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Quelles solutions propose-t-on ?Réveillez-vous ! 1972 | 8 mai
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“[Voulez-vous] arrêter le crime organisé demain matin à huit heures ? Que chaque Canadien et que chaque Américain cesse de soutenir ces activités illicites, et le crime organisé fera faillite. Nous n’avons pas besoin de policiers, nous avons besoin de citoyens honnêtes. C’est à l’hypocrisie qu’il faut s’attaquer.”
Ainsi, les efforts en vue d’une réforme dans les prisons échouent pour la raison même qui fait que la criminalité s’accroît en dehors des prisons : les enseignements du monde, son état d’esprit et sa manière d’agir ne concourent pas à former des hommes qui pensent sainement. On ne peut logiquement s’attendre que les réformes dans les prisons soient opérantes ou que le crime diminue quand on voit de quoi les gens nourrissent leur esprit. Où trouver la bonne solution ? Que faire en ce qui concerne les prisons elles-mêmes ? Y a-t-il un remède à la situation que nous connaissons et qui engendre la criminalité ?
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Quelle est la vraie solution ?Réveillez-vous ! 1972 | 8 mai
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Quelle est la vraie solution ?
LA POPULATION des prisons continue d’augmenter. La criminalité également. Il faut manifestement trouver une autre solution, mais laquelle ?
Plusieurs choses sont à considérer. D’abord ce qui est à la portée des humains. Ensuite ce qui est hors de leur pouvoir, mais qui se fera à coup sûr.
Voyons quelques-uns des changements que les gens et les gouvernements pourraient opérer s’ils étaient disposés à le faire.
Une justice uniforme
Ce à quoi ils pourraient porter remède est le manque d’uniformité. Souvent, aux États-Unis notamment, pour la même faute la peine diffère d’un endroit à l’autre. Cela décourage le respect des lois et aigrit les malfaiteurs.
Par exemple, dans le Connecticut, un viol est puni d’environ un an et neuf mois d’emprisonnement effectif. Mais juste de l’autre côté de la ligne de démarcation, dans l’État de New York, la peine réelle est de quatre ans et deux mois. Au Texas, le meurtrier fait en moyenne deux ans et neuf mois de détention, mais dans l’Ohio, quinze ans et deux mois.
Un chômeur âgé de 32 ans dont la femme avait fait une fausse couche contrefit une signature sur un chèque d’une valeur d’environ 300 francs français. Il n’avait pas de casier judiciaire et était un ancien combattant au passé irréprochable. Le juge le condamna à quinze ans de prison. La même année, un autre chômeur de 32 ans également commit le même délit, mais le chèque avait une valeur d’environ 180 francs français. Cet homme avait déjà fait de la prison deux fois (une fois il avait été condamné à six mois pour abandon de femme et d’enfant). Cependant le juge qui s’occupa de son cas le condamna seulement à trente jours de détention. L’accusé qui avait le meilleur passé a donc reçu une peine 180 fois plus longue.
À Atlanta, le comptable d’une société de crédit, un homme d’un certain âge, purgeait une peine de 117 jours seulement pour avoir détourné 24 000 dollars (quelque 120 000 francs français). En prison, il fit la connaissance d’un autre détenu du même âge dont c’était la première condamnation et qui avait une vie de famille exemplaire. Pour le même délit, ce détenu purgeait une peine de vingt ans qui serait suivie de cinq ans de liberté surveillée. Une danseuse de strip-tease au Texas fut frappée d’une peine de quinze ans de détention pour avoir été trouvée en possession de marijuana. Mais trois chimistes d’une compagnie pharmaceutique, qui avaient falsifié la formule sur des flacons de médicaments et plaidaient coupables, furent simplement condamnés à six mois de détention avec sursis. Et pourtant, ils avaient fait du tort à des centaines de personnes.
Ces exemples montrent combien il serait nécessaire que la loi soit uniforme, équitable, et qu’elle tienne compte du passé de l’inculpé. Mais humainement parlant on ne peut espérer nulle part cette équité et cette uniformité dans la justice.
Que devient la victime ?
Quand on pense au châtiment des criminels, on oublie presque complètement leurs victimes. On ne fait pas grand-chose pour dédommager la personne qui a été blessée, dévalisée, escroquée ou qui a subi un viol. Le criminel est mis en prison sans doute, mais ensuite c’est vers lui que va toute la commisération, alors que la victime est oubliée.
Que faire pour rétablir l’équilibre ? Voici ce que suggère le juriste Ronald Goldfarb, de Washington :
“La meilleure chose qui puisse remplacer l’emprisonnement, c’est un bon programme de dédommagement de la victime. Plus de 80 pour cent des délits ont trait aux biens, et punir le délinquant ne protège guère la victime et ne l’indemnise pas.
“Dans la plupart des cas, il me semble que ce que désirent la victime d’un vol et la société en général, pour leur tranquillité d’esprit, c’est le dédommagement de la victime.
“Si quelqu’un me dérobe 500 francs, cela ne m’avancera pas si le voleur est envoyé en prison pour un an. Je préférerais rentrer en possession de mes 500 francs et si possible avoir un peu plus pour compenser mes ennuis.”
Et si le criminel n’a pas d’argent, que suggère Monsieur Goldfarb ? Voici ce qu’il dit : “Si le criminel ne possède pas l’argent nécessaire, il pourrait purger sa peine en travaillant pour les Travaux publics. Il gagnerait ainsi de quoi réparer son crime. Les grands malfaiteurs pourraient être privés du droit de travailler sous surveillance hors de la prison, mais ils devraient néanmoins travailler en prison pour dédommager leurs victimes.”
Ce système pourrait-il donner des résultats actuellement avec certains détenus ? Il semble que oui, car peu d’entre eux sont des criminels endurcis. En fait, le directeur de prison James Bennett observa :
“Une erreur courante au sujet des prisons, c’est de croire qu’elles sont remplies de meurtriers sadiques, de brigands farouches, de romanesques cambrioleurs et d’habiles chevaliers d’industrie. En fait, un détenu sur dix seulement est vraiment un ‘dur’. (...)
“Le reste est ce qu’on pourrait appeler ‘du menu fretin’, et en général un crime ne rapporte jamais plus de 50 dollars [250 francs français] à son auteur. Il s’agit souvent d’un jeune voleur de voiture s’en allant à la recherche de son Eldorado ou d’un détraqué prêt à risquer dix ans de prison pour 10 dollars [50 francs français] dérobés dans un tiroir-caisse.”
Un nombre croissant de fonctionnaires estiment que beaucoup de ces prisonniers auraient pu être laissés en liberté sans
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