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  • L’histoire du sucre — Peut-on en faire l’éloge?
    Réveillez-vous ! 1983 | 22 février
    • L’histoire du sucre — Peut-​on en faire l’éloge?

      EN CETTE année 1829, un voilier de trois cents tonneaux quitte le mouillage d’un minuscule port des Antilles, met le cap au sud-sud-est et gagne la haute mer avec, à son bord, un commandant, un capitaine et un équipage composé de cinquante-cinq rudes gaillards en haillons de races et de rangs différents. La cale du navire renferme seize bouches à feu, de la poudre et des boulets, des grenades à main, une cargaison de rhum, un assortiment de colliers de corail et des réserves de nourriture. Sur le gaillard d’avant, comme sur la plage arrière, on trouve des mousquets, des munitions et des sabres d’abordage.

      Après un périple de soixante-seize jours sur une mer écumante, balayée par des vents violents, le bâtiment et son équipage gagnent un port du Mozambique, une colonie portugaise sur la côte est de l’Afrique.

      Après avoir fait relâche pendant huit jours pour prendre une cargaison, le cotre reprend la mer pour Cuba, laissant derrière lui quatorze gros navires ancrés au port, dans l’attente d’être remplis avec un chargement identique.

      Le voici qui fait route, le ventre bas sur l’eau, et le pont presque constamment inondé par des paquets de mer. L’équipage vit dans une continuelle appréhension. Il faut dire que ses cales renferment un précieux chargement: huit cents Noirs, hommes, femmes et enfants, nus comme des vers, marqués au fer rouge et le crâne rasé. Pour les planteurs de canne à sucre des Antilles, c’est là une cargaison de prix. Ces Noirs vont devenir leurs esclaves. À la sueur de leur front, ils extrairont le sucre des récoltes. Les armateurs et les commandants des navires tiennent plus que tout à ces lots humains dont la vente peut leur rapporter plus de cent mille dollars. Mais revenons à notre navire. Les esclaves y sont entravés deux par deux et entassés. À tribord, ils sont accroupis, le visage tourné vers l’avant du navire, tandis que sur bâbord, ils sont parqués en sens opposé.

      Que le lecteur se représente une salle de huit cents personnes, puis qu’il essaie, toujours par la pensée, de caser ce même nombre de gens dans un espace de quelques mètres de large et pas plus long qu’un wagon de chemin de fer. Une fois la cale remplie, le reste des esclaves sont enchaînés sur le pont.

      Huit cents pauvres hères en pleine mer. L’une des plus grandes catastrophes qui puisse s’abattre sur un négrier est de perdre près de la moitié de sa cargaison avant d’atteindre Cuba. Tout cela à cause de la variole. Notre voilier n’est pas épargné. L’effroi gagne l’équipage quand on dénombre les premiers morts dans la cale. Le fléau multiplie ses victimes qu’on jette à la mer. Sur huit cents esclaves, seuls quatre cent quatre-vingts survivront. Le commandant du bateau mourra lui aussi.

      Dès le début, des individus soucieux de leurs intérêts remarquent que le sucre est un moyen de faire de l’argent; ils vont donc se mettre dans le mouvement. En Afrique, des missionnaires se défroquent et abandonnent leurs ouailles pour ‘avoir part au gâteau’ en vendant les Noirs, qu’ils ont convertis, aux chasseurs d’esclaves. Le pape Nicolas V, conscient du revenu que procure le commerce du sucre, va ‘bénir’ l’esclavage.

      Entre l’Afrique et l’Occident, le trafic maritime des négriers devient régulier. S’il était possible à un navire de tracer un sillon permanent dans l’eau, l’océan serait parcouru par une gorge profonde, en l’espace de quelques années. Ce trafic va attirer les pirates qui attaquent en haute mer les négriers pour s’emparer de leur cargaison humaine. D’où la nécessité pour les bateaux de s’équiper de canons et d’armes portatives pour protéger leur précieux chargement.

      Ni les Blancs ni les Noirs ne sont exempts d’avidité. Celle-ci va être à l’origine de curieuses associations. Les marchands d’esclaves vont se faire des complices parmi les Africains. Quand le jeu en vaut la chandelle, les Noirs, les tribus et les membres d’une même famille s’opposent entre eux. Cela va faciliter dans leur entreprise les courtiers en chair humaine. Une Noire vendra ses propres esclaves, capturés au cours de guerres tribales, pour un collier de corail. Un guerrier combattra avec plus d’ardeur pour échanger ensuite le vaincu contre un tonnelet de rhum. Puisque la monnaie est inconnue en Afrique, les marchands d’esclaves vont remplir les cales de leurs navires avec des fournitures et des articles de faible valeur, que les Noirs estiment être des produits de luxe. De leur côté, les Noirs acceptent d’échanger leurs frères de couleur contre ces objets. Avec un pareil système, la cupidité de tous est satisfaite.

      On ignore combien d’Africains ont survécu au passage d’un continent à l’autre pour mettre leurs muscles au service du sucre. À notre époque, un démographe a avancé l’estimation prudente de quinze millions d’individus. De plus, voici la déclaration d’un historien anglais: “Sans exagération, on peut dire que la traite des esclaves a touché vingt millions d’Africains, le sucre étant responsable de l’asservissement des deux tiers d’entre eux.”

      Nous faisons appel à la compréhension des lecteurs pour saisir tout ce qu’impliquent le déracinement d’hommes, arrachés non seulement à un pays, mais aussi à un continent, leur transport par voie maritime pendant des mois et, après le débarquement, leur mise en cage avant d’être vendus aux enchères, sans tenir compte des liens familiaux et sans aucune possibilité de revoir les leurs. Eh! oui, le prix du sucre ne se calculait pas en livres, mais en vies humaines! Tandis que les navires creusaient leurs sillons dans la mer, les planteurs retournaient leurs terres pour étendre la production de cet or blanc à la saveur douce, le sucre!

      Bien qu’en Occident la canne à sucre fût encore au seizième siècle un produit relativement nouveau, elle était déjà connue du temps d’Alexandre le Grand. L’un de ses soldats découvrit cette plante en Inde en 325 avant notre ère.

      Avançons jusqu’au temps de Néron, au premier siècle de notre ère. Un médecin grec crut, semble-​t-​il, être le premier à découvrir l’origine du sucre. “Il s’agit, écrivit-​il, d’une sorte de miel, à la consistance dure, du nom de saccharum, que l’on trouve en Inde sur des cannes. Il est granuleux comme le sel, friable sous la dent et a une saveur douce.”

      La vogue du sucre allait se répandre. La canne à sucre fut transplantée d’Extrême-Orient jusqu’en Europe. Les Arabes ramenèrent cette plante en Égypte, en Perse et aussi en Espagne lors de la conquête de ce pays au huitième siècle. Au cours des deux siècles qui suivirent, le seul pays d’Europe à produire du sucre fut l’Espagne.

      Lors de son second voyage, Christophe Colomb partit d’Espagne avec des plants qu’il repiqua aux Antilles, sur la terre de l’actuelle république Dominicaine. La Chine, de son côté, ne s’était pas laissé priver de ces douceurs; aussi dépêcha-​t-​elle en Inde des messagers pour apprendre le secret de l’extraction du sucre de canne. Plus tard, Marco Polo décrivit les sucreries de Chine comme étant l’une des merveilles du pays.

      Les croisés, sous les ordres des papes et avec leur bénédiction, tentèrent de reprendre Jérusalem aux Turcs. À leur retour, ils présentèrent cette étrange nouveauté, le sucre, sous un jour des plus favorables. Les routes commerciales du sucre entre l’Orient et l’Europe furent bientôt mises en place. Mais le sucre était un produit cher et seuls les riches pouvaient se le procurer. À Londres, en 1742, il valait encore près de 40 francs français le kilo. Quand les pauvres essayèrent ce nouveau produit, ils ne tardèrent pas à y prendre goût eux aussi. Les dirigeants des pays virent dans le commerce du sucre une source de revenus pour les caisses de l’État. Partout dans le monde on commença à faire l’éloge du sucre.

      L’Espagne et le Portugal notèrent que certains pays s’enrichissaient grâce au commerce du sucre avec l’Inde et ces deux pays tinrent à avoir part au profit. Ils envoyèrent aussitôt des vaisseaux sur des mers inconnues, à la recherche d’une nouvelle route plus directe pour atteindre les Indes. L’un des navigateurs qui partit fut Colomb. Au lieu de découvrir la route des Indes, il découvrit les Antilles qu’on appela alors les Indes occidentales. Son ‘erreur’ eut du bon, car il trouva sur ces terres un sol et un climat appropriés à la culture de la canne à sucre.

      Dans la foulée arrivèrent les immigrants espagnols qui dépossédèrent les indigènes de leurs terres. Les autochtones devinrent les esclaves des Espagnols, mais leur faible résistance physique ne convenait pas aux travaux dans les champs de canne à sucre. C’est pourquoi le roi Ferdinand d’Espagne autorisa en 1510 le voyage d’un bateau rempli d’esclaves en provenance de l’Afrique. Ainsi commença sur les mers ce commerce impitoyable de vies humaines qui allait se poursuivre pendant plus de trois siècles.

      L’Angleterre ne se vantait pas sans raison de posséder la plus grande flotte du monde. Quand vint pour elle le moment de s’implanter dans le commerce du sucre et dans la traite des esclaves, les Britanniques mouillèrent aux Indes occidentales et en chassèrent les Espagnols. L’Angleterre devint alors la plaque tournante de l’industrie sucrière. À cette époque, un chevalier britannique prononça ces paroles: “Le sucre, plus que tout autre produit [y compris la laine], aura contribué à l’agrément, au prestige et à la gloire de l’Angleterre.”

      L’opinion de la nation sur le commerce des esclaves et sur les traitements invraisemblables infligés à ces humains ne pourrait être mieux résumée que par les propos tenus par un célèbre homme politique britannique: “L’impossibilité d’accomplir quoi que ce soit aux Indes occidentales sans la contribution des esclaves a toujours empêché la suppression de la traite des Noirs. La nécessité, la nécessité impérative de poursuivre ce trafic, puisque aucune solution de remplacement n’existait, fut le prétexte à son maintien.” Et l’Angleterre ne s’en priva pas. Cette observation faite au dix-huitième siècle (du temps où l’esclavage dans les champs de canne à sucre atteignit son comble) suffit à le démontrer: “Aucun baril de sucre ne parvient en Europe avant d’avoir fait répandre du sang.”

      Les Anglais conclurent un accord commercial avec leurs ‘fournisseurs’ africains afin d’obtenir une réduction tarifaire compte tenu du volume des échanges. Un lord anglais se vanta de la sorte: “En ce qui concerne le commerce des nègres, notre supériorité sur le marché africain est si incontestable qu’elle nous permet d’avoir des esclaves à un prix inférieur de 15 pour cent.”

      À l’évidence, le commerce du sucre n’était pas un engouement passager. Il prenait un caractère permanent et les esclaves africains constituaient un élément vital au maintien de l’industrie sucrière. C’est pourquoi les gens concernés se posèrent une question d’une importance capitale: “N’y aurait-​il pas un jour une pénurie d’esclaves?” La réponse ne fut pas longue à venir. Un gouverneur de la Côte-de-l’Or (aujourd’hui le Ghana) écrivit: “L’Afrique est non seulement en mesure de continuer à fournir aux Indes occidentales les quantités auxquelles elle a pourvu jusqu’ici, mais s’il le fallait, elle pourrait livrer des milliers d’individus en plus, voire des millions.”

      Pourtant cela ne se passa pas ainsi. Il y avait déjà à l’œuvre des forces qui s’opposaient avec acharnement au commerce cruel des Noirs et un tollé se fit entendre dans le monde. Tous les moyens furent employés pour propager leurs récriminations et pour juguler l’esclavage. On peut signaler à titre d’exemple ce document publicitaire: “B. Henderson, Comptoir de la porcelaine — Rye Lane Peckham — fait savoir avec respect aux amis de l’Afrique qu’il tient à la vente tout un assortiment de récipients contenant du sucre et portant cette inscription en lettres dorées: ‘Sucre des Indes — non produit par des esclaves.’” Et ce document ajoutait: “Une famille qui consomme cinq livres de sucre par semaine peut épargner l’asservissement ou le meurtre d’un humain, si elle utilise pendant vingt et un mois du sucre provenant des Indes, au lieu des Indes Occidentales. Sur une période de vingt ans, huit familles épargneront ainsi la vie de cent personnes.”

      Avec le temps, les pays, les uns à la suite des autres, promulguèrent des lois pour interdire le commerce des esclaves. Les États-Unis, qui jusque-​là avaient acheté leur sucre à Cuba, se lancèrent à leur tour dans le commerce du sucre et dans celui des esclaves. La Louisiane, État du sud des États-Unis, possédait depuis peu des plantations de canne à sucre et elle devint le centre de cette activité. De plus, les esclaves que l’industrie sucrière ne pouvait employer allaient être utilisés dans les plantations de coton du sud des États-Unis.

      Pendant plus de trois siècles, le sucre régna en maître sur le monde, en réclamant un tribut qui dépasse l’imagination. Jamais aucun produit, tiré de la mer, cultivé dans le sol ou extrait des entrailles de la terre, n’aura provoqué autant de douleurs et coûté autant de vies que le sucre. Pourtant, aujourd’hui, combien on apprécie sa saveur! Hier cependant, il était aussi amer que le fiel.

  • Le sucre — Peut-on en faire l’éloge?
    Réveillez-vous ! 1983 | 22 février
    • Le sucre — Peut-​on en faire l’éloge?

      M’AVEZ-​VOUS reconnu? Les scientifiques connaissent ma formule chimique: C12 H22 O11. Depuis mon apparition sur le marché mondial, je ne suis pas resté dans l’ombre. Dans beaucoup d’endroits et à maintes reprises au cours de l’Histoire, ma valeur et ma rareté ont dépassé celles de l’or. En Chine, à une certaine époque, les princes indiens payaient tribut à l’empereur. Mais le seigneur réclama que la contribution soit de sucre et non d’or.

      J’ai suscité des controverses et une grande agitation tant dans les palais que dans les parlements. Et j’avoue sans aucun plaisir qu’à cause de moi des millions de miséreux ont connu l’asservissement et la mort.

      Aujourd’hui, je suis de nouveau au cœur d’une grande controverse. Pour certains, il faudrait me bannir à tout jamais, tandis que d’autres prétendent que je suis raffiné, utile et doux, et en aucun cas celui dont vient tout le mal.

      Je suis la cuillerée de sucre qu’une chanson populaire des années 60 décrivait “comme le moyen de faire passer délicieusement un médicament”. On me versait dans une petite poche de tissu et je vous servais de sucette pendant que votre mère accomplissait les tâches ménagères. Je sers d’enrobage aux comprimés que vous absorbez et j’ôte un peu d’amertume aux sirops et aux gouttes. Mais vous me retrouvez également dans les produits de beauté et dans les caoutchoucs synthétiques et les matières plastiques qui meublent votre environnement. Le cuir de vos chaussures subit un traitement. J’entre dans la composition de ce mélange comme d’ailleurs dans celle du tabac. Vous me retrouvez également dans les colorants pour textiles. S’il vous arrivait de mourir et d’être déposé dans un cercueil en plastique, je serais présent dans le plastique. En fait, je vous accompagne du berceau à la tombe.

      Toutefois, une chose par-​dessus tout assure ma popularité: Vous aimez les douceurs, et je peux répondre à ce désir insatiable. Mais là réside un paradoxe. Pour mes adversaires, mes vertus offrent des risques, et ils prétendent que je suis omniprésent. Le nier serait de ma part un manque d’objectivité, et je suis le premier à reconnaître que très fréquemment on fait de moi un emploi excessif.

      S’il convient de dire qu’une cuillerée de sucre permet d’avaler un médicament, est-​il judicieux que le sucre aide à l’assimilation du ketchup, du raifort ou des assaisonnements pour salades (comme c’est le cas dans les pays anglo-saxons)? Et pour compléter cette liste, ma présence est-​elle indispensable dans le pain, les conserves de légumes et, le croirez-​vous, dans le sel? Un bretzel a-​t-​il vraiment besoin de sucre? Ne seriez-​vous pas étonné d’apprendre que certains poissons panés contiennent plus de sucre qu’une pâtisserie?

      Pourquoi faut-​il que j’entre pour beaucoup dans la composition d’un mets qui n’est pas censé avoir une saveur sucrée? Bien sûr, si vous aimez les sucreries, vous comblerez vos désirs en grignotant quelques gâteaux secs. Mais est-​il normal que les crackers (biscuits salés) puissent répondre à ce même besoin (ils contiennent jusqu’à 12 pour cent de sucre)? En croquant une barre de chocolat, on s’attend légitimement à absorber une bonne moitié de sucre, mais vous serez surpris d’apprendre que la chapelure dont on saupoudre les morceaux de poulet en contient parfois autant (c’est surtout vrai dans les pays anglo-saxons).

      Je ne suis pas un génie. Il n’est pas indispensable d’en être un pour parvenir à cette conclusion: Bien des fabricants de produits alimentaires se font à l’idée qu’une cuillerée de sucre facilitera l’assimilation des aliments, et cela, que je sois utile ou non à leur fabrication. On m’utilise de façon abusive et on apporte ainsi de l’eau au moulin de mes détracteurs.

      Considérons, par exemple, la consommation mondiale de sucre de l’année écoulée, qui aurait dépassé 92 millions de tonnes. Les Américains adultes et bien d’autres encore consomment environ 35 kilos de sucre par personne et par an, tandis que chez les adolescents la quantité avoisine les 60 kilos. Et pourtant, les trois quarts du temps, on ne consomme pas du sucre sciemment. Seule une faible quantité provient de votre sucrier. Les statistiques révèlent que la quantité de sucre vendue aux particuliers diminue, et pourtant, ils en consomment de plus en plus! Bien qu’il ne soit pas impossible d’établir des menus exempts de sucre, pareille chose devient très difficile.

      Il est possible que la plupart des gens me reconnaissent uniquement quand je suis blanc et raffiné. Sous cet aspect, je porte le nom de saccharose et je suis pur à 99,9 pour cent. Je suis alors conditionné en morceaux et en poudre. Mais ne vous arrêtez pas seulement aux appellations de “sucre” ou de “saccharose”. Je prends aussi d’autres noms: fructose (sucre d’origine végétale), lactose (sucre présent dans le lait), maltose (sucre de malt), glucose, sirop de maïs, dextrose et sucre d’érable. Aux États-Unis, le sucre brut est interdit, à moins d’en ôter les impuretés — les saletés, les insectes, la terre, les bactéries et les autres éléments de contamination. Après cette opération, ce produit peut être vendu sous l’appellation de sucre ‘turbinado’ ou sucre ‘peu raffiné’. Bien que sa couleur soit sombre, il ne faut pas le confondre avec le sucre roux. Ce dernier produit n’est parfois que du sucre blanc sur lequel on a pulvérisé de la mélasse.

      Aux 35 kilos de sucre raffiné que consomme chaque année un individu, il faut ajouter environ 20 kilos d’édulcorant obtenu à partir du maïs (l’emploi de cette substance est courante dans l’industrie alimentaire en raison de son faible coût), édulcorant que l’on retrouve dans les produits alimentaires de grande diffusion. La consommation individuelle de sucre atteint alors des sommets vertigineux.

      Si vous possédez quelques connaissances sur mon compte, vous savez que je suis un glucide, comme le sont d’ailleurs les amidons. Je procure à votre organisme de l’énergie, de la chaleur et ce dont vous avez besoin pour vous déplacer. Quand votre consommation de glucide excède les besoins de votre organisme, le surplus est transformé en graisse.

      Alors, compte tenu des besoins énergétiques de votre organisme, quels problèmes pose l’absorption de sucre? Contrairement aux autres substances qui fournissent des glucides, je ne contiens ni protéines, ni sels minéraux, ni vitamines, ni éléments nutritifs, à l’exception des calories; je n’en manque pas (environ 400 calories pour 100 grammes de sucre). Mais les nutritionnistes disent de moi: “Le sucre, ce sont des ‘calories vides’.” En revanche, en absorbant des aliments riches en glucides, autres que le sucre, tels que du blé complet, des haricots, des légumes et des fruits, vous recevez non seulement un apport énergétique, mais aussi de nombreux éléments nutritifs.

      En mars 1978, une revue (Consumer Reports) m’a littéralement assassiné. Cependant, je suis contraint d’admettre ce qu’on y lisait: “Avant tout, il n’existe aucune demande de sucre, faite par l’organisme, qui ne puisse être satisfaite par d’autres aliments plus nutritifs comme les fruits et les légumes. Le sucre n’est même pas indispensable en cas de surcroît de dépense énergétique: une matinée de tennis, de ski, ou toute autre activité similaire.” Les réserves énergétiques emmagasinées par votre organisme y pourvoiraient largement.

      Autre chose qui provoque aussi un dommage supplémentaire: Lorsqu’on absorbe du sucre en doses concentrées avant un repas, que ce soit sous forme de friandises ou de pâtisseries, le tout arrosé d’une boisson au cola (une boîte de 33 cl contient environ neuf cuillerées de sucre), alors l’appétit se calme et, à l’heure du repas, on dédaigne une nourriture équilibrée. Certes, on prend du poids, mais on a une carence dans son alimentation. On est conscient de son embonpoint, mais ignorant de sa malnutrition.

      Alors que l’on m’accuse, moi, le sucre, de bien des méfaits (beaucoup d’entre eux sont contestables), une chose semble au moins faire l’unanimité des experts: Je provoque la carie dentaire, en particulier chez les enfants. Même l’Association américaine du sucre, qui a pour rôle d’assurer ma promotion, reconnaît ce point. D’après les spécialistes en maladies dentaires, les bactéries normalement présentes dans votre bouche m’utilisent pour fabriquer une substance épaisse semblable à un gel, substance qui adhère fortement aux dents. Elle accélère la formation de la plaque dentaire qui, en présence d’autres acides, attaque les dents et les rend vulnérables aux caries.

      Toutefois, toujours selon des spécialistes, la quantité de sucre absorbé influe moins sur le nombre de caries que la forme sous laquelle se présente le sucre. Ainsi, si vous mangez une friandise qui contient 10 pour cent de sucre, vous risquez de faire plus de tort à vos dents qu’en buvant un soda qui en contient 25 pour cent. La raison est facile à comprendre. La friandise va adhérer à votre dentition, tandis que le sucre contenu dans le soda, lui, s’écoule dans votre organisme. Mais si vous êtes un amateur de sodas, ne poussez pas trop vite un soupir de soulagement. Soyez conscient d’une chose: Selon des chercheurs, boire plusieurs sodas par jour fait plus de tort à vos dents qu’une seule friandise mâchonnée par semaine. En outre, les boissons au cola et un grand nombre de boissons non alcoolisées contiennent souvent des acides qui sont nocifs pour vos dents.

      À l’attention des enfants, voici un point sur lequel vos parents ont sans doute déjà insisté: Veillez à vous brosser régulièrement les dents, en particulier après avoir mangé des friandises, et le soir, avant d’aller dormir, quand vous venez d’absorber une nourriture riche en sucre. Plus le sucre séjourne dans votre bouche, plus le risque de formation des caries est grand.

      Cependant un ‘espoir’ existe, mais il ne s’agit pas forcément d’un antidote. D’après certaines découvertes publiées par le New York Times du 16 décembre 1980, le fromage de cheddar pourrait réellement bloquer la formation des caries dentaires. Le docteur W. Bowen, chef du service de prévention contre les caries dentaires à l’Institut américain de recherches dentaires, précisait toutefois: “Nous pensons que ces observations sont fondées, mais elles demandent à être poursuivies. Nous ne sommes qu’au stade préliminaire.”

      Poursuivant les travaux d’un collègue britannique, qui avait découvert que le cheddar ralentissait la formation des caries, des scientifiques américains ont réalisé des expériences en laboratoire, en faisant absorber du cheddar à des rats. D’après le docteur Bowen, les résultats furent identiques, “dans la mesure où les rats mangeaient le fromage juste après avoir absorbé le sucre, cette dernière substance contribuant à la formation des caries”. Et le New York Times ajoutait: “On ignore encore pourquoi le cheddar produit un tel effet.”

      D’autres mauvaises nouvelles

      Puisque je raconte moi-​même mon histoire, autant dire toute la vérité, même si celle-ci me fait apparaître sous un jour très défavorable. Pour tous ceux qui m’aiment, voici les faits. Ils concernent aussi mon grand rival, le sel. Il devient de plus en plus évident que l’excès de sel contribue pour beaucoup à l’hypertension artérielle. Mais un rapport publié récemment fait apparaître que le danger est encore plus grand quand, à l’excès de sel, vient s’ajouter l’excès de sucre.

      Selon des chercheurs de l’École de médecine de l’université de la Louisiane, on a soumis des atèles (singes-araignées) à trois types de régime alimentaire. Le premier régime consistait en nourriture classique des singes de laboratoire; le second était identique au premier, mais on y ajoutait du sel. Dans le troisième régime, on avait incorporé du sucre en plus du sel. Dans la revue Science Digest (numéro d’octobre 1980), on pouvait lire le résultat des expériences:

      “Au cours d’une période préliminaire de trois semaines, on fit des analyses sur les singes. Après quoi, ils furent répartis en trois groupes. Chaque groupe reçut pendant huit semaines l’un des trois régimes. Comme prévu, la tension artérielle grimpa chez les singes qui avaient reçu du sel. Mais selon le rapport publié dans une revue de nutrition, chez les singes qui avaient été soumis au troisième régime (sel plus sucre), la pression artérielle était encore bien plus élevée.”

      En plus des faits que je viens de mentionner, et dont je reconnais la véracité, il y a toute une multitude de problèmes de santé dont on m’accuse d’être à l’origine, sans en apporter la preuve formelle. La controverse se poursuivra tant qu’on ne parviendra pas à des conclusions définitives.

      En attendant, faites preuve de modération dans votre alimentation. Veillez à la quantité de nourriture que vous absorbez. En toutes choses, les abus sont mauvais. Ils peuvent vous rendre malade et vous susciter une multitude de problèmes. J’ai une place dans votre régime alimentaire, mais à la condition que vous fassiez preuve de bon sens.

      En outre, souvenez-​vous que c’est Jéhovah Dieu qui m’a créé. C’est lui qui conduisit les Israélites dans la Terre promise qui ‘ruisselait de lait et de miel’, ce dernier étant une forme de sucre. Cela montre qu’après tout, je ne suis pas si mauvais. Et lorsque tous les humains qui en seront dignes seront assis ‘sous leur vigne et sous leur figuier’ sur la terre transformée en un paradis, alors je serai moi aussi présent — dans les belles grappes de raisin et dans les figues mûres. — Michée 4:4.

      [Entrefilets, page 9]

      Je suis de nouveau au cœur d’une grande controverse. Pour certains, il faudrait me bannir à tout jamais, tandis que d’autres prétendent que je suis raffiné, utile et doux, et en aucun cas celui dont vient tout le mal.

      Je suis le premier à reconnaître que très fréquemment on fait de moi un emploi excessif.

      [Entrefilet, page 10]

      Ne seriez-​vous pas étonné d’apprendre que certains poissons panés contiennent plus de sucre qu’une pâtisserie?

      [Entrefilet, page 11]

      Afin de dissimuler le pourcentage élevé de sucre de leurs produits, les fabricants m’affublent de noms différents.

  • D’extraordinaires relations
    Réveillez-vous ! 1983 | 22 février
    • D’extraordinaires relations

      Savez-​vous qu’un papillon a des relations — que l’on peut qualifier d’extraordinaires — avec les fourmis rouges?

      Au début de l’été, la femelle du papillon Maculinea arion dépose ses œufs sur des fleurs de serpolet. Durant le temps nécessaire à deux mues, la chenille se nourrit essentiellement de ces fleurs. Après quoi elle se laisse tomber sur le sol et part à la recherche de quelque chose d’autre.

      Quand une fourmi rouge la rencontre, toutes deux se comportent comme de vieilles connaissances. La fourmi frappe d’abord la chenille de ses antennes et de ses pattes. Cela provoque la sécrétion d’une goutte d’un liquide sucré au dixième segment de la chenille. La fourmi lèche cela avec avidité, et ses congénères viennent prendre part au festin.

      Quand le thorax de la chenille augmente de volume, c’est le moment pour la première fourmi de transporter sa nouvelle amie dans la fourmilière. Elle la saisit alors dans ses mandibules, juste derrière les segments dilatés. Pour un temps assez long, la chenille va habiter dans une chambre occupée par les nymphes et les larves, et celles-ci constitueront sa nouvelle nourriture. En retour, les fourmis se délecteront de son exsudation.

      La nymphose de la chenille commence au printemps suivant, et trois semaines plus tard, un papillon adulte aux ailes flasques et fripées rampe dans les galeries de la fourmilière. Les fourmis ne l’empêchent pas de s’en aller. Dehors, à la lumière du soleil, les ailes de l’imago achèvent de s’affermir pour le vol.

      Ces extraordinaires relations entre les fourmis et cette variété de papillon posent un problème à ceux qui acceptent la théorie de l’évolution. Comment la fourmi sait-​elle qu’au dixième segment de la chenille est excrété le liquide sucré dont elle est si friande, et comment sait-​elle en provoquer la sécrétion? Comment la chenille sait-​elle ce qu’il faut faire pour que la fourmi l’emporte? Pourquoi les fourmis laissent-​elles le papillon partir de leur nid? Ces questions trouvent une réponse quand on reconnaît la véracité de ces paroles: “Dieu se mit à créer (...) toute créature volante (...) et tout animal se mouvant sur le sol, selon son espèce.” (Genèse 1:20-25). Assurément, l’interdépendance dont nous venons de parler n’est pas le fruit d’un hasard aveugle, mais la manifestation d’un dessein réfléchi.

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