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Société patriarcaleLa Tour de Garde 1952 | 15 novembre
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10. Comment les biens étaient-ils détenus dans la société patriarcale ? Expliquez.
10 Comme on vient de le dire, la famille plutôt que l’individu était l’unité de la société patriarcale. En général, l’individu ne détenait aucun bien, à l’exception de quelques objets personnels. Tout ce qui représentait un bien, tel que troupeaux, articles ménagers, matériel et terrain, appartenait en commun à la famille, puisque tous ses membres étaient parents de naissance, par alliance ou par adoption. Cette caractéristique est confirmée par la déclaration que Rachel et Léa firent à Jacob, leur mari et chef de famille, quand chargées de tous leurs biens, elles quittèrent la maison de leur père Laban pour fonder une société patriarcale indépendante : “ Rachel et Léa répondirent (à Jacob leur mari et chef), et lui dirent : Avons-nous encore une part et un héritage dans la maison de notre père ? Ne sommes-nous pas regardées par lui (Laban leur père) comme des étrangères, puisqu’il nous a vendues, et qu’il a mangé notre argent ? Toute la richesse que Dieu a ôtée à notre père appartient à nous et à nos enfants. Fais maintenant tout ce que Dieu t’a dit. ” (Gen. 31:14-16). Ainsi, par leur détention commune des richesses, dont on a parlé ci-dessus, le petit gouvernement familial formait ce que l’on peut comparer à une corporation moderne, son chef officiel étant le père ou, au cas où plusieurs familles demeuraient ensemble dans une “ maison ” ou tribu, le fils aîné de la lignée la plus ancienne descendant de l’ancêtre commun. Nous constatons aussi comment dans le cas de Jacob le chef de famille agissait comme prêtre en relation avec Dieu. En sa qualité de représentant de Dieu, le chef de famille jouait encore le rôle principal dans l’offrande des sacrifices de la famille.
11. Quelles étaient les responsabilités du chef de famille ?
11 Le patriarche était un chef paternel. Il donnait des ordres relatifs au travail quotidien de la famille et surveillait avec soin l’éducation des enfants, car devant la loi il était entièrement responsable de toute transgression. Il faisait des contrats avec les voisins et jugeait et punissait sa famille pour toute infraction à la loi ou aux coutumes. En réalité, le chef de famille contrôlait complètement la vie de tous les membres de son organisation ou maison. Porte-parole familial devant Dieu et les hommes, le patriarche était en outre tenu responsable de la conduite de sa famille. Lui et toute la famille devaient rendre compte des transgressions commises envers d’autres familles soit par lui-même, soit par d’autres membres de sa famille. On pouvait exiger du chef de famille qu’il livre, en réparation de dommages commis, un membre de sa famille ou qu’il fasse la rétribution en biens. — Jos. 7:24, 25.
12. À quoi, dans les temps modernes, peut-on comparer la famille patriarcale ? Expliquez.
12 À l’exemple des sociétés modernes formées par plusieurs individus, où l’on considère l’organisme entier comme une seule personne juridique ou morale qui peut être poursuivie en dommages-intérêts, on regardait l’ancienne famille tout entière comme une personne morale, constituéeb et responsable des dommages commis. Ainsi, immédiatement après le déluge, existait ce qu’on appelle la “ responsabilité de la famille ” qui s’élargit plus tard en “ responsabilité de la communauté ”, laquelle tenait le groupe entier responsable des méfaits commis par l’un de ses membres. Ce point de vue s’explique du fait que tous possédaient les biens conjointement et qu’ils étaient étroitement liés à leur chef de famille. La Bible montre que ces familles légalement responsables prospéraient grandement dans la sécurité et vivaient dans le bonheur là où le chef de famille servait Jéhovah dans un esprit théocratique. Pareils serviteurs dirigeaient leur maison avec amour et sagesse. — Gen. 24:1.
PROCÉDÉS
13. Expliquez comment un terrain changeait de propriétaire.
13 Les patriarches avaient une manière intéressante d’offrir leur terrain en vente. Le futur acheteur était amené à un endroit avantageux d’où le vendeur lui montrait exactement les limites du champ à vendre et soulignait tout ce qui en rehaussait la valeur. Après un long marchandage, le vendeur énumérait en conclusion les quatre limites exactes du terrain. Quand l’acheteur disait “ Je vois ”, on considérait le marché conclu et un contrat était établi.c La cession s’opérait de cette manière et devant des témoins, sans “ transfert ” littéral du terrain au moyen d’un document écrit. Toutefois, on faisait aussi usage de contrats écrits. Parfois le marchandage s’accompagnait de toute une cérémonie. — Gen. 23:3-16.
14, 15. a) Comment Jéhovah se conforma-t-il à la coutume relative au transfert de terrain ? Expliquez. b) Comment Satan s’y conforma-t-il ? Expliquez.
14 Jéhovah lui-même se conforma à cette coutume quand il offrit légalement à Abraham la Terre promise. En un endroit avantageux de Canaan, Dieu indiqua à Abraham les limites précises du territoire offert. Mais il ne lui permit pas de dire “ Je vois ” et d’accepter ainsi légalement le transfert, parce que le temps fixé pour en accorder la possession légale n’était pas encore venu (Gen. 13:14, 15). Ce transfert légal eut lieu environ quatre cents ans plus tard, en 1473 av. J.-C., quand Jéhovah fit “ voir ” à Moïse ou lui fit accepter une possession légale pour la nation d’Israël sur le point de traverser le Jourdain pour prendre en possession la Terre promise. La Bible dit : “ Moïse monta des plaines de Moab sur le mont Nebo,... Et l’Éternel lui fit voir tout le pays... L’Éternel lui dit : C’est là le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob,... Je te l’ai fait voir de tes yeux. ” — Deut. 34:1-4 et Deut. 3:27.
15 Il est à remarquer que Satan l’imitateur se conforma également à cette manière d’offrir quand, dans le désert, il s’approcha de Jésus pour le tenter. “ Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. ” (Mat. 4:8, 9). Ici, Satan faisait une véritable offre légale, pour que Jésus la prît sérieusement en considération et qu’il l’acceptât légalement. Bien que Jésus reconnût immédiatement la nature légale de cette offre, il la rejeta sur-le-champ en disant : “ Retire-toi, Satan ! ”
16, 17. En qualité de juges, comment les chefs de famille établissaient-ils les preuves ? b) Citez des exemples bibliques.
16 En tranchant les litiges familiaux, les chefs de famille agissaient en juges. Pour rendre la justice, il leur fallait peser avec soin les preuves présentées dans l’affaire contestée. Selon les versions King James et American Standard, une fois les preuves clairement établies, ils employaient les termes “ connaître ”, “ discerner ” ou “ reconnaître ” en rendant leur jugement fondé sur les faits. On peut rapprocher ce langage juridique de celui qu’emploie de nos jours un juge ou un jury quand il siège pour “ prononcer ” quelqu’un coupable d’un crime d’après les preuves qu’on lui a soumises. Lorsque Laban accusa Jacob d’avoir volé les théraphim, celui-ci lui donna conformément à la loi le droit de se convaincre de son innocence. Jacob dit : “ En présence de nos frères, discerne ce qui t’appartient chez moi, et prends-le. ” — Gen. 31:32, AS.
17 Un autre exemple est celui de Juda qui siégea pour entendre le cas de sa belle-fille Tamar enceinte à la suite de sa prostitution. “ Et Juda dit : Faites-la sortir, et qu’elle soit brûlée. Comme on l’amenait dehors, elle fit dire à son beau-père : C’est de l’homme à qui ces choses appartiennent que je suis enceinte ; discerne, je te prie, à qui sont ce cachet, ces cordons et ce bâton. Et Juda les reconnut, et dit : Elle est plus juste que moi. ” (Gen. 38:24-26, 11-20, AS). Le juge Juda fut contraint d’admettre légalement qu’il était le père de l’enfant, confondu par cette preuve irréfutable établissant que Tamar était la prétendue prostituée avec laquelle il avait eu des relations quelque temps auparavant.
18. Pourquoi les fidèles patriarches théocratiques continuèrent-ils à vivre comme résidents temporaires dans la Terre promise ?
18 Beaucoup d’autres coutumes existaient encore concernant le droit d’aînesse, le droit des parents de choisir des femmes pour leurs fils, la responsabilité dans le cas de biens confiés à la garde d’une autre personne, l’esclavage, le concubinage, le rachat des esclaves, etc. Plusieurs de ces usages seront examinés dans l’article suivant. Dans notre étude de la société patriarcale, nous avons constaté qu’elle n’était pas un ordre social cruel. C’était plutôt un système très bien organisé et adapté à la vie nomade de ces familles primitives. Elles demeuraient sous des tentes et se déplaçaient dans le pays, prenant soin de leurs grands troupeaux. Les patriarches théocratiques et fidèles comme Abraham, Isaac, Jacob et d’autres étaient satisfaits de vivre comme résidants temporaires dans le pays de la promesse, ils attendaient la venue du Messie promis, Jésus-Christ, qui, en qualité de Roi, devait établir au-dessus de la terre le royaume éternel fondé sur la justice. Il est écrit : “ Car il (Abraham) attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. ” (Héb. 11:8-10). Il y a là beaucoup de choses qui nous intéressent particulièrement aujourd’hui, des choses concernant les relations de Dieu avec ses serviteurs placés sous le système d’organisation patriarcal. Comme les voies légales de Jéhovah ne changent pas, les actions légales qu’il accomplit en ce temps-là doivent nécessairement indiquer des voies semblables pour le système de choses du monde nouveau. Ne méprisons donc pas ces anciens jours des faibles commencements. — Mal. 3:6 ; Zach. 4:10.
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Ombres du passéLa Tour de Garde 1952 | 15 novembre
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Ombres du passé
“ Tout cela n’est que l’ombre des choses qui devaient venir, mais la réalité est en Christ. ” — Col. 2:17, Sy.
1. Quelles choses d’avant l’alliance de la Loi présentent un intérêt actuellement, et pourquoi ?
LE lointain passé nous a légué les ombres des réalités du vingtième siècle. Ces ombres bibliques, au net contour, rendent un témoignage silencieux mais clair et annoncent une activité qui se déploie aujourd’hui sur une échelle mondiale. L’alliance de la Loi conclue jadis par l’intermédiaire de Moïse n’est pas seule à contenir beaucoup d’ombres prophétiques de bonnes choses à venir, la loi et les coutumes patriarcales, en vigueur des siècles auparavant, projettent également des ombres de réalités actuelles (Héb. 10:1). À ces ombres datant d’avant l’alliance de la Loi s’appliquent aussi les paroles suivantes de Paul : “ Tout cela n’est que l’ombre des choses qui devaient venir, mais la réalité est en Christ. ” (Col. 2:17, Sy). D’après cette déclaration, on peut conclure que les accomplissements de ces premières ombres prophétiques intéressent également les serviteurs de Jésus-Christ. Ces réalisations, comme nous le verrons plus loin, sont confirmées par les faits. L’article précédent a présenté une étude préliminaire de l’origine et du fonctionnement de la société patriarcale, celui-ci examine en détail d’autres aspects légaux qui projettent les ombres de réalités actuelles.
GARDE DE PERSONNES ET DE BIENS
2. Quelle loi patriarcale examinerons-nous et comment indiquait-on que l’on acceptait la responsabilité devant la loi ?
2 La société patriarcale avait des lois et des coutumes bien définies régissant la garde d’individus et de biens personnels. Il y avait “ garde ” lorsqu’un propriétaire ou un père confiait ses biens ou ses enfants aux soins d’une autre personne. Les biens ou les individus étaient soit remis à une autre personne afin qu’ils fussent en sûreté, soit prêtés à cette dernière pour son profit. Parfois, on confiait à la garde du frère aîné et mûr ses frères mineurs. Les patriarches bibliques étant pour la plupart des pâtres, les biens comprenaient généralement des animaux que l’on confiait à d’autres personnes. Cependant, les prescriptions générales s’appliquaient, semble-t-il, à tout objet ou à toute personne que l’on aurait pu remettre entre les mains de gardiens. Quand un berger se voyait confier des brebis et qu’il promettait de les garder il endossait devant la loi une certaine responsabilité. Prenons le cas du chef de famille Jacob marchandant avec son beau-père ; il s’agissait de garder les brebis de ce dernier. Lorsque Jacob déclara : “ Si tu consens à ce que je vais te dire, je ferai paître encore ton troupeau, et je le garderai ”, il acceptait devant la loi une responsabilité pour les brebis confiées à ses soins. — Gen. 30:31.
3, 4. a) Où trouve-t-on une description des responsabilités légales concernant la garde au temps des patriarches, en quelles circonstances ? b) Discutez les responsabilités qu’entraînait la garde des animaux.
3 Quelles étaient certaines des responsabilités que devait endosser celui qui acceptait de garder les animaux d’autrui ? Les dispositions du temps de Noé relatives à la garde furent, des années plus tard, divinement incorporées dans l’alliance de la Loi donnée à la nation d’Israël. Aussi la loi de Moïse nous présente-t-elle une description de ces responsabilités. Elle dit : “ Si un homme donne à un autre un âne, un bœuf, un agneau, ou un animal quelconque à garder, et que l’animal meure, se casse un membre, ou soit enlevé, sans que personne l’ait vu, le serment au nom de l’Éternel (Jéhovah, AS) interviendra entre les deux parties, et celui qui a gardé
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