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La prédestination et la prescience de JéhovahLa Tour de Garde 1953 | 1er octobre
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La prédestination et la prescience de Jéhovah
“ Dieu connaît son œuvre de toute éternité. ” — Actes 15:18, Lemaistre de Saci.
1. En quoi diffère la prédestination de la prescience ?
JÉHOVAH possède le pouvoir de la prédestination et la faculté de la prescience. Ce qu’il prédétermine se réalise parce qu’il en a décidé ainsi quoi que fasse une créature quelconque dans l’univers pour l’empêcher ou l’arrêter. Ce qu’il stipule d’avance se réalise parce que sa perception concernant l’avenir est infaillible. Par l’exercice de cette faculté de la perception il ne fait en aucune manière violence au libre arbitre d’aucune créature. Il s’agit en général, en ce qui concerne la prédestination, de classes ou de groupes et d’événements sans que les personnes en particulier appartenant à ces classes ou étant mêlées à ces événements aient été prévues d’avance. D’autre part, la prescience de Dieu ne se limite pas à des groupes ou événements mais désigne fréquemment des individus qui y joueront un rôle.
2. Qu’était la nation d’Israël ?
2 Notre édition précédente a posé un solide fondement pour la thèse selon laquelle les Écritures grecques, lorsqu’elles parlent de la prédestination relative à ceux qui régneront avec le Christ dans le ciel, en font mention en tant que classe et non pas en qualité de particuliers. Il en est de même au sujet du dessein de Jéhovah d’avoir une nation sainte. Dans l’Antiquité, Israël devint la sainte nation typique, car Jéhovah lui dit : “ Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. ” “ Car tu es un peuple saint à Jéhovah, ton Dieu. Jéhovah, ton Dieu, t’a choisi pour être son peuple particulier parmi tous les peuples qui sont sur la face de la terre. ” (Ex. 19:6 ; Deut. 7:6, Cr 1905). C’était une nation élue appelée “ Israël, mon élu ”. — És. 45:4.
3. Tout en étant membres d’une nation élue, en quoi les Israélites pouvaient-ils échouer individuellement ?
3 Mais le simple fait qu’elle était une nation élue n’inclut pas automatiquement chaque Israélite en particulier comme définitivement élu. Jéhovah lui-même en détruisit beaucoup pendant leur voyage au désert et plus tard et permit en plus de cela que les ennemis réduisent leurs rangs à cause de leur infidélité. Lorsque le Christ vint, un reste seulement des Juifs l’acceptèrent, de sorte que des non-Israélites furent appelés pour compléter le nombre prévu d’avance de “ l’Israël de Dieu ”. (Gal. 6:15, 16 ; Éph. 2:11-22.) Il ne suffirait pas de n’être Juif qu’au dehors, selon la chair. Les membres de l’“ Israël de Dieu ” devaient être des Juifs intérieurement, selon l’esprit (Rom. 2:28, 29 ; 9:6). Lorsqu’un trop petit nombre d’Israélites selon la chair acceptèrent le Messie, Dieu dirigea, pour la première fois, “ son attention vers les nations pour en tirer un peuple pour son nom ”. Quand les branches naturelles d’Israël ne portèrent pas des fruits conformes à la volonté divine, elles furent retranchées et des branches sauvages prises parmi les païens furent entées à leur place. C’est ainsi que, lorsque la capacité de perception de nombreux membres de l’Israël selon la chair concernant leur devoir s’était émoussée, Dieu choisit des païens pour compléter le nombre fixé d’avance de l’Israël spirituel ou “ Israël de Dieu ” : “ c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé. ” — Jean 15:1-8 ; Actes 15:14, NW ; Rom. 11:17-21, 25, 26.
4. Qu’est-ce qui montre que l’Israël spirituel comprend des gentils et où voyons-nous la “ grande multitude ” dans le type et l’antitype ?
4 La sainte nation typique de Dieu, l’Israël selon la chair, préfigurait l’Israël spirituel, lequel doit être composé en partie de païens. Cela est démontré par la manière dont Pierre applique Exode 19:6 et Deutéronome 7:6 aux membres du corps du Christ, qui se composent de Juifs et de païens : “ Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple spécialement acquis, afin que vous annonciez les mérites de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Car autrefois vous n’étiez pas un peuple mais maintenant vous êtes le peuple de Dieu. ” (I Pi. 2:9, 10, NW). La totalité de ceux qui règnent avec le Christ est fixée à 144 000 (Apoc. 14:1-4). Selon Apocalypse 7:4-8 ce nombre se compose des douze tribus d’Israël, et puisque c’est le nombre complet et qu’il comprend des païens, cet Israël dont il est question ici doit être l’Israël spirituel. La “ grande multitude, qu’aucun homme ne pouvait compter, de toutes nations, tribus, peuples et langues ”, que l’on voit ensuite, ne pourrait pas appartenir à la classe céleste, car cela porterait le nombre prévu d’avance — 144 000 membres — à un chiffre beaucoup plus élevé (Apoc. 7:9, NW). En réalité, le parallèle se réalise totalement. De même qu’autrefois, lorsque le peuple typique d’Israël, en quittant l’Égypte, était accompagné d’un “ peuple mélangé ” de non-Israélites, de même dans la réalité d’aujourd’hui, lorsque l’Israël spirituel se sépare de ce vieux monde conduit par Satan, une grande multitude, en comparaison de l’Israël spirituel une multitude de gentils, s’allie à l’Israël spirituel. Ils obtiennent le salut par le sang rédempteur du Christ. — Apoc. 7:10, 14.
5. Que dévoile tout cela par rapport à la prédestination ?
5 Que révèle tout cela quant à la prédestination ? Cela montre que bien que l’Israël selon la chair fût élu en tant que nation, beaucoup de membres de cette nation tombèrent et que seul un reste demeura fidèle. L’ancien Israël ayant préfiguré l’Israël spirituel, cela montre que l’Israël spirituel est choisi comme classe ou nation sainte et non pas chacun en particulier de ceux formant le nombre, car plusieurs apostasièrent et seul un reste du total de ceux qui furent appelés, sanctifiés, justifiés, rachetés et élus, demeure fidèle. Au surplus, ce qui précède montre que le rachat par le sang du Christ ne se limite pas à l’Israël spirituel élu qui régnera avec le Christ dans le ciel, mais que les bienfaits salutaires de la rançon s’étendent aussi à une grande multitude dont le nombre n’est pas fixé d’avance ou préordonné. Les presbytériens, principaux défenseurs de la prédestination, nient cela en déclarant : “ Outre les élus nul n’est racheté par le Christ. ”a En prétendant que seuls les élus qui règnent avec le Christ seront sauvés, les prédestinatiens se posent encore un autre dilemme : Étant donné que les élus deviennent, avec Jésus-Christ, une partie de la postérité abrahamique, quelles sont les familles et nations de la terre qui doivent être bénies par cette postérité ? (Gen. 12:3 ; 22:18 ; Gal. 3:16, 29.) C’est en fait une classe terrestre dont les membres sont choisis dans toutes les nations et dont la partie existant aujourd’hui devient la “ grande multitude ” mentionnée en Apocalypse 7:9.
PRESCIENCE CONCERNANT DES INDIVIDUS
6. Les cas de Samson, Jérémie et Jean-Baptiste soutiennent-ils la prédestination ?
6 Cherchant à prouver leur thèse selon laquelle Dieu prédestine généralement des individus, les adeptes de cette doctrine mentionnent des personnes telles que Samson, Jérémie, Cyrus, Ésaü et Jacob, Jean-Baptiste, Judas et aussi Jésus. Il est exact que Jéhovah savait déjà avant leur naissance que Samson commencerait à libérer Israël, que Jérémie serait un prophète pour les nations et que Jean-Baptiste effectuerait une œuvre semblable à celle d’Élie en préparant le peuple pour la venue du Messie (Juges 13:3-5 ; Jér. 1:5 ; Luc 1:13-17). Cependant ces cas ne s’accordent pas avec l’enseignement de la prédestination. Selon cette doctrine le sort définitif de chacun est décidé d’une manière immuable dès avant l’époque d’Adam et d’Ève ; or, rien ne prouve qu’il en ait été ainsi en ce qui concerne les personnes ci-dessus. Rien ne montre que la prescience de Dieu, concernant ces personnes en particulier, existait longtemps avant le moment de leur conception. En outre, cette prescience semble se rapporter à leur activité plutôt qu’à leur sort définitif ; or la prédestination se rapporte au sort définitif, “ indépendamment de la foi, des bonnes œuvres ou de la persévérance éventuelles dont ils feraient preuve, ou de quelque autre chose inhérente à la créature ”.b La prescience de Dieu qui se révèle dans ces cas est absolument différente de la prédestination.
7. Pourquoi le cas d’Ésaü et de Jacob ne soutient-il pas la prédestination ? Pourquoi Jéhovah agit-il ainsi ?
7 La déclaration concernant les jumeaux Ésaü et Jacob ne fut pas faite avant la création d’Adam et d’Ève, mais pendant qu’ils étaient encore dans le sein de leur mère ; elle ne se rapportait pas non plus à leur sort définitif, mais avait la teneur suivante : “ L’aîné servira le plus jeune. ” Cela signifiait que le plus jeune, contrairement à la manière d’agir habituelle, devait obtenir le droit d’aînesse, qui revenait généralement au premier-né. Grâce à ce droit il devenait, après la mort de son père, le chef de la maison de son père et ses autres frères devaient lui être subordonnés. Tout cela se réalisa, “ avant que les enfants fussent nés et qu’ils eussent rien fait de bon ou de mauvais, afin que le propos de Dieu selon l’élection demeurât, non point sur le principe des œuvres, mais de celui qui appelle ”. Un de ces jumeaux devait obtenir le droit d’aînesse, auquel, dans ce cas, la promesse abrahamique était rattachée. Étant donné que Jéhovah fit son choix avant la naissance, avant qu’ils n’eussent fait ni bien ni mal, il montra que le choix de ceux qui ont part à la promesse abrahamique ne dépend pas des œuvres. Cela contrastait avec l’alliance de la loi qui engageait les Juifs à souligner l’importance des œuvres. Cela accentuait la bonté imméritée au grâce ainsi que l’esprit. Le choix était ainsi l’affaire exclusive de celui qui appelle des candidats pour ces bénédictions, c’est-à-dire de Jéhovah. Son libre choix dans ce cas, totalement indépendant de toute coutume ou manière d’agir communes aux hommes, telles que celle consistant à octroyer le droit d’aînesse aux premiers-nés, est encore mis en évidence par le fait qu’il choisit le cadet au lieu de l’aîné. Ainsi, en agissant comme il le fit dans le cas d’Ésaü et de Jacob, Jéhovah n’obéissait pas à un caprice mais rendit plus clair son dessein concernant son alliance. — Gen. 25:23-26, Li ; Ge 27:29, 37 ; 28:13, 14 ; Rom. 9:11, Da.
8. Pourquoi cela ne signifiait-il pas la condamnation éternelle d’Ésaü ? Pourtant comment la prescience de Jéhovah fut-elle réhabilitée par sa conduite ultérieure ?
8 La décision de Jéhovah de donner le droit d’aînesse à Jacob ou de permettre qu’Ésaü, l’aîné, devienne passagèrement l’esclave du cadet, ne signifiait pas qu’Ésaü était prédestiné à la réprobation éternelle, comme les prédestinatiens doivent prétendre. Le fait qu’Ésaü occupait une position subordonnée ne lui interdisait pas de rechercher l’approbation de Dieu. Quelques Cananéens, bien que se trouvant sous une malédiction inspirée les obligeant de servir les descendants de Sem, ne s’attachèrent-ils pas à Israël et n’obtinrent-ils pas ainsi la bénédiction de Jéhovah ? (Gen. 9:25-27 ; Jos. 9:27.) Et en ce qui concerne le droit d’aînesse, le posséder n’est pas indispensable pour être sauvé. Autrement seuls les fils aînés seraient sauvés et tous les autres automatiquement condamnés. Et que dire de cette déclaration de Jéhovah : “ J’ai aimé Jacob, et j’ai eu de la haine pour Ésaü ” ? (Mal. 1:2, 3 ; Rom. 9:13.) Le récit ne dit pas expressément que ce jugement fut rendu lorsque Rebecca portait les enfants dans son sein, que, pour le rendre, Jéhovah n’attendait pas pour voir quelle serait leur attitude comme hommes. Mais si ce jugement a été rendu avant leur naissance, le pouvoir de prescience de Jéhovah a pu lui dévoiler la voie que chacun des jumeaux prendrait et lui fournir les motifs nécessaires pour aimer l’un et haïr l’autre. Sa capacité de lire les penchants innés d’enfants qui ne sont pas encore nés ne peut être mise en doute. Ésaü eut certainement un tel penchant et le garda malgré la bonne instruction religieuse qu’il reçut de ses parents. Contrairement à la fidélité de Jacob, Ésaü était un chasseur sans égards, il choisit ses épouses parmi les maudites femmes païennes et manifesta du mépris pour la promesse abrahamique en vendant son droit d’aînesse à Jacob, et cependant plus tard il chercha par la tromperie à priver Jacob de ce droit qui lui appartenait tant par achat que comme don de Dieu. Ésaü fit tout cela de sa propre volonté et s’attira ainsi la haine de Jéhovah. — Gen. 25:27-34 ; 26:34, 35 ; 27:34-36, 46 ; I Sam. 16:7 ; Job 31:15 ; Eccl. 11:5.
9. Pourquoi les cas de Judas, Pierre et Cyrus ne prouvent-ils pas l’enseignement de la prédestination ?
9 Jéhovah Dieu prophétisa que Jésus serait trahi par un de ses apôtres, mais le traître n’est pas mentionné par son nom (Ps. 41:10 41:9, NW ; 109:8). Rien ne prouve que Jésus savait, lorsqu’il choisit Judas Iscariot, que celui-ci serait le traître. Cependant la puissance que Jésus reçut de Jéhovah le rendit capable de percevoir les pensées et les intentions de l’esprit et du cœur de l’homme, et sitôt que Judas se laissa entraîner dans cette direction-là Jésus s’en aperçut. Afin de montrer qu’il était le Messie il annonça cette trahison d’avance : “ Dès à présent je vous le dis, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu’elle arrivera, vous croyiez à ce que je suis. ” (Jean 2:24, 25 ; 6:64, 70, 71 ; 13:11, 18-30 ; Apoc. 2:23). Les prédictions qui identifiaient personnellement Judas comme étant le traître vinrent après qu’il avait grandi spirituellement, après qu’il fut devenu un apôtre. Il en est de même de celles concernant Pierre, qui prédirent qu’il renierait le Christ, qu’il se ressaisirait et comment il mourrait (Marc 14:30 ; Luc 22:31, 32, 34 ; Jean 21:17-19). Rien de tout cela ne pourrait être appelé prédestination, une détermination des destinées de particuliers avant la fondation du monde primitif. En ce qui concerne Cyrus, la puissance prophétique de Jéhovah concernant l’avenir lui permettait de le nommer par son nom comme celui qui renverserait Babylone et libérerait les prisonniers israélites, et cela environ deux cents ans avant que ces événements n’arrivent. Mais la prédestination presbytérienne ou calviniste n’y a rien à y voir. Elle ne fixa pas le destin définitif de Cyrus. Il ne devint pas un véritable adorateur de Jéhovah mais servait beaucoup de faux dieux et ne devint jamais un membre de la classe des élus de Jéhovah. — És. 45:1-4.
10. Malgré le caractère exceptionnel du cas de Jésus, qu’y a-t-il à en dire ?
10 En ce qui concerne Jésus, sa course terrestre et sa destinée définitive comme postérité de la femme de Dieu et Roi du monde nouveau ne furent pas fixées avant la fondation du monde primitif. Seulement après la chute du premier couple humain des prophéties furent données concernant le Christ (Gen. 3:15). Les Écritures hébraïques l’identifient comme l’élu de Jéhovah (És. 42:1). Il était connu avant la fondation du monde nouveau au temps de sa mort et fut “ livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu ”. (Actes 2:23 ; I Pi. 1:20 ; Apoc. 13:8.) Sans prédéterminer les personnes qui agiraient contre lui lorsqu’il serait sur terre, les prophéties mentionnèrent plusieurs événements d’avance : “ En effet, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont vraiment assemblés Hérode et Ponce Pilate avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire les choses que ta main et ton conseil avaient d’avance déterminé devoir arriver. ” (Actes 4:27, 28, La). Que le cas de Jésus soit appelé prédestination ou prescience, le fait est qu’il fut tout à fait exceptionnel et ne prouve nullement une prédestination individuelle de toutes les personnes dès avant le temps d’Adam et d’Ève.
11. Pourquoi Dieu usa-t-il de sa prescience dans les cas susmentionnés ?
11 En vérité, tous les cas mentionnés ci-dessus, dans lesquels Dieu exerça sa prescience concernant la voie suivie par des personnes en particulier, sont très exceptionnels. Ces personnes jouaient un rôle spécial dans les desseins de Jéhovah, car elles servaient de types ou de modèles, constituaient l’accomplissement de prophéties ou furent employées d’une autre manière pour contribuer à éclairer le peuple de Jéhovah ou proclamer la puissance de Dieu. Jéhovah peut diriger certains événements dans leur vie, et il le fait effectivement, de sorte que tout se réalise en conformité de sa prescience. Mais ces quelques cas exceptionnels, dans lesquels la prescience de Jéhovah était manifeste, ne peuvent pas être employés pour prouver avec succès qu’il s’est servi d’un même degré de prescience dans le cas de chaque humain.
12. Pourquoi les prédestinatiens ne trouvent-ils aucun appui dans les Actes des Apôtres (15:18) et Romains 8:28 ?
12 Pour prouver un tel emploi complet de la prescience, certains mentionnent Actes 15:18 (Ostervald) : “ Toutes les œuvres de Dieu lui sont connues de toute éternité. ” La Traduction du Monde Nouveau rend les Ac 15 versets 17 et 18 comme suit : “ Jéhovah, qui fait ces choses qu’il a connues de toute antiquité. ” Une note marginale dit : “ Celui qui a fait connaître ces choses depuis l’antiquité. ” Quelle que soit la version qu’on consulte, il est clair que Jéhovah montre ici que ses œuvres lui étaient connues d’avance. Il n’est pas dit qu’il connaît à l’avance les œuvres de chaque personne. On ne peut pas non plus se servir de Romains 8:28 comme preuve que Dieu connaissait d’avance tous les événements ou faits des hommes. “ Nous savons... que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. ” Une traduction plus exacte montre que ce sont les œuvres de Dieu et non pas les actions des hommes (lesquels peuvent même être des persécuteurs) qui contribuent au bien de ses serviteurs : “ Nous savons que Dieu fait concourir toutes ses œuvres au bien de ceux qui l’aiment. ” (NW). Jésus montra qu’il n’est pas juste de rendre responsable le fatalisme ou la prédestination, lorsque des hommes sont victimes de la force brutale ou d’accidents, mais qu’il faut plutôt chercher l’explication dans le fait que “ le temps et l’adversité les atteignent tous ”. — Eccl. 9:11, Li ; Luc 13:1-5.
13. Pourquoi ne pouvons-nous pas dire que Jéhovah connaissait d’avance la chute du chérubin protecteur et d’Adam et d’Ève ?
13 Peut-on dire que Jéhovah savait d’avance que le chérubin protecteur qu’il plaça au-dessus d’Adam et d’Ève en Éden se rebellerait ? Ou que Jéhovah savait d’avance qu’Adam et Ève succomberaient aux tentations de ce rebelle ? Pareil point de vue ne peut être soutenu ni par l’Écriture ni par la logique. La Bible montre que Jéhovah exerce sa prescience par rapport à ses œuvres, mais la rébellion du chérubin ainsi que la transgression d’Adam et d’Ève ne furent point des œuvres de Jéhovah. Il ne s’est pas servi de sa faculté de prescience pour s’ingérer dans les affaires de ces créatures. Il n’est pas un Dieu soupçonneux, suspectant toujours ses créatures, cherchant à trouver dans leur esprit et leur cœur des taches afin de leur créer des difficultés. Il attend et leur permet de manifester leurs manquements. Un homme peut suivre la voie droite jusqu’à ce qu’il se trouve devant une tentation spéciale, et alors des taches se montrent dans son intégrité. Ainsi en fut-il apparemment du chérubin. Après qu’il eut reçu sa position et qu’Adam et Ève furent créés, ces nouvelles circonstances devinrent une tentation pour le chérubin. Non pas une tentation de la part de Jéhovah, mais une tentation que le chérubin s’attira lui-même par de faux désirs et pensées. (Jacq. 1:13-15 ; I Jean 2:15-17.) Il vit le couple humain, connaissait leur pouvoir de se multiplier et le commandement reçu de Dieu de le faire, et vit d’avance la terre remplie de créatures humaines. Il voulait être adoré par eux et se mit à détourner ce premier couple de l’adoration de Jéhovah. Tout ce que Jéhovah avait décidé d’avance, dans cette affaire, c’était que l’obéissance signifierait la vie et la désobéissance la mort, et il en informa Adam et par lui Ève. — Gen. 2:16, 17.
14. Pourquoi Jéhovah n’avait-il pas besoin de connaître d’avance leur rébellion pour lui tenir tête ?
14 S’il n’existe donc absolument aucune preuve biblique que Jéhovah connaissait d’avance les transgressions de ce trio, sur quoi peut-on se fonder pour soutenir le contraire ? Sur aucune base raisonnable. Il n’avait pas besoin de prévoir la rébellion de ces trois pour lui tenir tête. De même il n’avait pas besoin de connaître d’avance les œuvres des démons et des hommes de ce temps pour accomplir son dessein, pas plus que l’homme qui veut détruire les mauvaises herbes sur un terrain pour faire un jardin n’a besoin de savoir d’avance ce que font les insectes qui ont leur demeure dans le fouillis des mauvaises herbes. Quoi que fassent les insectes, ils seront aussi peu capables d’empêcher l’homme de détruire les mauvaises herbes que l’homme est incapable d’empêcher Dieu d’accomplir ses œuvres. De même que l’homme n’a pas besoin de prévoir la présence des insectes désagréables, de même Dieu n’a point besoin de connaître d’avance l’opposition de l’homme (És. 40:22). Dans les deux cas le dessein formulé peut être réalisé sans se préoccuper de l’opposition, car elle est insignifiante en comparaison de la puissance de celui qui poursuit un dessein. — És. 46:11 ; 55:11.
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La prescience compatible avec le libre arbitreLa Tour de Garde 1953 | 1er octobre
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La prescience compatible avec le libre arbitre
“ Je connais les disponibilités qui l’animent (je sais où leur tempérament les conduira, AT) dès aujourd’hui, avant même que je les aie fait entrer dans le pays que je leur ai promis par serment. ” — Deut. 31:21, Cr 1905.
1. Comment les doctrines des presbytériens démentent-elles le libre arbitre de l’homme ?
LES ADEPTES de la doctrine de la prédestination ne contestent pas que les hommes sont des créatures moralement libres, cependant leurs enseignements le nient sans contredit. Les déclarations ci-dessous, tirées de leur publication, n’enlèvent-elles pas toute signification à leur prétention selon laquelle les hommes sont libres de vouloir le bien ? “ L’homme, par suite de sa chute dans un état de péché, a perdu toute capacité de vouloir le bien au point de vue spirituel tel que l’exige le salut. ” Mais si Dieu intervient pour convertir un pécheur abandonné, il “ le rend apte à vouloir et accomplir ce qui est spirituellement bien ”.a Dieu promet “ de donner son saint esprit à tous ceux qui sont destinés à vivre, pour les disposer à croire et les rendre capables de croire ”.b Ainsi donc les personnes non prédestinées ne posséderaient pas le libre arbitre ni ne seraient capables de croire. De la même manière Dieu “ renouvelle et détermine leur volonté avec force et énergie ”, afin de les rendre “ dociles et capables ” de répondre à son appel.c Même après s’être engagés sur la voie droite “ la persévérance des saints ne dépend pas de leur propre volonté, mais de l’immutabilité du décret d’élection ”.d Et où se trouve donc le libre arbitre des individus dans l’assertion selon laquelle Dieu “ gouverne toutes ses créatures, les dirige et ordonne toutes leurs actions ” ?e Si Dieu “ a décrété invariablement tout ce qui arrive ”, si, pour manifester à l’égard de certains hommes sa suprême puissance, il “ les a voués au déshonneur et à la colère ”, et si, pour manifester sa grâce envers d’autres, il les a prédestinés à la vie “ indépendamment de la foi ou des bonnes œuvres ”, comment peut-on soutenir qu’il n’est pas fait “ violence à la volonté des créatures ” ? Tel est pourtant le calibre de la logique prédestinatienne. Rien d’étonnant s’ils renoncent à raisonner sur leur doctrine et en parlent comme de “ ce grand mystère de la prédestination ”.f
2. Dans quel sens les presbytériens bavardent-ils comme les pharisiens ?
2 Dieu est supposé avoir de toute éternité décrété ce qui arrive et avoir fixé le sort de tous les hommes et anges, soit pour vivre éternellement ou subir à tout jamais la mort, sans cependant, pour ce faire, utiliser sa prescience ni faire violence au libre arbitre d’une créature quelconque.g Pour qu’il pût en être ainsi, Jéhovah aurait dû créer chaque personne de telle sorte qu’elle accomplisse automatiquement ce qu’il avait prévu pour elle. Cela place les prédestinatiens dans le bateau doctrinal des pharisiens sur lesquels Josèphe écrivit : “ Ils attribuent au destin tout ce qui arrive, sans toutefois ôter à l’homme le pouvoir d’y consentir ; en sorte que tout se faisant par l’ordre de Dieu, il dépend néanmoins de notre volonté de nous porter à la vertu ou au vice. ”h De ce qui précède il ressort clairement que les protestations des prédestinatiens en faveur du libre arbitre individuel ne peuvent pas être prises au sérieux, d’autant moins que doctrinalement ils le nient sous tous les rapports.
COMMENT JÉHOVAH NOUS FORME
3. Que prétendent quelques-uns et comment appuient-ils leur assertion ?
3 Quelques-uns prétendent que Jéhovah Dieu forme l’homme de telle sorte qu’il soit contraint d’agir d’une certaine manière, faisant ainsi violence à sa liberté d’action ou de choix et réalisant de la sorte les choses selon la prédestination divine. Ils citent le texte qui parle de Jéhovah comme du grand Potier et de l’homme comme étant l’argile sans appui qui doit être modelé selon ce qui lui convient. Ils mentionnent aussi l’époque où Dieu endurcit le cœur de Pharaon, endurcissement qui provoqua l’anéantissement de Pharaon dans la mer Rouge. Ces cas peuvent-ils être mis en harmonie avec le libre arbitre individuel ? Oui, et pour poser un fondement sur lequel vous pourrez donner de bonnes réponses, considérons quelques points concernant la transformation ou modification de l’esprit humain.
4. Comment les messages des cinq sens atteignent-ils le cerveau et qu’arrive-t-il alors ?
4 Les hommes savent bien des choses au sujet de l’esprit, mais il y en a beaucoup plus qu’ils ne connaissent pas. Cependant des faits et de la théorie résulte cette vue fondamentale de la fonction de l’esprit : Lorsque la lumière pénètre l’œil, elle est transformée en électricité au moment où elle atteint la substance grise corticale. Lorsqu’un son entre dans l’oreille il atteint la matière grise en tant qu’impulsions électriques. De façon semblable des messages parviennent au cerveau par les sens de l’odorat, du goût et du toucher, pour accéder à la substance corticale du cerveau comme des courants électriques. À l’intérieur de la substance grise de l’écorce se trouve la matière blanche du cerveau ; à travers elle la matière grise envoie des messages électriques pour établir des contacts avec d’autres cellules ou groupes de cellules se trouvant dans diverses sections de la substance grise. Ainsi donc, si la section visuelle aperçoit un danger, elle envoie au plus vite des messages à la section motrice afin de déclencher l’activité musculaire nécessaire, que ce soit pour combattre ou pour fuir. Nous voyons donc que dans chaque processus mental la matière grise se met en contact avec ses diverses parties en créant des circuits à travers la matière blanche.
5. Qu’est-ce qui jette encore de la lumière sur les merveilleuses fonctions du cerveau ?
5 Chaque pensée, chaque acte est enregistré dans la matière grise comme une trace électrique. S’il s’agit d’une vieille idée ou d’un acte fréquent, il utilise le circuit formé auparavant, le renforçant et l’approfondissant. C’est pourquoi, par la répétition, des pensées se fixent fermement dans l’esprit et des faits répétés deviennent choses habituelles. On les accomplit facilement et on ne les abandonne qu’avec peine. De nouvelles pensées et de nouvelles actions exigent l’établissement de circuits nouveaux, ce qui est plus difficile. Lors de la naissance le cerveau de l’enfant est presque blanc, car il n’y a que quelques-uns de ces circuits, tels que l’instinct de succion et quelques autres choses fondamentales, indispensables à la vie. Il ne reste toutefois pas longtemps blanc. Des cinq sens des messages arrivent en foule et avec les années se forme un étonnant labyrinthe de circuits, des circuits plus nombreux, selon les estimations de savants, que tous les réseaux, centrales et récepteurs téléphoniques existants. Un érudit estimait que “ le cerveau humain est capable d’emmagasiner cinquante fois plus de connaissances que ne contiennent les sept millions de volumes de la Bibliothèque du Congrès (U.S.A.) ”. Oui, l’homme est “ une œuvre souverainement merveilleuse ”. (Ps. 139:14, Li.) Aussi combien devrions-nous nous efforcer d’avoir des pensées convenables, d’accomplir des actions justes, d’établir des circuits propres, afin que nos fils mentaux ne se croisent et ne s’emmêlent à cause de mauvaises pensées et d’actions !
6. Dans quelle mesure les hommes et les bêtes diffèrent-ils dans ce domaine ? Qu’est-ce qui fait de l’homme ce qu’il est ?
6 Si au lieu de jouir du libre arbitre notre voie était tracée d’avance, nous n’aurions pas la possibilité de modeler notre esprit selon notre volonté, selon les pensées choisies par nous-mêmes et enregistrées dans notre cerveau. Nous serions plutôt des créatures agissant par instinct, semblables aux bêtes. Leur cerveau, lors de leur naissance, n’est pas aussi blanc que celui des hommes. La majorité de leurs circuits existent déjà et ils ne peuvent en ajouter que quelques-uns par la suite. À la naissance ils sont plus près de l’état de la prédestination que les hommes. Ils suivent avant tout l’instinct que Dieu leur a donné. L’homme, par contre, forme lui-même ses pensées. Et comme chacun le fait différemment, chacun est une personne particulière, une personnalité distincte. Les pensées et les actions d’une personne en font ce qu’elle est. Jéhovah Dieu s’exprime ainsi à ce sujet : “ Car il est tel que sont les pensées dans son âme. ” (Prov. 23:7). C’est du cœur, souvent employé comme synonyme de l’esprit, que viennent les paroles et les actes (Mat. 12:34 ; 15:19). Ainsi donc, ce qu’une personne pense, dit et fait est dans une large mesure le fait de l’esprit. Pour se changer, se transformer, il doit modifier ses pensées, car il est tel qu’il pense.
7. Quel ordre est donné aux hommes et pourquoi ? Comment peuvent-ils le prendre à cœur ?
7 Les pensées, les paroles et les agissements des hommes dans ce vieux monde moribond sont mauvais. De tels incrédules sont des vases de colère destinés à la destruction. Par conséquent, s’ils ne veulent pas être brisés comme des vases d’argile, à Harmaguédon, par la verge du Roi, il est nécessaire qu’ils soient transformés en vases d’honneur pour Jéhovah. C’est pourquoi leur est adressé ce commandement de la plus haute importance : “ Cessez de vous conformer à cet ordre de choses, mais soyez transformés en renouvelant votre esprit. ” (Jean 3:36 ; Rom. 12:2, NW). S’ils renouvellent leur esprit, ils sont des hommes transformés, car ils sont tels que sont leurs pensées. Ils doivent faire disparaître les anciens circuits tracés dans leur cerveau par les projets et la propagande, les convoitises et l’immoralité du vieux monde, en n’en faisant plus usage, et les remplacer par des circuits nouveaux qui peuvent être créés par la bonne façon de penser et d’agir, tel que cela est recommandé par le monde nouveau de Jéhovah. En procédant ainsi ils sont transformés et deviennent une nouvelle personnalité : “ Vous devez vous dépouiller de votre ancienne personnalité, correspondant à votre vie passée, qui se corrompt par vos convoitises trompeuses... vous devez être renouvelés par la force émanant de votre esprit et revêtir la nouvelle personnalité créée selon la volonté de Dieu dans la justice et la bonté véritables. ” “ Dépouillez-vous de votre ancienne personnalité et de ses habitudes et revêtez-vous de la nouvelle personnalité qui se renouvelle par la connaissance exacte, selon l’image de celui qui l’a créée. ” — Éph. 4:22-24 ; Col. 3:9, 10, NW.
8. Pourquoi peut-on dire que Jéhovah peut changer des hommes sans exercer de contrainte ?
8 Ainsi, en acquérant une connaissance exacte de Jéhovah et du Christ, des créatures humaines formées de poussière ou argile peuvent être transformées de vases de colère en vases propres à recevoir la miséricorde de Dieu (Jean 17:3). Cet éclaircissement, au lieu de transformer tous les hommes nés sous la colère et la condamnation en vases d’honneur, en endurcit quelques-uns encore plus en tant que vases de colère et les incite même au meurtre (Jean 8:37-45 ; Actes 7:54-60 ; II Tim. 3:8). Où se trouve donc le témoignage qui ou endurcit les vases de colère ou les transforme en vases propres à la miséricorde ? Dans la Parole de Dieu, la Bible. Par elle Jéhovah rend certaines personnes encore plus obstinées dans leur méchanceté ou bien les transforme et fait d’elles de glorieux serviteurs, et cela sans exercer aucune contrainte sur la créature, mais en lui laissant toute liberté. Prenons pour exemple la personne qui reçoit une lettre qui la fait changer d’opinion, de sorte qu’elle dise : “ L’auteur de cette lettre m’a déterminée à changer d’avis. ” Il n’y avait pas de pression, la personne en question a changé son opinion de sa propre volonté.
9. Comment faut-il comprendre Romains 9:21-24 ? Quel autre texte montre la justesse de cette manière de voir ?
9 C’est avec cette manière de voir qu’il y a lieu d’examiner Romains 9:21-24 : “ Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? Ainsi nous a-t-il appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens. ” Jéhovah n’a-t-il pas le droit de faire connaître son message à tous les hommes, issus du même lieu, de la poussière de la terre, et de permettre que ce message les forme, soit pour ou contre lui, suivant qu’ils réagissent librement à la proclamation du message ? Certainement, et il a montré d’avance dans sa Parole qu’une classe s’endurcirait et constituerait les vases de colère, tandis qu’une autre s’assouplirait en entendant la vérité, l’accueillerait avec joie et transformerait son esprit afin d’être en harmonie avec elle et devenir ainsi des vases de miséricorde. Le texte de II Timothée 2:20-22 déclare formellement que chacun en particulier, suivant une voie conforme à la volonté de Dieu, peut devenir par lui-même “ un vase d’honneur ” : “ Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns sont des vases d’honneur, et les autres sont d’un usage vil. Si donc quelqu’un se conserve pur, en s’abstenant de ces choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre. Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. ” L’assertion selon laquelle Jéhovah contraindrait les hommes à être de bons ou de mauvais vases est antibiblique. Il nous façonne par sa Parole, et si nous le laissons faire, ce sera pour notre bien.
10. Comment Dieu endurcit-il le cœur de Pharaon sans faire violence à son libre arbitre ?
10 Considérons maintenant le texte controversé contenant ces paroles de Jéhovah : “ Et moi, j’endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes miracles dans le pays d’Égypte. Pharaon ne vous écoutera point. ” (Ex. 7:3, 4). En réalité Jéhovah n’endurcit pas le cœur de Pharaon, lui enlevant son libre arbitre. Son cœur s’endurcit à cause du message que lui prêchèrent Moïse et Aaron. C’est lui qui le fit agir avec obstination et colère. Mais comme le message proclamé par Moïse et Aaron était en réalité le message de Jéhovah, le récit dit que Dieu endurcit son cœur. Après lui avoir fait maintes fois miséricorde en suspendant les plaies l’une après l’autre, le souverain égyptien ne se montra pas plus conciliant, mais comme c’est le cas des despotes et tyrans, cette longanimité rendit Pharaon encore plus insupportable et fit ressortir davantage ses caractéristiques terroristes. Le résultat du relâchement est relaté dans Exode 8:11 8:15, NW : “ Pharaon, voyant qu’il y avait du relâche, endurcit son cœur. ” Et de nouveau, après avoir fait cesser une des plaies : “ Pharaon, cette fois encore, endurcit son cœur. ” (Ex. 8:28 8:32, NW). Dans I Samuel 6:6 il est dit : “ Les Égyptiens et Pharaon ont endurci leur cœur. ” N’est-il pas écrit ici que Pharaon endurcit son cœur ? Oui, car tel fut effectivement le cas. S’il est dit que Jéhovah le fit, c’est parce que ce fut le message de Jéhovah qui provoqua une telle réaction chez Pharaon. Faire preuve de miséricorde envers des hommes si arrogants ne sert qu’à accumuler encore plus de colère contre eux (Rom. 2:4, 5). Souvent des méchants voient dans la patience de Jéhovah un signe de faiblesse et se raidissent dans leurs mauvaises actions en pensant que le règlement des comptes ne viendra jamais : “ Parce que la sentence contre les actes mauvais n’est pas exécutée sur-le-champ, le cœur des hommes s’emplit du désir de faire le mal. ” (Eccl. 8:11, Les Moines de Maredsous). Pharaon avait décidé dans son cœur d’agir ainsi.
11. Comment la Bible interprète-t-elle un état de choses semblable, prouvant ainsi que ce point de vue n’est pas une interprétation particulière ?
11 L’accusation selon laquelle cette manière de voir concernant l’endurcissement du cœur de Pharaon est une interprétation particulière ne saurait être prouvée, car la Bible elle-même explique ainsi une déclaration semblable. Dans Ésaïe 6:10 Jéhovah dit à Ésaïe : “ Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, ne comprenne point de son cœur, ne se convertisse point et ne soit point guéri. ” Dieu n’ordonna pas à Ésaïe d’aller auprès des Israélites pour insensibiliser réellement leur cœur, endurcir leurs oreilles et boucher leurs yeux pour empêcher un repentir quelconque, mais il annonça d’avance que le message qu’Ésaïe devait leur faire connaître les inciterait à fermer leurs yeux, à ne pas entendre avec leurs oreilles et à endurcir leurs cœurs, donc à ne pas se repentir et se tourner vers Jéhovah pour obtenir une guérison spirituelle. Le message proclamé rendit ces rebelles durs d’oreille, car il ne leur plaisait pas, et parce qu’Ésaïe le prêchait il fut dit de lui qu’il leur fit ces choses. Une autorité aussi grande que celle de Jésus lui-même révèle qu’ils agirent de leur propre volonté car, lorsqu’il mentionna cette prophétie et montra qu’elle se réalisait dans les gens rebelles de son temps, il dit : “ Le cœur de ce peuple s’est épaissi, et avec ses oreilles il a écouté avec ennui, et il a fermé ses yeux. ” Des années plus tard Paul cita le texte avec les mêmes paroles. Bien qu’il soit dit dans la prophétie d’Ésaïe qu’il le fit lui-même, Jésus et Paul montrent cependant que les gens agirent de la sorte et non Ésaïe. — Mat. 13:14, 15 ; Actes 28:25-27, NW.
12. Qui aplanit les sentiers de l’homme, l’homme ou Dieu ?
12 Un cas identique est celui où il est ordonné aux serviteurs de Dieu : “ Faites des sentiers droits à vos pieds ”, alors qu’ailleurs il est dit de Jéhovah : “ Il aplanira tes sentiers. ” (Prov. 3:6 ; Héb. 12:13, Da). Qui aplanit les sentiers ? Les prédestinatiens affirment que c’est Dieu et non pas les hommes. Ils cherchent à le prouver en citant Jérémie 10:23 : “ La voie de l’homme n’est pas en son pouvoir ; ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas. ” L’homme ne peut le faire par lui-même, mais Jéhovah s’en acquittera pour lui, non pas par la prédestination, mais par sa Parole : “ Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se gardant selon ta parole. ” “ Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. ” (Ps. 119:9, Cr ; Ps 119:105). Vous devez vous faire vous-mêmes “ des voies droites pour vos pieds ” (NW) et cela de par votre propre volonté, mais puisque vous ne pouvez le faire qu’en prenant à cœur la Parole de Dieu, il est juste de dire que Jéhovah “ aplanira tes sentiers ”, au moyen de sa Parole.
LA PRESCIENCE NE FAIT PAS VIOLENCE AU LIBRE ARBITRE
13. Qu’est-ce qui montre que Jéhovah possède la faculté de prescience ?
13 Jéhovah Dieu peut pénétrer les pensées les plus profondes de l’esprit et connaître d’avance la voie dans laquelle s’engageront non seulement des individus mais aussi des classes (I Sam. 16:7 ; Éph. 3:20 ; Héb. 4:12). Il a créé l’esprit qui conduit l’homme, il en connaît les fonctions compliquées, il peut découvrir instantanément l’inclination de l’esprit humain et sait où elle conduira en définitive. C’est ainsi qu’avant le déluge du temps de Noé, il sonda l’esprit des hommes et découvrit qu’il était incorrigible (Gen. 6:5). Avant l’entrée des Israélites dans le pays de Canaan, Jéhovah témoigna contre eux afin de pouvoir s’y rapporter plus tard et montrer qu’il savait où leur disposition spirituelle les conduirait et qu’ils avaient été avertis d’avance : “ Je connais les dispositions qui l’animent (je sais où leur tempérament les conduira, AT) dès aujourd’hui, avant même que je les aie fait entrer dans le pays que je leur ai promis par serment. ” (Deut. 31:21, Cr 1905). Il savait aussi et décrivit d’avance, pour nous avertir, la méchanceté des hommes de ce vieux monde en ces derniers jours, ainsi que la présence d’une “ grande foule ” qui le servirait (II Tim. 3:1-5, 13 ; Apoc. 7:9, NW). Ainsi, Jéhovah savait par anticipation que la majorité des hommes d’aujourd’hui sera exterminée avec Satan, à Harmaguédon, et que seule une minorité se mettra de son côté et vivra (És. 24:6 ; Jér. 25:33). Par conséquent il connaît d’avance le sort de millions de personnes comme classe et, en comparaison de cela, il n’est rien d’étonnant qu’il puisse aussi prévoir la fin d’une personne en particulier. En général cependant il limite sa prescience à des classes plutôt que de s’en servir par rapport aux individus.
14. Citez quelques affirmations se rapportant à la prescience. Qu’est-ce qui montre qu’il n’est pas porté atteinte au libre arbitre des individus ?
14 La prescience, lorsqu’il n’existe pas des conditions préalables sur la base desquelles on pourrait logiquement en déterminer le résultat, revient au même que la prédestination. Les prédestinatiens ont une autre opinion, car ils disent que la prédestination ne s’appuie pas sur des œuvres connues d’avance des particuliers en question, ce qui ferait dépendre leur sort d’œuvres futures, ce qu’ils ne reconnaissent pas. D’autres continuent de prétendre que le fait que Dieu sait d’avance que certaines personnes, étant donné une certaine condition intime, échoueront, les contraint à un échec, afin que cette prescience soit confirmée. De même, selon les défenseurs de la prédestination, la prescience de Dieu, d’après laquelle la majorité périra à Harmaguédon, élimine la possibilité d’une conversion d’un grand nombre à la piété. Leur analyse ne va pas jusqu’au fond des choses. Il est certain que le seul emploi de sa prescience, fondée sur certaines conditions régnantes, ne provoque pas les événements prévus. L’exercice de sa faculté de prescience constitue un précieux service pour les hommes, car il rend possible les avertissements que nous trouvons dans sa Parole. Comme ils ont trait avant tout à des classes, sans déterminer le sort des particuliers, il leur donne la possibilité de se placer dans la classe des survivants formant la minorité et d’éviter le groupement composé de la majorité et destiné à être anéanti. Pour obtenir le salut, les particuliers n’ont pas besoin d’être “ ordonnés pour la vie éternelle ”, comme il est écrit dans la Bible de Lausanne, mais, selon une version moderne, ils doivent être “ bien disposés pour la vie éternelle ”, disposition qui n’est pas affectée par la prescience (Actes 13:48, NW). Les pensées les plus intimes d’une personne, sa disposition de cœur et ses actes constituent la base sur laquelle elle sera jugée et dont dépendra sa destinée (Apoc. 2:23). Sinon pourquoi Jéhovah éprouverait-il les humains, pourquoi le Diable rugirait-il comme un lion cherchant à dévorer les fidèles ? La question de l’intégrité n’aurait plus aucun sens.
15. Quelles illustrations se rapportant à des choses inanimées montrent que la prescience ne provoque pas des actions ?
15 Pour illustrer comment la simple utilisation d’une telle prescience conditionnelle n’empêche pas l’action indépendante, considérons des exemples de l’usage limité qu’en font les hommes. Un astronome peut prévoir le moment où une certaine comète traversera le ciel ou quand aura lieu une éclipse de soleil ou de lune. Son savoir sur l’apparition de la comète ou de l’éclipse occasionne-t-il la réalisation de ces choses ? Un ingénieur peut construire des ponts, constater la fragilité d’un pilier et savoir qu’au passage d’un train de marchandises le pilier cédera et le pont s’écroulera. Est-ce que le simple fait pour lui de connaître où se trouve le point faible entraîne-t-il la chute du pilier et l’écroulement du pont ? Grâce aux rayons X un machiniste découvre une fêlure cachée dans l’acier d’une machine et sait ainsi que cette partie se brisera sous l’effet de la tension à laquelle elle sera soumise pendant son fonctionnement. Cette partie ne se rompra-t-elle pas, que le machiniste le sache ou non ? Nous savons que le soleil se lèvera demain, cependant ce n’est point ce savoir qui le fera se lever !
16. Quelles illustrations relatives à des choses animées appuient le même point de vue ?
16 Choisissons maintenant des choses animées comme illustrations. Nous savons qu’un chat joue avec une souris et qu’un chien poursuit un lièvre. Nous le savons parce que nous connaissons les chiens et les chats. Mais notre connaissance seule ne leur fait pas faire ces choses. Si nous ignorions complètement comment se comportent les chats et les chiens en présence des souris et des lièvres, leur jeu cruel et leur chasse effrénée n’en continueraient pas moins. Vous connaissez peut-être un alcoolique et savez que l’argent qu’il mendie sera dépensé pour acheter de l’eau-de-vie. Que vous soyez informé de cela ne l’incite toutefois pas à s’adonner à ce vice. Quiconque a des amis intimes et connaît leurs maniérismes et tendances mentales ou particularités peut parfois prévoir comment ils agiront dans certaines circonstances. Mais le fait pour vous de connaître leurs personnalités les contraint-il à agir ainsi ? Ne continuent-ils pas à procéder selon leur libre arbitre, sans être dirigés ou contraints par votre prescience ? Vous pouvez savoir comment réagiront les nations belligérantes de l’est et de l’ouest dans certaines circonstances. Mais vous considéreriez comme injuste qu’à cause de ce savoir on vous reproche leurs disputes, n’est-ce pas ?
17. Pourquoi est-ce illogique de blâmer Dieu de ce qu’il lit dans l’esprit de l’homme ?
17 Pourquoi donc rendre Dieu responsable de ce que sa prescience lui révèle ? Il sait ce qui occupe l’esprit de l’homme, comment il agit, et connaît ses penchants pour le bien ou le mal. Mais le simple fait qu’il peut lire les pensées de l’homme et discerner le chemin qu’il suivra ne le rend pas responsable de ce que renferme cet esprit, pas plus que nous ne sommes responsables de ce que nous lisons dans un livre. L’auteur du livre est responsable de son contenu et la personne qui nourrit des pensées injustes en porte également la responsabilité. Dieu ne lui a pas inculqué ces pensées, pas plus que nous n’avons inséré dans le livre que nous lisons les pensées qui y sont imprimées. Comme nous pouvons lire le livre ou nous en abstenir, de même Jéhovah peut sonder notre esprit ou y renoncer. Il peut prévoir la voie vers laquelle nos pensées nous dirigent ou rejeter une telle connaissance. De toute façon nous avons été créés en tant qu’hommes moralement libres et usons de cette liberté selon notre bon plaisir.
ADAM CRÉÉ “ TRÈS BON ”
18. Pourquoi Jéhovah créa-t-il l’homme ? Quelle illustration montre que ce dessein se réalise mieux du fait que l’homme jouit de son libre arbitre ?
18 Quelques personnes désirant opiniâtrement rejeter la faute sur Dieu le critiquent pour avoir fait l’homme avec le libre arbitre et prétendent que s’il n’avait pas agi ainsi, l’homme n’aurait jamais pu faire fausse route. Leurs conclusions sont dépourvues de sens. Jéhovah créa l’homme pour son plaisir et ceux qui sont fidèles lui procurent de la joie (Ps. 35:27 ; 147:11 ; 149:4 ; Apoc. 4:11). Le libre arbitre dont jouit l’homme contribue dans une grande mesure à la joie de Dieu. Cela est illustré par le domaine de l’homme, à qui fut confiée la domination de la terre, comme Dieu la possède sur l’univers. La créature humaine est capable de faire un chien mécanique, de le remonter et d’observer comment il sautille. Il sait certainement ce que le chien fera. Ce dernier ne possède aucune volonté et est limité par son mécanisme. Il peut divertir un certain temps, mais ne procurera jamais autant de plaisir qu’un chien vivant.
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