallait aussi trouver de nouvelles solutions à un problème complexe : les moments de pointes dans la production d’énergie dépendaient jusqu’à tout récemment du rythme naturel des marées. Or, elles ne coïncidaient pas toujours avec les périodes où cette énergie était nécessaire. De nouveaux turbo-générateurs à courant réversible et de nouveaux projets permettent de produire de l’énergie de façon plus régulière. C’est pourquoi on envisage de nouveau d’exploiter l’énergie des marées.
Mais la raison principale du regain d’intérêt accordé à Fundy, c’est la crise de l’énergie. Il y a aussi, en rapport avec cette question, la crainte croissante de la pollution. L’énergie des marées est essentiellement “propre” ; elle ne risque pas de polluer l’atmosphère, la terre ou l’eau. De plus, elle n’est pas limitée comme les ressources du sol.
Ainsi, on a besoin d’énergie ; celle-ci existe, et la plupart des problèmes techniques, quoique complexes, peuvent à présent être résolus. Qu’est-ce qui empêche alors de tirer un plus grand avantage des marées de Fundy ? L’argent ! Le financement d’un projet aussi colossal, aux constructions aussi coûteuses alors que le taux d’intérêt est élevé et que l’inflation monte, constitue certes un obstacle. Et dans ce monde régi par les profits financiers, cet obstacle empêchera peut-être de mettre en valeur les marées géantes de Fundy.
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Le fond de l’océanRéveillez-vous ! 1974 | 8 février
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Le fond de l’océan
Loin d’être plat, le fond de l’océan a été comparé par les océanographes à la surface de la Lune. La plupart des océans sont divisés par un système de montagnes. Sous les eaux, le Créateur a dissimulé des montagnes plus hautes que le mont Everest, en Asie.
Les fonds marins présentent également de longues vallées étroites ou fosses. La fosse du Challenger, à l’est des îles Mariannes, dans le Pacifique, est la plus profonde que l’on connaisse. Elle est si profonde que si l’on pouvait y mettre le mont Everest, il serait recouvert par plus de 1 600 mètres d’eau !
Après avoir nagé le long de certaines plages, on pourrait croire que tout le fond de l’océan est couvert d’algues. Il n’en est pourtant rien. Les algues ont besoin de la lumière du soleil, nécessaire au processus vital de la photosynthèse. Elles poussent donc uniquement le long des côtes et elles ne sont qu’une des formes de vie que l’on trouve sur le fond de l’océan.
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