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Servez Jéhovah avec joieLa Tour de Garde 1963 | 15 juin
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Société fut la première à être interdite. Par tous les moyens mon mari chercha à faire lever l’interdiction, mais sans succès. Néanmoins, pour ne pas interrompre nos réunions, nous nous rassemblions sans bruit dans divers foyers.
En 1939, alors que nous étions réunis pour commémorer la mort du Christ, on frappa à la porte. “ C’est un de nos frères ”, pensai-je, et j’ouvris. Aussitôt la police entra. La famille d’un frère nous avait dénoncés et avait remis à la police un exemplaire polycopié de The Watchtower en letton ; le policier désirait surtout savoir qui avait imprimé The Watchtower. “ Moi ”, dit Percy. “ Je le vois ”, répondit l’agent, jetant un regard sur le vieux duplicateur à main, notre Gestetner, qui se trouvait dans la chambre, sans voir la rotative neuve dans le coin du bureau derrière lui car je lui avais avancé une chaise, le dos tourné au bureau. Dans l’intervalle, un autre policier fouillait la chambre. Arrivé devant les rayons où étaient empilées les publications lettones polycopiées, il tira le rideau puis le refermant : “ Il n’y a rien ici ”, dit-il. J’évoquai la façon dont Jéhovah avait frappé d’aveuglément les Syriens aux jours d’Élisée. — II Rois 6:18-23.
Pendant tout le temps que nous passâmes en Lettonie, nous ne possédions que le permis accordé aux visiteurs, ce qui voulait dire qu’il nous fallait tous les deux mois traverser la frontière pour que l’estampille de sortie fût apposée sur nos passeports ; alors nous pouvions rentrer. C’est ainsi que nous visitâmes la Lithuanie, l’Estonie, allant parfois en Finlande pour assister à des assemblées, et en Suède et au Danemark. Quelle joie d’apporter le réconfort aux frères de ces pays, de contempler leur amour et leur zèle ! Pourtant, nous étions heureux, chaque fois, de retourner auprès de nos frères lettons, et de leur rapporter quelque nourriture spirituelle.
Un matin de juin 1940, nous nous réveillâmes pour voir le pays occupé par les soldats russes. Qu’allait-il se passer ? Tous les visas étrangers furent annulés et il fallut nous présenter au poste de police tous les deux ou trois jours. Bientôt on nous prévint qu’il fallait quitter le pays. L’ambassade britannique s’arrangea pour évacuer tous ses ressortissants mais, ayant le sentiment que la Lettonie était notre territoire, nous cherchions à rester par tous les moyens. Nous passâmes des heures et des heures dans les ministères, sans succès. Enfin, un câblogramme nous parvint du siège de la Société, nous encourageant à partir ; nous acceptâmes la troisième et dernière offre du gouvernement britannique. Le 27 octobre, le cœur lourd à la pensée de laisser nos frères derrière nous, en un temps d’épreuve si sévère, nous montâmes dans le train spécial qui, pour un voyage de onze jours, nous emmena, via Moscou et le Transsibérien, jusqu’à Vladivostok où un bateau nous attendait pour nous conduire en Australie.
SERVICE EN AUSTRALIE
À notre arrivée à Strathfield, le 12 décembre, nous fûmes accueillis au Béthel. Le service que nous y accomplîmes nous procura de nouvelles et bonnes raisons de remercier Jéhovah. Je travaillais à la cuisine et, depuis, à quelques interruptions près, je prépare, confectionne et sers les repas pour la famille du Béthel, cela depuis près de vingt-deux ans. C’est un grand privilège de servir de cette façon car la famille du Béthel travaille dur et n’a qu’un but : faire avancer les intérêts du Royaume.
Nous étions en Australie depuis un mois seulement quand, là aussi, la Société fut interdite. Les agents de la Sûreté envahirent la maison et perquisitionnèrent dans nos chambres. Pendant plus d’un an, nous continuâmes à vivre et à travailler dans la maison sous les yeux des agents de la sûreté qui, armés, montaient la garde en tous temps. Même lors de la Commémoration, la police était là. Puis, un jour, le 1er mai 1942, on nous donna vingt-quatre heures pour évacuer les locaux ; l’armée en prenait possession.
L’œuvre, entravée, ne s’arrêta pas pour autant. Les réunions se tinrent dans la “ brousse ” et d’autres lieux écartés. La prédication de maison en maison se faisait aussi mais avec la Bible seulement. Enfin, le 14 juin 1943, l’interdiction fut levée, mais six autres mois s’écoulèrent avant que nous pussions revenir au Béthel. Quel heureux événement ! Il y avait tant à faire car l’armée n’avait pas pris soin comme nous de la maison, mais il était bien agréable de se retrouver en famille pour servir de nouveau.
En 1951, mon mari mourut, après plus de trente années passées à servir Jéhovah à plein temps ; son dévouement entier à Jéhovah et le service qu’il accomplit pour ses frères ont toujours été pour moi une source d’encouragements et de force. L’un de ses derniers conseils fut celui-ci : “ Attache-toi étroitement à l’organisation. ” Pour l’avoir fait, mon service n’a cessé de m’apporter la joie.
Nombre de choses sont venues augmenter cette joie. Par exemple, en 1955, la générosité d’une sœur me permit de l’accompagner aux assemblées en Europe. À Édimbourg et à Londres en particulier, j’eus la joie de rencontrer plusieurs de mes vieux compagnons de mes premiers jours dans la vérité et dont quelques-uns servent encore au Béthel ou comme serviteurs de circonscription ou comme pionniers. Une autre et très agréable expérience que je fis concerne la compagnie qu’il m’a été donnée de goûter avec les surveillants d’assemblée venus de divers coins du pays à l’École du ministère du Royaume.
Quand je me reporte au passé, je puis affirmer que j’ai pu trouver la plus grande des joies dans le service de Jéhovah parce que j’ai suivi le conseil de son organisation alors que j’étais jeune fille. J’ai mis les intérêts du Royaume à la première place et suis entrée dans le service de pionnier. Cette manière d’agir m’a apporté d’autres bénédictions encore, y compris trente années agréables passées à servir au Béthel. J’en remercie Jéhovah et bénis son nom. “ Car Jéhovah est bon, sa miséricorde est éternelle. ”
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Patriotisme et liberté religieuseLa Tour de Garde 1963 | 15 juin
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Patriotisme et liberté religieuse
DANS les périodes de crise nationale et de tension internationale, les gouvernements élaborent des programmes destinés à rallier les suffrages du peuple. Des cérémonies patriotiques sont préconisées dans les écoles publiques et l’hymne national fréquemment joué. Pourtant, c’est en un tel moment, où les nations sont prêtes à se battre pour garantir leur liberté, qu’elles sont portées le plus à fouler aux pieds, à l’intérieur de leurs propres frontières, les libertés qu’elles cherchent à protéger. Il y a alors une période critique. “ L’une des raisons pour lesquelles notre époque est dangereuse ”, a signalé l’historien Arnold Toynbee, “ c’est qu’on nous a enseigné à adorer notre nation, notre drapeau, l’histoire de notre passé ”.
Quiconque ne s’associe pas à cette expression de vénération à l’égard de la nation, peu importe la raison qu’il invoque, est considéré avec suspicion. Les patriotes condamneront sa conduite comme irrespectueuse, voire dangereuse pour l’intérêt de l’État. Tel fut le lot des premiers chrétiens. Loin d’être une menace pour
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