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La Trinité a de bonnes raisons de se réjouirLa Tour de Garde 1983 | 1er octobre
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La Trinité a de bonnes raisons de se réjouir
QU’ÉVOQUE pour vous le nom Trinité? Le steel band? Des airs de calypso? Tous deux sont bien présents dans cette île des Caraïbes qui est aussi la patrie d’un peuple amical et hospitalier, aimant la vie et les festivités. La fête principale — le carnaval, qui a lieu deux jours avant le début du Carême — attire chaque année des milliers de visiteurs.
La Trinité est une belle petite île, la dernière d’une chaîne tropicale qui s’étire depuis Porto Rico jusqu’aux abords des côtes du Venezuela. Pendant longtemps, la plupart de ces îles furent connues sous le nom d’Antilles britanniques. Nos voisins vénézuéliens appellent la Trinité la isla bella ou “la belle île”, tandis que d’autres lui donnent le nom de “terre du colibri”.
Ici, les montagnes, les vallées et les plaines sont toutes revêtues d’une végétation luxuriante. Des cours d’eau étincelants arrosent les vallées parsemées de plantations de cacaoyers. Sur des kilomètres, les plages de la côte Est de l’île sont bordées de cocotiers, et de grands champs de canne à sucre recouvrent les plaines centrales. Là, nichent aussi des oiseaux tropicaux: ibis écarlates, aigrettes, colibris, perruches et bien d’autres. Peu d’animaux sauvages y vivent, mais on peut voir de grands troupeaux de buffles domestiques dans les plantations de canne à sucre.
Dans cette île aux contrastes agréables, la population est presque aussi variée que son cadre de vie. Polyglotte et bigarrée, elle reflète bien l’histoire de la Trinité. Après avoir été découverte par Christophe Colomb, l’île a successivement subi la domination ou l’influence de l’Espagne, de la France et de l’Angleterre. L’esclavage y a été pratiqué pendant de nombreuses années et, à son abolition, on a fait venir d’Inde une main-d’œuvre abondante pour travailler dans les plantations de canne à sucre à la place des Noirs affranchis. Ce sont là, du reste, les deux races principales qui peuplent la Trinité; toutefois, plusieurs nations européennes y sont également représentées, et l’on y trouve aussi un nombre considérable de Chinois. Le brassage consécutif aux mariages entre ces différents groupes a produit un mélange de gens amicaux et d’une grande beauté. Beaucoup de religions prospèrent dans l’île; on y rencontre surtout des catholiques, des anglicans, des hindous et des musulmans.
Les joies spirituelles commencent
“Jéhovah lui-même est devenu roi! (...) Que se réjouissent les îles nombreuses!” déclare Psaume 97:1; de son côté, l’apôtre chrétien Paul exhorte ses compagnons dans la foi à ‘se réjouir dans le Seigneur’. (Philippiens 4:4.) C’est en 1912 que des personnes commencèrent à se réjouir spirituellement en différents endroits de la Trinité et de Tobago. La Société Watch Tower demanda à l’époque à Evander Coward d’entreprendre l’œuvre d’évangélisation dans ces îles.
Un Témoin de Jéhovah âgé, originaire de l’Inde et ancien hindou, se souvient: “Sur l’estrade, frère Coward en imposait beaucoup dans sa redingote noire, vêtement que portaient les orateurs en ce temps-là. Il avait une voix mâle et parlait avec une intensité et une modulation peu communes. Il avait l’habitude de lever la main droite et de claquer des doigts pour accentuer une idée.”
Dès que frère Coward commença à présenter ses discours de ville en ville, certaines personnes se réjouirent des merveilleuses vérités qui les libéraient des liens de Babylone (Révélation 18:2, 4). Les opposants religieux, en revanche, accusèrent Coward d’enseigner qu’il n’y avait pas d’enfer. En réalité, cependant, il montrait que l’enfer de la Bible est la tombe commune aux morts (Job 14:13). Ceux qui reçurent la bonne nouvelle avec reconnaissance furent aussi heureux d’apprendre que Jéhovah Dieu, Jésus Christ et l’esprit saint ne constituaient pas une trinité. D’autres vérités bibliques les remplirent d’allégresse, tandis qu’ils continuaient à se réunir et à étudier.
En peu de temps, des classes d’étude furent organisées dans différents endroits. La première se tenait chez Gilbert Talma, de Port of Spain. Mais le groupe devint rapidement trop important et on loua une salle qui servit de lieu de réunion pour la congrégation pendant 62 ans. En 1919, 214 personnes étaient présentes au Repas du Seigneur (I Corinthiens 11:20-26). Bon nombre de ceux qui embrassèrent le vrai christianisme du temps de frère Coward demeurèrent fidèles pendant bien des années, jusqu’à leur mort.
Une aide supplémentaire après une période d’opposition
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des ennemis se manifestèrent et se séparèrent en petits groupes. Ils critiquaient l’œuvre accomplie par l’organisation et tentèrent de s’y opposer. Mais ils échouèrent et pratiquement personne ne se souvient aujourd’hui de ce qu’ils ont fait.
Frère Coward était encore à la Trinité quand arriva William Brown, qui se révéla être un proclamateur zélé de la bonne nouvelle. Par la suite, il devint célèbre en Afrique occidentale sous le nom de “Brown la Bible”. Il participa pendant de nombreuses années au service à plein temps à la Trinité et fit beaucoup pour aider les gens à se réjouir dans la vérité. Non seulement frère Brown présentait des discours et donnait le témoignage de maison en maison, mais il projetait le Photo-Drame de la Création devant des foules nombreuses. Encore maintenant, on se souvient du travail que lui et sa femme ont accompli pour prêcher les vérités bibliques à la Trinité et à Tobago.
Au cours des années vingt, George Young et John Rainbow passèrent quelque temps à la Trinité. Ils y effectuèrent un service très utile en stabilisant le peuple de Jéhovah et l’œuvre dont il s’occupe face aux adversaires. Dans un rapport, Young écrivit: “La prédication de la bonne nouvelle progresse très rapidement à la Trinité. Les frères y font un bon travail. À certains égards, la Trinité est le meilleur territoire des Antilles pour la prédication de la bonne nouvelle.” Lors de sa dernière tournée, frère Young prononça un discours depuis la tribune du Queen’s Park Savannah. Trente-huit ans allaient s’écouler avant que les Témoins de Jéhovah puissent s’y réunir à nouveau.
L’œuvre sous l’interdiction
Les choses évoluèrent peu au début des années trente. Puis, sans préavis, le 20 août 1936, les publications de la Société, et même la Bible, furent interdites. Un peu plus tard, la Bible et quelques-unes de nos publications purent à nouveau pénétrer dans l’île. Quant à l’interdiction elle-même, elle ne fut levée qu’au bout de neuf ans. Au cours de cette période, celui qui était surpris en possession d’un livre figurant sur la liste des publications interdites risquait d’être arrêté et emprisonné. C’est ainsi que plusieurs Témoins ont été mis en état d’arrestation et incarcérés pendant quelque temps.
Un frère qui a passé deux mois en prison a eu à plusieurs reprises l’occasion de donner le témoignage à ses compagnons de détention. Au cours des sept dimanches qu’il a passés en prison, il a eu le privilège et la joie de parler devant plus de 200 prisonniers. Ces derniers préféraient l’écouter plutôt que d’assister à un service religieux dans la chapelle de la prison.
L’arrivée des missionnaires
En mars 1946, Alexander Tharp, un missionnaire Témoin de Jéhovah, arriva à la Trinité pour travailler au bureau de la filiale avec frère Gilbert Talma, alors âgé et en mauvaise santé. La venue de frère Tharp coïncida avec la visite de Nathan Knorr et de Fred Franz, du siège central de New York. C’était la toute première fois que la Trinité recevait la visite d’un président ou d’un vice-président de la Société. On organisa une assemblée avec l’aide de trois missionnaires qui avaient été nommés dans l’île voisine de la Barbade, où l’œuvre s’effectuait sous la surveillance de la filiale de la Trinité. Cette excellente assemblée s’avéra être un événement marquant, puisque 39 personnes furent baptisées et que 1 611 auditeurs écoutèrent le discours public de frère Knorr.
Plus tard, la même année, huit autres missionnaires arrivèrent à la Trinité. On procéda à l’achat d’un nouveau bâtiment pour la filiale et le logement des missionnaires. Il demeura le siège de l’œuvre dans ce pays pendant 26 ans. Finalement, un total de 30 missionnaires, répartis dans trois maisons différentes, ont servi à la Trinité à un moment ou à un autre. Par la suite, un certain nombre de Témoins locaux qui avaient été formés à l’École biblique de Galaad sont revenus à la Trinité pour se joindre à eux. Quelques-uns de ces missionnaires ont servi fidèlement dans ce pays jusqu’à leur mort. Aujourd’hui, le premier missionnaire à avoir été envoyé à la Trinité est toujours là, ainsi que six autres missionnaires. Bien qu’ils rencontrent des problèmes en raison de leur âge, ils trouvent toujours leur joie à porter du fruit et à servir pour glorifier leur Père céleste. — Jean 15:8.
L’œuvre progressa rapidement en quelques années. Il y avait 325 proclamateurs du Royaume à la Trinité et à Tobago en mai 1946, mais dix ans plus tard on en comptait 1 447. Il n’était pas rare qu’un missionnaire dirige chaque semaine 25 études bibliques à domicile ou plus. Alors que beaucoup d’individus ont abandonné la vérité avec le temps, certains qui étudiaient déjà en 1946 servent aujourd’hui en tant qu’anciens.
Les surveillants itinérants contribuent à la joie
Dans les premières années, les congrégations étaient petites et, pour la plupart, les salles de réunion ne disposaient pas de l’électricité. Les surveillants itinérants étaient hébergés dans les foyers modestes des Témoins locaux, mangeaient avec ces derniers et appréciaient leur compagnie. Il n’était pas difficile de rassembler un auditoire pour un discours public. Aussi garda-t-on pendant plusieurs années l’habitude de présenter deux discours chaque semaine: un dans la Salle du Royaume et un autre au dehors, sous l’avant-toit d’un magasin, à la lumière d’une lampe à gaz.
Un jour, un surveillant de circonscription qui était en train de donner un discours sous un toit en avancée vit entrer une araignée velue (une tarentule) dans le cercle de lumière. Lentement, posément, l’araignée avança jusqu’à dépasser la zone éclairée et disparut dans l’obscurité. Nul ne sut jamais ce qu’elle devint. Toujours est-il que le surveillant de circonscription eut du mal à se concentrer pendant le reste de son sujet.
Les visites des surveillants de circonscription affermissaient les congrégations. De plus en plus de personnes se réjouissaient d’apprendre la vérité, et la progression spirituelle s’est poursuivie. Maintenant, des Témoins locaux servent dans l’activité de la circonscription et du district.
Ils ont trouvé la joie
Au fil des années, des gens de toute sorte ont trouvé leur joie dans la vérité. Par exemple, un jeune invalide chinois posait beaucoup de questions intelligentes et progressait rapidement grâce à une étude biblique à domicile. Puis il écrivit aux Chevaliers de Colomb, aux adventistes du septième jour et à un groupe musulman pour obtenir des renseignements qu’il pourrait comparer à ce qu’il apprenait. Mais il reçut des réponses peu convaincantes. Comme ce jeune homme était dans l’impossibilité d’assister aux réunions, il y participait par correspondance. Il a été baptisé en privé et jusqu’au bout il est resté à jour dans sa connaissance de la vérité. Artiste réputé à la Trinité, il est mort récemment.
Une jeune fille qui avait reçu la visite des Témoins de Jéhovah leur a expliqué qu’elle pouvait dire la bonne aventure. Toutefois, elle portait un vif intérêt à la Bible, et une étude fut entamée. Avec le temps, elle a bien compris le point de vue de Jéhovah sur le spiritisme et elle a détruit les livres et toutes les autres choses qui avaient un rapport avec l’occultisme (Actes 19:18-20). Après son baptême, cette jeune femme a émigré aux États-Unis, où elle a servi comme prédicateur à plein temps du Royaume pendant plusieurs années.
Des personnes venues d’autres pays ont appris la vérité à la Trinité. Il y a quelques années, un jeune diplômé de l’université est arrivé ici pour son premier contrat d’enseignement. Tout comme sa femme, il était plutôt révolutionnaire et athée. Bien que connaissant un peu la vérité, il avait beaucoup de questions et il téléphona au bureau de la filiale pour les poser. Lui et sa femme se procurèrent certaines de nos publications. Au cours de la semaine suivante, un couple de Témoins leur rendit visite et leur demanda: “Eh bien, quelles sont les questions dont vous voulez que nous discutions?” Leur réponse fut la suivante: “Nous n’avons plus de questions!” Ayant lu les publications, ils avaient acquis la conviction que la théorie de l’évolution est erronée et que la Bible dit vrai. Ils commencèrent immédiatement à assister aux réunions et apportèrent des changements dans leur tenue vestimentaire et dans leur apparence. De plus, ils ne tardèrent pas à prendre part à la prédication. Après être restés une année à la Trinité, ils rentrèrent en Angleterre et aidèrent certains membres de leur famille à acquérir la connaissance des vérités bibliques.
Bon nombre de jeunes gens se sont débarrassés d’habitudes nuisibles et, maintenant, ils ‘servent Jéhovah avec allégresse’. (Psaume 100:2.) Par exemple, un certain revendeur de drogue gagnait à peu près l’équivalent de 500 francs français par jour. Il avait été souvent arrêté et sa situation paraissait sans espoir. Puis un jour il a reçu la visite d’un ancien ami, naguère toxicomane, qui était devenu Témoin de Jéhovah après avoir purifié sa vie. On se mit à étudier la Bible avec lui, et voici ce qu’il raconte aujourd’hui: “Dans les quinze jours qui suivirent, je commençai à effectuer certains changements. Je me rasai la barbe et me mis à assister aux réunions. Je me fis couper les cheveux et je pris l’habitude de m’habiller comme les frères. En peu de temps, j’ai abandonné le trafic de la drogue. Environ onze mois plus tard, je suis devenu un proclamateur régulier. Maintenant, je ne me sens plus du tout tendu lorsque je vois un policier.”
De nouvelles raisons de se réjouir
En 1972, on acheta un bâtiment plus important pour les chambres et les bureaux de la filiale. Plus tard, on y ajouta une annexe. Ces agrandissements étaient le résultat de la bénédiction que Jéhovah a accordée à notre œuvre à la Trinité et à Tobago. Nous nous réjouissons en particulier de la connaissance accrue que nous avons de Dieu et de son Fils, et nous apprécions au plus haut point notre privilège de servir Jéhovah. Celui-ci continue de bénir notre activité, qui consiste à rassembler ceux qui l’aiment. En 1982, nous avons atteint un maximum de 3 444 proclamateurs du Royaume, et au Mémorial de la mort de Jésus Christ nous avons compté une assistance de 9 100 personnes.
Nous avons assurément de bonnes raisons de nous réjouir tandis que nous adorons Dieu et le servons. Et nous le prions sincèrement pour que, aux côtés de nos compagnons chrétiens du monde entier, nous continuions à porter beaucoup de fruit à la gloire de notre Père, Jéhovah.
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Dieu se soucie-t-il des malades mentaux?La Tour de Garde 1983 | 1er octobre
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Dieu se soucie-t-il des malades mentaux?
FLORENCE était une jeune femme séduisante. Elle venait tout juste de commencer une carrière passionnante de mannequin quand, brusquement, elle fut frappée d’une maladie mentale. Elle sombra dans une profonde dépression et s’enferma chez ses parents. N’ayant plus goût à la vie, elle se mit à négliger complètement sa mise. Finalement, elle envisagea de se suicider.
Le cas de Florence n’a rien d’exceptionnel. Des tragédies de ce genre sont le lot de bien des personnes un peu partout dans le monde. En fait, les troubles mentaux figurent parmi les affections les plus répandues de nos jours. Quels sont donc les sentiments de Dieu à l’égard des malades mentaux? Se soucie-t-il réellement d’eux?
On a parfois tendance à croire que Dieu n’entretient des rapports qu’avec ceux qu’on considère comme normaux sur le plan mental. Certains vont même jusqu’à penser que les maladies mentales sont une forme de punition venant directement du Créateur. Mais en porte-t-il la responsabilité? Quelles sont les causes véritables des troubles mentaux?
La cause fondamentale
Dans le passé, on attribuait d’ordinaire la quasi-totalité des désordres mentaux à des causes surnaturelles, et il se trouve encore des gens pour soutenir que tel est le point de vue des Écritures. Il est vrai que la Bible relate le cas de personnes qui étaient possédées par des esprits méchants, mais il ne faudrait pas en déduire qu’elle fait des multiples sortes de troubles mentaux autant de symptômes d’une telle possession.
Bien entendu, la Bible n’est pas un livre médical énonçant les causes des différentes maladies. Néanmoins, elle définit clairement le dénominateur commun de tous les maux de l’homme, qu’ils soient mentaux ou physiques. Elle explique en effet que nous sommes victimes de l’imperfection, dont la conséquence finale est la mort, imperfection que notre ancêtre pécheur, Adam, a léguée au genre humain. C’est ce que l’apôtre Paul explique en ces termes: “Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et (...) ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes parce que tous avaient péché.” (Romains 5:12).
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