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Édifices anciens et modernes qui frappent les regardsRéveillez-vous ! 1970 | 22 décembre
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et de verre, réservés aux bureaux. L’ensemble des bâtiments administratifs forme la place des Trois-Pouvoirs.
Ouvrages beaux et utiles
Le domaine de l’architecture ressemble de plus en plus à un jardin produisant une grande variété de fleurs et d’arbustes. La diversité croissante des matériaux ainsi que les nouvelles techniques, offrent à l’imagination de l’architecte un vaste champ d’action. Il n’est plus limité par les éléments simples du passé, aussi peut-il inventer et exécuter des ouvrages de béton, de verre et d’acier comportant des courbes élégantes, des colonnes élancées, des voûtes et d’autres formes gracieuses qui flattent le regard.
L’homme est la seule créature terrestre dotée du sens artistique. Ce don divin lui permet d’exécuter des ouvrages, grands et petits, à la fois beaux et utiles. Il est entouré d’une source inépuisable d’inspiration : les innombrables chefs-d’œuvre du Créateur. Plus ses œuvres ressemblent aux modèles de la nature, plus elles sont harmonieuses et admirables.
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Une journée au tribunalRéveillez-vous ! 1970 | 22 décembre
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Une journée au tribunal
De notre correspondant aux Antilles néerlandaises
AVEZ-VOUS jamais assisté à une audience de tribunal dans votre pays, soit en spectateur, soit pour y prendre part ? Une journée passée au tribunal peut se révéler très instructive, car elle élargit l’esprit et aide à comprendre pourquoi un système de droit est indispensable dans la société telle que nous la connaissons actuellement.
Beaucoup de personnes pensent sans doute qu’il leur suffit de voir au cinéma ou à la télévision un film montrant un procès, pour qu’elles aient une idée du fonctionnement d’un tribunal. Cependant, il ne faut pas oublier que ces représentations cinématographiques sont généralement plus dramatiques et se déroulent plus rapidement que dans la réalité. De plus, une journée entière au tribunal permet de voir un échantillon des affaires qui passent en jugement, depuis celles qui traitent de délits insignifiants jusqu’à celles qui concernent l’homicide.
J’habite Willemstad, capitale de l’île de Curaçao, dans les Antilles néerlandaises, depuis plus de vingt-trois ans, mais pendant tout ce temps je n’étais jamais entré dans un tribunal. Je pensais donc qu’il serait intéressant d’assister un jour aux audiences, d’autant plus qu’ici c’est le droit romain qui est en vigueur, tandis que moi j’ai été élevé dans un pays sous le régime de la Common Law.
Deux systèmes de droit
Les lois de la plupart des pays sont fondées sur l’un des deux principaux systèmes de droit : le droit romain et la Common Law ou droit anglais. À ce propos, il convient de définir quelques termes, afin d’éviter toute confusion. Dans les pays où l’on pratique le droit romain on appelle celui-ci le “droit civil”, mais dans les pays de civilisation britannique on emploie l’expression “droit civil” par opposition à l’expression “droit criminel”. Nous conserverons donc les expressions “droit romain” et “droit anglais” pour éviter toute méprise.
Le droit romain est beaucoup plus ancien que le droit anglais ; il a été codifié pour la première fois sous la forme de la Loi des douze Tables, affichée dans le Forum de Rome sur les instances des plébéiens vers l’an 450 avant notre ère. Ce code resta en vigueur pendant de nombreux siècles. Au sixième siècle de notre ère, l’empereur Justinien procéda à une clarification et à une compilation du droit romain. Pendant la “Renaissance”, le prestige de ce système augmenta. En 1804, on entreprit en France une codification plus détaillée encore.
Quant au droit anglais, on pourrait dire qu’il remonte à la grande Charte de l’année 1215. Édouard Ier d’Angleterre fit pour le droit anglais ce que Justinien avait fait pour le droit romain. La publication au dix-huitième siècle de l’ouvrage Commentaries on the Laws of England, par l’éminent juriste William Blackstone, fut un événement marquant dans l’évolution du droit anglais.
Une étude des deux systèmes de droit révèle une certaine rivalité entre eux. Évidemment, chaque système a ses mérites et ses défauts, ni l’un ni l’autre n’étant parfaits. L’une des différences les plus saillantes, c’est que selon le droit anglais l’accusé est considéré comme innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable, tandis que selon le droit romain il est considéré comme coupable jusqu’à ce qu’il puisse prouver son innocence.
L’ouverture des sessions
Le 7 janvier marqua l’ouverture des sessions de 1970 du tribunal criminel de Willemstad. Les audiences commencèrent à 9 heures sous la présidence du juge Fliek, un Néerlandais d’un certain âge aux manières douces. Dans cette île, le mercredi est le jour réservé au tribunal criminel. Les violations du code de la route et autres délits de ce genre sont jugés à d’autres moments. Arrivé de bonne heure au Palais de Justice, je pris place sur le premier banc réservé au public.
De même que la Cour suprême des États-Unis, le Palais de Justice est spacieux, mais la salle d’audience est petite. Ses quatre rangées de gradins peuvent contenir une cinquantaine de spectateurs seulement. À droite des trois sièges des juges se trouve une chaise pour le procureur de la Reine et à gauche une autre pour le greffier. Les juges et les avocats sont vêtus de robes noires avec un plastron blanc, tenue qui donne au décor une note solennelle.
Deux policiers amenèrent six hommes qui allaient passer en jugement. Âgés de vingt à trente-huit ans, ils étaient bien mis et propres. On plaça sur la table du juge plusieurs pièces à conviction. Une avocate, vêtue également de la robe noire, entra et s’entretint avec l’un des accusés. Ensuite, l’huissier arriva. En me voyant, il vint me saluer et me dit qu’il me connaissait, mais je ne pouvais me rappeler où nous nous étions rencontrés. Quand je lui demandai si je pouvais prendre des notes, il m’invita à occuper un des sièges réservés aux journalistes. J’en fus content, car les accusés tournaient le dos aux gradins et j’aurais eu du mal à comprendre ce qu’ils disaient.
La langue pose souvent un problème aux tribunaux de Curaçao, car le néerlandais est la langue officielle tandis que les insulaires parlent le papiamento. L’île compte également de nombreuses personnes d’expression anglaise ou espagnole. En général, on interroge l’accusé dans sa langue maternelle, c’est pourquoi on doit souvent recourir aux services d’un interprète. Le juge Fliek parle plusieurs langues et a rarement besoin d’un interprète. Tantôt en néerlandais, tantôt en papiamento ou en anglais, il conseillait les accusés avec bonté, un peu à la manière d’un père parlant à un enfant désobéissant.
Quelques comparaisons
Aucune place n’est prévue pour un jury dans la salle d’audience. Sous le régime du
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