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Hébreu, IAuxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible
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de langue hébraïque se distinguent des Juifs de langue grecque. — Voir GRÈCE, GRECS.
Paul se présenta premièrement comme Hébreu, deuxièmement comme Israélite, et troisièmement comme membre de la postérité d’Abraham (II Cor. 11:22). Dans ce cas précis, il se peut qu’il ait employé le terme ‘Hébreu’ pour établir son appartenance raciale (voir Philippiens 3:4, 5) et peut-être linguistique, le nom ‘Israélite’ pour montrer qu’il était, de par sa naissance, membre de la nation que Dieu avait formée à l’origine afin d’en faire un peuple pour son nom (voir Romains 9:3-5), et l’expression ‘postérité d’Abraham’ pour expliquer qu’il figurait parmi ceux qui devaient hériter les bienfaits découlant de l’alliance abrahamique.
LES “HABIRU”
On rencontre le terme akkadien (assyro-babylonien) Habiru (ou ʽApiru) dans de nombreuses inscriptions cunéiformes découvertes en plusieurs pays du Proche-Orient. Ainsi, à Tell el-Amarna, en Égypte, on a retrouvé quantité de lettres adressées par des rois de Canaan au pharaon d’Égypte (leur suzerain à cette époque-là), lettres dans lesquelles ces monarques se plaignaient, entre autres choses, des agressions perpétrées contre leurs villes par des rois alliés aux “Habiru”. Certains se sont efforcés d’établir un rapprochement entre ces témoignages et la conquête de Canaan par Israël, mais cette opinion ne paraît pas fondée. Au sujet des Habiru, le professeur T. Lambdin déclare: “Bien que de multiples aspects de la question des Habiru restent obscurs, nombre de documents montrent clairement qu’il s’agissait surtout de vagabonds déracinés qui avaient accepté une condition dépendante d’ouvriers agricoles ou de soldats en échange de leur entretien.” (The Interpreter’s Dictionary of the Bible, t. 4, p. 532). Pour sa part, le professeur Kline fait cette remarque: “Le terme ha-BI-ru est d’ordinaire considéré comme un appellatif qui désigne des nomades, des domestiques ou des étrangers (...). L’équation phonétique qui identifie ʽibri (Hébreu) et ha-BI-ru semble plus que douteuse. En outre, les preuves dont nous disposons donnent à penser que les ha-BI-ru étaient des militaires de carrière rassemblés autour d’un noyau non sémite.” — The New Bible Dictionary, Douglas, p. 511.
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Hébreu, IIAuxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible
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HÉBREU, II
La langue hébraïque a servi à la rédaction de trente-neuf livres divinement inspirés (selon la division du texte suivie par nombre de traductions), soit environ trois quarts du volume total de la Bible. Une petite partie de ces écrits est néanmoins rédigée en araméen.
Dans les Écritures hébraïques, le nom “Hébreu” ne s’applique pas à la langue, mais au peuple d’Israël en général ou à certains Israélites en particulier. En revanche, il est question de “la langue des Juifs” (II Rois 18:26, 28), du “juif” (Néh. 13:24) et de “la langue de Canaan” (És. 19:18), expression qui, à l’époque d’Ésaïe (VIIIe s. av. n. è.), désignait principalement l’hébreu. Par contre, dans les Écritures grecques chrétiennes, le terme “hébreu” représente habituellement la langue des Juifs. — Voir HÉBREU I.
L’histoire profane ne nous révèle pas l’origine de la langue hébraïque, pas plus, d’ailleurs, que celle d’aucun des idiomes les plus anciens qui nous sont connus, tels le sumérien, l’akkadien (assyro-babylonien), l’araméen et l’égyptien. En effet, ces langues étaient déjà pleinement développées dans les plus vieux écrits que l’on a découverts. — Voir LANGUE No 2.
La Bible est la seule source historique qui présente un témoignage digne de foi sur l’origine du langage connu de nos jours sous le nom d’hébreu. Bien entendu, c’était la langue parlée par les descendants israélites d’“Abram l’Hébreu” (Gen. 14:13) qui, pour sa part, était issu de Sem, fils de Noé (Gen. 11:10-26). Compte tenu de la bénédiction prophétique adressée à Sem, bénédiction qui venait de Dieu (Gen. 9:26), il est raisonnable de penser que, lorsque Jéhovah confondit le langage des hommes désapprouvés à Babel, la langue de Sem ne fut pas touchée (Gen. 11:5-9). Celle-ci dut rester la même, c’est-à-dire la “seule langue” parlée depuis Adam (Gen. 11:1). S’il en est bien ainsi, alors le langage qui finit par être appelé “hébreu” n’était autre que la langue originelle des humains.
L’une des principales raisons de croire que l’hébreu biblique correspond effectivement à la “seule langue” en usage avant les événements de Babel réside dans la stabilité remarquable qui l’a caractérisé pendant le millénaire qu’embrasse la rédaction des Écritures hébraïques. À ce sujet, une encyclopédie biblique (The International Standard Bible Encyclopaedia) déclare: “L’un des traits les plus marquants de l’héb[reu] de l’A[ncien] T[estament] est le suivant: Bien que cette lit[térature] s’étale sur plus de mille ans, il n’y a pratiquement aucune différence entre la langue des passages les plus anciens et celle des plus récents.” Plus loin, le même ouvrage fait cette remarque: “Point n’est besoin d’ajouter que les rédacteurs diffèrent l’un de l’autre en matière de style, mais les variations s’avèrent infimes quand on les compare à celles qui existent chez les auteurs gr[ecs] et lat[ins].” — T. III, p. 1833.
La destruction de Jérusalem et de son temple en l’an 70 ainsi que la dispersion des survivants furent, semble-t-il, les causes majeures du déclin de la langue hébraïque. Cependant, par la suite, l’hébreu n’en continua pas moins d’être parlé dans les synagogues partout où les Juifs se disséminèrent. Dès le VIe siècle de notre ère environ, des érudits juifs connus sous le nom de Massorètes s’appliquèrent avec zèle à préserver la pureté du texte hébreu. Puis, surtout à partir du XVIe siècle, on nota un regain d’intérêt pour l’hébreu ancien; le siècle suivant, pour sa part, vit naître une étude assidue d’autres langues sémitiques. Tout cela a enrichi notre intelligence de la langue originale et favorisé par là même l’élaboration de meilleures traductions des Écritures hébraïques.
L’ALPHABET ET L’ÉCRITURE
L’alphabet hébreu se compose de vingt-deux consonnes; selon toute vraisemblance, plusieurs d’entre elles se prononçaient de deux manières, ce qui donnait un total d’environ vingt-huit sons différents. Le lecteur devait ajouter lui-même les voyelles en fonction du contexte, tout comme un Français insérerait mentalement les lettres nécessaires pour lire des abréviations telles que “vx” (vieux), “gd” (grand), “cdt” (commandant) ou “fbg” (faubourg). On pense que la prononciation traditionnelle des Écritures hébraïques fut d’abord préservée et transmise par ceux qui se spécialisaient dans la lecture de la Loi, des Prophètes et des Psaumes pour instruire le peuple. Puis, dans la seconde moitié du premier millénaire de notre ère, les Massorètes élaborèrent un système de points et de tirets appelés points-voyelles qui fut introduit dans le texte consonantique. De plus, on ajouta certains accents pour marquer le ton, les pauses, les rapports entre les mots et les propositions, ainsi que la notation musicale.
Les plus anciennes inscriptions hébraïques que nous connaissons portent des caractères archaïques ou paléohébraïques qui diffèrent sensiblement, par leur forme, des lettres carrées qui composent les documents plus récents, tels ceux des premiers siècles de notre ère. L’écriture carrée est souvent qualifiée d’“araméenne” ou d’“assyrienne”. On ne sait pas exactement à quelle époque on passa d’un style à l’autre. Certains sont d’avis que la transition commença à s’opérer dès le IVe siècle avant notre ère. Le professeur Ernst Würthwein fait cette remarque: “Ce qui est certain, c’est que la graphie paléohébraïque est longtemps restée en usage aux côtés de l’écriture carrée. Ainsi, on s’en est encore servi pour graver les pièces de monnaie au temps de la révolte de Bar Kokheba (132-135 ap. J.-C.) et pour rédiger les fragments de Lév. xix-xxiii que l’on a découverts en 1949 en poursuivant les recherches dans la grotte 1 de Qumrân, près de la mer Morte.” — The Text of the Old Testament, p. 4.
Origène, écrivain chrétien des IIe et IIIe siècles, explique que dans les copies les plus fidèles des versions des Écritures hébraïques en langue grecque, le Tétragramme sacré qui représentait le nom de Jéhovah était écrit en caractères paléohébraïques. Ce fait a été confirmé par la découverte d’un rouleau de cuir partiellement conservé qui daterait d’entre l’an 50 avant notre ère et l’an 50 de notre ère. Dans ce rouleau, qui contient une version grecque des petits prophètes, le Tétragramme est écrit en caractères archaïques. La version grecque d’Aquila (palimpseste ambrosien du Ve s. de n. è.) porte aussi le nom divin en lettres paléohébraïques.
Le docteur Horowitz fait cette remarque intéressante: “Les Grecs ont emprunté l’alphabet paléohébraïque et l’ont transmis à leur tour au latin, et c’est avec cet alphabet archaïque que le grec offre les similitudes les plus frappantes.” — How the Hebrew Language Grew, p. 18.
QUALITÉS ET TRAITS DISTINCTIFS
L’hébreu est une langue très expressive, qui se prête fort bien à la narration. Grâce à ses phrases brèves et à ses conjonctions simples, les pensées coulent et s’enchaînent harmonieusement. La poésie hébraïque, qui, elle, ajoute à ces qualités immanentes son parallélisme et son rythme, est particulièrement émouvante et colorée.
L’hébreu regorge de métaphores. Ainsi, traduite littéralement, l’expression “bord de la mer” (Gen. 22:17) devient “lèvre de la mer”. Entre autres formules métaphoriques, citons également la “face de la terre”, la “tête” d’une montagne ou la “bouche d’une caverne”. Cet usage de termes propres à l’homme n’est cependant l’expression d’aucune croyance animiste. En effet, la lecture même des Écritures démontre qu’on témoignait le plus profond mépris envers ceux qui attribuaient aux arbres ou à d’autres objets un pouvoir ou une vie consciente. — Voir Ésaïe 44:14-17; Jérémie 10:3-8; Habacuc 2:19.
Le vocabulaire hébreu se compose essentiellement de termes concrets qui font appel à la vue, à l’ouïe, au toucher, au goût et à l’odorat de l’auditeur ou du lecteur en suscitant chez lui des images mentales.
Cependant, l’hébreu biblique fait aussi usage de mots abstraits. Ainsi, le nom maḥashâvâh (terme dérivant de la racine ḥâshav, qui signifie “penser”) se traduit par des substantifs abstraits comme “pensée”, “plan”, “invention” ou “projet”. Le verbe bâtaḥ (“avoir confiance”) a donné le nom bètaḥ, “confiance”, “sécurité”. Néanmoins, en règle générale, les idées abstraites sont exprimées par des noms concrets.
En fait, c’est justement grâce à ce caractère concret que les Écritures hébraïques se prêtent si bien à la traduction, parce que le sens des termes hébreux a d’ordinaire une valeur universelle: en effet, il évoque la même image dans la quasi-totalité des idiomes. Toutefois, la restitution, dans une langue telle que le français, du charme, de la simplicité, de la forme d’expression et de la vigueur propres à l’hébreu, surtout dans les formes verbales, n’en demeure pas moins une gageure pour le traducteur.
L’hébreu se distingue par sa concision; sa structure l’y autorise. Quand on le compare à l’hébreu, même l’araméen, la langue sémitique la plus proche, paraît lourd, indirect et verbeux. Dans une traduction, on doit souvent avoir recours à plusieurs mots pour faire ressortir toute la couleur, le pittoresque et la vigueur du verbe hébreu. Bien qu’elle nuise quelque peu à la concision de l’original, cette méthode permet d’en rendre plus fidèlement la beauté et la précision.
LA POÉSIE HÉBRAÏQUE
Les qualités que nous venons de décrire, y compris ce sens marqué de la réalité, prédisposent aussi tout particulièrement l’hébreu à la poésie. Les vers sont courts: beaucoup ne comprennent pas plus de deux ou trois mots, ce qui donne à l’ensemble une puissance considérable. Le professeur James Muilenburg, membre du Comité de traduction de la Revised Standard Version, fit cette remarque pertinente: “[Dans la poésie hébraïque], l’expression est ramassée et tout l’accent est mis sur les mots importants. Ainsi, le texte hébreu du Psaume 23 ne compte que cinquante-cinq mots. Nos traductions occidentales, elles, en emploient deux fois plus. Pourtant, même dans une traduction, l’économie propre au texte hébreu ne se perd pas (...). La poésie hébraïque est destinée à la parole (...). Le poète hébreu nous aide à voir, à entendre et à sentir. Les sensations restent fraîches et vivantes (...). Le poète pense en images et puise ses images dans les aspects de la vie quotidienne qui sont communs à tous les hommes.” — An Introduction to the Revised Standard Version of the Old Testament (1952), pp. 63, 64.
Pour illustrer la concision de la poésie hébraïque, examinons le premier verset du vingt-troisième psaume Ps 23:1, tel qu’il se présente dans la Traduction du monde nouveau. Les mots français qui traduisent chaque terme hébreu ont été séparés des autres par une barre diagonale (/); nous lisons:
Jéhovah/ [est] mon Berger./
Je ne manquerai/ de rien./
Notons que la version française a besoin de neuf mots pour traduire quatre termes hébreux. Le verbe ‘être’ a
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