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  • La vogue du jeu — qu’en pensez-vous ?
    La Tour de Garde 1975 | 15 janvier
    • légale du jeu. Ce dernier, disent-​ils, est un amusement, et il est préférable que l’argent que perdent les gens par ce divertissement profite au gouvernement plutôt qu’aux malfaiteurs. Il semble que les grandes religions soient de cet avis, puisque William S. Van Meter, pasteur épiscopalien, a fait cette remarque : “Officiellement, les épiscopaliens, les juifs et les catholiques ne croient pas que le jeu soit immoral.”

      Mais qu’en pensez-​vous ? Est-​il chrétien et conforme à la Bible d’encourager une activité qui a causé des problèmes à tant de personnes ? Évidemment, certains estiment que l’autorisation par la loi est justifiée. Si le jeu est légal, pensent-​ils, les opérations irrégulières cesseront de prospérer.

      En est-​il ainsi ?

      Le jeu illégal est-​il moins florissant ?

      Il n’y a pas longtemps, un rapport de la Fondation nationale des Sciences aux États-Unis contenait cette remarque : “Les loteries officielles ont eu des effets très limités sur le jeu illégal (...). Le jeu rendu légal n’offre pas aux amateurs du jeu illégal un attrait assez puissant pour les en détourner.”

      Les joueurs bien renseignés savent que sur chaque dollar parié la somme remboursée par les loteries officielles est insignifiante comparée à celle que restituent les paris clandestins. Même l’OTB de New York a pris très peu de clients aux bookmakers irréguliers. Les grands parieurs sont restés fidèles à ces derniers à cause des avantages qu’ils offrent. Par exemple, les gains sont exempts d’impôts ; les bookmakers font crédit, et il y a plusieurs sortes de paris, tels les reports, les paris sur des numéros, etc., que les jeux reconnus par la loi n’offrent pas.

      En outre, et probablement à la surprise de beaucoup, la plupart des paris illégaux se font sur les matchs de football, de basket-ball et d’autres sports. Or, les paris sur les compétitions sportives ne sont généralement pas autorisés. C’est pourquoi, en autorisant les loteries ou les paris mutuels, la loi a encouragé la pratique des jeux illégaux. Telle fut la conclusion d’une enquête effectuée par les services de police de la ville de New York.

      D’après cette enquête, la pratique du jeu illégal a augmenté de 62 pour cent en 1972. Le commissaire Paul F. Delise donne cette explication : “Un climat favorable au jeu a été créé. Étant donné que la loi autorise les paris sur les chevaux, des milliers de personnes qui n’auraient jamais songé à parier sur le football, le basket-ball ou le base-ball, parient maintenant par l’intermédiaire des bookmakers.”

      Une prospérité soudaine et réelle

      Aujourd’hui, à New York, quelque 200 000 personnes parient chaque jour dans plus de 120 nouveaux bureaux de l’OTB. Environ 23 pour cent des citadins adultes s’y rendent pour parier. En 1973, le montant des enjeux s’élevait à quelque 3 milliards et demi de francs français, et on estime que cette année ils seront de 4 milliards de francs. Toutefois, près du double de cette somme est engagée dans les paris illégaux ! Certains rédacteurs sportifs estiment que plus de la moitié des fans du football parient sur les matchs.

      Ruth Spirito, du conseil municipal du nord-est de Bronx (New York), s’est lamentée en ces termes : “Les paris sont devenus si courants qu’ils sont de règle plutôt qu’exceptionnels.” Il en est de même dans les autres pays où le jeu a été rendu légal. Le Daily Mail de Londres fait cette constatation : “Le jeu connaît une telle extension qu’il constitue une menace pour la société.”

      Le jeu est-​il vraiment une menace ? Quelles sont ses conséquences ?

  • Le jeu et ses effets
    La Tour de Garde 1975 | 15 janvier
    • Le jeu et ses effets

      UN POSTIER de New York n’avait encore jamais parié. Puis un bureau de pari mutuel a été ouvert dans son quartier. Un pari en entraîna un autre. Dernièrement, quand sa femme téléphona aux Joueurs Anonymes, elle apprit que son mari devait 5 000 dollars. Il venait de sortir précipitamment pour engager ses 16 derniers dollars, laissant derrière lui un réfrigérateur vide et deux enfants affamés.

      On voit souvent des choses bizarres. Le propriétaire d’une société d’équipement prospère consulta un psychiatre parce qu’il ne pouvait résister à la passion du jeu. Pour mieux comprendre son cas, le psychiatre l’accompagna aux courses. Fasciné, il le vit gagner dans sept des neuf courses. Intrigué, il décida de jouer pour voir. Lui aussi ne tarda pas à devenir un joueur invétéré, et il finit par perdre sa clientèle.

      “Incroyable”, direz-​vous ? “Très courant”, répliqua un ancien joueur à qui l’on rapportait ce fait. “J’ai vu de nombreux cas semblables.”

      Une force insidieuse

      Au début, la passion du jeu s’exerce d’une manière apparemment insidieuse. “Au début, dit un vendeur de tickets du pari mutuel, des femmes parient 2 ou 4 dollars, puis une vingtaine, puis une trentaine. Quelques mois plus tard, elles engagent 50 et 60 dollars par course. Combien en ai-​je vu agir ainsi ? Au moins 20, rien qu’ici.”

      Le nombre de personnes engagées à fond dans des paris est effarant. Un membre des Joueurs Anonymes déclare que “la moitié des clients [du pari mutuel] parient six jours par semaine”. Beaucoup ont perdu la maîtrise de soi et regrettent d’avoir commencé. Une mère de famille de Brooklyn s’écria : “Je voudrais n’avoir jamais pris cette habitude.” Et une jeune personne de se lamenter : “J’ai perdu tant d’argent ces derniers temps (...). Mais voilà, je ne peux pas m’empêcher de jouer, j’ai ça dans le sang.”

      De nombreux hommes d’affaires connus sont devenus esclaves du jeu. Le Dun’s Review concluait son article “Le vice caché des directeurs” en disant que le jeu est “l’une des plus graves menaces pour les États-Unis, plus que l’alcoolisme et la drogue.

      Certes, tout le monde ne devient pas esclave du jeu. En fait, beaucoup considèrent le jeu comme “un amusement inoffensif”. Mais en est-​il vraiment ainsi ? À quoi cet “amusement” conduit-​il bien souvent ? Vous seriez surpris de connaître le nombre de foyers affectés par ses tristes conséquences.

      L’Institut national de la santé mentale estime qu’à eux seuls les États-Unis comptent dix millions de joueurs invétérés. Ces personnes jouent au point de s’attirer de graves ennuis personnels et financiers, et de causer de terribles difficultés à leur famille. Comme les toxicomanes et les alcooliques, elles semblent incapables de renoncer à leur passion, quel que soit le nombre de fois qu’elles jurent de le faire. “C’est sans aucun doute une forme de toxicomanie”, a dit un procureur de la République adjoint, bien au courant de la question.

      Ceux qui ne s’adonnent pas au jeu auront peut-être du mal à comprendre cette attirance pour le jeu. Pourtant, c’est une chose réelle. Le Dr Robert Custer, chef de service dans un hôpital de Cleveland, a soigné nombre de ces joueurs. “Ils sont aux abois quand ils arrivent, remarque-​t-​il. Quand l’enragé du jeu demande de l’aide, il est si effrayé et si bouleversé qu’il est près de la panique. Au début, quand il s’arrête de jouer, il est si désespéré qu’on a l’impression que sa vie était en danger.”

      Qu’est-​ce qui pousse certaines personnes à cultiver une telle passion pour le jeu ?

      Un désir dépravant

      Le désir de gagner facilement de l’argent est manifestement un important facteur. Évidemment, personne ne désire être pauvre : nous voulons tous vivre dans l’aisance. Mais le jeu offre l’espoir de gagner beaucoup d’argent sans travailler, la possibilité de devenir riche rapidement, uniquement grâce au hasard ou à la chance. La perspective est alléchante. D’autre part, un nouveau joueur est souvent séduit par la prétendue “chance des novices”.

      À ce propos, voici un exemple tout à fait caractéristique : Un Canadien eut une chance remarquable la première fois qu’il se rendit sur un champ de courses ; sa mise de 4 dollars lui en rapporta 1 000. “Il aurait dû s’arrêter là, déclara sa femme, mais il en fut incapable.” Pourquoi ?

      Parce que le jeu lui paraissait un moyen très facile de gagner de l’argent. L’homme fut alléché par le gain et le désir de gagner davantage. Le résultat ? Voici ce qu’a dit sa femme : “Il s’est mis à changer. C’était comme si deux personnes différentes étaient en lui.” Finalement, il perdit au jeu 300 000 francs français et ruina sa vie de famille.

      Dès qu’il a pris racine, le désir se satisfait rarement d’un gros gain. Comme les papillons de nuit sont attirés par la lumière d’une lampe, les joueurs sont séduits par la perspective de réussir un “coup” encore plus heureux. Ainsi, un instituteur de près de quarante ans accumula des dettes de jeu dont le montant s’élevait à 100 000 francs français. Mais une chance exceptionnelle l’ayant favorisé quatre jours de suite, il en gagna 125 000. Régla-​t-​il ses dettes ? Il avoua : “J’ai pensé qu’il me serait facile de doubler ce gain. Je me suis mis à parier sur les chevaux, et à la fin de la semaine j’avais tout perdu.”

      Le jeu peut agir ainsi d’une manière insidieuse, détruisant peu à peu les principes d’un individu. À un moment donné, les personnes asservies au jeu finissent presque toujours par s’écarter du droit chemin et par perdre tout scrupule. Dernièrement, un homme fit un pari formidable sur quatre chevaux et gagna 550 000 francs français avec une mise de 15 francs. Toutefois, il refusa de se laisser photographier. Pourquoi ? Parce que “ses dettes s’élevaient à plus de 550 000 francs, et il n’avait pas l’intention de les payer”.

      Des personnes de toutes les couches de la société sont concernées. Un rabbin orthodoxe, qui avait accumulé des dettes de jeu pour une somme totale de 100 000 dollars, déclara : “Je n’avais aucun sentiment de responsabilité envers ma famille et ma congrégation. Je faisais passer un enterrement très tôt afin de pouvoir aller aux courses. Je prenais des notes pour mon sermon entre les courses.”

      Effectivement, le jeu exerce une grande influence sur les individus ; il les rend avides, malhonnêtes et d’une indifférence presque incroyable envers autrui. De plus, il fait perdre la maîtrise de soi. De toute évidence, il est contraire aux préceptes fondamentaux de la Bible, qui condamnent les “gens avides” et recommandent la maîtrise de soi et l’amour du prochain. — I Cor. 6:9, 10 ; Gal. 5:22, 23 ; Mat. 22:39.

      Un autre facteur

      Mais il est évident qu’un autre facteur favorise la passion du jeu. Les médecins qui ont étudié le problème le jugent complexe et avouent ne pas le comprendre très bien. Toutefois, certains croient que l’émotion et l’excitation qui accompagnent le jeu contribuent au développement de cette passion.

      Le Dr William H. Boyd, qui a consacré neuf années à l’étude de la question, est arrivé à la conclusion suivante : “L’alcool est l’ingrédient de l’alcoolisme, la drogue celui de la toxicomanie. Mais l’ingrédient du jeu, c’est l’émotion.” Le Dr Robert Custer partage manifestement cet avis. Selon lui, “la ‘drogue’ qu’ils recherchent, c’est l’action”.

      Le joueur est en action depuis le pari jusqu’au résultat final. Il y a la joie de gagner et la crainte de perdre, ainsi que l’excitation éprouvée pendant toute la durée du jeu. Puis, fait remarquer le Dr Boyd, “le joueur doit recommencer pour ressentir de nouveau cette émotion”. D’ailleurs, ce besoin d’agir est si grand qu’on entend certains joueurs dire : “Ce n’est pas l’argent que vous devez qui vous rend désespéré, mais l’idée de vous réveiller en n’ayant pas d’argent pour parier.”

      Certes, il est sans doute difficile de comprendre comment une personne peut être asservie au jeu qui est dépourvu de tout élément chimique du genre de l’héroïne du toxicomane. Mais même la toxicomanie implique davantage que le simple désir physique morbide d’absorber un produit chimique quelconque. L’esprit lui aussi est affecté d’une manière ou d’une autre et se crée un besoin. Cela est évident puisque le désir morbide de drogue persiste même après l’élimination de celle-ci par l’organisme. C’est pourquoi, en parlant du jeu, le Dr Custer établit ce parallèle : “La demande psychologique est l’essence de l’alcoolisme et de la toxicomanie, exactement comme dans la passion du jeu.”

      Mais quelle que soit la façon dont le jeu contribue à corrompre l’individu, que ce soit par l’amour de l’argent ou par l’excitation qu’il procure, il est un fait qu’il ne faut pas oublier : il s’empare insidieusement des gens. Il est donc sage de l’éviter. Ne cédez pas à la tentation d’y goûter, pour la seule raison que la société actuelle le tolère et le rend légal. Beaucoup de gens ont commencé à jouer un peu, histoire de s’amuser ; ils n’ont pas tardé à être “accrochés”, et les résultats ont été très souvent tragiques.

      Des efforts pour lutter contre cette passion

      Actuellement, on fait de grands efforts pour aider les esclaves du jeu à renoncer à leur passion. L’organisation mondiale des Joueurs Anonymes a été fondée dans ce but ; elle comprend quelque 200 communautés et 3 000 membres rien qu’aux États-Unis. Elle s’efforce de donner aux joueurs assez de motivations pour se débarrasser de cette habitude. Mais elle ne réussit pas toujours, comme le révèle la confession d’un cocher de fiacre nommé Victor lors d’une réunion des Joueurs Anonymes à New York. Il déclara :

      “Je me suis levé et j’ai avoué que je ne pouvais pas m’empêcher de jouer et que je faisais deux postes par jour pour satisfaire ma passion. Je leur ai dit que j’étais si avili que dès la fin de la réunion je ferais quatre heures de voiture pour me rendre à Bowie dans le Maryland, afin de parier sur les chevaux. Quand j’eus terminé, trois membres de l’organisation m’attendaient. ‘Hé ! Victor, me demandèrent-​ils, as-​tu une place pour nous dans ta voiture ?’”

      Le simple fait de se rendre compte de sa dégradation, voire le désir d’éviter la souffrance et les conséquences qu’elle entraîne, sont rarement des motivations suffisantes pour vaincre la passion du jeu. Mais il existe un moyen de se débarrasser de cette habitude. Permettez à quelqu’un que la passion du jeu avait complètement asservi, mais qui a été guéri, de vous en parler.

  • “Une escroquerie”
    La Tour de Garde 1975 | 15 janvier
    • “Une escroquerie”

      À un moment donné, les joueurs perdent inévitablement. Irving Kristol, professeur à l’université de New York, explique : “Le jeu (...) est techniquement parlant une escroquerie ; les remboursements ne peuvent pas être équitables et la grande majorité de ceux qui investissent de l’argent sont finalement obligés de perdre si l’entreprise de jeu veut survivre et prospérer.”

  • J’étais un joueur invétéré
    La Tour de Garde 1975 | 15 janvier
    • J’étais un joueur invétéré

      Raconté par un homme qui a mené un combat victorieux pour s’affranchir du jeu dont il fut l’esclave pendant dix-sept ans

      IL M’ARRIVE encore d’éprouver le besoin de jouer, par exemple quand je passe devant un poste d’enregistrement des paris hors de l’hippodrome. De nombreuses personnes en sortent avec un ticket de pari à la main. Avant de m’en rendre compte, je pense alors : “Est-​ce que je serais encore capable de donner les chevaux gagnants ?” Cette idée ne fait que m’effleurer l’esprit. Je la chasse en pensant à l’autre aspect de la question et en accélérant le pas.

      Pendant plus de dix-sept ans j’ai été un joueur invétéré. Ma vie était entièrement dépendante du jeu. Il fallait que je joue. Pour moi, cela avait plus d’importance que manger, boire, dormir et même que le sexe.

      Ce qu’était ma vie

      Durant ces années-​là, je passais des nuits entières à sélectionner des chevaux sur lesquels je pariais le lendemain. Ou bien je travaillais la nuit, afin d’être libre le jour pour aller sur les champs de courses. Pour jouer, je mendiais, j’empruntais et je volais. Tous nos objets de valeur se trouvaient dans diverses boutiques de prêteurs sur gages.

      Quand je recevais ma paye, j’allais au champ de courses. Je me disais : “Je vais parier dix dollars, et je verrai bien si je peux augmenter ma mise.” Le cheval perdait, et je pensais alors : “Il faut que je regagne cet argent ; il le faut.” Parfois, il m’arrivait de perdre ainsi tout mon salaire.

      De ce fait, je n’avais pas d’argent pour acheter à manger ou des vêtements, ni pour payer mon loyer. J’avais souvent faim, et ma femme et mes deux filles aussi. Nous avions peu de choses à nous mettre sur le dos, et il nous arrivait souvent d’être expulsés par un propriétaire à qui nous n’avions pas payé notre loyer. Ou bien nous déménagions pour fuir les créanciers.

      Pratiquement tous les joueurs que je connaissais devaient de l’argent à un ou plusieurs créanciers. Ceux qui ont beaucoup de dettes ne peuvent emprunter à des sociétés légales. Ils s’adressent donc à des usuriers.

      Ainsi, il m’arrivait fréquemment d’emprunter 25 dollars à un usurier. Pour un tel emprunt, il fallait rembourser 30 dollars. Par exemple, l’usurier pouvait exiger 6 dollars par semaine pendant cinq semaines. Si quelqu’un ne pouvait pas payer une certaine semaine, il devait au moins donner une sorte de pourcentage, soit 2 dollars pour un emprunt de 25 dollars. Mais ces 2 dollars n’entraient pas en compte pour le remboursement de la dette. Ainsi, un joueur pouvait très bien payer indéfiniment 2 dollars chaque semaine tout en devant toujours et intégralement sa dette initiale. Bien sûr, 2 dollars paraissent peu de choses à notre époque, mais c’était dans les années 1920 et 1930.

      Ces usuriers se montraient parfois impitoyables. Ils avaient leurs hommes de main. Je pense ainsi à un ami qui a reçu une correction terrible parce qu’il était incapable de rembourser sa dette. Je vivais donc très souvent dans la crainte. Quand la situation devenait vraiment désespérée, je faisais mes paquets et je m’enfuyais. Heureusement, aucun membre de ma famille ni moi-​même n’avons jamais été maltraités.

      L’étendue du jeu

      Vous croiriez difficilement à quel point le jeu est répandu. Partout où j’ai travaillé, généralement dans les restaurants et les cafés, on ne parlait que de chevaux. Cependant, d’autres jeux étaient également pratiqués.

      Il y avait de nombreux établissements de jeu clandestins à New York. Mais pour y pénétrer il fallait des relations et être introduit. Dans ces établissements, on jouait à la roulette, au poker, aux dés, et à toutes sortes d’autres jeux. Je les ai visités. Mais je jouais surtout aux courses.

      Je me rendais souvent sur les hippodromes, mais je pariais aussi auprès des bookmakers. Cela était plus passionnant, car ils offrent de nombreuses possibilités que ne permet pas le jeu autorisé par la loi. C’est pourquoi les bookmakers attirent tant les joueurs passionnés. Ainsi, les paris sur les chiffres sont particulièrement prisés. Je pariais de cette façon six jours par semaine. Le nombre choisi pour chaque jour était composé de trois chiffres. Par exemple, 8-3-9. Le premier chiffre devait correspondre à celui des unités du nombre de dollars que rapportaient les gains des trois premières courses de la journée. Si la somme des gains était de $ 359.73, le premier chiffre à donner devait être le 9. On utilisait ensuite de la même manière le rapport des paris à l’issue de la cinquième et de la septième course pour obtenir les deux autres chiffres qui composaient le nombre gagnant.

      Pour parier auprès d’un bookmaker, j’avais souvent recours à un intermédiaire, Pendant longtemps ce fut notre laitier. Généralement je pariais cinquante cents chaque matin. Je lui donnais l’argent et mon nombre de trois chiffres. Je me souviens d’avoir gagné un jour 300 dollars en donnant le nombre 8-3-9. Cela faisait une belle somme pour une mise de cinquante cents.

      Mes fréquentations

      Les joueurs parlent le même langage, car ils s’intéressent à la même chose et ils connaissent tous l’excitation et les ennuis qui accompagnent le jeu. Mais ils n’ont aucune considération sincère les uns pour les autres. Prenons, par exemple, le cas de mon laitier.

      Je lui faisais confiance, car je le connaissais depuis longtemps et il me payait toujours lorsque je gagnais. C’est ainsi qu’après avoir gagné les 300 dollars dont j’ai déjà parlé, je ne me suis pas méfié quand il m’a invité chez lui pour une grande partie de dés. Ce n’est que lorsque j’eus perdu tout mon argent que j’ai compris que les dés étaient pipés. Je m’étais fait “avoir”. Mais dans un tel cas, on ne peut pas faire grand-chose, car il est difficile de prouver qu’il y a eu tricherie.

      Pourtant, ce n’était pas la première fois que j’étais trompé par des “amis”. Un jour, j’avais donné à un collègue de travail de l’argent et la liste des chevaux sur lesquels il devait le parier. Comme il était dans une autre équipe que la mienne, il allait pouvoir rencontrer le bookmaker l’après-midi. Plus tard, quand j’ai eu connaissance des résultats des courses, je fus tout heureux de voir que j’avais parié sur quatre chevaux gagnants. Évidemment, quand mon “ami” est revenu ce soir-​là, j’étais tout excité et je lui ai demandé mes gains. Mais il m’a donné une excuse quelconque pour m’expliquer pourquoi il n’avait pas misé mon argent. Je ne pouvais prouver le contraire, mais j’étais sûr qu’il avait empoché mes gains.

      En réalité, les joueurs sont des gens retors. Combien de fois un bookmaker s’est enfui avec l’argent qu’il avait gagné ! Mais en réalité, je n’étais pas meilleur. J’ai souvent emprunté de l’argent que je n’ai jamais rendu, quand je n’ai pas purement et simplement volé cet argent. Quand je pense à certaines de ces choses du passé, j’en suis attristé.

      L’attrait et la fièvre du jeu

      Je me rendais compte que ce que je faisais était mal, mais j’étais esclave de cette habitude et avant tout attiré par la possibilité de gagner de l’argent facilement. C’est en réalité ce qui m’a poussé à jouer surtout aux courses.

      J’avais déjà joué auparavant. Ainsi, lorsque j’étais jeune, je jouais aux dés dans les rues de Philadelphie. Puis, plus tard, j’ai joué au poker sur le bateau où je m’étais embarqué à l’âge de dix-sept ans. Mais ce n’est qu’en 1928, l’année où je me suis marié, que j’ai commencé à m’intéresser aux chevaux.

      À l’époque, je travaillais dans un restaurant à l’angle de la 49e rue et de l’avenue Lexington à New York. J’étais fasciné par l’enthousiasme avec lequel ceux qui jouaient aux courses parlaient de leurs gains. J’ai appris plus tard qu’ils ne mentionnaient jamais leurs pertes. Je me suis dit alors que je ferais bien d’essayer de gagner un peu de cet argent facile.

      J’ai remarqué que les joueurs prenaient leurs renseignements sur les chevaux dans le Daily Mirror. Aussi, un jour, en me servant de ce journal, j’ai choisi deux chevaux et je les ai joués. Je me souviens encore de leurs noms : Buck Hero et Sunflower. Grâce à la “chance du débutant”, j’ai gagné sur les deux chevaux.

      Maintenant que j’avais gagné, je pouvais parler en toute connaissance de cause aux autres joueurs. L’un d’eux m’a dit : “Dommage que tu n’aies pas fait un report ; tu aurais fait un malheur.” Bientôt, j’ai essayé toutes les formes de paris. J’étudiais attentivement les chevaux, afin de connaître leur handicap.

      Parfois, j’allais sur le champ de courses et je gagnais une somme importante. J’étais vraiment excité et fier. Je pouvais alors rembourser quelques-unes de mes dettes ; mais le lendemain, je retournais à l’hippodrome pour ‘faire un gros coup’, et généralement je perdais tout.

      Mais je continuais à jouer, m’imaginant toujours que je me referais. J’avais été élevé dans un orphelinat catholique où l’on m’avait appris à prier. C’est pourquoi je priais souvent pour la victoire des chevaux que j’avais choisis. En désespoir de cause, il m’arrivait même de prier le Diable !

      Je crois que l’attente impatiente du résultat contribue dans une large mesure à rendre le jeu attrayant. Afin de prolonger ce suspens excitant, il m’arrivait souvent de demander à quelqu’un d’aller regarder les résultats des courses, puis de lui poser des questions comme celles-ci : “Le nom du cheval vainqueur de la deuxième course s’écrit-​il avec dix lettres ? Quel poids portait-​il ? Combien a-​t-​il rapporté ? Qui était le jockey ?”

      Dès la première ou la deuxième question, je savais par les réponses données si j’avais choisi le bon cheval. Finalement, je demandais si le cheval sur lequel j’avais parié avait gagné. Quel enthousiasme quand la réponse était affirmative !

      Le choix du bon cheval

      Il était compliqué de déterminer les chances des différents chevaux. Il me fallait parfois des heures pour choisir un bon cheval sur lequel parier. Il m’arrivait souvent de décider qu’une course n’offrait pas de bonnes possibilités. Que se passait-​il alors ?

      La nuit, il m’arrivait de rêver à un cheval. Le lendemain, je le jouais. Ou bien, me rendant au champ de courses, je m’apercevais que “Chapeau de paille” courait et qu’inconsciemment j’avais mis ce jour-​là un chapeau de paille. Alors, bien sûr, je jouais “Chapeau de paille”. Je me souviens qu’un jour une pomme de pin tomba juste sur la tête de mon frère. En considérant la liste des chevaux partant, il remarqua un cheval nommé “Pomme de pin”. Il paria sur lui et gagna. Les joueurs sont ainsi. Ils sont très superstitieux. Au lieu de s’en tenir à leur sélection étudiée de très près, ils se laissent influencer par leur pressentiment.

      Je suis convaincu que l’Église catholique connaît bien ce trait de caractère des joueurs. En effet, les religieuses venaient toujours faire la quête aux abords des champs de courses. Comment un catholique, et nous étions de nombreux catholiques, pouvait-​il passer devant une “sœur” sans rien donner et espérer gagner ? Aussi, nous donnions. Et si jamais ce jour-​là nous gagnions, nous nous montrions alors particulièrement généreux en espérant que cela nous porterait chance.

      Savez-​vous pourquoi je jouais si souvent le nombre 839, celui qui m’a permis de gagner 300 dollars ? Eh bien, c’est parce que je suis né le 8e mois, ma fille aînée le 3e, et ma femme

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